Anne d'Autriche et ses enfants, Louis XIV et Philippe
Anecdotes Personnages historiques

Cateau la Borgnesse, la femme qui dépucela Louis XIV

Louis XIV a 14 ans, la majorité pour les Rois de France. Il est temps pour lui de goûter au plaisir charnel et de prouver qu’il est capable de donner un héritier au Royaume de France. Anne d’Autriche, la Régente et Reine-Mère, va s’en assurer. Son choix se porte sur Catherine-Henriette Bellier, surnommée Cateau la Borgnesse, sa femme de chambre. Cette femme au physique disgracieux et de 20 ans son aîné est chargée de déniaiser le Roi de France. Découvrez le portrait de Cateau la Borgnesse et les « dessous » de cette histoire de dépucelage royal.

L’éducation de Louis XIV par la régente Anne d’Autriche

L’enfance du jeune Roi, régie par les choix d’Anne d’Autriche

Anne d’Autriche, Reine-Mère depuis le décès de son époux Louis XIII, a pris la régence du Royaume de France. Louis Dieudonné, héritier du trône, n’a alors que 5 ans. La régente a la mission d’assurer le maintien du pays, tout en préparant le jeune Louis à son rôle de Monarque.

Elle suit de près l’éducation de son fils tant aimé. Il faut dire que sa venue a longuement été désirée. Elle a attendu 23 ans de mariage pour mettre au monde son premier enfant, l’héritier du trône. Avec l’aide du Cardinal de Mazarin, Anne d’Autriche veille sur ses intérêts et son éducation : Histoire, art, danse, maniement des armes et devoirs religieux sont au programme. Celui que l’on surnommera plus tard le Roi-Soleil apprend tout ce qu’il faut pour devenir un grand Souverain. A l’instar de son frère cadet Philippe, dit Monsieur, qui est volontaire pouponné par sa mère. Pas question qu’il se rebelle contre son frère pour tenter de lui prendre sa place.  

Anne d'Autriche et Louis XIV enfant

Le passage à l’âge adulte de Louis XIV

Anne d’Autriche veille attentivement sur la vie intime de son fils aîné, et notamment sur sa capacité à procréer. Un bon Roi doit être capable d’assurer sa descendance et de donner un héritier au trône de France. Les craintes de la Régente sont légitimes. N’a-t-elle pas épousé un homme n’ayant aucun attrait pour la « galanterie » ? Le père de Louis XIV n’était que très peu porté sur la chose. Il se dit même que sa libido était inexistante envers les femmes. Anne d’Autriche ne souhaite pas que son fils prenne le même chemin. Et que dire de Monsieur, le frère cadet de Louis XIV ? Touché par le « vice italien », Philippe préfère la compagnie des jeunes jouvenceaux. Pour toutes ces raisons, la Reine-Mère veut s’assurer que l’héritier du trône aime les femmes, et lui donnera des petits-enfants.

Lorsque Louis XIV atteint l’âge de la puberté, sa mère Anne d’Autriche vérifie régulièrement et minutieusement ses draps. Elle recherche d’éventuelles traces séminales laissées par Louis XIV, joliment appelées « Carte de France ».

Un matin, son vœu s’exauce enfin. La nouvelle fait rapidement le tour du Louvres, lieu de villégiature de la Cour. Les médecins du jeune Roi ont découvert un liquide en grande quantité dans le lit de Louis XIV. Âgé maintenant de 14 ans – l’âge adulte pour un roi – celui-ci doit être initié à l’amour, autrement dit au plaisir charnel.

Louis XIV adolescent
Louis XIV par Juste d’Egmont, en 1654

Des volontaires pour déniaiser Louis XIV ?

De nombreuses femmes de la Cour se portent volontaire. Vous imaginez bien…pouvoir initier le jeune roi offrirait une place importante dans la vie du souverain et certainement quelques privilèges. Se faire une place dans la vie de Louis XIV c’est se faire une place dans la haute société.

Anne d’Autriche prend les choses en main. Il faut lui trouver celle qui saura être à la fois bonne pédagogue, mais qui n’emportera pas le cœur du Roi pour autant. Pour cela, elle choisit elle-même celle qui aura cet honneur. Son choix se porte rapidement sur Catherine-Henriette Bellier, sa femme de chambre et confidente.

Catherine-Henriette Bellier est choisie par la Reine

Cateau la Borgnesse : un esprit remarquable dans un physique disgracieux

Catherine-Henriette Bellier naît en 1614 dans le Poitou. C’est la fille d’un commerçant de textile nommé Marin Bellier, et de Thoinette Nain. Catherine a grandi loin de la Cour et de la noblesse. En dépit de son manque d’instruction, elle fait preuve d’un esprit remarquable.  A 20 ans elle épouse Pierre Beauvais. Cet honnête marchand drapier est le fournisseur de la Cour en textile. Sept enfants naîtront de cette union. C’est par l’intermédiaire de son époux que la future « Cateau la Borgnesse » fait son entrée au Louvre. Son caractère bien trempé la fera vite remarquer par Anne d’Autriche.

Catherine-Henriette Bellier est jugée fort laide et peu attrayante. Elle est loin d’avoir un physique pour plaire aux hommes, et encore moins au Roi. Une particularité fait sa légende : elle porte un œil de verre. Cela lui vaut le surnom peu flatteur de « la Borgnesse » ou « Cateau la Borgnesse ». Elle porte toute la journée un bandeau pour cacher sa borgne.

Malgré ce physique disgracieux, Catherine-Henriette manifeste très tôt un penchant pour la luxure. On lui prête cette phrase : « L’Amour, c’est le soleil après la pluie. Le sexe, c’est l’orage après le soleil ». Ce qui se vérifie dans les dires car elle eut beaucoup d’amants. On lui prête notamment des liaisons avec l’Archevêque de Sens et Louis-Henri Pardaillan de Gondrin.

La relation entre Anne d’Autriche et Catherine Bellier restera dans les annales

Cette réputation de lubricité semble difficile à accorder avec le caractère pieu de la régente Anne d’Autriche. Contre toute attente, une complicité s’installe entre les deux femmes. Anne d’Autriche l’a fait entrer à son service en tant que femme de chambre et petit à petit Cateau gagne la confiance de la Reine-Mère. Il faut dire qu’elle a su se rendre indispensable. C’est elle qui lui insère le clystère pour le lavement anal quotidien, pratique courante au XVIIème siècle. Il se dit que le doigté de Cateau est à ravir, et seule la borgnesse prodigue ce soin à la perfection.

C’est donc tout naturellement qu’Anne d’Autriche fait appel à sa plus grande confidente pour déniaiser son fils. La confiance qu’elle lui accorde, et son expérience en la matière en font une candidate parfaite. Son physique peu attrayant en fait un choix encore plus judicieux. Il serait mal venu que Louis XIV en tombe amoureux. Certains évoquent même le terme de complot. Anne d’Autriche demande immédiatement ce service à sa confidente, sans même prendre l’avis de ses conseillers ou même du Roi. Ce sera Catherine-Henriette, et personne d’autre ! 

Lavement anal
Manœuvre du lavement anal ©lepoint.fr

L’anecdote croustillante : comment Cateau la Borgnesse dépucèle Louis XIV ?

Alors âgé de 14 ans, Louis se fait un surprendre par Cateau la Borgnesse un matin lorsqu’il se trouve à l’écart dans le Louvre. La Borgnesse aurait « violé » le Roi afin de parvenir à ses fins. Tout cela, avec la bénédiction de la Reine-Mère. Une fois l’affaire conclue, Cateau vient informer Anne d’Autriche et lui dit « rassurez-vous ça se passe très bien et vous aurez très certainement de nombreux petits enfants ! ». Et l’Histoire confirme ses dires. Quant au Roi de France, on peut dire qu’il a apprécié cette première expérience. Il n’a pas tardé à retourner auprès de Catherine, pour parfaire ses connaissances dit-on. De 14 à 16 ans, le futur Roi-Soleil se rendra régulièrement auprès de sa première amante. Cateau la Borgnesse devient en quelque sorte la première maîtresse de Louis XIV. La première d’une longue liste.  

De Cateau la Borgnesse à La Baronne de Beauvais

L’hôtel de Beauvais, récompense royale

Pour son service rendu auprès du jeune Roi, la femme de chambre est grassement récompensée. La Reine-Mère lui offre un terrain au 68 rue François Miron dans le quartier du Marais à Paris, ainsi qu’une belle somme d’argent. Son époux recevant le titre de Baron, Cateau la Borgnesse devient Baronne. Elle reçoit le privilège de pouvoir assister à vie au lever du Roi de France, devant les princes de sang. Sur le terrain qu’elle reçoit, la Baronne fait construire l’Hôtel Beauvais de style baroque avec des pierres initialement prévues pour la construction du Louvre. Catherine le fait construire par Antoinette Lepautre, premier architecte du Roi. Il fera décorer l’Hôtel de têtes de Bélier, en hommage au nom des propriétaires. On y trouve également la sculpture d’un visage de femme, unique représentation dit-on de Cateau la Borgnesse. Un portrait très flatteur très flatteur quand on connaît le modèle. Les époux Beauvais font installer des boutiques en façades, afin d’en percevoir les loyers. L’Hôtel de Beauvais, actuel Cour administrative d’appel de Paris, accueille des noms illustres. Au XVIIIème siècle, l’ambassadeur de Bavière loue l’Hôtel. Mozart, alors âgé de 7 ans, y séjourne entre 1763 et 1764. La Reine Christine de Suède y réside également pendant son exil.

C’est du balcon de l’Hôtel de Beauvais qu’Anne d’Autriche et le Cardinal de Mazarin assistent le 26 août 1660, jour de l’inauguration, à l’entrée de Louis XIV et Marie-Thérèse d’Autriche pour fêter leur mariage royal. Madame de Maintenon, dernière épouse de Louis XIV, est également présente. Les futurs époux se rencontrent pour la première fois en ces lieux. Sans le savoir, Louis XIV et ses épouses sont rassemblés.

Hôtel de Beauvais de Cateau la Borgnesse
Hôtel de Beauvais ©unjourdeplusaparis.com

Une revanche sur la vie pour Cateau la Borgnesse

Ce jour-là, Catherine-Henriette ne dissimule pas sa fierté. Quelle belle revanche pour cette fille de commerçant, devenue femme de chambre, puis première maîtresse du Roi de France. Elle qui n’a pas reçu d’éducation a su se distinguer grâce à son esprit. Elle qui a souvent été stigmatisée par les courtisans est aujourd’hui Baronne, confidente de la Reine-Mère.

Par la suite, Cateau la Borgnesse rend très régulièrement visite à Louis XIV et Monsieur son frère. Elle est très attentionnée avec celui qui restera à jamais son « petit Louis ». Cateau la Borgnesse mène une existence galante, prenant amant sur amant. Elle se rend très régulièrement à Saint Germain, où le Roi de France l’accueille avec amitié. Il a gardé un grand respect pour celle qui lui a transmis le plaisir charnel.

Le sens du devoir accompli

Lorsque son époux le Baron de Beauvais décède, Catherine-Henriette accumule les dettes. Elle doit se résigner à se séparer de l’Hôtel de Beauvais et le mettre en vente. Mais Louis XIV, avec toute la considération qu’il a pour sa « toute première », rachète le lieu et l’offre en cadeau à Cateau. Peut-être une façon à lui de la remercier pour les services rendus il y a plusieurs dizaines d’années.

Alors âgée de plus de 70 ans, Cateau la Borgnesse se rend régulièrement au Château de Versailles. Ses rares apparitions font beaucoup de bruits à la Cour. Les courtisans sont toujours ravis de recevoir cette femme pleine d’esprit. La Baronne a l’honneur de pouvoir approcher le Roi et discuter avec lui, faisant fi de l’étiquette. Cateau la Borgnesse peut alors se féliciter du travail accompli dans l’éducation sexuel du jeune Louis XIV. La Baronne de Beauvais est en effet la première d’une longue liste de maîtresses. Avec plus de quarante maîtresses, dont 15 officielles, on peut dire que l’élève a largement dépassé le maître. Pleine de fierté, et après une vie fastueuse, Cateau la Borgnesse s’éteint en 1689 à plus de 75 ans.

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