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François-Joseph Ier : amour, intrigues et pouvoir

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François Joseph Ier, Empereur d’Autriche et roi de Hongrie est une figure emblématique du XIXème siècle en Europe. En régnant pendant plus de 67 ans, il a marqué l’âge d’or de l’Empire austro-hongrois. Son règne n’a pas été de tout repos, entre bouleversements politiques, guerres dévastatrices et changements sociaux radicaux, mêlés à des intrigues de cour et une relation étrange avec la femme de sa vie : Élisabeth d’Autriche dite Sissi. Au-delà des récits romantiques et des légendes qui entourent son personnage, Carnet d’Histoire revient pour vous sur la véritable personnalité de François-Joseph Ier, en examinant les relations personnelles qui ont façonné sa vie et les événements qui ont jalonné son règne. 

François Joseph Ier, une enfance princière 

François-Joseph naît le 18 août 1830 au sein d’une des familles les riches et puissantes d’Europe : c’est simple, elle est présente à la tête de quasiment la totalité des pays que compte le continent

Naissance dans la prestigieuse et puissante famille des Habsbourg-Lorraine

François-Joseph Ier archiduchesse Sophie
Portrait de l’Archiduchesse Sophie, mère de François-Joseph Ier

Sa mère Sophie est duchesse de Bavière. Très belle et intelligente, elle se marie sans envie avec François-Charles d’Autriche, un homme petit, laid et de santé fragile mais deuxième dans la succession au trône d’Autriche. De leur union naissent 5 enfants dont deux futurs empereurs : François-Joseph et Maximilien d’Autriche. 

Son éducation est confiée à la baronne Louise Sturmfeder von Oppenweiler, qui arrive à la Cour d’Autriche dès sa naissance, et s’occupe également de ses frères et sœurs ainsi que de tout le personnel qui les entoure. Il était d’usage à l’époque, dans les familles de haute lignée, que ce soient des nourrices qui prennent soin des enfants et non les mères. Les enfants de Sophie et François-Charles considèrent la baronne comme une deuxième mère : ils l’idolâtrent plus que leur propre mère et lui attribue le doux surnom d’« Ami » ou « Aja ». 

François-Joseph, troisième dans l’ordre de succession au trône

Ferdinand Ier
Portrait de Ferdinand Ier

Lorsqu’il voit le jour en 1830, François Joseph est troisième dans l’ordre de succession au trône derrière son oncle, l’archiduc Ferdinand d’Autriche et son père, François Charles. C’est son grand-père qui a les rênes du pays. Mais pour son plus grand malheur, ses fils semblent inaptes à régner : Ferdinand a 37 ans, il est célibataire et sujet à de nombreux problèmes de santé notamment des crises d’épilepsie. François-Charles ne va pas mieux, est de santé fragile et en proie à quelques problèmes psychologiques. 

Alors que François-Joseph a 5 ans, en 1835, son grand-père meurt et son oncle Ferdinand devient empereur d’Autriche. À partir de là, il reçoit une éducation très stricte  et c’est le comte Heinrich Bombelles qui la prend en charge, lui attribuant comme professeur de philosophie un certain abbé Rauscher, un homme très pieux, conservateur, qui veut rétablir un ordre catholique et rejeter le libéralisme. Ses enseignements auront une grande influence sur François-Joseph pendant son règne. 

Le jeune archiduc se découvre également une passion : les armes et la chasse. À l’âge de treize ans il est nommé colonel et est envoyé en représentation aux quatre coins du pays et en Hongrie. 

La révolution de 1848 change la donne pour François-Joseph

Révolte 1848 Autriche
Révolte de 1848 en Autriche

Si François Joseph ne devait avoir qu’un rôle de représentation au sein de la famille royale, la révolution sanglante de 1848 lui confère un tout autre destin : celui d’empereur d’Autriche

L’avènement de François-Joseph Ier 

Alors que son oncle Ferdinand Ier est en très mauvaise posture face aux insurgés qui se révoltent contre son pouvoir et que la famille royale est obligée de quitter Vienne après des émeutes sanglantes le 6 octobre 1848, le général Alfred de Windisch-Graetz propose une solution pour rétablir l’ordre : écraser les insurgés en marchant sur Vienne avec l’armée et apaiser le coeur du peuple avec l’adbication de Ferdinand Ier au profit de son neveu François Joseph, alors fringant jeune homme de 18 ans. La mort dans l’âme et poussé par son épouse, Ferdinand accepte. François-Joseph devient alors François-Joseph Ier, empereur d’Autriche après que son père François-Charles ait également renoncé à ses droits à la succession. 

La devise du nouvel empereur ? “Viribus Unitis”, qui signifie “Avec nos forces unies”.

Un monarque sous influence 

François-Joseph Ier 1854
Portrait de François-Joseph Ier en 1854
©Josse Leemage

S’il est un bourreau de travail et que son abnégation au pays est remarquable pour un tout jeune homme de 18 ans, François Joseph Ier est néanmoins très influencé par sa mère, l’archiduchesse Sophie, Schwarzenberg son premier ministre ( lui-même contrôlé par Sophie ) et son aide de camp, un certain baron von Grünne qui le conseille sur toutes les affaires militaires. 

La première bataille à mener pour l’Empereur se trouve être la Hongrie : les hongrois, peuple très fier, se rebellent en 1849 contre son pouvoir. Grâce à l’aide de Nicolas Ier de Russie, François-Joseph Ier écrase la révolte et la Hongrie est annexée à l’Autriche, perdant ainsi toute etntité politique. Il parvient également à régler les conflits en Italie et en Prusse, non sans l’aide d’autres puissances étrangères. Ces victoires renforcent sa position en Europe et en font un monarque craint et remarqué. 

François-Joseph Ier, un monarque intransigeant 

Si les affaires extérieures sont pour le moment réglées, François-Joseph Ier doit également remettre de l’ordre dans son pays, qui je le rappelle a été victime de plusieurs révoltes avant son accession au trône. 

Une pensée unique en Autriche

Couronnement Elisabeth et François-Joseph Ier
Couronnement d’Elisabeth et François-Joseph Ier en roi et reine de Hongrie
©Noblesse et royauté

Pour assurer le maintien de l’ordre dans son pays, il ne supporte aucune défiance ni aucun contre-pouvoir. Il fait abroger la constitution du 4 mars 1849 qui stipulait que tous les pays de l’Empire devaient être égaux et s’arrange peu à peu pour concentrer tous les pouvoirs au palais de Vienne. Ses ministres sont là pour le folklore et ne servent finalement pas à grand-chose si ce n’est à approuver l’empereur et exécuter ses volontés. 

Les pays de l’Empire comme la Croatie et l’Autriche sont transformés en districts qui n’obéissent qu’à la seule loi Viennoise et l’Allemand est la langue obligatoire de tout l’Empire Austro-Hongrois. François-Joseph Ier espère ainsi museler les nationalismes et tenir tout ce petit monde sous sa coupe. 

François-Joseph Ier veut faire de Vienne une ville qui compte

Les plans de François-Joseph à l’international sont aussi grandioses. Il veut faire de Vienne une des plus puissantes capitales de l’Europe. Les banques d’affaires poussent dedans comme des champignons, les remparts sont démolis, de grands et beaux boulevards sont aménagés et c’est ainsi qu’en 1850 Vienne devient une ville importante sur la scène internationale, portée par une grande prospérité. 

François-Joseph Ier, intime 

Sissi et François-Joseph
Sissi et François-Joseph
©Histoires royales

Il est temps maintenant pour François-Joseph Ier de se marier, pour assurer sa succession au trône. Là encore, sa mère, l’archiduchesse Sophie, va s’en mêler. 

François-Joseph Ier et Sissi : coup de foudre à sens unique ? 

Mariage de Sissi et François-Joseph Ier ©Wikimedia Commons
Mariage de Sissi et François-Joseph Ier
©Wikimedia Commons

L’archiduchesse Sophie se met en quête de trouver pour son fils l’épouse parfaite : elle doit être belle, dévouée, fertile, douce et fidèle à la couronne. Son choix se porte alors sur la fille de sa sœur Ludovica de Bavière, autrement dit sa nièce, Hélène. La jeune fille a toutes les qualités requises et remplira ses fonctions à la perfection. Les deux futurs époux se rencontrent à Bad Ischl, propriété de la famille impériale le 18 août 1853 à l’occasion de l’anniversaire de l’empereur, qui va avoir 23 ans. 

Seulement voilà, tout ne se passe pas comme prévu. François-Joseph a un coup de foudre non pas pour Hélène mais pour Elisabeth dite Sissi, sa petite soeur âgée de seulement 15 ans. Il veut l’épouser et il n’en sera pas autrement. La littérature romantique et la trilogie de films sur Sissi font état d’un coup de foudre réciproque, hors la réalité est plus mitigée : Sissi trouvait l’homme séduisant en effet, mais aurait préféré garder sa liberté, et elle ne veut pas des contraintes qui incombent à une future souveraine. 

Elle n’a pourtant pas son mot à dire et le 24 avril 1854, l’Empereur épouse Sissi à Vienne. Le mariage est tout de suite un échec : s’il aime sa femme plus que tout, l’empereur travaille tour le temps et n’est jamais disponible. Sissi elle déteste l’étiquette de Vienne, les obligations qui lui incombent et tout se qui se rattache à la couronne : elle est avide de grand air et de liberté. 

Les enfants du couple, une autre source d’inquiétude. 

Sissi, François-Joseph Ier et 2 de leurs enfants
Sissi, François-Joseph Ier et 2 de leurs enfants
©noblesse et royauté

Elisabeth accouche de Sophie en Mars 1855 à Vienne, à l’âge de 17 ans. Comme il est d’usage à l’époque, on lui retire sa fille pour la confier aux bons soins de l’archiduchesse Sophie, sa belle-mère. Sissi ne le supporte pas et cet événement va porter un coup au mariage du couple déjà très fragile. Les problèmes s’accumulent alors : Gisèle, leur deuxième fille, contracte un virus dans sa première année et le transmet à sa sœur aînée Sophie, qui meurt le 28 mai 1857. Sissi et François-Joseph Ier ne s’en remettront jamais. 

Le troisième enfant du couple, Rodolphe, un garçon pour la plus grande joie de l’Empereur, sera lui retrouvé mort le 30 janvier 1889 aux côtés de sa maîtresse dans le pavillon de chasse de Mayerling. S’agit du meurtre ou du suicide de Rodolphe d’Autriche ? Ce drame portera l’estocade au couple impérial. 

La dernière enfant du couple, Marie-Valérie, est la préférée de Sissi, mais elle contracte un mariage malheureux qui la rend dépressive. ( Pour en savoir plus sur les enfants de François-Joseph et Sissi )

Le caractère de François-Joseph Ier, source de toutes les rumeurs

Si les Autrichiens portent souvent l’Empereur en héros national, les historiens s’accordent aujourd’hui à dire de lui qu’il est un bourreau de travail et quelqu’un de très autoritaire, qui fait toujours passer son devoir en premier. Il est certain qu’il a été élevé dans une sorte de culte de la monarchie par son précepteur l’abbé Rauscher, et qu’il en gardera une grande dureté et une grande abnégation envers la couronne d’Autriche. Il veille à l’embrigadement de son peuple et à mater toute contestation qui pourrait lui être défavorable. Sa famille souffre de ce caractère intransigeant. Sissi la première, qui ne comprend pas que son mari la délaisse au profit de l’Etat. Ses enfants aussi, notamment son fils Rodolphe, avec qui l’entente ne sera jamais au beau fixe. 

François-Joseph, une vie émaillée par les drames 

Assassinat de Sissi
Assassinat de Sissi, Impératrice d’Autriche
©Wikimedia Commons

Beaucoup de drames ont jalonnés la vie de l’Empereur. Il perd d’abord sa fille Sophie en 1857 de maladie. Son frère Maximilien Ier, devenu empereur du Mexique est ensuite éxecuté par les rebelles de son pays en 1867 et la femme de celui-ci sombre dans la folie. En 1889, c’est au tour de son fils Rodolphe d’être assassiné, il a donc déjà perdu deux enfants de manière tragique. Mais le plus gros coup porté au monarque est sans nul doute l’assassinat de l’amour de sa vie Sissi, par un jeune anarchiste italien à Genève en 1898. Et enfin, pour couronner le tour, son neveu l’archiduc François-Ferdinand et son épouse Sophie sont assassinés à Sarajevo en 1914, engendrant les hostilités de la Première Guerre mondiale. Lorsque ce dernier drame se produit, il murmure dans un souffle “rien ne m’aura été épargné”. 

François-Joseph Ier, le règne le plus long de l’histoire de l’Autriche

François-Joseph Ier mort
François-Joseph Ier sur son lit de mort
©wikimedia commons

Alors que sévit la première guerre mondiale, l’Empereur est vieillissant et malade. En novembre 1916, il contracte des problèmes pulmonaires qui l’affaiblissent grandement. Il tient quand même à assurer toutes ses obligations pour ne montrer aucune faiblesse. Pourtant, dans la nuit du 20 novembre 1916, Charles d’Autriche, héritier du trône et sa femme Zita de Bourbon-Parme sont appelés au chevet de François-Joseph : il se meurt. Il finit par rendre son dernier souffle au petit matin du 21 novembre 1916, à 86 ans après plus de 67 ans de règne, soit le plus long de l’histoire de l’Autriche. Il repose désormais à Vienne, dans la crypte des capucins, aux côtés de sa femme Elisabeth et de son fils Rodolphe. 

Ainsi, François-Joseph Ier reste incontestablement un des monarques qui a le plus marqué l’histoire de l’Empire d’Autriche. S’il n’a jamais réussi à trouver un équilibre entre sa vie personnelle et les responsabilités de l’État, ses relations familiales tumultueuses et les tragédies qu’il a vécues ont façonné sa personnalité, tandis que son rôle en tant que monarque a été guidé par une loyauté inébranlable envers l’Empire et ses sujets.

Sources :

– https://www.vanityfair.fr/savoir-vivre/article/veritable-histoire-sissi-la-face-cachee-de-francois-joseph-l-empereur-qui-aima-passionnement-sissi
– https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/tableaux/francois-joseph-a-cheval-1830-1916-empereur-dautriche/
– https://www.herodote.net/Amere_vieillesse-synthese-539.php
– https://www.lemonde.fr/m-moyen-format/article/2016/11/18/en-autriche-le-cote-obscur-de-francois-joseph-ier-enfin-devoile_5033620_4497271.html
– https://www.universalis.fr/encyclopedie/francois-joseph-ier/
– https://www.marianne.net/monde/la-mort-de-francois-joseph-sonne-le-glas-de-l-empire-des-habsbourg
– https://www.herodote.net/21_novembre_1916-evenement-19161121.php