Françoise de Rochechouart de Mortemart, mieux connue sous le nom de Madame de Montespan, est sans aucun doute la plus volcanique de toutes les favorites et maîtresses de Louis XIV. Gloire, amour, disgrâce, accusation,… La vie de La Montespan est des plus mouvementées. Découvrez le portrait de Madame de Montespan, illustre femme de l’Ancien Régime devenue la maîtresse de Louis XIV.
Naissance et jeunesse à la campagne
La future Madame de Montespan voit le jour dans le Poitou
Nous sommes en octobre 1640 à Lussac-les-Châteaux, un petit village du bas Poitou. Françoise de Rochechouart de Mortemart, future Marquise de Montespan, voit le jour dans un ancien hôtel particulier de la famille. Le 5 octobre, la jeune enfant se voit baptisée dans l’église Saint-Maixent par le père Tartaud, comme l’atteste les lignes suivantes :
“Le vendredi cinquiesme jour d’octobre mil six cent quarante a esté baptisée françoise de rochechouard, fille de gabriel de rochechouard chevallyer des ordres du roy conseiller En ses conseils d’estat Et prince premier gentihomme de la chambre de Sa majesté seigneur marqui de morthemart lussac le chasteau aultres places et prince de tonai charante et de dame dianne de grandsaigne et ont esté ses parrins et marraine nicolla rozet Et françoise massoullard qui ne scavait signer.”
Rochechouart, une des plus anciennes familles nobles
La famille de Rochechouart est l’une des plus illustres familles du royaume. On remonte ses traces jusqu’au Xème siècle, c’est donc l’une des plus anciennes lignées nobles de France. Les différents membres de la tribu ont d’ailleurs une haute opinion de leurs origines, qui se reflètent à merveille dans leur devise “Ante mare undae” qui signifie “avant la mer, les ondes”, et qu’un poète a traduit ainsi “Avant que la mer fût au monde, Rochechouart portait les ondes”. C’est dans ce contexte que la future Madame de Montespan évolue, entourée de ses trois frères et sœurs.
L’éducation de Françoise de Rochechouart
Françoise vit une enfance heureuse et agréable dans son village natal de Lussac-les-Châteaux. Ses parents Gabriel et Diane sont régulièrement en déplacement au Louvre pour honorer leurs devoirs auprès de la famille royale. La jeune fille est alors confiée à la “Nono”, la Troubat ou encore la Gailledrat, les domestiques. A 12 ou 13 ans, la future Madame de Montespan est envoyée au couvent Sainte-Marie de Saintes pour y apprendre tout ce qu’une jeune fille noble doit connaître.
Son entrée à la Cour de France
A la fin de son apprentissage, il est temps pour la belle Rochechouart de faire son entrée dans le grand monde. Avec l’âge la future Marquise se révèle être une femme à la beauté inégalable et au caractère bien trempé. Elle a hérité des Mortemart cet esprit aiguisé et piquant, qui fera sa renommée auprès de ses courtisans et qui plaira tant à Louis XIV.
Alors qu’elle n’a que 20 ans, la jeune femme intègre la Cour sur les recommandations de ses parents. Le roi de France vient d’épouser l’infante Marie-Thérèse d’Autriche. Anne d’Autriche, la reine-mère, nomme Françoise demoiselle d’honneur de la nouvelle reine de France. Son entrée à la Cour est remarquée, sa beauté sulfureuse en éblouit plus d’un. Mais fraîchement sortie du couvent, la future Mme de Montespan est encore timide et réservée.
Son mariage avec le marquis de Montespan
Les fiançailles troublées de Madame de Montespan
Il est temps de penser à l’avenir ! Ses parents décident de la fiancer à Louis-Alexandre de la Trémoïlle, marquis de Noirmoutiers. Ce bel homme se révèle être un très bon parti, et François ne semble pas insensible à son charme. Mais le destin bascule le 20 janvier 1663 lorsque Louis-Alexandre prend part dans une querelle impliquant son beau-frère, qui se termine à l’épée. Contrarié, Louis XIV décide d’exiler les fautifs. Françoise de Rochechouart de Mortemart voit alors son futur mariage partir en fumée. Mais le fiancé est très vite remplacé par Louis-Henry de Pardaillan de Gondrin, marquis de Montespan.
Un mariage difficile pour la future favorite
Le mariage est célébré le 6 février 1663 à Saint-Sulpice, faisant de Françoise la marquise de Montespan. Jean-Christian Petitfils nous raconte, dans son œuvre “Madame de Montespan” une anecdote intéressante. En arrivant à l’église, la future mariée se rend compte que les coussins sur lesquels ils doivent s’agenouiller, appelés les carreaux, avaient été oubliés. Elle envoie donc quelqu’un les chercher, qui revient avec…les coussins des chiens. La future marquise ne se rend compte de cette erreur qu’après l’Evangile.
Les débuts du couple sont difficiles. Très vite après les noces, Madame de Montespan retourne à sa vie à la cour, où elle se plaît à se produire et à se montrer auprès des courtisans. Elle s’entoure rapidement d’illustres esprits qui attirent son intérêt. Très rapidement, Françoise abandonne son prénom d’origine au profit de celui d’Athénaïste, qui va se transformer en Athénaïs. C’est pour cela que vous la connaissez sans doute mieux sous le nom d’Athénaïs de Montespan.
Le marquis de Montespan, un époux médiocre en recherche de fortune
Quant à M. de Montespan, n’ayant aucune fonction à la cour, il ne peut pas accompagner son épouse à sa guise. Une certaine jalousie s’empare de cet homme au caractère ambitieux et avide. Il accepte difficilement de voir son épouse Madame de Montespan évoluer et briller auprès de la Cour de France, pendant que lui reste dans leur demeure parisienne. Il décide alors de se porter volontaire dans le conflit avec la Lorraine. Il saute sur l’occasion pour contracter plusieurs emprunts – le marquis de Montespan est connu pour être particulièrement dépensier. En partant guerroyer, l’époux Montespan espère se faire une fortune, et satisfaire son ambition. Mais le marquis revient auprès de sa femme encore plus pauvre qu’il ne l’était en partant.
De ce mariage, deux enfants vont naître. Marie-Christine voit le jour 9 mois après leur union, le 17 novembre 1663. En 1665, c’est Louis-Antoine duc d’Antin qui vient agrandir la tribu. Après ses accouchements, Athénaïs retourne très vite à ses occupations à la Cour. Elle n’est pas heureuse avec son mari, et ne supporte plus sa médiocrité. Le ménage est criblé de dettes. Elle préfère la compagnie des dames de la Cour.
Madame de Montespan devient demoiselle d’honneur
Madame de Montespan va d’ailleurs œuvrer pour s’offrir un avenir meilleur. En se mariant, elle perd la fonction de demoiselle d’honneur de Marie-Thérèse d’Autriche, l’une des épouses de Louis XIV. Grâce à son amitié avec Monsieur, Philippe d’Orléans, frère du roi, elle devient dame d’honneur de la reine de France. C’est ainsi que la sulfureuse Athénaïs de Montespan va se rapprocher du roi Louis XIV, pour devenir sa plus grande favorite.
Même si la Montespan se plaît à briller dans cette cour où la galanterie est monnaie courante, elle montre un comportement irréprochable. Sa sagesse et sa vertu la définissent parfaitement.
Madame de Montespan et Louis XIV, un amour passionnel
Louis XIV remarque la sulfureuse Athénaïs
Nous sommes à l’automne 1666. Louis XIV commence à se lasser de sa favorite Louise de la Vallière. En rendant visite à son épouse, le roi remarque cette belle blonde au caractère fougueux, alors âgée de 26 ans. Le duc d’Enghien, en novembre 1666, nous rapporte ces quelques lignes :
“On veut dire à la cour qu’il songe un peu à Madame de Montespan et, pour dire la vérité, elle le mériterait bien car on ne peut avoir plus d’esprit ni plus de beauté qu’elle en a, mais je n’ai pourtant rien remarqué là-dessus”.
Très vite, Louis XIV cherche la compagnie de Madame de Montespan, que l’on dit être “la plus belle femme de la Cour”. Mais Athénaïs, faisant preuve de vertu, souhaite une relation basée sur l’esprit plutôt que la chair. Elle commence par résister au roi, allant jusqu’à demander conseil à son époux, l’informant de l’insistance du souverain. L’épouse Montespan ne reçoit aucune réponse de la part de son mari. Le prendra-t-elle comme une autorisation à céder au roi ?
Madame de Montespan cède aux avances du roi Louis XIV
Après plusieurs mois à œuvrer pour la conquête de celle qui hante toutes ses pensées, le roi Louis XIV se voit récompensé. L’historien Jean-Christian Petitfils nous raconte que Madame de Montespan aurait cédé aux avances de Louis XIV “vraisemblablement à l’étape d’Avesnes, entre le 9 et le 14 juin”. On raconte que pendant 3 jours durant, les deux jeunes amants s’adonnent aux plaisirs d’être ensemble, et rien qu’ensemble. Le roi reste enfermé dans sa chambre, et la Montespan ne se présente pas auprès de la reine. Toutefois prise de remords, la pieuse marquise de Montespan se rend quelques jours plus tard à Notre-Dame-de-Liesse pour se confesser…en compagnie de Louise de la Vallière.
“L’époque des trois reines”
Mais ces remords ne vont pas l’empêcher de retourner dans les bras du roi. En compagnie de Madame de Montespan, Louis XIV évolue pour devenir un homme confiant et assuré. Quant à Athénaïs, la femme pieuse et vertueuse se transforme en une femme ambitieuse, désireuse de se frayer un chemin vers le coeur du roi. Car dans son cœur, Louise de la Vallière y tient encore une place importante. C’est alors un véritable ménage à 3 qui se dessine sous les yeux des courtisans – et ce sans compter la place de la reine de France. Si au début de sa relation avec le roi, Athénaïs se veut amicale avec Louise, cette amitié ne dure qu’un temps. Louis XIV ne veut pas se séparer de sa première favorite, tout en s’adonnant aux plaisirs avec la Montespan. C’est “l’époque des trois reines” qui se met en place. Il n’est pas rare de voir le monarque de France se déplacer en carrosse, accompagné de son épouse Marie-Thérèse, ainsi que de ses deux maîtresses, Madame de Montespan et Louise de la Vallière. Mais rapidement, le caractère endiablé d’Athénaïs va évincer la réservée Louise. Elle n’hésite pas à lui infliger les pires humiliations et à la “traiter comme une domestique”. Louise de la Vallière va finir par se retirer dans un couvent, avec l’approbation de son ancien amant.
Le mari cocufié évincé
La relation entre Louis XIV et la marquise de Montespan se révèle rapidement au grand jour, et sous les yeux du marquis de Montespan. Ce mari cocufié ne tarde pas à faire parler de lui. Les premiers mois, le marquis s’est naturellement effacé, espérant peut-être profiter du succès de son épouse, et enfin avoir la fortune tant attendue. Mais il n’en est rien ! Il se décide alors à faire un esclandre à la cour. Il provoque alors de nombreux scandales, et va même jusqu’à insulter son épouse. Agacé, Louis XIV décide de le faire enfermer quatre jours durant Fort-l’Évêque, avant d’exiger de lui qu’il se retire sur ses terres. Les amants peuvent maintenant s’adonner à la passion qui les anime, sans se cacher.
La marquise donne sept enfants à Louis XIV
Cette passion va rapidement porter ses fruits. En mars 1669, le premier des enfants de Madame de Montespan et Louis XIV voit le jour. Le premier d’une longue liste, car la marquise donne naissance à sept enfants, dont quatre vont survivre et seront légitimés par le roi (dont le Duc du Maine, le comte de Vexin et Mlle de Nantes). Devenue la nouvelle favorite officielle de Louis XIV, il est toutefois nécessaire de garder secret ses naissances. Grossesses dissimulées, accouchements loin de la cour, tout est mis en œuvre pour que les enfants du roi et de sa maîtresse soient éloignés. Il est donc important de trouver une personne de confiance pour veiller sur eux et assurer leur éducation. Le choix se porte sur une fidèle amie de Mme de Montespan : Françoise d’Aubigné, Madame Scarron, future Madame de Maintenon. Athénaïs de Montespan a fait la connaissance de Françoise quelques années auparavant à l’hôtel d’Albret, et l’a revue lors d’une fête à Versailles le 18 juillet 1668. Ces deux femmes d’esprit aiment converser ensemble. La veuve Scarron présente toutes les qualités requises pour tenir ce rôle de gouvernante : pieuse, instruite, sans enfant. Madame de Montespan ne voit pas en elle une potentielle rivale. Qui aurait imaginé à ce moment-là que Françoise deviendrait l’épouse secrète de Louis XIV quelques années plus tard ?
Entre gloire et caprices
Pendant de nombreuses années, la marquise de Montespan fait le bonheur de son bien-aimé roi. Après ses nombreux accouchements, elle retrouve le lit de son amant et le divertit par son esprit vif. “Athénaïs contribue à la gloire de Louis XIV”, et le roi en retour fait vivre un véritable conte de fée à sa chère et tendre. Il cède à tous ses caprices, aussi nombreux soient-ils ! Appartement plus grand que la reine au château de Saint-Germain, Trianon de porcelaine à Versailles, construction du château de Clagny : rien n’est trop beau pour la favorite.
Même si Madame de Montespan dévoile un caractère capricieux, elle joue un rôle important dans l’essor de la culture et de l’art à la Cour de France. Elle se porte garante de nombreux artistes Corneille, Molière ou encore Jean-Baptiste Lully. Des noms qui résonnent encore dans nos esprits. La marquise se trouve être le véritable soleil de cette cour de France, même si nombreux sont ceux qui craignent son esprit aiguisé.
La favorite perd les faveurs de Louis XIV
Les rivalités entre Madame de Montespan et Angélique
Malgré un bonheur certain, le roi Louis XIV aime à batifoler ailleurs, provoquant de nombreuses crises de colère d’Athénaïs. L’une des maîtresses de Louis XIV va provoquer chez la Montespan une jalousie folle. Il s’agit d’Angélique, Melle de Fontanges. Le roi se prend d’une véritable passion pour cette jeune femme âgée d’à peine 18 ans (le roi en a alors 41). Pour calmer la colère de sa favorite, le roi offre à Madame de Montespan la charge de surintendante de la reine qu’elle réclamait depuis longtemps. Mais ce cadeau ne reflète en rien l’amour du roi pour Athénaïs. Au contraire, il est annonciateur d’un déclin.
Un événement va pourtant provoquer sa perte définitive. Angélique, nouvelle bien-aimée de sa Majesté, est prise d’un mal épouvantable à la suite de son accouchement. La jeune femme se voit dépérir à petit feu, et finit par s’éteindre le 28 juin 1681 à seulement 20 ans. Les circonstances de sa mort sont douteuses, et font penser à une mort volontaire. Qui pourrait en vouloir à Melle de Fontanges au point de la faire assassiner ? Les soupçons se portent immédiatement vers Mme de Montespan. C’est le début de l’Affaire des Poisons.
L’Affaire des Poisons
Dans les années 1670, un mal saisit la Cour de France. De nombreux nobles font appel à la sorcellerie et à l’empoisonnement pour atteindre leur objectif. Une femme est au coeur de toute cette affaire : Catherine Deshayes, mieux connue sous le nom de La Voisin, l’une des sorcières les plus connues. Poudres d’amour, poisons, avortement, sorcellerie, La Voisin fonde un véritable empire. Ses clients ? De nombreux nobles de la Cour de France. La sorcière est finalement arrêtée et exécutée, après avoir donné une liste de noms de ses clients. Le nom de la Montespan n’est à ce moment-là pas cité. Athénaïs se pense à l’abri de tout soupçon. Mais c’était sans compter sur la fille de La Voisin qui informe les enquêteurs de la participation de Madame de Montespan à une messe noire.
De la disgrâce à la pénitence
Déjà en disgrâce auprès du roi, la marquise est accusée d’avoir eu recours à des poisons et filtres d’amour. Horrifié, Louis XIV décide de faire supprimer toutes les preuves, pour épargner celle qui jadis à faire battre son cœur. Même si Madame de Montespan ne risque pas l’échafaud, elle a définitivement perdu l’amour du roi et perd son statut de favorite. Les faveurs de Louis XIV vont maintenant à Madame de Maintenon, au grand désespoir d’Athénaïs.
Priée de quitter ses appartements proches de ceux du roi pour se rendre au rez-de-chaussée, la marquise pense à son avenir. Dénuée depuis toujours d’une quelconque fibre maternelle, elle souhaite se rattraper en obtenant de bons mariages pour ses enfants. Après avoir vécu une existence de péché, l’ancienne favorite se décide à retrouver le chemin vers Dieu. Elle enchaîne les séjours de pénitence, se rendant par exemple à l’abbaye de Fontevraud.
La mort de Madame de Montespan
Au début de l’année 1707, alors qu’elle est âgée de 67 ans, Madame de Montespan propose à la duchesse de Noailles d’accompagner son mari à Bourbon, haut lieu de cure. Durant son séjour, la marquise est prise de malaises. Les médecins ne sont pas confiants sur le fait qu’elle se rétablisse. Athénaïs fait alors venir ses domestiques et confesse devant tout le monde ses péchés d’ancienne favorite. Entourée de son fils le Duc d’Antin, Madame de Montespan s’éteint dans la nuit du 26 au 27 mai 1707 vers 3h du matin.
L’annonce de son décès à la Cour de Versailles laisse de marbre. En apprenant la nouvelle, le roi Louis XIV ne montrera aucune émotion, le souvenir de sa plus grande favorite étant loin. Seule Madame de Maintenon montrera une certaine tristesse.