Marie-Thérèse d’Autriche, archiduchesse d’Autriche, reine de Hongrie et de Bohême, et impératrice du Saint-Empire romain germanique, a marqué l’histoire de l’Europe au XVIIIe siècle par son règne exceptionnellement long et son influence sur les affaires de son époque. Elle est surtout connue pour sa nombreuse progéniture, dont elle s’est servi pour étendre l’influence des Habsbourg à travers le continent européen. Dans cet article, je vous raconte les différents destins des très nombreux enfants de Marie-Thérèse d’Autriche.
Marie-Thérèse et François Ier de Lorraine ont eu un total de 16 enfants en 20 ans, dont 10 ont atteint l’âge adulte, ce qui était exceptionnel pour l’époque. Leurs descendants ont joué un rôle très important dans les affaires européennes, consolidant ainsi l’influence des Habsbourg.
Marie-Élisabeth d’Autriche (1737-1740)
On sait peu de choses sur la première fille de Marie-Thérèse et François Ier, car elle est décédée en bas âge.
Marie-Anne d’Autriche (1738-1789)
Marie-Anne naît en 1738 à Vienne, au palais de la Hofburg. Elle est nommée archiduchesse d’Autriche à sa naissance, mais ses parents ne sont pas très contents de sa venue, souhaitant désespérement un fils. Aînée des enfants de Marie-Thérèse d’Autriche, sa grande sœur étant morte en bas-âge, elle est un temps éduquée comme la future souveraine de l’Autriche-Hongrie. Malheureusement, atteinte de plusieurs maladies, elle ne peut pas se marier. Qu’à cela ne tienne, sa mère l’impératrice Marie-Thérèse lui donne l’éducation stricte des cours princières de l’époque, encourageant son talent pour la musique. En 1757, Marie-Anne est atteinte d’une pneumonie qui lui laisse de graves séquelles, en plus des handicaps qu’elle avait déjà. Ses vertèbres sont collées, ce qui la rend bossue. En 1766, elle devient abbesse du Frauenstift, un établissement monastique pour jeunes femmes nobles, et finit par s’isoler au couvent de Klagenfurt pour le reste de sa vie. En 1788, sa santé périclite et elle s’éteint à 51 ans en 1789, laissant son héritage au couvent.
Marie-Caroline d’Autriche (1740-1741)
Elle naît en 1740 et est nommée princesse de Bohême et de Hongrie. Troisième fille du couple, l’annonce de son sexe procure à ses parents une grande tristesse, car ce n’est toujours pas le fils tant attendu. Marie-Caroline ne vivra pas longtemps. Alors qu’elle est âgée d’un peu plus d’un an, elle s’empoisonne au vert-de-gris en buvant dans une timbale en argent mal nettoyée. Sa mère en gardera un grand chagrin.
Joseph II d’Autriche (1741-1790)
Né le 13 mars 1741 à Vienne, Joseph est le fils tant attendu par Marie-Thérèse et François. Il est très compliqué à élevé, car il n’admire pas son père ou le royaume de Habsbourg-Lorraine, mais le roi Frédéric II de Prusse, un souverain homosexuel et ennemi de la Maison des Habsbourg. Il en vient même à lui porter une certaine jalousie. Joseph épouse en 1760 Isabelle de Bourbon Parme, la petite-fille de Louis XV. Si elle est très intelligente, la dépression dont elle souffre lui confère un caractère presque morbide. Le couple a un enfant, Marie-Thérèse, en 1762, avant qu’Isabelle ne meure en couches de sa deuxième fille.
Sans héritier mâle, Joseph se tourne vers Josépha de Bavière, mais ce mariage est un échec. Joseph ne s’intéresse pas à Josépha, et va même jusqu’à faire édifier un mur entre les balcons de leurs deux chambres. Lorsqu’elle meurt en 1767, il ne se remarie pas. Joseph devient co-empereur avec sa mère sous le nom de Joseph II et poursuit les réformes entreprises par celle-ci publiant pas moins de 11 000 lois pendant son règne. Très progressiste, ses réformes sont mal reçues du peuple et il meurt à 48 ans en 1790, en homme seul, triste et incompris.
Marie-Christine d’Autriche (1742-1798)
Marie-Christine naît à Vienne le 13 mai 1742. Elle est, en plus d’être née le même jour qu’elle, l’enfant chérie de sa mère. Très proche de sa belle-soeur Isabelle de Bourbon-Parme, elle sait habilement manier les relations avec son entourage et en tirer bon parti. Ainsi, après la mort de son père François de Lorraine, elle profite de la grande tristesse de sa mère et obtient de se marier par amour et non pour raison d’État.
Marie-Christine épouse donc Albert de Saxe en 1766, qui fut titré duc de Teschen par l’impératrice Marie-Thérèse. Leur mariage est très heureux. Elle est surtout connue pour sa mésentente avec sa soeur, Marie-Antoinette, qui l’accuse de couvrir des pamphlets dirigés contre elle. N’ayant qu’une fille morte en bas-âge, Marie-Christine et Albert décident d’adopter leur neveu, Charles Louis, né en 1771. Le couple est chassé d’Autriche par la Révolution, mais s’y réinstalle à la fin des années 1790 et Marie-Christine décèdera finalement du Typhus en 1798 et sera inhumée à Vienne.
Marie-Élisabeth d’Autriche (1743-1808)
Marie-Élisabeth voit le jour le 13 août 1743 à Vienne. Très belle, elle est cependant toujours célibataire à 24 ans passés. On la dit très coquette, moqueuse, voire légèrement hautaine, car très consciente de sa beauté. On songe à la marier à Louis XV, alors âgé de 58 ans et récemment veuf. Malheureusement pour elle, elle attrappe la variole qui laissera de vilaines traces indélébiles sur son visage, mettant ainsi fin à ses projets de grand mariage. Et comble de l’ironie, elle sera surnommée par le peuple autrichien “Babeth la Goitreuse”.
Désormais dans l’impossibilité de se marier, l’impératrice Marie-Thérèse la nomme alors chanoinesse à Innsbruck. À la mort de celle-ci, elle rejoint son autre soeur Marie-Anne et lui succède en 1789, avant de s’éteindre à 65 ans en 1808.
Charles-Joseph d’Autriche (1745-1761)
Il naît le 1er février 1745, à Vienne. Très bavard et sociable, il devient le fils préféré du couple impérial, ce qui engendre une grande rivalité avec son frère Joseph. On veut le marier tour à tour avec Marie-Béatrice, duchesse héritière de Modène puis Marie-Louise d’Espagne. Mais ces projets de mariage ne verront jamais le jour, car Charles-Joseph meurt à 15 ans, atteint successivement par la variole, à laquelle il survit, puis le scorbut. Sa mère, Marie-Thérèse, en restera profondément affectée.
Marie-Amélie d’Autriche (1746-1804)
Née le 26 février 1746, Marie-Amélie est la huitième enfant des enfants de Marie-Thérèse d’Autriche. Bien que considérée comme séduisante, sa mère ne se préoccupe pas vraiment d’elle, préférant se consacrer aux destins de ses sœurs aînées. Elle prend d’ailleurs la fâcheuse manie de comparer ses filles entre elles, ce qui rend furieuse Marie-Amélie, qui gardera des relations tendues avec sa mère et préférera la compagnie de ses sœurs cadettes.
Toujours célibataire à 22 ans, elle finit par rencontrer Charles-Auguste, héritier du Duché des deux-ponts et souhaite, comme sa sœur aînée avant elle, faire un mariage d’amour. Mais Marie-Thérèse et son fils Joseph II refusent ce mariage, ce qui achève d’entériner les rancœurs déjà présentes entre Marie-Amélie et sa famille. L’archiduchesse finit par être mariée contre son gré à Ferdinand Ier de Parme, en 1769. La politique qu’elle mène ensuite dans son duché fait scandale dans les cours européennes : elle ne respecte pas l’étiquette, et se mêle de politique, ce qui fait enrager sa mère.
Son couple avec Ferdinand Ier donnera cinq enfants au Duché. Marie-Amélie restera très proche de sa sœur, Marie-Antoinette, qui lui adressera même sa dernière lettre avant de monter à l’échafaud. Devenue femme à abattre pour les révolutionnaires, son duché est annexé par la France et elle meurt en 1804 à Prague.
Léopold II d’Autriche (1747-1792)
Né en 1747, Léopold est le troisième fils du couple impérial. De ce fait, on lui promet d’abord une carrière ecclésiastique. Mais tout change lorsque Charles-Joseph d’Autriche, son frère aîné, meurt en 1761. Il faut pérenniser l’Empire, on envisage donc désormais de marier Léopold à Marie-Louise de Bourbon, infante d’Espagne. Le mariage est célébré en 1765, alors que Léopold n’a que 18 ans. Le couple aura tout de même 16 enfants.
Alors Grand-duc de Toscane, il exerce une politique novatrice et réformatrice. En 1790, il accède au trône d’Empereur du Saint-Empire romain germanique, après la mort de son frère Joseph. Il fait abolir la peine capitale, et conseille sa sœur Marie-Antoinette et son beau-frère Louis XVI quant à la tenue à adopter vis-à-vis des insurgés français. Las, il n’arrivera pas à les sauver et s’éteint en 1792, laissant le trône à son premier fils, l’empereur François II du Saint-Empire.
Marie-Caroline d’Autriche (1748)
Dixième enfant de Marie-Thérèse, elle naît en 1748, elle est baptisée en vitesse sous le même prénom que sa sœur aînée, morte en bas-âge, avant de décéder le jour-même.
Marie-Jeanne-Gabrielle d’Autriche (1750-1762)
Marie-Jeanne-Gabrielle voit le jour le 4 février 1750. Très talentueuse, elle se passionne pour le chant et la danse et est fiancée à Ferdinand Ier des Deux-Siciles dès son plus jeune âge. Mais elle est soudainement emportée par la variole à l’âge de 12 ans, en 1762.
Marie-Josèphe d’Autriche (1751-1767)
Neuvième fille de Marie-Thérèse et François Ier de Lorraine, elle voit le jour le 19 mars 1751 à Vienne. Elle grandit dans un contexte particulier, au milieu de beaucoup de décès familiaux, notamment dus à la variole, et est terrorisée de l’attraper à son tour. Comble de malchance, cette même maladie la frappe en 1767, alors qu’elle est âgée de 16 ans et elle succombe.
Marie-Caroline d’Autriche (1752-1814)
Elle nait à Vienne en 1752. Troisième Marie-Caroline de la famille, Louis XV est désigné comme son parrain. On la marie en 1768 à Ferdinand Ier des Deux-Siciles, à défaut d’avoir pu concrétiser un mariage avec ses sœurs aînées, mortes avant les noces. La douce Marie-Caroline n’aime pas son mari qui est laid et très brutal, mais le couple accueille tout de même 18 enfants. Caractérielle, elle s’accommode de son époux et le domine même, exerçant à sa place les fonctions royales.
Lorsque Marie-Antoinette est guillotinée, elle devient une des plus ferventes ennemies de la Révolution Française, mais doit tout de même s’exiler en Sicile à partir de 1798. De retour à Naples en 1802, elle complote contre la France, jusqu’à ce que le royaume de Naples soit annexé par Napoléon en 1804. Le couple royal doit de nouveau s’exiler, à Palerme. Marie-Caroline finit par rentrer en Autriche où elle s’éteint avant de pouvoir retourner dans son royaume, en 1814.
Ferdinand d’Autriche (1754-1806)
Quatorzième de la fratrie, Ferdinand naît en 1754, à Vienne, comme ses frères et sœurs. D’un caractère turbulent, il lui arrive régulièrement d’être puni. Quatrième garçon des enfants de Marie-Thérèse d’Autriche et François Ier de Lorraine, il n’entre pas tout de suite dans les plans économiques et matrimoniaux de ses parents.
Mais le devoir le rattrape et il est promis à Marie-Béatrice d’Este, un temps fiancée à son frère, qu’il épouse en 1771 à Milan. Le couple engendrera 7 enfants, et vivra au palais royal de Milan. Il subit de plein fouet la Révolution, et est balloté Venise, puis Trieste, avant d’atterrir en Autriche. Ferdinand succède à son beau-père et prend le titre de duc de Modène en 1803, mais n’aura pas le temps d’exercer bien longtemps car il meurt en 1806 et est inhumé à Vienne.
Marie-Antoinette d’Autriche (1755-1992)
C’est sans doute la plus connue des enfants de Marie-Thérèse d’Autriche et son mari. Son destin tragique reste encore aujourd’hui un des pans de l’Histoire les plus commentés. Marie-Antoinette naît en 1755, à Vienne, elle est la dernière fille du couple impérial. En 1770, à l’âge de 14 ans, elle épouse le dauphin de France, futur Louis XVI, et doit ainsi quitter sa patrie et ses amies pour se rendre dans son nouveau royaume. À la mort de Louis XV en 1774, elle devient reine de France.
Le couple royal donnera naissance à quatre enfants dont la célèbre Madame Royale. Coquette, très célèbre pour ses coiffures et ses tenues, elle est maladroite et très surveillée et a du mal à se faire aimer du peuple français. L’entente avec son époux est également par moments compliquée. Lorsque la Révolution éclate en 1789, elle est conduite aux Tuileries avec sa famille pour y être surveillée, et tente de fuir à Varennes en 1791. Malheureusement reconnue et reconduite à Paris, Marie-Antoinette et sa famille sont enfermés au Temple, avant que son mari Louis XVI ne soit guillotiné le 21 janvier 1793. Elle subira le même sort et rendre son dernier souffle le 16 octobre 1793.
Maximilien-François d’Autriche (1756-1801)
Dernier des enfants de Marie-Thérèse d’Autriche, Maximilien-François naît le 8 décembre 1756. Il entame une carrière dans l’armée autrichienne, avant qu’une mauvaise chute de cheval le contraigne à arrêter et à envisager l’Eglise. Il succède ainsi à son grand-oncle à la tête de l’ordre Teutonique, et devient archevêque de Cologne. Amoureux de la musique, il fait se rencontrer Beethoven et Mozart, et collectionne les partitions de grands compositeurs comme Haydn ou Salieri. Il fuit pendant la Révolution et se réfugie en Autriche, où il meurt en 1801, âgé de 44 ans.
Marie-Thérèse d’Autriche, une vie et un règne remarquables
Marie-Thérèse d’Autriche est née le 13 mai 1717 à Vienne, en Autriche, et est devenue archiduchesse d’Autriche à la mort de son père, l’empereur Charles VI, en 1740. Son règne est marqué par des défis importants, notamment la guerre de Succession d’Autriche, au cours de laquelle elle a dû défendre les droits de sa dynastie au trône autrichien.
Elle épouse François Ier de Lorraine en 1736. Cette alliance n’a rien d’un hasard : fragilisé dans sa position de souverain du Saint-Empire germanique, le père de Marie-Thérèse désirait s’allier avec la Lorraine, qui pesait dans l’échiquier politique européen. François fut donc couronné empereur aux côtés de Marie-Thérèse et a mis un point d’honneur à soutenir sa femme dans toutes les actions qu’elle a entreprises. Ce mariage, bien qu’imposé, fut heureux et très fécond. Pas moins de trois mois après les noces, alors qu’elle est âgée de 19 ans, Marie-Thérèse tombe enceinte de son premier enfant.
La fin de l’Ère des Habsbourg
La dynastie des Habsbourg a continué de jouer un rôle important en Europe au cours des décennies suivantes, mais elle a également été confrontée à des défis majeurs. Les bouleversements politiques, tels que la Révolution française et les guerres napoléoniennes, ont eu un impact sur la famille impériale, conduisant à la dissolution du Saint-Empire romain germanique en 1806. Malgré ces défis, les Habsbourg ont continué à régner en Autriche et à jouer un rôle dans les affaires européennes jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale en 1918, date à laquelle la monarchie a été abolie en Autriche-Hongrie.
Ainsi, les enfants de Marie-Thérèse d’Autriche ont laissé une empreinte profonde dans l’histoire européenne, contribuant à façonner les événements et les alliances qui ont caractérisé le XVIIIe siècle. Leur héritage se reflète non seulement dans les livres d’histoire, mais aussi dans les institutions, l’art et la culture qui ont marqué l’Europe de cette époque.
Sources :
– https://www.timetravel-vienna.at/fr/les-enfants-de-marie-therese-les-16-descendants-de-la-souveraine/
– https://www.historia.fr/biographies-historiques/marie-th%C3%A9r%C3%A8se-dautriche-le-%C2%AB-seul-homme-de-la-dynastie-%C2%BB
– https://www.historia.fr/biographies-historiques/marie-th%C3%A9r%C3%A8se-dautriche-le-%C2%AB-seul-homme-de-la-dynastie-%C2%BB
-https://www.pointdevue.fr/histoire/histoire-du-monde/marie-therese-dautriche-tendre-mere-de-famille
-https://www.chateauversailles.fr/decouvrir/histoire/grands-personnages/marie-antoinette
– https://www.vivantdenon.fr/l-homme/le-reseau/les-souverains/marie-caroline-reine-de-naples/
– https://www.universalis.fr/encyclopedie/joseph-ii/
-https://www.universalis.fr/encyclopedie/leopold-ii-1747-1792-grand-duc-de-toscane-1765-1792-empereur-germanique-1790-1792/