Les jeux à la cour de Louis XIV
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Les jeux à la cour de Louis XIV, amusements propices aux intrigues

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Le règne de Louis XIV, qui s’étendit sur près de soixante-douze ans au XVIIe et XVIIe siècles, fut marqué par une extravagance, un raffinement et une opulence inégalés. Au cœur de cette splendeur se trouvaient luxe, faste, coquetteries, mais aussi jeux de cour, des divertissements servant à amuser la noblesse tout en renforçant le pouvoir du roi. Dans cet article, découvrons ensemble les jeux à la cour de Louis XIV. Comment ces activités ludiques ont-elles joué un rôle essentiel dans la politique, la culture et la vie sociale de l’époque, contribuant à forger la légende du Roi-Soleil et de sa cour ?

Les jeux à la cour de Louis XIV : un moyen de changer de vie ?

Les jeux à la cour de Louis XIV abandon étiquette
Jeu d’argent à Versailles par Antoine Trouvain, graveur Seconde chambre des appartements, vers 1694
©Bnf

Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, fameux auteur de ses mémoires, nous apprend beaucoup sur les usages à la cour du Roi-Soleil, notamment sur les jeux. Malgré l’aspect enfantin que certains pouvaient revêtir, la plupart sont à mises, c’est-à-dire qu’il faut parier une certaine somme d’argent pour pouvoir jouer. On ne faisait pas que jouer les après-dîners : on mangeait et buvait également, ce qui pouvait considérablement faire augmenter les dépenses en cas d’ivresse. Cette configuration du jeu a profité à certains mais a entrainé la chute de beaucoup de nobles de l’époque.

Le cas du marquis de Dangeau par exemple, montre que les jeux de cour pouvaient être un moyen de s’enrichir. Ce bon marquis a narré sa vie pendant 36 ans à la cour. On apprend dans ses mémoires qu’il avait une manière de jouer très plate, voire ennuyeuse, mais que cela lui permettait de gagner souvent et donc de s’enrichir considérablement. 

Les soirées d’appartement, des moments de divertissement où l’étiquette s’allège

courtisans
Le roi et ses courtisans par François Marot (1710)
© RMN – Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

La cour jouait de manière codifiée, lors des soirées d’appartement, qui avaient lieu d’octobre à la mi-avril. Mais ces codes étaient très légers comparés à l’étiquette stricte qui avait cours à Versailles. Ces soirées étaient un moyen de se détendre, de discuter, et de laisser quelque temps toutes les convenances au placard. Dans les mémoires de Saint-Simon, on apprend que le jeu favori du roi Louis XIV était le billard, alors que son frère appelé “Monsieur” affectionnait particulièrement le lansquenet.

Il nous apprend également que les soirées d’appartement duraient trois heures, de sept à dix heures du soir. Plusieurs pièces, du salon de Jupiter à la tribune de la grande Chapelle, étaient remplies de tables où chacun pouvait s’asseoir pour jouer aux cartes ou à tout autre jeux. Évidemment, si le roi avait une préférence pour un jeu à un moment, ses courtisans le remarquaient immédiatement et s’empressaient de se perfectionner et d’y jouer encore et encore pour lui plaire. 

Les différents jeux à la Cour de Louis XIV

On trouvait à Versailles lors des soirées d’appartement une multitude de jeux différents, dont certains se rapprochent des jeux de cartes que nous connaissons aujourd’hui. Jeux de hasard ou jeux d’adresse, découvrons-les !  

Le billard 

billard Louis XIV
©fédération française du billard

C’était donc le jeu préféré de Louis XIV, mais son apparition remonte au règne de Louis XI. La raison de son invention ? Le roi Louis XI souffrait d’un terrible mal de dos et voulait pouvoir jouer au croquet sans se baisser : le billard était né ! La manière dont jouaient à ce jeu les membres de la cour de Louis XIV diffère cependant des règles d’aujourd’hui. Il fallait lancer une boule dans un arceau pour faire tomber une quille. Si vous voulez voir à quoi ressemblait cette sorte de billard, rendez-vous au château de Chambord, ou un modèle semblable à celui qu’utilisait Louis XIV a été recréé. 

Colin Maillard

C’était un jeu qui faisait fureur à l’époque de Louis XIV et les règles n’ont pas changé aujourd’hui ! Il fallait bander les yeux de quelqu’un et le faire tourner sur lui-même. Les autres participants s’éloignaient alors et la personne qui avait les yeux bandés devaient toucher un des participants et trouver de qui il s’agissait pour prendre sa place. Comme vous le voyez, ce jeu n’a pas pris une ride aujourd’hui ! 

Le Pharaon 

Le jeu du Pharaon a pris son essor au Moyen-Âge. Il s’agissait de miser de l’argent sur des cartes gagnantes ou perdantes, un peu sur le même principe que la roulette que nous connaissons à ce jour. Si ce jeu permettait de s’enrichir, certains y ont pourtant laissé beaucoup de plumes : hasard ou stratégie, chacun sa technique pour parvenir à miser sur la bonne carte. 

Le Lansquenet 

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Estampe représentant des joueurs jouant au Lansquenet
©CC BY-SA 4.0

Le Lansquenet était un des jeux de cartes les plus populaires du XVIIᵉ siècle, et le jeu préféré du frère de Louis XIV, comme je vous l’ai expliqué précédemment. Ce jeu a fait polémique, car on pouvait y perdre des fortunes et il a régulièrement été interdit, avant de réapparaître sous une forme simplifiée au XIXᵉ siècle. Il fallait être entre 4 et 12 joueurs pour jouer au Lansquenet. Un joueur est désigné comme banquier, les autres sont appelés des coupeurs. Cet ancêtre du poker consistait à miser des jetons sur des cartes en prenant soin de défier la banque. Les règles étaient très compliquées et le jeu avait de multiples versions. 

Le Trictrac 

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Une table de Trictrac
©lemagazinedeproantic

Le Trictrac est également un jeu populaire au XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles. Deux joueurs devaient se placer autour d’une table avec un plateau de jeu qui ressemblait à celui du backgammon aujourd’hui. Les deux joueurs lançaient tour à tour des dés et devaient faire preuve de stratégie tout en jouant avec le hasard. Le but du jeu ? Marquer le plus de points possibles. De nombreuses tables de Trictrac nous sont parvenues intactes aujourd’hui et si vous voulez en voir une en vrai, rendez-vous au château de Montgeoffroy, dans le Maine-et-Loire par exemple ! 

Le Piquet

Le Piquet est sûrement un des jeux de cartes les plus anciens, car codifié dès 1631. La cour de Louis XIV y a joué assidûment, la preuve figurant dans une des pièces de Molière “Les fâcheux”, sorte de comédie-ballet dans lequel le piquet est décrit de long en large. Il se joue à deux, avec trente-deux cartes. Le but du jeu, dans cet ancêtre de la belote, est de mettre capot son adversaire en arrivant le premier à 100 points. 

Les jeux à la cour de Louis XIV, un moyen de tromper l’ennui ? 

Philippe d'Orléans
Portrait de Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV

Les témoignages de courtisans sur les soirées jeux à la cour sont nombreux. On apprend par exemple qu’il arrivait fréquemment au roi de payer les dettes de jeu de ses courtisans, son frère notamment qui pouvait perdre quelque 40 000 écus (l’équivalent de 2 600 000 euros) en une soirée ou les dettes de son fils le Dauphin. Ce don venu du souverain était surtout une manière d’asservir la cour à sa personne, de montrer qu’il était un monarque absolu. Il était également important de se montrer à toutes les soirées jeux, qui n’étaient pas toujours organisées par le roi.

En effet, il existait les jeux de la reine, les jeux de Monsieur, les jeux du Dauphin… On détestait l’ennui à la cour de Versailles, et ces soirées étaient un bon moyen de s’occuper. Comme à chaque époque, la cour connaît son lot de tricheurs, dont les noms vous rappellent sûrement quelque chose : le duc d’Antin (fils de Madame de Montespan), la duchesse de la Ferté et la princesse d’Harcourt sont catégorisées comme de très grands tricheurs. Les centaines de milliers d’écus perdus lors de ces soirées sont quelque chose de commun pour l’époque, comme le rappelle la Marquise de Sévigné dans ses mémoires : “5000 pistoles en un soir n’est rien; c’est un vrai coupe-gorge”. On perd, on perd, mais on trompe surtout l’ennui. 

Ainsi, Louis XIV (contrairement à son père Louis XIII, très strict sur les jeux d’argents qu’il avait interdits), a compris que les soirées d’appartement étaient un moyen efficace de rassembler ses courtisans autour de lui et ainsi d’empêcher qu’ils ne complotent contre sa personne. Les jeux à la cour de Louis XIV étaient un moyen de se montrer, d’échapper à l’étiquette stricte de la cour, mais aussi d’approcher le roi pour lui demander une faveur ou pour l’impressionner. Qu’on y perde des sommes folles avait peu d’importance, pourvu que sa Majesté ait été distraite

Sources :

  • http://jaimeleshistoiresdelhistoire.eklablog.com/le-jeu-a-la-cour-de-versailles-1682-1789-a104177052
  • https://histoiresroyales.fr/ces-anciens-jeux-pratiques-a-la-cour-de-versailles/:~:text=Au-delà%20des%20jeux%20plus,principe%20de%20la%20roulette%20moderne.
  • https://www.geo.fr/voyage/a-versailles-divertir-pour-mieux-gouverner-roi-louis-xiv-marie-antoinette-fetes-divertissement-165650
  • https://www.chartes.psl.eu/fr/positions-these/jeu-du-roi-jeu-reine-aux-xviie-xviiie-siecles
  • https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/5352-importance-jeu-cour.html