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Personnages historiques

Les enfants de Madame de Montespan et Louis XIV

Grand amour du roi Louis XIV, Madame de Montespan mettra au monde 7 enfants en 10 ans. Pour éviter le scandale, ses grossesses et ses enfants seront cachés aux yeux de tous, du moins jusqu’à ce que Louis XIV en décide autrement. A travers cet article, je vous propose de découvrir la vie des enfants de Madame de Montespan, la plus célèbre des favorites du Roi-Soleil.

Le premier enfant de Madame de Montespan et Louis XIV

Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, mieux connue sous le nom de Madame de Montespan, a volé le cœur de Louis XIV à Louise de la Vallière. Son charme incontestable et sa personnalité de feu ont tout de suite attiré le Souverain, qui commençait à se lasser de sa première favorite. Quelques mois seulement après leurs premières galanteries, la Montespan, alors devenue la nouvelle favorite, attend un enfant. Le premier de sa relation avec le roi de France. Ce nouveau né, probablement une fille, voit le jour à la fin du mois de mars 1669 dans une petite maison rue de l’Echelle près des Tuileries. Cette maison, la Montespan l’a loué pour que ses enfants illégitimes puissent y être élevés dans l’anonymat le plus complet. On connait que très peu de choses du premier enfant de Madame de Montespan avec le roi car il est mort en bas âge, probablement vers l’âge de 3 ans.

Louis-Auguste, duc du Maine

3 mois seulement après son accouchement, la Marquise de Montespan tombe de nouveau enceinte. Elle doit à nouveau cacher sa grossesse aux yeux de tous et préparer son accouchement dans le plus grand des secrets. Nous sommes en pleine nuit, au mois de mars 1670, au Château de Saint-Germain en Laye. Alors que tout le château est en train de dormir, y compris la Reine de France à l’étage supérieur, la Marquise de Montespan met au monde son deuxième enfant né de sa relation avec Louis XIV. Louis-Auguste, futur Duc du Maine, est né en silence, dans le plus grand des secrets. On raconte même qu’à peine né, Louis-Auguste est emmené pour être confié à Françoise d’Aubigné, Madame de Maintenon, la seconde des épouses de Louis XIV. Très vif d’esprit, le Duc du Maine souffre toutefois d’un handicap physique. Né avec une jambe atrophiée, il a besoin de soins quotidiens et d’une assistance. De nature vertueuse et empathique, Madame de Maintenon développe une véritable affection pour cet enfant. Sa gouvernante l’emmène régulièrement faire des cure pour soigner sa jambes/ Malgré tout, il passera sa vie avec une canne.

Alors qu’il n’a que 3 ans, Louis XIV décide de légitimer les enfants qu’il a eu avec Madame de Montespan. C’est ainsi que Louis-Auguste devient le Duc du Maine. Son esprit aiguisé et son intelligence lui donnent les faveurs de son royal père. En 1680, le Duc du Maine est déclaré Prince de Bourbon. En 1682, il devient gouverneur du Languedoc et en 1686 Duc d’Aumale et chevalier du Saint-Esprit. L’enfant de Madame de Montespan reçoit promotions sur promotions, faisant la fierté de son père et roi. Malgré les réticences de Louis XIV, son fils est finalement marié à Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé.

Malgré les nombreuses faveurs royales, le Duc du Maine n’arrive pas à se détacher de cette image de bâtard et de fils de Madame de Montespan, favorite déchue. Son épouse lui reproche très régulièrement d’être mal né. Malgré tout, Louis XIV apprécie beaucoup son fils légitimé. Avançant dans l’âge, et voyant ses héritiers mourir les uns après les autres, le Roi-Soleil décide d’établir un édit royal autorisant le Duc du Maine, premier enfant de Madame de Montespan, à monter sur le trône si aucun héritier ne venait à survivre. C’est finalement l’arrière-petit-fils de Louis XIV, futur Louis XV, qui monte sur le trône à la mort du Roi-Soleil.

Duc du Maine
Duc du Maine par Jean-François de Troy – Musée de l’Île de France

Louis-César, comte de Vexin

Né le 20 juin 1672 au Château du Génitoy, Louis-César est le troisième enfant de Madame de Montespan et Louis XIV. Né chétif, Louis-César dévoile un physique quelque peu déformé. Sa colonne vertébrale demeure de travers, et l’enfant est malheureusement bossu. Tout son entourage doute sévèrement du fait qu’il survive, y compris ses parents et sa gouvernante Madame Scarron, future Madame de Maintenon. Comme son frère aîné, il est légitimé par Louis XIV en 1673, devenant ainsi le comte de Vexin. C’est à partir de ce moment-là que l’enfant est finalement dévoilé à l’ensemble de la Cour de France comme étant l’enfant de Mme de Montespan et du Souverain.

L’enfant devient alors une bête de foire, et les médecins de la Cour tentent par tous les moyens de le débarrasser de cette bosse. Est-ce vraiment pour le soulager ? Ou par pure convenance auprès des courtisans ? Quoiqu’il en soit, les traitements infligés au petit garçon ne vont en rien supprimer cette bosse, et vont même avoir l’effet inverse. Sa santé se fragilise traitements après traitements. En 1678, Louis-César est au plus mal. On ne le voit plus en compagnie de ses frères et sœurs, l’enfant de Madame de Montespan reste au lit toute la journée. Alors qu’elle est tombée en disgrâce auprès de son bien-aimé roi, la favorite Montespan veille jour et nuit auprès de son fils. Elle qui jusque-là n’avait jamais dévoiler aucun instinct maternel, va se dévoiler en mère aimante et veillante. Pendant plusieurs mois, la Marquise de Montespan va passer une grande partie de son temps dans la chambre de son fils pour le soutenir et veiller sur lui. Cet élan d’amour n’empêche pourtant pas le jeune comte de mourir, le 10 janvier 1683. Il n’a alors que 10 ans.

Louis-César Comte de Vexin
Le comte de Vexin, avec son frère le duc du Maine et sa mère. Atelier de Pierre Mignard

Louise-Françoise, Mlle de Nantes

Quatrième enfant de Madame de Montespan et Louis XIV, Louise-Françoise est leur première fille. Née le 01 juin 1673 à Tournai, elle est comme ses frères aînés confiés à la gouvernante Françoise Scarron dès sa naissance. Elle demeure cachée aux yeux de tous, mais seulement pour quelques mois. La jeune femme se voit légitimée par son père Louis XIV alors qu’elle n’a que 6 mois, devenant ainsi Mlle de Nantes. Louise-Françoise ressemble en tout point à sa mère la Montespan. Dotée d’un charme certain, d’une grande beauté, et d’un esprit aiguisé, elle fait la fierté de sa mère. Son amour pour la Montespan la pousse d’ailleurs à détester sa gouvernante, la future épouse de Louis XIV. Alors qu’elle n’a que 12 ans, elle est mariée à Louis III de Bourbon, prince de Condé et petit-fils du Grand Condé. Mlle de Nantes devient alors Duchesse de Bourbon.

Son époux est son exact opposé. Il possède un physique quelque peu disgracieux, et manque cruellement d’intelligence. Leur mariage est un véritable échec. Même si son mari remplit son devoir conjugal, qui donne naissance à 9 enfants, il trompe ouvertement son épouse. En plus d’avoir un mari absent et frivole, Louise-Françoise est déçue au fur et à mesure des années par ses enfants, qui sont sujets à de nombreux scandales. Pour se consoler, l’enfant de Madame de Montespan tombe dans les bras du Duc de Bourbon, un homme cultivé et physiquement très agréable à regarder. C’est-à-dire tout le contraire de son époux. Mais cette liaison ne dure pas, l’amant étant promis au trône de Pologne.

Après la mort de son époux le Prince de Condé, c’est auprès de Léon de Madaillan qu’elle trouve réconfort. Cette liaison, peu appréciée par ses enfants, reste toutefois discrète. La fille illégitime de Louis XIV et La Montespan se voit acceptée dans le cercle intime de Louis XV, avec qui elle converse souvent. Elle évoque avec lui le souvenir de ses parents et grands-parents, que Mlle de Nantes a bien connu. La fille de Madame de Montespan décède à un âge très avancé pour l’époque, 70 ans, au Palais Bourbon qu’elle s’est fait construire quelques années auparavant.

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Louise-Marie-Anne, Mlle de Tours

Deuxième fille du couple illégitime Madame de Montespan et Louis XIV, Louise-Marie-Anne naît le 12 novembre 1674 au Château de Saint-Germain-en-Laye. Contrairement à ses frères et sœurs aînés, Louise-Marie-Anne n’a pas à être dissimulée aux yeux de tous à sa naissance. Les aînés ayant été légitimés. Elle est tout de même confiée à Madame Scarron qui va gérer son éducation. La fillette est légitimée par son père en janvier 1676, lui donnant le titre de Mlle de Tours. Son titre lui confère l’affectueux surnom de “Toutou”. La fille de la maîtresse officielle est particulièrement proche de sa sœur aînée, Mlle de Nantes.

En grandissant, la jeune fille dévoile une santé quelque peu fragile. Louise-Marie-Anne est régulièrement malade et alitée. Comme pour son frère Louis-César, on craint beaucoup pour sa vie. Alors qu’elle n’a qu’elle n’a que 7 ans, l’enfant de Madame de Montespan et Louis XIV est envoyée prendre les eaux. Mais cela n’aura pas l’effet escompté. Au mois de septembre de la même année, la petite est de plus en plus souffrante et est prise de violents maux de tête. Les médecins restent impuissants face à sa souffrance. L’enfant meurt le 15 septembre 1681. Sa mère, la Marquise de Montespan, n’a malheureusement pas pu arriver à temps pour être au chevet de sa fille.

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Mademoiselle de Tours – portrait posthume, dit La fillette aux bulles de savon par Pierre Mignard

Françoise-Marie, Mlle de Blois puis duchesse d’Orléans

Dernières des filles de Madame de Montespan et Louis XIV, François-Marie naît le 4 mai 1677 au Château de Maintenon. Ce château est la demeure de Madame de Maintenon. Même si elle s’est occupée de l’éducation de ses frères et sœurs aînés, la gouvernante n’a pas souhaité s’occuper de la fillette, issue d’une relation illégitime. Très pieuse, la veuve Scarron n’a jamais supporté cette relation extra-conjugale. La dernière des filles est donc élevée par la marquise de Montchevreuil. Ayant été mise en disgrâce peu de temps après sa naissance, la Montespan craint que sa fille ne soit pas reconnue par son père le Roi-Soleil. Mais 4 ans après sa naissance, Françoise-Marie est elle aussi légitimée par Louis XIV, en novembre 1681, devenant Mademoiselle de Blois. L’enfant de Madame de Montespan montre très rapidement un caractère très audacieux et surtout ambitieux. Mlle de Blois veut s’élever dans la société. Elle est donc ravie lorsqu’elle apprend la volonté du Monarque de la marié à son cousin Philippe de Bourbon-Orléans, duc de Chartres. Il s’agit du fils de Monsieur, frère du Roi, et de la Palatine. Elle épouse donc le 18 février 1692 à Versailles Philippe de Bourbon-Orléans, futur régent. Grâce à cette union, Françoise-Marie s’élève dans la société et reste dans le cercle royal. Avec le décès du frère du Roi, Mlle de Blois s’élève au rang de Duchesse d’Orléans.

Malgré le manque d’amour, et le caractère frivole de son époux, Françoise-Marie met au monde huit enfants, dont un garçon. Mais l’éducation de ses enfants est particulièrement négligée. Elle doit finalement envoyer ses filles au couvent. A la mort de Louis XIV, son époux devient le Régent du Royaume en attendant que le jeune Louis XV soit en âge de régner. La dernière des filles de Madame de Montespan devient alors Première Dame de la Cour. Mademoiselle de Blois est la dernière des enfants de Madame de Montespan à mourir. Elle s’éteint le 1er février à Saint-Cloud, alors qu’elle est âgée de 71 ans.

Louis-Alexandre, comte de Toulouse

Dernier des enfants de Madame de Montespan, Louis-Alexandre voit le jour le 6 juin 1678 à Versailles. Le petit garçon naît dans un environnement relativement tendu, sa mère n’étant plus la grande favorite de Louis XIV. Contrairement à tous ses autres enfants, Madame de Montespan va garder son dernier enfant auprès d’elle, plutôt que de confier son enfant à une gouvernante. La Marquise voue une véritable affection pour son dernier né. Peut-être représente-t-il le souvenir de son amour passé avec Louis XIV. Louis-Alexandre devient comte de Toulouse après avoir été légitimé le 22 novembre 1681. 2 ans après, le jeune garçon reçoit la charge d’Amiral de France, et l’année suivante il devient colonel d’un régiment d’infanterie. Tout au long de sa vie, le comte de Toulouse prend très au sérieux les charges qui lui sont données. Alors qu’il entre dans sa quatorzième année, Louis-Alexandre va faire ses preuves en tant que guerrier. Il accompagne son père dans la guerre contre Guillaume d’Orange. Sur le champ de bataille, le prince fait preuve d’un grand courage, qui sera récompensé par Louis XIV. Le comte de Toulouse devient chevalier des Ordres de Saint-Michel. Le dernier enfant de Madame de Montespan mène une vie calme, sans aucun scandale à son actif. Il brille alors dans une carrière militaire, faisant la fierté de son père et de sa mère. Louis-Alexandre fréquente pendant de nombreuses années Marie-Victoire de Noailles, qu’il épouse finalement en secret.

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Le comte de Toulouse enfant, tourné vers la Marine, vers 1690 par Hyacinthe Rigaud

Pour dissimuler ses grossesses, Madame de Montespan lance la mode des robes battantes

La passion qui unit le roi Louis XIV à sa grande favorite Madame de Montespan donne naissance à 7 enfants en 10 ans. Fruits d’un double adultère – car il faut le rappeler, Louis XIV et Madame de Montespan sont mariés chacun de leur côté, les grossesses de la Marquise doivent être cachées. Il faut absolument éviter le scandale pour l’ancienne femme d’honneur de la reine. Et plus gros problème encore, selon le droit français, le père légal de ces enfants n’est autre que le mari de la favorite, le Marquis de Montespan. Il est tout à fait en droit de prendre tous les enfants bâtards du roi et de son épouse. Par tous les moyens, la Marquise de Montespan œuvre pour dissimuler ses grossesses. Elle se met alors à porter ce que l’on appelle des robes battantes, qui s’assimilent tout simplement à des robes de chambre. Les robes sont beaucoup trop inconfortables pour la future maman, et dévoilent trop son ventre qui s’arrondi. La jeune femme a su donner le change lors de ses premières grossesses. Mais très vite la Cour comprend que lorsque la favorite ressort ses robes battantes, c’est qu’un nouveau-né vient à naître. Ce genre de robe relativement ample est petit à petit mal vu des courtisans. Elle est associée aux femmes légères, de petite vertu.

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Madame de Montespan et ses enfants – Musée du Louvre

Les enfants de Madame de Montespan sont élevés dans la discrétion

Après avoir dissimulé ses grossesses, la favorite doit également cacher des enfants de la Cour. Pas question pour elle de risquer le scandale, et d’attirer le désir de vengeance de son époux. Chaque accouchement se déroule en toute discrétion, dans le silence. La Marquise de Montespan prévoit tout. Avant d’accoucher de son premier enfant, elle fait l’acquisition d’une maison rue de l’Echelle près des Tuileries. Elle souhaite embaucher une gouvernante, qui devra gérer l’ensemble de la maison et de l’éducation des enfants de Madame de Montespan. Celle qui sera choisie n’est autre que Madame de Maintenon, son amie de longue date. A peine nés, les enfants de Madame de Montespan sont enroulés dans un linge, et emmenés dehors pour être confiés à la veuve Scarron, Madame de Maintenon. La Montespan n’a pas un grand instinct maternel, du moins les premières années. Elle est plus soucieuse de sa réputation et de l’affection que lui porte le roi, que l’amour de ses enfants. Sauf pour les derniers enfants de Madame de Montespan, qui auront droit à des signes d’amour et d’affection.

Tous les enfants de la famille, sauf le petit dernier, débutent leur vie dans la plus grande discrétion, loin de la Cour de France et de leurs parents. Personne ne doit savoir que leur père n’est autre que Louis XIV et leur mère la Marquise de Montespan. Ce n’est qu’au moment de leur légitimation que les enfants de Madame de Montespan sont dévoilés au monde entier.