Romanesque et pénitence ont rythmé la vie de cette maîtresse souvent oubliée du grand public, il s’agit de Louise de la Vallière. Première des favorites de Louis XIV, et sans doute la plus discrète, elle a partagé 10 ans de la vie du grand Monarque, avant de devenir religieuse. Je vous dévoile aujourd’hui le portrait de Louise de la Vallière.
Louise de la Vallière, une enfant discrète aux côté de princesses
Son enfance en Touraine
Née le 6 août 1644 à Tours, Louise est la fille de Laurent de La Baume Le Blanc, Lieutenant du Gouverneur d’Amboise, et de Françoise Le Provost. Françoise-Louise de La Baume Le Blanc, mieux connue sous le nom de Louise de la Vallière, passe sa petite enfance en Touraine, au Château de la Vallière à Reugny et à l’Hôtel de la Crouzille. Son père meurt alors qu’elle n’est âgée que de 11 ans, et sa mère parvient à se remarier avec un homme attaché à Gaston d’Orléans.
Louise de la Vallière apprend les usages de la Cour
Louise grandit auprès d’une famille princière à Blois, ce qui lui donne toutes les armes et les connaissances du monde de la Cour, elle en apprend les usages et les coutumes. Au contact de Françoise et Elisabeth, les filles de Gaston d’Orléans, Louise apprend la danse, la littérature, la musique. Elle développe un véritable talent en tant que cavalière, ce qui va particulièrement plaire au Roi de France. Après la mort de Gaston d’Orléans, elle intègre la Cour de France en tant que femme d’honneur d’Henriette d’Angleterre, nouvelle épouse de Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV.
Louise de la Vallière et Louis XIV
Scandale à la Cour de France
A la fin du Printemps 1661, la Cour de France est en émoi. De sérieuses rumeurs courent parmi les courtisans. Le Roi Louis XIV, alors âgé de 22 ans, entretiendrait une relation extraconjugale avec Henriette d’Angleterre, “Madame”, qui n’est autre que l’épouse de son frère Philippe d’Orléans, “Monsieur”. Depuis plusieurs semaines, les deux jeunes gens passent tout leur temps libre ensemble, le Roi délaissant peu à peu son épouse Marie-Thérèse d’Autriche actuellement enceinte. Il faut dire qu’Henriette d’Angleterre est une femme pleine de charme, qui aime séduire. Mais cette complicité qui s’installe n’est pas du tout au goût d’Anne d’Autriche, la Reine-Mère, ni de Monsieur, frère du Roi et époux d’Henriette.
Louise de la Vallière, victime de la stratégie du “paravent”
Un vent de scandale commence à planer au-dessus de la Couronne. Il devient donc nécessaire pour Louis XIV et Henriette d’Angleterre de dissiper ces doutes en mettant en place un stratagème. Ils veulent donc faire croire que Louis XIV fréquente si souvent sa belle-soeur car il est tombé sous le charme de l’une de ses femmes d’honneur. C’est ce que l’on appelle à l’époque la stratégie du “paravent”. Henriette d’Angleterre met son dévolu sur Louise de la Vallière. Jeune femme discrète et réservée, Louise de la Vallière semble être la femme parfaite pour jouer ce rôle de “paravent”. Sa beauté et sa douceur rendent crédible une potentielle attirance du Roi, et son caractère effacé ne met pas en péril la relation entre le Roi et sa belle-soeur.
Louis XIV pris à son propre piège avec Louise de la Vallière
Pour rendre la manœuvre crédible, il est donc important que Louis XIV courtise Louise de la Vallière, et se montre en amoureux transi. Ce n’est pas pour déplaire à dame d’honneur qui, depuis son arrivée à la Cour, a développé de sincères sentiments envers son Roi. Son charisme “bourbonnais” et sa prestance ont séduit la jeune tourangelle, alors âgée de 17 ans.
Louise de la Vallière montre une finesse et une élégance qui la rendent très charismatique. Malgré sa claudication, sa marche est souple et légère. Elle nous dévoile une belle chevelure blonde et de grands yeux bleus transmettant toute la bonté qui règne en elle.
Contre toute attente, le stratagème pensé par Henriette d’Angleterre va se retourner contre elle. Les sentiments fictifs vont peu à peu laisser place à une véritable adoration du Roi envers Louise de la Vallière. Sa douceur, sa simplicité, et l’amour totalement désintéressé qui émane d’elle vont séduire Louis XIV. Aux côtés de Louise, le Roi Soleil ne se sent plus Souverain, mais simplement homme. Il se sent aimé pour ce qu’il est, et non pas pour ses responsabilités. Il aime converser avec la douce Louise, et est touché par son caractère sincère, sans ambition personnelle. En juillet 1661, Louise de la Vallière devient officiellement la maîtresse de Louis XIV. Henriette d’Angleterre est écartée.
Louise de la Vallière devient la maîtresse de Louis XIV
La stratégie du “paravent” n’existe plus. Le fictif laisse place au réel, la cour laisse place au charnel. Durant 3 ans, cette liaison demeure discrète. Louise conserve les apparences et reste au service de Madame, Henriette d’Angleterre. Mais cette situation délicate engendre quelques conflits entre Louis et Louise.
Nous sommes un soir de l’hiver 1662. Louise apprend quelques jours plus tôt diverses galanteries de sa maîtresse. Louis XIV exige de tout savoir, mais elle ne dira rien pour ne pas trahir Henriette d’Angleterre. Le Roi est très énervé et quitte la pièce. Louise, désespérée, attend toute la nuit un mot de réconciliation, en vain. Elle prend une décision radicale : au petit matin, elle quitte les Tuileries et se réfugie au Couvent des Chanoinesses de Chaillot pour retrouver une vie spirituelle et se sauver de cette situation de péché. En apprenant la nouvelle, Louis XIV décide de se rendre à cheval jusqu’au Couvent de Chaillot pour renouer avec sa bien-aimée.
De maîtresse à favorite : la mise en lumière
En revenant aux Tuileries, l’affaire avait fuité. Tous les courtisans étaient au courant de cette escapade romanesque du Roi Soleil pour retrouver Louise de la Vallière. La discrète maîtresse se retrouve au centre de toutes les attentions, à son grand désarroi. Cette mise en lumière, Louise va avoir du mal à l’assumer. Intrigues, critiques, stratégies pour l’écarter du cœur du Roi : tout est bon à la Cour pour déstabiliser la chère Louise. Les choses vont se compliquer une nouvelle fois en 1663 lorsque Louise de la Vallière apprend qu’elle est enceinte. Louis XIV décide alors de détacher sa maîtresse de la Maison d’Henriette d’Angleterre et d’éloigner Louise pour cacher la grossesse. Le 19 décembre 1663, Louise de la Vallière met au monde un fils, Charles. Très rapidement, la jeune mère est ramenée à la Cour, à peine eut-elle le temps de se remettre de son accouchement.
Les sentiments persistants de Louis XIV l’amènent à prendre une décision radicale. Le Roi décide de faire de Louise de la Vallière sa favorite. Elle est donc présentée de façon officielle à la Cour comme étant sa maîtresse. Leur relation devient alors publique. Louis XIV donne une place privilégiée à Louise lors des festivités, et il exige de la Reine-Mère et de son épouse que Louise soit tolérée. Pour Anne d’Autriche et Marie-Thérèse, c’est un véritable drame.
Une favorite humiliée et délaissée
Louise de la Vallière est évincée par Madame de Montespan
Dans les années qui suivent, Louise de la Vallière met au monde 4 autres enfants. De cette union, seulement deux enfants survivront : Marie-Anne, dite Mademoiselle de Blois, et Louis, comte de Vermandois. Les grossesses successives de sa favorite et les disputent régulières lassent progressivement le Roi de France. Et l’arrivée d’une femme de poigne, au caractère mordant, va boulverser le coeur de Louis XIV. Il s’agit d’Athénaïs de Montespan, dame d’honneur à la Chambre de la Reine. Louise de la Vallière voit son bien-aimé s’éloigner peu à peu, en faveur de cette beauté au caractère de feu. La douceur et la timidité de Louise ne peuvent lutter contre cette tempête. La favorite de Louise XIV est délaissée. Signe qui ne trompe pas, le Roi décide d’offrir à Louise le titre de Duchesse, et de légitimer leurs deux enfants encore en vie. Ce genre d’attentions marquent souvent le changement, la fin d’une histoire.
Louise de la Vallière, en femme déséspérée, va alors enchaîner les maladresses. Alors que Louis XIV est en guerre contre les Flandres, elle décide de le rejoindre, et va jusqu’à devancer le carrosse de la Reine. C’est un affront pour Louis XIV, qui n’accepte pas ce geste irrespectueux envers son épouse. Il refuse de recevoir sa favorite Louise de la Vallière pendant tout son séjour. Au même moment, Madame de Montespan cède aux avances de Louis XIV.
Le temps des humiliations
C’est un véritable ménage à 3 qui s’instaure à la Cour de France. Alors qu’Athénaïs de Montespan met au monde son premier enfant, le Duc du Maine, Louise de la Vallière conserve toujours son rang de favorite. Louis XIV exige que ses deux favorites soient présentes aux festivités, parfois même côte à côte.
Madame de Montespan n’hésite pas à user de son sens critique pour humilier Louise de la Vallière. S’en est trop pour la favorite. Après une ultime dispute avec son amant, Louise décide une nouvelle fois de quitter la Cour pour se rendre au Couvent de Chaillot. Mais cette fois-ci, Louis XIV ne court pas pour la récupérer. Il envoie Colbert pour la sommer de revenir auprès de lui. Elle obéit, la vie du Souverain peut reprendre son cours normal, ou presque.
Louise de la Vallière trouve refuge dans la religion
Rédemption et pardon
Louise de la Vallière ne supporte plus cette situation. 10 ans après leur rencontre, l’éloignement de son Roi bien-aimé est un supplice pour elle, et elle trouve refuge dans la foi. Elle voit dans ces humiliations quotidiennes une sorte d’expiation pour cette vie de « pécheresse ». Louise décide d’elle-même d’entrer au couvent des Carmélites, loin du faste de la Cour et du Roi de France. Pour laver ses pêchés, Louise de la Vallière va même jusqu’à implorer le pardon de la Reine de France Marie-Thérèse, qui se voit attendrie par cette femme devenue pieuse. Le 19 avril 1674, Louise entre au Couvent des Carmélites rue Saint-Jacques, elle est alors âgée de 29 ans.
Louise de la Vallière devient Louise de la Miséricorde
Le 4 juin 1675, Louise de la Vallière reçoit le voile et devient Louise de la Miséricorde. La favorite devenue religieuse prend pour modèle Marie-Madeleine la pécheresse, et se dévoue à une vie de prière et de jeûne. Elle n’est toutefois pas oubliée. De nombreuses personnes de la Cour lui rendent visite tout au long de sa vie au couvent : la Reine Marie-Thérèse, et même la Marquise de Montespan.
Comment est morte Louise de la Vallière ?
Après avoir dédié 36 ans de sa vie à la religion, Louise de la Vallière, devenue Louise de la Miséricorde, s’éteint. Suite à de fortes douleurs suite à une occlusion intestinale, Louise meurt le 6 juin 1710. La Cour de Versailles est prise d’une forte émotion en apprenant le décès de cette douce et modeste Louise. Contrairement à Louis XIV, qui n’a montré aucun sentiment à l’annonce de cette nouvelle.
“C’est qu’elle était morte pour moi, du jour de son entrée aux Carmélites” a-t-il répliqué en apprenant la mort de Louise, son amour de jeunesse, sa première favorite. Cette histoire d’amour est digne d’un roman d’amour, alliant joie et tristesse.