Dans cet article, je vous propose de plonger dans l’histoire sombre et troublante de François Ravaillac, l’homme qui a marqué à jamais le destin de la monarchie française. Vous découvrirez ainsi la vie et les motivations de cet assassin énigmatique, responsable de l’assassinat du roi Henri IV en 1610, mais aussi les intrigues politiques, les croyances religieuses et les événements qui ont conduit Ravaillac à commettre cet acte tragique.
La naissance de François Ravaillac dans une France morcelée
Une éducation anti-protestante
Pour comprendre la haine qui habite François Ravaillac, il faut remonter à son enfance. Il naît en 1577 dans la jolie ville d’Angoulême et est issu de l’union entre Jean Ravaillac, un secrétaire greffier de la mairie, et Françoise Dubreuil. Sa famille est très pieuse : ses oncles sont chanoines et lui permettent de bénéficier d’une véritable éducation. Il apprend à lire, écrire et compter avec eux. Cette famille est profondément anti-protestante et François est élevé dans la haine des autres religions que la sienne, c’est-à-dire la religion catholique.
Une enfance dans la violence
Le père de François, Jean Ravaillac, est un homme violent qui n’hésite pas à patauger dans plusieurs magouilles, ce qui engendre la perte de son travail en 1588, après avoir été inculpé dans une affaire d’assassinat. Il boit, joue, perd beaucoup et finit par dilapider tout le patrimoine familial, entrainant femme et enfants dans sa chute. Geoffroy, le grand-frère de François, devient lui aussi un homme violent et un repris de justice. Ses deux sœurs, elles, choisissent de quitter très tôt le domicile familial pour ne pas rester plus longtemps dans cette atmosphère écrasante.
François Ravaillac, un parcours professionnel étonnant
Le fils d’un répris de justice.. dans la justice
Comble de l’étonnement, François Ravaillac entame une carrière précoce dans la justice, grâce à ses oncles chanoines. Il démarre à 11 ans en tant que valet et clerc d’un conseiller au tribunal de justice d’Angoulême. Il semble se plaire dans cet emploi, qui lui permet d’apprendre les rudiments du métier d’auxiliaire de justice. Il prend du galon et devient coursier pour un procureur du tribunal d’Angoulême, ce qui l’amène à se déplacer très souvent à Paris, le chef-lieu de la circonscription d’Angoulême. Comme ses parents n’ont plus d’argent ni de places pour l’accueillir, il s’installe définitivement dans la capitale à 25 ans.
François Ravaillac devient religieux
Attiré par Dieu depuis sa plus tendre enfance, et élevé dans la religion catholique par ses oncles, Ravaillac opère une reconversion professionnelle à 180 degrés : il décide de rentrer dans les ordres en 1606 et devient frère convers de l’Ordre des Feuillants. C’est là que ses premiers problèmes psychologiques semblent se manifester : il professe d’étranges paroles et écrit des feuillets sur l’éternelle providence qui ne plaisent pas du tout à ses supérieurs. Il est renvoyé peu de temps après et, faute de pouvoir rejoindre un autre ordre, il retourne à Angoulême.
François Ravaillac, d’une vie confortable à la misère
Alors qu’il vivait très confortablement lorsqu’il faisait carrière dans la justice, Ravaillac, de retour à Angoulême, se doit d’aider sa mère, qui, séparée de son père (il l’a quitté pour une prostituée) vit dans la plus grande misère. Pour aider sa famille, François Ravaillac devient maître d’école et enseigne le catéchisme, des emplois qui ne rapportent pas grand-chose à part la nourriture, et les finances de la famille vont de mal en pis. Dans l’impossibilité de payer ce qu’il doit à ses créanciers, François est emprisonné en 1608.
François Ravaillac était-il maître de son geste ?
Il sombre petit à petit dans la folie
François Ravaillac a toujours eu des petits problèmes psychologiques, allant même jusqu’à le faire expulser de son ordre, comme je vous l’ai dit plus haut. Cette folie va s’accroître avec le temps. Convaincu que les protestants sont à l’origine du mal sur terre, il commence à avoir des visions hallucinatoires et mystiques. Il se croit envoyé en mission par Dieu. Lors de son procès en 1609 pour impayés, quelqu’un lui apparaît pour lui demander de tuer Henri IV, qui serait un antéchrist. Ravaillac se lance alors en mission : il doit convaincre le roi de convertir tous les protestants de France et d’instaurer la religion catholique comme la seule et unique possible dans le royaume.
Malheureusement pour lui, lorsqu’il monte à Paris à la fin de l’année 1609, le roi n’est pas présent. Ravaillac retourne donc dans sa ville natale d’Angoulême, pour y errer et décide de revenir à Noël 1609, mais ne parvient toujours pas à croiser le roi.
François Ravaillac assassine Henri IV
En avril 1610, Ravaillac apprend au détour d’une conversation qu’Henri IV va envoyer des troupes françaises pour intervenir dans la succession de la principauté de Clèves. Son sang ne fait qu’un tour : c’est pour lui un affront du roi envers le Pape et donc envers Dieu. Sa décision est alors prise : il va tuer Henri IV pour empêcher cette ignominie.
Pour ce faire, il achète un coutelas à un aubergiste. Preuve que Ravaillac n’était pas complètement fou, il casse lui-même son couteau, pour s’empêcher de faire une bêtise, car il n’est plus vraiment sûr de vouloir tuer le roi. Pour s’en dissuader, il se confie à un prêtre jésuite, qui tente de l’empêcher de commettre l’irréparable. Ravaillac veut ensuite rentrer à Angoulême, mais sa folie le rattrape. Il passe devant un christ sur une croix à Étampes et ses visions reviennent : il doit tuer le roi. Convaincu, sans que rien ne puisse l’arrêter, il retourne alors à Paris, répare le couteau qu’il avait acheté et profite d’un embouteillage rue de la Ferronnerie pour grimper sur le carrosse royal et tuer le roi de France Henri IV de trois coups de couteau en pleine poitrine. La reine et épouse du roi Marie de Médicis est dévastée. Les enfants d’Henri IV sont affligés.
Les supplices du régicide
Tuer un roi en France n’a rien d’anodin. En faisant ce geste, Ravaillac se sait condamné et ne résiste pas : il est de toute façon envoyé par Dieu, selon lui. Après 10 jours de procès où il est soumis quatre fois à la question (une procédure de torture visant à faire avouer un crime), il est condamné à être écartelé en place de grève. Le 27 mai 1610, la foule se presse pour assister à son dernier supplice : ses quatre membres sont attachés à quatre chevaux et il meurt écartelé. Son tronc est brûlé tandis que les restes de son corps sont dispersés par la foule.
La famille de Ravaillac est alors frappée sur sceau de l’ignominie. Elle est condamnée à changer de nom sous peine de mort et doit déménager. Ils choisissent Lavigny, une ville de Franche-Comté qui appartient au Saint-Empire Romain Germanique. Le nom de famille Ravaillac n’existe plus, et se mue en Ravaillard ou Ravoyard.
Ainsi, peut-être Ravaillac n’aurait-il pas commis l’irréparable s’il n’avait pas été élevé par sa famille dans la violence et la haine des huguenots. Les conclusions du procès retiennent qu’il a en tout cas agi seul et que son geste a été dicté par la folie et une haine profonde envers la religion protestante.
Sources :
– https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7839
– https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/1774-lassassinat-dhenri-iv.html
– https://www.geo.fr/histoire/pourquoi-ravaillac-a-assassine-henri-iv-204415
– https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/charente/angouleme/histoire-si-ravaillac-etait-juge-aujourd-hui-que-risquerait-il-2673212.html
– https://www.herodote.net/14_mai_1610-evenement-16100514.php
– https://www.historia.fr/actu/ravaillac-un-second-proc%C3%A8s-%C3%A0-angoul%C3%AAme-version-2022