Des 7 merveilles du monde Antique, il n’en reste plus qu’une aujourd’hui. Ces chefs-d’œuvre des civilisations anciennes n’existent souvent que par les témoignages écrits, ou les plus petits items qui ont permis leurs diffusion et renommée. De l’Egypte à la Grèce, en passant par la Turquie, découvrons ensemble les sept joyaux de l’archéologie d’un monde passé.
La Pyramide de Khéops à Memphis
Seule survivante des 7 merveilles du monde antique, la pyramide de Khéops surplombe Memphis (aujourd’hui Gizeh) du haut de ses 139 mètres. Longtemps la plus haute et la plus massive des pyramides jamais construites, elle présente un monument à base carrée qui a nécessité près de 27 ans de construction, finalement achevée vers 2560 avant J.-C. Son caractère impressionnant est dû aux 2,3 millions de calcaire et de granite, blocs souvent extraits de Gizeh et qui pouvaient peser jusqu’à 80 tonnes !
L’architecte serait le cousin et vizir de Khéops, qui s’est attelé à faire construire cette pyramide et à en faire son tombeau. La surface était faite de pierres jaunes polies recouvertes d’un calcaire blanc, qui permettait de refléter les rayons du soleil, un rayonnement à la fois royal et divin vers l’au-delà. On compte trois chambres connues, qui servaient à accueillir le pharaon et ses trésors.
Cette merveille du monde Antique est aujourd’hui toujours debout et se range aux côtés des pyramides de Khéphren et Mykérinos. Elle atteste de la puissance du souverain Khéops, à qui on dédie une sépulture des plus impressionnantes, exécutée grâce au savoir-faire égyptien.
Les Jardins suspendus de Babylone
Cette seconde merveille du monde Antique qu’on a au début attribuée à la reine guerrière Sémiramis pour que l’imagination s’enracine, serait en réalité un cadeau du roi Nabuchodonosor II à son épouse, dont le pays natal lui manquait tant.
On est au VIème siècle avant J.-C., dans ce qui correspond aujourd’hui à l’Irak. Toutefois, tout cela reste très hypothétique, puisque les Jardins Suspendus de Babylone constituent encore une des plus grandes énigmes archéologiques. En effet, aucune trace de ces jardins n’a encore été retrouvée, et il est toujours difficile d’attester de leur existence, de leur disparition et de leur localisation exacte.
Selon les quelques évocations d’Hérodote et d’Antipater de Sidon, les Jardins suspendus de Babylone représentent un réel exploit technologique, d’une richesse sans précédent. Le système d’irrigation faisant remonter l’eau de l’Euphrate arrose les terrasses soutenues par de splendides colonnes, regorgeant d’arbres fruitiers et de fleurs, qui rappellent ces parfums si chers à la reine Amytis de Médie.
C’est un spectacle grandiose et éclatant qui est offert à ceux qui viennent visiter la Babylonie. Une telle richesse, à la fois dans les couleurs qui parent la pyramide, que dans l’abondante végétation, témoigne de la puissance et de l’essor du royaume babylonien, plus riche nation de son époque. Ce véritable geste d’amour d’un souverain à sa bien-aimée fortifie le pouvoir royal et assure une régence unifiée et harmonieuse.
Le sujet reste, à l’heure actuelle, encore très controversé : l’hypothèse d’un séisme responsable de l’écroulement des Jardins suspendus de Babylone reste la plus plausible.
La Statue chryséléphantine de Zeus à Olympie
La statue chryséléphantine de Zeus siégeait dans la cella du temple de Zeus à Olympie. Ce sanctuaire, construit entre 470 et 456 avant J.-C., était extrêmement prestigieux et représente le plus grand temple du Péloponnèse. Il se démarque surtout par la richesse de ses décors sculptés.
Dans la cella, salle principale où avaient lieu les rites, trône une immense statue du dieu suprême de l’Olympe, celui qu’on appelle “le dieu des dieux” : Zeus. Celle qui constitue la troisième des 7 merveilles du monde antique est faite d’une structure en bois recouverte de plaques d’or et d’ivoire, lui attribuant la qualification de chryséléphantine, luxueuse technique répandue en Grèce classique.
Phidias, sculpteur emblématique de la Grèce du Vème siècle avant J.-C. et à qui on attribue cette merveille, s’inspire directement d’Homère et représente la divinité sur son trône, une victoire dans la main droite et un sceptre dans la main gauche. Il porte sur sa tête une couronne de laurier et, bien que vêtu d’un simple himation, il impose sa magnificence et son pouvoir, éclairant le fond du sombre naos par sa composition éclatante.
C’est à la fois un témoignage de la prestance divine du seigneur de l’Olympe, mais aussi de la maîtrise technique exceptionnelle des artistes grecs. Tant par la monumentalité que par la richesse de leurs œuvres, ils ont réussi à marquer l’Histoire, alors que beaucoup des reliques archéologiques n’ont pas survécu : la statue aurait malheureusement disparu dans l’incendie qui a ravagé Constantinople en 475, où elle avait été déplacée.
Le Temple d’Artémis à Éphèse
Situé en actuelle Turquie, le temple d’Artémis à Éphèse constitue la quatrième des 7 merveilles du monde antique. Construit dès 500 avant J.-C., et pour des travaux qui dureront une dizaine d’années, il s’agit du plus grand sanctuaire dédié à la déesse de la chasse. Il assure le culte important de cette divinité, qui va se diffuser dans tout le monde hellénique.
On raconte que celui d’Éphèse fut construit par les Amazones, sur la place d’un ancien temple. La structure en marbre est colossale et compte de nombreux décors sculptés. Ce temple fait la fierté de l’Asie Mineure et devient un rituel de passage pour les croyants, ou un incontournable pour les visiteurs.
Le temple d’Artémis est détruit en 356 avant J.-C., incendié par un homme qui voulait qu’on connaisse son nom, finalement puni par la préservation de son anonymat. On dit que cette même nuit, Artémis a détourné le regard pour se concentrer sur la Macédoine et c’est en ce soir de juillet qu’Alexandre le Grand vit le jour. L’empereur fera d’ailleurs reconstruire le temple, qui sera définitivement fermé lors des persécutions païennes.
Le Tombeau de Mausole à Halicarnasse
Cette cinquième des sept merveilles du monde Antique nous renvoie au IVème siècle avant J.-C., dans la région d’Anatolie en Asie Mineure. Ce monument funéraire en l’honneur de Mausole, gouverneur de Carie, se démarque par ses dimensions énormes et les nombreuses sculptures et décorations qui le chamarrent.
Mausole prend le pouvoir à la mort de son père en 377 avant J.-C. et jusqu’en 353 avant J.-C.. Il établit un large royaume, profitant des faiblesses de ses adversaires pour garantir l’essor des Achéménides, annexant la Carie, la Lycie et la Lydie, Rhodes et Kos plus tard. Il épouse Artémise II, fait transférer la capitale à Halicarnasse et se lance dans la construction d’une sépulture en son honneur et celui de sa reine.
Il fait appel à deux grands architectes : Pythius et Satyros de Paros ; ainsi qu’à quatre artistes de l’époque. Le monument à base rectangulaire s’élève en tout sur 49 mètres, un bloc de 22 mètres de granite, une colonnade à style ionique, surmontée de 24 gradins sur lesquels siège un quadrige guidant Mausole et Artémise. Dans cette base se trouve une chambre funéraire ; malheureusement Mausole mourra avant de voir sa sépulture finie.
On compte plus de 400 statues qui flanquent la structure : des lions, des figures emblématiques de la cité, le souverain et sa promise… Quelques doutes sur l’identité des statues persistent tout de même. C’est encore une fois un séisme qui aurait causé la disparition du Mausolée, les débris ayant été utilisés au XVème siècle par les soldats rhodiens pour construire le château voisin de Saint Pierre.
Le Colosse de Rhodes
En 305 avant J.-C., l’île de Rhodes en Grèce est assiégée par la flotte de Démétrios, fils d’Antigone le Borgne. Ce sont des machines de guerre, près de 400 navires et 40 000 hommes qui prennent possession des lieux, mais les Rhodiens résistent. Après plus d’un an de siège, les habitants décident de commémorer cette ténacité en érigeant une statue colossale à l’image du dieu solaire protecteur de l’île : Hélios.
Le colosse mesure près de 31 mètres de hauteur et s’impose comme la plus haute statue qui puisse exister à l’époque. Cette renommée, on la doit à son constructeur Charès de Lindos, dont le style réaliste est très réputé à travers le monde grec. Toutefois, le Colosse de Rhodes laisse une série de mystères derrière lui, de sa construction à son emplacement.
Il faut 12 ans pour édifier la statue, après avoir réparé la ville ; on revend les navires de guerre pour se payer du bronze. Mais comment une statue si monumentale empêche de s’écrouler alors qu’elle ne tient que sur un squelette de bois ? De même, pouvait-elle vraiment se trouver au niveau du port de Rhodes, ou résidait-elle plutôt sur les hauteurs de la ville ?
Ces questions restent aujourd’hui en suspens, le Colosse de Rhodes n’existant que dans les écrits après qu’il se soit écroulé des suites d’un séisme en 227 ou 226 avant J.-C. Il demeure cependant un indice de la combativité des Rhodiens qui ont su se relever des dommages de la guerre, mais aussi des prouesses techniques qui marquèrent la Grèce Antique.
Le phare d’Alexandrie
Construit au IIIème siècle avant notre ère, le phare d’Alexandrie s’impose comme un bijou de l’architecture ptolémaïque et dernière des 7 merveilles du monde antique. Il aura fallu au total 15 ans pour l’ériger sur l’île de Pharos, à l’ouest d’Alexandrie, qui lui vaudra son nom. La tour était reliée à la cité par une très grande digue appelée Heptastade (comprenez “longue de sept stades” en grec, soit environ 1300 mètres).
Le phare d’Alexandrie servait à guider les marins dans leur arrivée au port, la zone étant relativement périlleuse à cause des bancs rocheux. Le terrain n’est en effet pas très favorable à l’origine, mais il a vraiment été travaillé pour être aménagé. On compte à Alexandrie deux ports : le Grand Port, et le Petit Port (aussi appelé Port Eunostos).
Ce qui fait la qualité de ce phare, c’est son plan ; ou plutôt ses plans. Il se présente sous la forme d’une tour à trois niveaux : le premier de plan carré, le second de plan octogonal et le dernier de plan rond. Cette superposition géométrique vient créer un monument d’exception et d’une maîtrise architecturale hors pair. Cet aspect était connu grâce aux pièces de monnaie sur lesquelles le phare était représenté.
Sur les bords du premier niveau étaient posées neuf statues de souverains, œuvres qui ont été retrouvées grâce aux fouilles sous-marines menées par l’égyptologue Nicolas Grimal en 1997. On compte parmi elles la statue colossale du roi Ptolémée II. C’était donc un espace pratique qui était aussi dédié au culte dynastique des têtes couronnées égyptiennes. Son état s’est dégradé au fil des siècles jusqu’à être entièrement détruit.
Le mot de la fin : Les 7 merveilles du Monde n’existent donc plus que dans l’imaginaire collectif et laissent le souvenir de civilisations prospères, enclines à de nouvelles technologies et innovations artistiques et décoratives. Elles assument la puissance et l’hégémonie des souverains et de leur dynastie, par des exécutions grandioses. Si nous ne pouvons plus les visiter aujourd’hui, nous pouvons toujours admirer les prestiges de notre monde actuel avec les 7 Merveilles du Monde Moderne, qui offrent un voyage de l’Inde à l’Amazonie.
Sources
– https://www.geo.fr/histoire/quelles-sont-les-sept-merveilles-du-monde-antique-194030
– Site de la pyramide de Gizeh
– Rubrique Les Jardins Suspendus de Babylone, site Odysseum du gouvernement