Marie de Médicis
Personnages historiques

Marie de Médicis, la florentine devenue Reine de France

De jeune florentine fortunée à reine de France, Marie de Médicis a marqué l’Histoire de France par son caractère ambitieux. Après l’assassinat de son époux le roi Henri IV, Marie de Médicis n’aura de cesse de comploter contre son fils Louis XIII pour récupérer les rênes du Royaume, qu’elle a régenté durant sept années. À travers cet article, je vous propose de voyager jusqu’en Italie pour découvrir la vie de Marie de Médicis.

L’enfance de Marie de Médicis, jeune héritière de Toscane

Marie de Médicis voit le jour dans une famille fortunée

Marie voit le jour le 27 avril 1575* à Florence en Italie. Son père, le Grand-Duc François de Toscane, est un homme très fortuné qui règne sur un domaine plein de richesses. Marie de Médicis est la sixième d’une fratrie de sept enfants, mis au monde par Jeanne d’Autriche.

La mère de Marie est la fille de l’Empereur et petite-fille du grand Charles Quint. Malgré une position particulièrement confortable, Jeanne n’est pas appréciée du peuple toscan, et encore moins de son époux, qui la traite indignement. François de Toscane préfère la compagnie de sa maîtresse, la belle et redoutable Bianca Capello.

Un événement tragique vient bouleverser sa vie

Même si son père peut faire preuve de cruauté, Marie de Médicis apprécie ces moments avec sa mère et ses nombreuses sœurs. Mais ce bonheur va prendre fin lors d’un tragique événement.

Alors que sa mère met au monde son huitième enfant, elle meurt en couche, à seulement 31 ans. Marie de Médicis s’apprête à fêter ses 3 ans. Alors que ses enfants sont en deuil et empreints de tristesse, François Ier de Toscane voit là une aubaine.

Il décide d’épouser sa maîtresse Bianca Cappello et de donner à ses enfants une marâtre des plus cruelles. Cette nouvelle union, peu de temps après la mort de Jeanne d’Autriche, fait scandale auprès du peuple toscan.

Portrait de Bianca Cappello
Portrait de Bianca Cappello – Alessandro_Allori

Marie de Médicis est abandonnée par son père

Peu de temps après, le couple décide de s’adonner aux plaisirs de la vie, mais à deux seulement… Le père abandonne ses deux filles survivantes : Marie et Eléonore, les laissant aux bons soins de leur gouvernante dans le Palais Pitti à Florence.

Les deux jeunes femmes reçoivent une éducation digne de leur rang : arts, littérature, philosophie, mathématiques, astronomie. Marie de Médicis révèle une vraie passion et une vraie facilité pour les sciences.

Malgré tout, la jeune femme s’ennuie, enfermée entre les murs de ce palais immense. Sa sœur Eleonore, son aînée de 8 ans, s’apprête à la quitter pour épouser le Duc de Mantoue. Marie de Médicis perd sa seule confidente, celle qui brisait cet ennui quotidien. Encore une fois, la jeune Marie se sent abandonnée et délaissée.

Léonora Dori, la fidèle amie de l’héritière

Pour briser cet ennui, sa belle-mère fait venir au Palais une jeune fille nommée Dianora Dori, rebaptisée Léonora Dori. De 7 ans son aînée, Léonora apporte à Marie la gaieté et la bonne humeur qui fait tant défaut à la dernière des Médicis.

Les deux jeunes filles sont maintenant inséparables, au point que Léonora jouit d’une très grande influence sur la future reine de France et de Navarre.

Léonora Dori

Le décès de son père François de Toscane : assassinat ou coup de malchance ?

Un nouveau drame vient chambouler la vie de Marie de Médicis en 1587. François et Bianca décèdent simultanément dans des circonstances très douteuses. Les deux amants meurent à quelques heures d’intervalles. En 2006, des analyses ont révélé que le couple avait été empoisonné à l’arsenic.

Marie de Médicis : une riche héritière à marier

Une fortune qui attire la gente masculine, mais pas que !

Ce drame familial vient éclaircir la vie de Marie de Médicis, alors âgée de 12 ans. En plus de ne plus avoir à subir la cruauté de son père et de sa belle-mère, la jeune fille devient l’héritière la plus fortunée du royaume.

On imagine vite l’engouement que Marie de Médicis suscite auprès de la gente masculine à marier. Une jeune femme à la belle prestance à la peau blanche et cheveux châtain, célibataire, et héritière de l’une des familles les plus importantes et fortunées d’Italie, que demander de plus.

Outre ces messieurs en quête d’une épouse, Marie de Médicis attire également les personnes en quête de fortune, parmi lesquelles sa plus fidèle amie Léonora. Dénuée de fortune, non moins ambitieuse, Léonora voit en Marie une façon d’arriver à ses fins.

La favorite de la future reine de France se déleste de sa condition modeste en s’achetant un nom honorable auprès du seigneur Galigaï, ainsi qu’un époux du nom de Concino Concini.

Le Grand-Duc de Toscane oeuvre pour l’avenir de Marie de Médicis

Un membre de sa famille va tout de même s’assurer de son avenir : son oncle Ferdinand, nouveau Grand-Duc de Toscane. Cet ancien cardinal a épousé Christine de Lorraine, la petite-fille préférée de l’illustre Catherine de Médicis, ancienne reine de France.

Ferdinand rêve de voir une Médicis assise à nouveau sur le trône de France. Il va donc œuvrer pendant plusieurs années pour sceller un contrat de mariage entre Marie de Médicis et Henri de Navarre, futur roi de France. Henri IV est l’un des rois ayant le plus marqué l’Histoire.

Ferdinand Ier de Médicis
Ferdinand Ier de Médicis dans sa tenue de cardinal

Le projet de mariage avec Henri IV, roi de France

Henri IV, roi frivole, marié et sans héritier

C’est en 1592 que le Grand-Duc Ferdinand commence ses œuvres. Pierre de Gondi, cardinal évêque de Paris, est en voyage sur les terres toscanes. Une rencontre avec le Grand-Duc Ferdinand l’amène à parler du mariage infructueux entre Henri IV roi de France et de Navarre et Marguerite de France, la Reine Margot, l’une des enfants de Catherine de Médicis.

Le mariage est célébré en 1572, et aucun héritier n’a été donné vingt ans après. Pire encore, les époux sont comme deux étrangers, et ne partagent aucune affection. Le roi Henri, surnommé le “Vert Galant” pour sa passion pour les femmes, s’est d’ailleurs entiché d’une jeune ambitieuse : Gabrielle d’Estrées.

Le projet est simple : annuler le mariage entre la Reine Margot et Henri IV, au profit de Marie de Médicis.

Interruption des négociations

Très intéressé, Ferdinand s’attèle vite à la tâche. Il fait envoyer un portrait de sa nièce en France, et informe que sa dot s’élève à un million d’écus d’or, autrement dit une fortune.

Mais voilà, le roi de France n’a d’yeux que pour la belle Gabrielle d’Estrées, et projette même de faire d’elle son épouse. Les pourparlers au sujet du mariage sont interrompus, au point même que Ferdinand cherche un autre prétendant pour Marie de Médicis.

Négociations mariage Marie de Médicis et roi de France
« Henri IV reçoit le portrait de Marie de Médicis », huile sur toile par Pierre Paul Rubens, conservée au département des peintures du musée du Louvre à Paris

La raison d’Etat prend le dessus sur les sentiments

C’était sans compter sur le caractère fougueux et quelque peu naïf du roi de France. Oeuvrant pour faire annuler son mariage avec Marguerite de France, et pour s’unir à Gabrielle, le Monarque s’attire les foudres de l’Eglise et de ses proches conseillers.

Épouser Gabrielle d’Estrées ? Mais quelle folie ! Les finances désastreuses de la Couronne ont raison d’Henri IV, qui se décide à reprendre les négociations en vue d’une union avec Marie de Médicis. Il faut que la florentine amènerait au Royaume de France de gros avantages financiers, ce qui lui vaudra le surnom de “Grosse Banquière”.

Mais le chemin est semé d’embûches. Même si la mort soudaine de Gabrielle d’Estrées semble éclaircir l’avenir du Royaume, il faut peu de temps au roi pour tomber sous le charme d’une autre femme : Henriette d’Entragues. Plus jeune, et plus ambitieuse que sa prédécesseure, Henriette réussit à obtenir une promesse de mariage écrite d’Henri IV, si celle-ci lui donne dans l’année qui suit un fils. Une lettre déchirée par le conseiller Sully, puis réécrite par le roi. Heureusement, la naissance d’un enfant-mort né va permettre au projet du Grand-Duc Ferdinand d’aboutir.

8 ans après le début des négociations, le projet de mariage entre Henri IV et Marie de Médicis est enfin acté. La Florentine est alors âgée de 25 ans. Le contrat est signé le 25 avril 1600, au Palais Pitti à Florence. Ce contrat est la scène finale d’une pièce purement politique qui a duré près de huit années. Une pièce dans laquelle l’actrice principale, Marie de Médicis, dont les sentiments et les pensées passaient au second plan, n’avait clairement pas son mot à dire.

Marie de Médicis épouse Henri IV et devient Reine de France

Un mariage royal en 2 actes

Le mariage entre le roi Henri IV et Marie de Médicis s’est déroulé en 2 actes. Le premier acte se déroule le 5 octobre 1600 à Florence. Il s’agit d’une cérémonie par procuration. Henri ne peut en effet être présent, la guerre contre la Savoie faisant rage.

C’est donc le duc de Bellegarde qui représente Henri IV. Comble de l’ironie : Bellegarde n’est autre que l’ancien amant de Gabrielle d’Estrées, la défunte maîtresse du roi. C’est ce que l’on appelle un triangle amoureux.

Le second acte se déroule à Lyon, sur le Royaume de France, le 17 décembre 1600. Marie de Médicis, oubliée pendant les négociations, apparaît ici comme la pièce centrale. Elle impressionne l’assemblée par sa grandeur et sa prestance. Habillée d’une robe brodée de lys d’or sur fond de velours, et coiffée d’une couronne ornée de bijoux, les invités admirent sa beauté italienne et s’inclinent.

Cette nouvelle épouse est très bien accueillie du peuple français, qui l’accueille avec admiration et bienveillance. Elle sera couronnée presque 10 ans plus tard, le 13 mai 1610.

Mariage Marie de Médicis et Henri IV
Mariage Marie de Médicis et Henri IV par Pierre Paul Rubens

La naissance de l’héritier de la Couronne, le futur Louis XIII

Un peu plus de 9 mois après le mariage, une nouvelle vient enchanter le Royaume de France. Un “fils de France” est né ! Marie de Médicis vient de mettre au monde le premier fils légitime du roi de France Henri IV, et l’héritier de la Couronne. On lui donne le doux nom de Louis, futur Louis XIII.

Louis XIII est né le 27 septembre 1601 au Château de Fontainebleau. Il apparaît comme une bénédiction aux yeux de tous.

Aux yeux de son père d’abord, qui goûte enfin aux joies d’être le père de l’héritier de la Couronne. Aux yeux du peuple, qui s’alarmait sur l’avenir du pays. Et aux yeux de sa mère Marie de Médicis, qui ne craint plus de voir son mariage annulé, comme ce fut le cas pour la Reine Margot.

Henri IV a de grands projets pour son fils bien-aimé. Tout doit rayonner autour de lui, il est le point central du Royaume.

Marie de Médicis donne naissance à 6 enfants

Même si l’avenir est assuré, Marie de Médicis continue de tenir son rôle d’épouse à la perfection. En 9 ans, 6 enfants voient le jour, dont un seul n’atteindra pas l’âge adulte :

  • Louis XIII le 27 septembre 1601, futur roi de France et père de Louis XIV
  • Elisabeth de France le 22 novembre 1602, épouse du roi d’Espagne et du Portugal
  • Christine de France le 10 février 1606
  • Monsieur d’Orléans le 13 avril 1607
  • Gaston de France le 24 avril 1608
  • Henriette Marie de France le 25 novembre 1609, épouse du roi d’Angleterre Charles Ier Stuart
Roi de France Louis XIII
Louis XIII en costume de sacre, par Philippe de Champaigne, Royal Collection.

La reine de France subit la frivolité de son époux

Malgré son âge avancé, et la satisfaction qu’il peut tirer de son mariage avec Marie de Médicis, Henri IV ne peut s’empêcher de batifoler vers de jeunes demoiselles. Pire encore, il impose à sa femme la présence de sa favorite, la prétentieuse Henriette d’Entragues, devenue marquise de Verneuil.

Malgré les mises en garde de tous, Henri IV ne peut consentir à se séparer d’elle. Marie de Médicis, d’origine italienne rappelons-le, n’hésite pas à exprimer son mécontentement auprès du roi.

Au fur et à mesure que les années passent, les sentiments du roi pour Henriette s’estompent, offrant ainsi la tranquillité à Marie de Médicis. Mais un événement va venir chambouler sa vie, et le Royaume tout entier.

Le Roi est mort ! Vive la Régente Marie de Médicis

Henri IV est assassiné par Ravaillac dans une rue de Paris

Nous sommes le 13 mai 1610 à Saint-Denis. C’est un grand jour pour Marie de Médicis, le jour de son couronnement. 9 ans après son mariage, elle va enfin devenir reine de France. La cérémonie se passe sans encombre.

Le lendemain, 14 mai 1610, est une journée censée être dédiée au repos. Les émotions de la veille ont épuisé les souverains et leur Cour. Les préparatifs pour l’entrée de la Reine dans la ville de Paris prévue dimanche vont bon train.

Le roi paraissait soucieux, se vit conseiller de prendre un peu l’air doux de ce mois de mai. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Il commande son carrosse et quitte le Palais du Louvre. Là, il demande de prendre la direction du Cimetière des Innocents dans le quartier des Halles, situé à à l’emplacement de l’actuelle place Joachim-du-Bellay. Au moment de passer rue de la Ferronnerie, le drame ! Henri IV est assassiné par François Ravaillac.

La journée touche à sa fin. Marie de Médicis, encore excitée des événements de la veille, entend un vacarme dans la chambre du Roi. Elle décide d’entrer dans la pièce, et y découvre le corps sans vie et ensanglanté de son époux, de son roi. Elle fond en larmes, après avoir perdu connaissance. Les couloirs du Louvre sont bercés par ses cris “Le Roi est mort !”. L’un de ses conseillers, la main posée sur l’épaule du jeune Louis qui observe sa mère, lui rétorque “Les rois ne meurent pas en France. Voilà le roi vivant, Madame !”.

assassinat henri IV par Ravaillac
Assassinat d’Henri IV et arrestation de Ravaillac le 14 mai 1610, huile sur toile de Charles-Gustave Housez (1860)

Marie de Médicis prend la Régence du Royaume de France

Dans un mélange de tristesse et de joie, le peuple acclame “Le Roi est mort, vive le Roi !”. gé de seulement 8 ans, le jeune Louis est propulsé au rang de Roi de France. Le nouveau monarque étant beaucoup trop jeune, une régence doit être mise en place.

Quelques heures plus tard, l’émotion encore vive du décès d’Henri IV, Marie de Médicis brandit le sceptre de la Régence, proclamée par le Parlement de Paris.

Pour le Dauphin, la vie change du tout au tout à la mort de son père. Alors que Henri IV choyait son fils et lui donnait toutes les armes pour monter à son tour sur le trône, Marie de Médicis va avilir son fils et le négliger. Le futur Louis XIII va alors vivre les pires années de sa vie, oublié de sa mère et exclu des affaires du Royaume. Le manque d’affection pour son fils va finir par porter préjudice à la Reine Marie de Médicis.

Régence de la Reine Marie de Médicis
La Remise de la régence à la reine par Pierre Paul Rubens, huile sur toile

La politique menée par la Régente

Pendant ses premières années de Régente, Marie de Médicis conserve la politique de son défunt mari, conserve les conseillers d’Henri IV, et compte gouverner dans la même lignée. Mais celle qui porte maintenant l’habit de deuil a du mal à s’imposer auprès de la noblesse et des pays européens voisins. Et pour cause, elle adopte une Régence qui vise principalement à lui faire mener une vie délicieuse, plutôt que de transmettre à son fils un Royaume puissant et serein.

Pour asseoir son autorité, Marie de Médicis va emprunter à la Cour d’Espagne de nombreux protocoles. Elle se rapproche d’ailleurs de ce puissant pays d’Europe en négociant le mariage de son fils le futur Louis XIII avec Anne d’Autriche.

Alors qu’elle décide de se séparer des conseillers de son défunt mari, Marie de Médicis prend conseil auprès du couple Concini. C’est sans aucun doute l’une des pires erreurs de son règne en tant que Régente.

Régente Marie de Médicis
Portrait de la régente Marie de Médicis en 1616, par Pourbus

Le couple Concini : les favoris ambitieux de Marie de Médicis

Il n’y a pas de compagnons et confidents plus avides de pouvoir que Léonora et Concino Concini. Chaque soir, Marie de Médicis s’entretient avec eux, à la recherche de conseils.

Un courtisan ou un dignitaire souhaite avoir une audience avec la Reine-Régente ? C’est avec les Concini qu’il faut négocier. Le Dauphin Louis XIII souhaite profiter d’un moment avec sa mère ? C’est à Léonora qu’il doit le demander. Léonora Galigaï et Concino Concini mènent la barque du Royaume, qui ne tarde pas à partir à la dérive.

Alors que Léonora reste enfermée dans ses appartements luxueux à pratiquer la magie et récolter les fruits de sa concussion, Concino Concini se met au devant de la scène et cherche par tous les moyens de briller dans cette société, auprès de la Reine.

La relation que Marie de Médicis entretient avec Concini commence d’ailleurs à attiser les bavardages. La passerelle reliant le Logis de la Reine et la Maison des Concini est maintenant appelée “le pont d’amour”. Rien jusqu’à maintenant ne peut attester la véracité de cette supposée idylle amoureuse, ni la contredire. Quoiqu’il en soit, les courtisans et le peuple y croient !

Marie de Médicis veut conserver les rênes du pouvoir

Louis XIII : un jeune roi qui ne gouverne pas

Nous sommes le 27 septembre 1614. Louis, fils d’Henri IV et Marie de Médicis, fête aujourd’hui ses 13 ans. Ce jour proclame également sa majorité, le Dauphin est enfin en âge de gouverner.

Mais la Reine Marie de Médicis et ses favoris Concini ne l’entendent pas ainsi. Même si le roi est maintenant en âge de gouverner, il n’est pas question pour elle de lâcher les rênes du pouvoir. L’organisation du gouvernement reste ainsi, laissant le jeune prince Louis dans son enfance et son insouciance. Cette situation va durer 3 ans, pendant lesquels de nombreuses révoltes de la noblesse viennent heurter la sérénité du Royaume.

Pendant ces 3 ans, Louis XIII prend en maturité. Même si sa mère Marie de Médicis continue d’assurer la Régence, il s’intéresse de près aux affaires politiques et économiques, et à l’avenir du pays.

Il observe notamment la mauvaise influence que Concini a sur sa mère. Un ambassadeur de Venise raconte en octobre 1616 :

On observe que [le roi] continue ouvertement à témoigner son mécontentement à l’égard du
maréchal d’Ancre. Il ne lui fait plus le même visage qu’auparavant. Cela déplaît extrêmement à la reine et au susdit maréchal ; ils craignent qu’il y ait quelqu’un qui porte le roi à ces mauvaises dispositions ; et pour cette raison ils songent à enlever auprès de lui les personnes à qui il témoigne la plus grande confiance.

Assassinat et exil : Louis XIII récupère son trône

Le 24 avril 1617, alors que Concino Concini, Marquis d’Ancre, franchit les portes du Château du Louvre, il est assassiné par les hommes du baron de Vitry, le capitaine des gardes du Royaume. Initialement, Louis XIII souhaitait une arrestation. Mais cela n’est sans doute qu’une façon de disculper le roi, qui vient de faire un Coup de Majesté avec son compagnon le plus fidèle, le Duc de Luynes.

Par cet acte, Louis XIII cherche à prendre la place qui lui revient de droit et à se libérer l’emprise de la reine-mère. Après avoir gouverné la France pendant 7 ans, Marie de Médicis est écartée du pouvoir suite au complot contre son favori Concini. Quelles sont les conséquences pour Marie de Médicis ?

Après l’assassinat de Concino Concini, des gardes sont dépêchés devant les appartements de la reine-mère pour s’assurer qu’elle n’en sorte pas, et aucune visite ne lui soit faite. Après avoir gouverné pendant sept ans l’une des monarchies les plus puissantes d’Europe, Marie de Médicis se retrouve prisonnière, exilée de tous et surtout des affaires de l’Etat. Elle est finalement exilée au Château de Blois.

Marie de Médicis est alors âgée de 42 ans. On peut imaginer que cet exil sera vécu par l’ancienne régente comme une retraite, paisible et en toute sérénité. Mais c’était sans compter sur le caractère ambitieux de Marie de Médicis.

assassinat de Concini
Assassinat de Concini 24 avril 1617 ©Ph. Coll. Archives Larousse

Marie de Médicis déclare la guerre à son fils Louis XIII

Coup de théâtre au Château de Blois

Ces 7 années de régence lui ont donné le goût du pouvoir. Elle n’est pas prête à céder la Couronne à son fils, et décide de fomenter une révolte contre lui. Malgré les efforts de Louis XIII de maintenir sa mère, un coup de théâtre se produit dans la nuit du 21 au 22 février 1619.

Marie de Médicis s’enfuit de Blois avec 4 des membres de sa suite. C’est une véritable guerre “Mère – Fils” qui vient d’être déclarée. Marie de Médicis s’installe alors à Angers, au Logis Barrault, l’actuel Musée des Beaux Arts.

Richelieu négocie un accord de paix

C’est à cette période qu’un personnage illustre de l’Histoire de France fait son apparition : le Cardinal de Richelieu. N’ayant pas encore obtenu le chapeau de Cardinal, Richelieu occupe pour l’instant le rôle de Conseiller de la Reine. Il va notamment négocier un accord de paix entre les deux partis, qui autorise Marie de Médicis à installer sa cour dans la ville d’Angers.

Un traité de paix est alors négocié entre Louis XIII et sa mère. Mais cette paix ne sera que de courte durée. Marie de Médicis ne peut se contenter de la ville d’Angers, et de Chinon que son fils à bien voulu lui céder. Elle vise le royaume de France entier !

Cardinal de Richelieu
Le Cardinal de Richelieu par Philippe de Champaigne, musée des beaux-arts de Strasbourg.

La drôlerie des Ponts de Cé : la défaite de Marie de Médicis

Après ces quelques mois de paix, elle déclare à nouveau la guerre à son fils Louis, son roi. Mais cette fois-ci une bataille s’engage, sur les rives de la Loire dans le village des Ponts de Cé : c’est “la drôlerie des Ponts de Cé”. Mais l’armée de la reine Marie de Médicis est mise en défaite contre celle de son fils.

Une nouvelle réconciliation s’initie au Château de Brissac en Anjou. Louis et Marie de Médicis, en compagnie du Duc de Brissac et et l’évêque de Luçon, futur Cardinal de Richelieu. Pas question pour le roi de France de laisser sa mère conspiratrice œuvrer une nouvelle fois pour sa chute. Il décide donc de la faire revenir à la Cour.

Un retour à la Cour de France mouvementé

Marie de Médicis est donc de retour à la Cour, et réintègre même le Conseil du Roi en 1622.
Dès son retour, elle s’impose en mécène et protectrice des arts, et œuvre pour mettre en avant des artistes.

Elle fait construire le Palais du Luxembourg à Paris et fait décorer les galeries avec une série de tableaux commandés au peintre Rubens et représentant les événements de sa vie.

La lutte entre Marie de Médicis et le Cardinal de Richelieu

Peu de temps après son retour, elle obtient pour son plus fidèle conseiller Richelieu le chapeau de Cardinal, et convainc son fils d’en faire son principal ministre. C’est en août 1624 que le Cardinal de Richelieu accède à l’un des rangs les plus élevés du Royaume.

Malgré toutes ces faveurs obtenues grâce à la Reine, le Cardinal de Richelieu ne se laisse pas dicter sa conduite par Marie de Médicis. Après avoir écarté l’alliance franco-espagnole et rallié les puissances protestantes, Richelieu s’attire les foudres de la Reine.

Après avoir guerroyé contre son fils, Marie de Médicis se révolte contre le Cardinal de Richelieu. C’est une véritable lutte des pouvoirs qui s’instaure à la Cour de France, avec un roi tiraillé entre une mère complotiste et son plus grand conseiller.

Cette bataille va durer jusqu’à la célèbre Journée des Dupes. Marie de Médicis demande à son fils le roi d’évincer le Cardinal. Mais Richelieu a pris une place trop importante dans la vie du Souverain, qui ne se voit pas régner sans son fidèle ministre.

Louis XIII renouvelle sa confiance à Richelieu, et contraint sa mère à l’exil. Marie de Médicis s’enfuit en juillet 1631 à Bruxelles. Elle ne reviendra jamais en France, et ne reverra jamais son fils. Elle meurt le 3 juillet 1642 après 11 ans de fuite.

*Vous pourrez voir beaucoup d’erreurs dans les livres ou sur internet qui datent la naissance de Marie de Médicis en 1573. De récentes recherches ont permis de retrouver l’acte de naissance de Marie de Médicis, et qui fixe la date au 27 avril 1575.

Sources :

-Maxime Cormier – Marie de Médicis vue par les observateurs italiens (1597-1624)
-Louis XIII par Philippe Erlanger – Editions Famot
-Henri IV par Duc de Lévis-Mirepoix de l’Académie française – Editions Famot