Blanche de Castille
Personnages historiques

Blanche de Castille : éclat intemporel d’une figure médiévale

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Blanche de Castille, reine de France au XIIIe siècle, fut une figure extraordinaire qui laissa une empreinte indélébile sur l’histoire de la France. Dotée d’une intelligence remarquable et d’une détermination sans faille, Blanche a su diriger le royaume avec habileté et fermeté, consolidant ainsi le pouvoir de la monarchie capétienne. Son héritage politique, son charisme et son influence font d’elle l’une des reines les plus connues de l’histoire de la France.

Blanche de Castille : Naissance d’une Héritière au Cœur de la Castille

Blanche de Castille royaume
Carte du royaume de Castille
©CC BY-SA 3.0

C’est en Espagne que Blanche voit le jour le 4 mars 1188, plus précisément à Palencia dans la région espagnole de Castille. Elle est moitié espagnole, moitié anglaise, car issue de l’union entre Alphonse VIII de Castille et Aliénor d’Angleterre. Blanche compte parmi sa famille Aliénor d’Aquitaine, Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, rien que ça ! 

Peu de choses nous sont parvenues sur l’enfance de Blanche, mais on sait qu’elle a de nombreux frères et sœurs (11 en tout, dont plusieurs n’atteignent pas l’âge adulte) et que cette joyeuse troupe ne déroge pas à la tradition européenne des familles royales au Moyen Âge : elle change très souvent de château, suivant un parcours itinérant. 

L’Ascension Royale : Blanche de Castille et le Trône de France 

Blanche de Castille, en tant que fille de roi, se doit de faire un mariage princier ou royal : on choisit pour elle l’héritier de la couronne de France, Louis. 

Mariage sous l’égide d’Aliénor d’Aquitaine

Aliénor d'Aquitaine portrait
Aliénor d’Aquitaine
©MARY EVANS_SIPA

C’est Aliénor d’Aquitaine, reine de France et d’Angleterre et grand-mère de Blanche de Castille, qui est à l’origine de ce mariage. Elle veut, aux prémices du XIIIᵉ siècle, instaurer une paix durable entre la France et l’Espagne.

Cette vieille dame de 80 ans passés va alors elle-même commencer les négociations et se rend auprès d’Alphonse VIII en Castille pour trouver une épouse à l’héritier du royaume de France, Louis. C’est Blanche qu’elle choisit, la trouvant jolie et d’un sacré caractère, assez pour pouvoir assumer les fonctions de future reine. Les deux femmes retournent alors en France le 9 avril 1200. 

Blanche de Castille épouse le futur Louis VIII

Couronnement Louis VIII et Blanche de Castille
Couronnement Louis VIII et Blanche de Castille
©wikimedia commons

Arrivées en Normandie, Blanche et sa grand-mère sont accueillies par un sacré comité avec Jean sans Terre et le roi de France, Philippe Auguste. Le mariage peut donc avoir lieu. Seule ombre au tableau : Philippe Auguste, en bon coureur de jupons, a été excommunié par le Pape Innocent III suite à ses complications maritales. Aucun mariage royal ne peut donc être célébré sur domaine royal. Ainsi, les époux sont unis à Saint-Martin de Port-Mort, en Normandie (en dehors du territoire royal) par l’archevêque de Bordeaux. L’âge des époux est dans la norme de l’époque, mais ferait sourire aujourd’hui : 12 pour Blanche et 13 pour Louis. 

Une alliance prolifique : l’héritage durable de la reine Blanche

Douze enfants sont issus de ce mariage, dix héritiers mâles et deux filles (Blanche, Philippe, Alphonse, Jean, Louis, Robert, Jean, Alphonse, Philippe Dagobert, Isabelle, Étienne et Charles) mais sur ces dix, plusieurs tragédies surviennent : trois meurent très jeunes, quatre décèdent aussi durant leur adolescence et cinq d’entre eux seulement atteignent la majorité

Blanche de Castille est très à cheval sur leur éducation culturelle et religieuse et prend très à cœur l’avenir de ses enfants. Elle ne s’en occupe toutefois pas de son fils héritier Louis (futur Louis IX, Saint-Louis) qui est encadré par une armée de serviteurs, de précepteurs ecclésiastiques et de gouvernantes.  

Blanche de Castille : la femme derrière le Trône de France

D’elle, on a dit beaucoup de choses, on a loué son fort caractère et estimé qu’elle avait une influence politique considérable. Qu’en était-il réellement ? 

Une femme de caractère

Blanche de Castille Abbaye de Royaumont
Abbaye de Royaumont
©Abbaye de Royaumont

Blanche de Castille ne se contente pas du rôle de potiche et de ventre assigné aux reines de France. Lorsque son mari, le futur Louis VIII, veut lancer quelques campagnes en Angleterre pour la reconquérir, elle va même jusqu’à apostropher Philippe Auguste qui ne veut pas donner d’argent à son fils pour soutenir cette guerre. Philippe Auguste finira par plier, c’est dire si Blanche s’est avérée convaincante. 

Fervente admiratrice de Bernard de Clairvaux, elle entreprend de continuer son œuvre à son échelle et fonde les très célèbres abbayes de Royaumont, de Maubuisson et du Lys. Lorsque son mari Louis VIII décède en 1226, enceinte, elle cache sa douleur et sa peine et assure à son fils Louis, encore mineur, le trône de France, en le faisant sacrer dans la cathédrale de Reims. Le testament de son mari la nomme régente du royaume jusqu’à la majorité de Louis. 

Une régence mouvementée

Désormais régente, pas question pour Blanche de Castille de se reposer. Il lui faut se battre pour garder intact le domaine royal et la couronne de France sur la tête de don fils. Elle intrigue, négocie avec des vassaux pour qu’ils lui apportent leur soutien. 

Face à une ligue de seigneurs formée contre elle, elle se réfugie avec son fils dans la forteresse de Montlhéry, ancien château-fort de l’Essonne. Preuve de sa grande popularité, c’est le peuple de Paris qui l’accompagne pour l’escorter. En 1229, la révolte est matée, c’est une autre victoire pour Blanche. 

En tant que régente, elle est ferme et courageuse, ne se laisse pas démonter par les attaques en tout genre des seigneurs (tous des hommes) et n’hésite pas à faire exécuter les dissidents trop gênants. Elle est aussi capable de faire preuve de pardon, comme ce fut le cas le 6 janvier 1227 quand elle accepte de libérer Ferrand de Flandres, infant du Portugal, qui s’est rebellé contre le royaume de France. 

Un retrait du pouvoir très progressif

Marguerite de Provence Saint Louis
Couronnement Marguerite de Provence et Saint-Louis

En 1234, Louis IX a 20 ans et est déclaré majeur et apte à régner seul. Cependant, contrairement à d’autres futurs souverains de la France, il garde sa mère comme conseillère à ses côtés. Marié plus jeune à Marguerite de Provence, le couple supporte de plus en plus mal l’omniprésence de Blanche à leurs côtés, qui s’assure de tout contrôler, jusqu’aux relations intimes entre les époux et les accouchements de sa belle-fille. Pour éviter son contrôle, les amoureux trouvent quelques astuces, notamment dresser des chiens qui les préviennent de l’arrivée de Blanche de Castille. 

Très inspiré par l’éducation catholique qu’a voulu sa mère pour lui, Louis IX se lance dans de nombreux combats politique et religieux, notamment les fameuses croisades. Progressivement, Blanche de Castille s’efface du pouvoir et laisse son fils seul aux commandes de la France. Elle réapparaît cependant de temps en temps, quand Louis IX a besoin d’un régent pour partir en croisade en Égypte en 1248, ou quand elle tente de réunir la somme de la rançon demandée contre la captivité de son fils en 1250. 

Le dernier souffle de Blanche de Castille

Abbaye de Maubuisson
Abbaye de Maubuisson, lieu du décès de Blanche de Castille
©CDVO Catherine Brossais

Lassée et fatiguée des intrigues politiques, et profondément fragilisée par les absences répétées de son fils lors des croisades, elle se retire dans la ville de Melun en Seine-et-Marne. Dans un ultime sursaut de reine, elle apprend que des chanoines ont emprisonné des paysans d’Île-de-France sans ordre. Outrée, elle veut régler l’affaire elle-même et se fait escorter jusqu’à la prison de Melun. Prise d’étourdissements, elle règle tout de même la situation, mais en ressort très affaiblie et doit rester couchée…

Souhaitant mourir au Louvre, c’est finalement à l’abbaye de Maubuisson qu’elle s’éteint, en novembre 1252, après avoir demandé à être vêtue d’une robe de religieuse et couchée sur la paille : exemplaire jusqu’au bout. Son fils, prévenu, ne rentrera en France qu’en 1254. 

En tant que régente et conseillère avisée, Blanche de Castille a ainsi su préserver l’intégrité de la couronne et guider son fils, Louis IX, vers un règne empreint de justice et de prospérité. Sa grande beauté, son courage et sa détermination force l’admiration :  elle demeure un symbole du pouvoir féminin et une des plus grandes souveraines de France. 

Sources : 

– http://chrisagde.free.fr/capetiens/blanchecastille5.htm
-https://www.geo.fr/histoire/blanche-de-castille-mere-aimante-belle-mere-tyrannique-202743
– https://archives.seine-et-marne.fr/fr/blanche-de-castille-1188-1252
-https://www.pointdevue.fr/histoire/histoire-de-france/blanche-de-castille-la-mere-autoritaire-de-saint-louis
-https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/5627-blanche-de-castille-reine-et-regente-de-france.html