Louis II de Bavière
Personnages historiques

Louis II de Bavière, personnage romantique de sa propre vie

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Véritable rêveur éveillé, Louis II de Bavière s’affirme au XIXème siècle comme un jeune premier romantique qui préfère une vie qu’il imagine aux vicissitudes de la réalité qui se présente devant lui. Mécène et protecteur du compositeur Wagner, il trouve refuge dans sa musique ainsi que dans la construction de châteaux qui représentent bien plus des bâtisses d’apparat que des sièges de la vie politique. Tare des psychiatres, il ne rêve que d’une vie digne des plus beaux contes de fées, mais ne sera considéré que comme souverain excentrique, prêt à dépenser sans compter pour s’échapper du présent. Retour sur le destin tragique d’un roi qui a vu ses désirs condamnés par un monde qui ne lui correspondait pas.  

Louis II de Bavière, une enfance qui ne fait pas rêver

Louis II de Bavière,  le prince très attendu 

Louis II de Bavière naît sous le règne de son grand-père Louis Ier, le 25 août 1845 dans le château de Nymphenburg, à quelques kilomètres de Münich. Parti pour s’appeler Otto, c’est finalement Louis qui est choisi, en hommage à son grand-père et en concordance avec l’éphéméride du jour. Les 101 coups de canon sont tirés et annoncent la bonne nouvelle aux Bavarois : le premier héritier mâle, tant attendu, a enfin vu le jour. Trois ans plus tard, c’est un petit frère, qui lui s’appellera Otto, qui rejoint la lignée des Wittelsbach. 

Une enfance bercée par l’ennui

Les deux frères, et en particulier Louis, ne sont pas très proches de leurs parents : le père et troisième souverain de Bavière, Maximilien II, est un roi philosophe, amoureux des livres et qui se voulait professeur d’université. Leur mère, c’est tout le contraire : Marie de Hohenzollern est une grande sportive, adepte d’alpinisme et qui n’est pas très encline à la lecture. Cette différence de caractère, Louis II la ressent dans son éducation : élevé à la dure, il surnomme sa mère “Le Colonel” et grandit avec un père peu attentif. À ses 9 ans, sa gouvernante est remplacée par le Comte de la Rosée, militaire affirmé, qui accompagne un groupe de professeurs, ou plutôt une troupe, puisqu’eux aussi sortent tout droit des rangs de l’armée. Ce sont de vieux monsieurs, l’air grave, et dans leurs robes noires ; en clair l’opposé d’une éducation romantique

L’échappatoire fictionnel

Enfermé dans un sérieux qui lui pèse, Louis II n’a pas l’occasion de se faire des amis et se sent bien seul dans les couloirs du château de Nymphenburg. La seule personne physique dont il est proche et à qui il peut se confier, c’est son frère Otto ; mais il trouve surtout refuge dans les personnages qui font les légendes et récits germaniques. Cet intérêt pour les arts et la littérature, c’est son grand-père Louis qui lui a transmis, seul parent dont il était vraiment proche, et qui s’est adonné pour le reste de sa vie à rendre l’absolu esthétique qui l’a marqué après son séjour en Italie. Les murs du palais de Maximilien II sont ornés de fresques qui dépeignent les exploits chevaleresques de Lohengrin, héros que le jeune Louis intériorise, se construisant ainsi une personnalité. Le mythe de ce bellâtre aux yeux bleus et aux cheveux blonds l’accompagnera toute sa vie : le cygne deviendra d’ailleurs l’animal favori du roi, et Louis II de Bavière verra en sa première fiancée une Elsa. Le jeune prince recherche une famille spirituelle et se console dans les épopées des Chevaliers de la Table Ronde et les tirs de Guillaume Tell, qui le plongent dans un univers de conte de fées

Louis II Nymphenburg
Château de Nymphenburg

Louis II de Bavière la découverte des Arts

Louis II de Bavière, mélomane 

En 1858, Maximilien II offre à son fils Louis pour son treizième anniversaire le Traité d’Esthétisme rédigé par un certain Richard Wagner. Il adhère immédiatement aux propos du compositeur et considère désormais l’art comme un rêve. Son existence prend enfin un sens, mais ce n’est que trois ans plus tard, alors âgé de 16 ans, que Louis II de Bavière va se voir transformé. Il assiste à son premier opéra à Münich où se joue Lohengrin, arrangé par ce certain Wagner dont il avait lu le traité. C’est la révélation : Louis II est transcendé, il pâlit, les gouttes de sueur s’écoulent le long de son front, il tremble. C’est toute cette vie qu’il a fantasmée qui se joue devant lui, l’âme de l’Allemagne scandée sur la scène du Staatsoper bavarois. Ce Wagner a quelque chose qui lui provoque comme un choc électrique dès que les premières notes retentissent, le plaçant au rang de Dieu spirituel et prenant ensuite une place très importante dans la vie de celui qu’on surnommait affectueusement “Kini” (le petit roi). 

De l’Art à la politique : Louis monte sur le trône de Bavière

Louis II de Bavière sacre
Portrait du couronnement de Louis II de Bavière, Ferdinand von Piloty

C’est à la mort de son père en 1864, alors qu’il n’est âgé que de 18 ans, que Louis II se voit propulsé dans le monde du devoir et des responsabilités. Il est jeune, rêveur, et certainement pas prêt à gouverner, son père ne l’ayant jamais impliqué dans les affaires politiques. Louis déteste les étiquettes, les protocoles et cette espèce de solennité qui n’a rien à voir avec une promesse romanesque. C’est par son charisme qu’il réussit à s’imposer aux yeux des Bavarois : le peuple allemand célèbre dans les tavernes l’arrivée d’un roi jeune, charismatique et dynamique sur le trône, espérant une ère de liesse. Vêtu d’une casaque militaire, de bottes de cuir et du manteau royal, il prête serment le 10 mars 1864. Il n’a pas réellement de projet militaire ni politique, mais plutôt artistique, et ne change même pas son gouvernement à sa prise de pouvoir. C’est dans la construction de ses châteaux que Louis II de Bavière va s’épanouir : on retiendra notamment le château de Neuschwanstein

“Celui qui n’aime est malheureux, Et malheureux est l’Amoureux”

La promise Sophie

Dans cette enfance triste et morne, il ne trouve des moments de bonheur que dans ses visites à Possenhofen, où résident sa célèbre cousine Elisabeth de Wittelsbach, dite Sissi, avec qui il se liera d’une profonde amitié ; ainsi que la délicieuse Sophie-Charlotte en Bavière, l’une des soeurs de Sissi. Ce lieu qu’il appelle Possi, c’est son paradis d’enfance. Il y passe du très bon temps avec ses cousins, et la belle Sophie, à l’image de l’Elsa de Lohengrin. Elle est belle, érudite, et tombe amoureuse de Louis II. Ludovica, la grande tante qui souhaite marier ses filles (une impératrice et une reine !) est très favorable à l’union. De belles noces sont organisées, Louis offre à Sophie une cour fantasque et théâtrale, à l’image des romans qu’il lit. Il lui écrit des lettres passionnées, lui promettant une vie de rêve et pleine de tendresse. Le roi est dans une telle frénésie qu’il fera livrer 1000 roses à sa promise au beau milieu de la nuit. Il fait même re-décorer la couronne de la reine, à la mode de Marie-Antoinette qu’il admire tant, en y ajoutant perles et diamants. 

Portait de Sophie-Charlotte en Bavière
Portait de Sophie-Charlotte en Bavière

La condamnation de ses désirs 

Seulement voilà, Louis II de Bavière ne peut pas se résigner à l’épouser. Ce serait la rendre malheureuse, cet être pure, celle qu’il appelle sa valkiri, son Elsa. Il voit en elle une figure de perfection et d’innocence, mais ne la désire pas. Il la repousse sans cesse, refuse de l’embrasser quand elle quémande un minimum d’attention de la part de son fiancé. Louis II le sait, et ce depuis son adolescence, il ne désire pas les femmes mais bien ceux qui lui ressemblent. Cette révélation engendre l’annulation des fiançailles mais apparaît comme un réel soulagement pour le roi, qui ne se voyait pas passer le restant de ses jours aux côtés d’une femme qu’il n’aime pas comme il est censé l’aimer à cette époque. Toutefois, il vit son homosexualité comme un cauchemar : il est un roi catholique, c’est le péché absolu, et s’affirmer serait une souillure à la royauté. Dans ses journaux intimes, il ne parle pas de politique ou d’affaires d’État, mais bien de sa lutte perpétuelle contre son propre corps et ses désirs, qui le condamne à la chasteté. 

Un imaginaire incarné dans le château de Neuschwanstein

Louis II chateau de Neuschwanstein
Château de Neuschwanstein

Il entretiendra cependant une relation secrète avec Richard Horling : plus qu’un amant, c’est un confident. Ils partent ensemble à Paris où Louis II de Bavière découvre Versailles et le château de Pierrefonds, restauré par Viollet-le-Duc. Il est subjugué, c’est pour lui le château médiéval idéal. C’est ce court séjour en France qui lui donne l’idée du château emblématique de Neuschwanstein à Schwangau, pour lequel il fait appel au décorateur de l’opéra de Münich. Il faut 17 ans pour édifier ce palais colossal, posé sur cet éperon rocheux dominant la vallée. C’est un pur trip esthétique, s’inspirant des légendes et des opéras de Wagner : la forteresse pouvait accueillir les Chevaliers de la Table Ronde, la cour intérieure une représentation de Lohengrin. Cependant, Louis II de Bavière n’y séjournera que 172 jours.

Wagner au château de Louis II 

Wagner et Louis II
Richard Wagner et Louis II de Bavière, Kurt von Rozynski

Au palais de la Résidence à Munich, Louis II veut y accueillir Wagner et exige qu’on le retrouve. Le compositeur qui peinait à se faire connaître, a déjà 51 ans et s’est surtout retrouvé criblé de dettes. Ils se rencontrent le 4 mai 1864, moment historique, où pendant près de deux heures les deux hommes seront dans la confidence, Louis II avouant son admiration la plus totale au compositeur. Plus qu’un mécène, il est le sauveur de Wagner, et le compositeur comprend qu’il va pouvoir obtenir tout ce qu’il veut de ce jeune fanatique. Louis II ne recule devant rien et ses dépenses sont sans limite, parfois même bien plus que ce qu’un roi ne donnerait à sa favorite ! Nationalité bavaroise, rente directe, remboursement de ses dettes, nouveaux quartiers…tout est amené au musicien sur un plateau doré, aux frais du roi de Bavière. Il faut le comprendre, les Allemands ne sont pas contents : la presse s’acharne et les caricatures sur le “couple royal” où Wagner porte la couronne fusent. Wagner fait même ménage à trois avec sa maîtresse et le chef de son orchestre sous le toit royal.  Louis II, lui, écoute Wagner pendant des heures, ce qui le transporte et l’emmène loin de ses préoccupations politiques, de Bismarck et la Prusse menaçante. Le compositeur obtiendra même le privilège royal d’être enterré dans le jardin du souverain, après s’être éteint en 1883 à Venise. Cette tragédie affecte Louis II qui fera recouvrir les pianos d’un crêpe noir, et qui se verra meurtri par la perte d’une idole.

Herrenchiemsee, la mégalomanie de Louis II

Le nouveau Versailles 

galerie des glaces Versailles
Galerie des Glaces ©Carnet d’Histoire

Louis II de Bavière s’attèle en 1878 à la création d’un nouveau palais, à l’image du château de Versailles qui lui avait tant plus. Il assume une passion pour les Valois, qui portent le même nom que lui, et voit Louis XIV comme l’incarnation de la royauté absolue. C’est le projet de Herrenchiemsee qu’il porte déjà depuis 10 ans qui voit le jour, érigeant sur cette petite île un palais à la pomposité du Roi Soleil. Il fait reproduire l’escalier des ambassadeurs et le seul anachronisme qu’il s’autorise est une verrière très XIXème siècle. Ses décors citent les rois Louis XIV et XVI, mais à la sauce Louis II de Bavière : on retrouve la rose, fleur préférée du souverain et emblème romantique; et le lys, symbole de la royauté française.

Tout est dans le luxe, le doré et on compte même une tapisserie qui prendra 7 ans de travail pour orner la chambre d’apparat, où le lit à lui seul est un musée. Il crée sa propre Galerie des Glaces, dans laquelle il déambule la nuit, mélancolique et récitant ses poèmes favoris. Dans l’excès, sa pièce est plus large, éclairée de 220 lustres et candélabres et de 2000 bougies, qui n’accueille aucune réception. Il nomme même ce palais “Tmeicos Ettal”, anagramme de cette célèbre phrase de Louis XIV : “L’État, c’est moi”. 

Son âme soeur : Sissi

S’il y a bien deux femmes qu’il vénère, la première n’est plus de ce monde mais se pose comme une reine martyr, figure de poésie et d’élégance : Marie-Antoinette. Il ne cessera de l’idolatrer, lui dédiant même un buste dans son jardin, qu’il saluait à chaque passage ainsi que le palais baroque de Linderhof, réplique du Petit Trianon. La deuxième, c’est celle qui ne l’a jamais déçu : sa cousine Sissi. Elle est son âme sœur et le visite souvent, les deux amis conversent pendant des heures. Ils se comprennent, et si c’est un amour, il est platonique et n’existe que dans la grâce des moments qu’ils partagent. Les deux ne souhaitent qu’échapper à cette réalité qui les étouffe : Sissi voyage en Europe, Louis habite dans les contes. 

Le retour à la réalité 

L’imaginaire laisse place à l’excès

Louis II Linderhof
Grotte de Vénus, château de Linderhof

Louis II de Bavière a bien changé, il n’est plus le jeune homme charmant et élancé de ses 18 ans. Il se replie dans la solitude, ne supportant plus le monde et le regard de l’autre. Il trouve refuge dans la nourriture, les sucreries et le champagne qui font de lui un colosse de 120 kilos.

Il vit la nuit, prend son petit-déjeuner au coucher du soleil et éprouve un sentiment de liberté totale quand le monde dort. Il se balade sur son traineau exubérant, éclairé à l’électricité, dans son manteau d’hermine. Ses valets portent des vestes de laquais à la mode de Louis XV, ils doivent baisser le regard et s’agenouiller pour lui parler. Il y a quelque chose de cérémonial, une volonté de se faire respecter comme à l’époque de la royauté française, même hors du regard public. Il s’évade en organisant des représentations dans des décors qu’il fait construire grandeur nature, demandant à des jeunes hommes de se déguiser, ces soirées à thème dégénérant souvent. Il organise des dîners avec Louis XVI, parrain de son grand-père, et Marie-Antoinette. On le croit fou, mais la vérité c’est qu’il ne fait qu’embarquer dans des nuits de songerie, refusant même que les comédiens saluent pour ne pas quitter le rêve. S’il est fou, ce n’est que de beauté et d’Art. 

Louis II de Bavière,  le temps des responsabilités 

Ce qui insupporte le plus Louis II de Bavière, ce sont les affaires politiques qu’il fuit constamment et tourne même en dérision, préférant passer dans les rangs de ses armées avec un parapluie plutôt qu’une arme. La Bavière est un état indépendant depuis le début du XIXème siècle, et le “Petit Roi” compte bien sauvegarder cet état. Toutefois, un homme plein d’ambition et prêt à tout pour son royaume, s’empare de tous les prétextes possibles pour créer une Allemagne unifiée, sous le joug de la Prusse.

Cet homme, c’est Otto von Bismarck, le “Chancelier de Fer”, qui déclare la guerre à l’Autriche en 1866. Louis II doit choisir son camp : la Prusse en soutien de sa mère, ou l’Autriche, pays de sa chère cousine Sissi. Il se range du côté de l’Autriche mais n’envoie que peu d’hommes sur le champ de bataille. Le résultat est sans appel : au bout de seulement sept semaines de combat, les troupes de Louis II sont décimées et Bismarck impose une alliance à la Bavière. Avec l’aide des troupes bavaroises, la Prusse vainc Napoléon III le 12 septembre 1870.

Bismarck peut enfin réaliser son rêve et faire de Guillaume Ier le premier empereur allemand. La lettre est signée dans la Galerie des Glaces de Versailles, et c’est le petit frère du souverain, Otto, qui y assiste en tant que représentant de la Bavière. Louis II est en larmes et refuse d’assister à cette profanation dans le palais qu’il adule. Il a l’impression d’avoir trahi la France, cette France qu’il aime tant ; et c’est dans son château de Herrenchiemsee qu’il se consolera. 

Otto von Bismarck
Bismarck, le Chancelier de Fer

La fin du rêve

Les travaux de son Versailles sont interrompus huit ans après la pose de la première pierre, les frasques du roi ayant laissé trop de factures impayées. Ça y est, ses ministres en ont assez des chantages et des excès du régent, qui menace de les remplacer par des coiffeurs et des valets, jurant qu’il n’a pas besoin d’eux. Ils veulent désormais déposer le roi, et c’est avec l’appui de l’oncle de Louis II, Luitpold, qui y voit une occasion de servir ses propres intérêts, que le complot se met en place.

La Constitution bavaroise stipulant que seule la maladie permet de destituer un roi, le projet est de faire passer Louis II pour fou. S’impose donc un diagnostic psychiatrique. Luit fait appel à son ami le professeur Von Gudden et lui demande de rédiger une expertise prouvant la démence du roi. Louis II de Bavière ne sera jamais examiné, et c’est sur ses excentricités et des témoignages de ses valets, comédiens, ministres qu’on le déclare atteint d’une maladie mentale incurable, qui le place dans l’incapacité de régner. Le rapport va même s’appuyer sur les antécédents familiaux du souverain : son frère Otto a été interné, de même que sa tante pour troubles mentaux sévères. 

Louis II de Bavière, victime du complot 

Deux jours après la publication du rapport, Luitpold s’empare du pouvoir. Toutefois, un dernier problème subsiste : informer le roi de sa destitution. Louis II est introuvable et c’est finalement reclu dans sa forteresse de Neuschwanstein qu’il est localisé. Il ère, broyant du noir dans les couloirs de son palais. Le roi avait été prévenu par des amis du guet-apens qui le menaçait, et c’est avec un groupe de militaires armés qu’il attend ministres et psychiatres au sommet de son rocher. Mais Louis II a bon cœur, et libère les ministres qui s’empressent de télégraphier et de tout bloquer.

Bismarck n’enverra qu’un seul télégraphe au roi, lui conseillant de se présenter devant son peuple à Munich. Ce qui nous a été prouvé, c’est que le regard des autres est une souffrance intolérable pour Louis II de Bavière. Il choisit de se terrer et de rester dans sa solitude, une erreur puisque le piège ne fait que se resserrer autour de lui. Il est résigné et éhonté de la réputation qu’on lui inflige et confie à son fidèle valet : “Chercher à me détrôner soit, mais me faire passer pour fou!”.

Le professeur Von Gudden se représente à la porte du château, bien décidé à faire interner le roi. Louis II refuse de le recevoir. Le psychiatre fait croire qu’il a retrouvé la clé de la plus haute tour, demandée par Louis II plus tôt, et ce dernier tombe dans le piège. Il est directement capturé alors qu’il essayait de rejoindre la tour d’où il voulait se jeter. 

La fin tragique du roi Louis II de Bavière

Louis II Berg
Château de Berg en 1886

C’est un roi destitué, âgé de 50 ans, qu’on emmène dans sa résidence d’été à Berg le 12 juin 1886. Il est isolé et enfermé. On l’observe jour et nuit par le judas qu’on a creusé dans la porte. Lui qui ne supportait pas d’avoir quelques valets autour de lui qui le regardaient, c’est avec deux infirmiers en permanence dans sa chambre qu’il doit survivre. Sa première nuit est très calme, ce qui met le Docteur Von Gudden en confiance. Louis II n’est pas agressif et demande seulement à faire quelques pas dehors, après le dîner, dans la forêt qui avoisine la maison.

Le psychiatre, serein, l’accompagne. De caractère ponctuel, son absence inquiète un de ses collègues qui sent le vent tourner sans apercevoir le retour du médecin. Les doutes s’élèvent : Où sont le roi et le Docteur Von Gudden ? Y a-t-il eu un drame ? La traque commence, ils sont recherchés partout dans le bois et, sait-on jamais, on se décide à fouiller près du lac avec une barque. Les corps des deux hommes sont retrouvés et les hypothèses fusent. Le roi se serait échappé, se dirigeant vers les eaux ; le docteur, précipité, aurait voulu l’en empêcher et dans une lutte tenace, Louis se serait donné la mort après avoir noyé le médecin.

Son repas bien trop copieux aurait suggéré une hydrocution. Les circonstances de la mort du roi de Bavière restent énigmatiques, même si selon les rapports d’autopsie exécutée après des accusations envers son oncle Luitpold, sa mort fut douce. Les plus romantiques imaginent une fuite organisée avec sa cousine Sissi, qui viendra d’ailleurs déposer un bouquet de jasmin sur le lit mortuaire de son âme sœur le lendemain. 

Louis II de Bavière, roi certes différent mais tant aimé de son peuple, eut droit à son dernier hommage lors de funérailles triomphales à Munich le 19 juin 1886. Au passage de son cercueil par la porte de l’église Saint-Michel, la foudre frappa la croix érigée juste au-dessus, dernier coup d’éclat pour un roi qui s’est toujours réfugié dans un monde d’exubérance et de rêveries, rattrapé par les délires de la réalité

Sources

– Secrets d’Histoire, 2016, Louis II de Bavière, le roi perché 
– Site internet du Château de Neuschwanstein 
– Site internet du Château d’Herrenchiemsee