qui a gagné la Première Guerre mondiale
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Qui a gagné la Première Guerre mondiale ? Un bilan complexe et nuancé

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La Première Guerre mondiale, période célèbre de l’Histoire marquée par la guerre de tranchées, suscite de nombreuses interrogations encore plus d’un siècle après. Souvent qualifié de Guerre totale, ce conflit de grande ampleur a mobilisé un nombre démesuré d’individus, humains et animaux durant plus de quatre années interminables. Mais savez-vous réellement qui a gagné la Première Guerre mondiale, et quelles en sont les conséquences ?

Bref retour sur le conflit

La guerre de tranchées : un enlisement sans merci

Tranchée britannique pendant la Première Guerre mondiale
Tranchée britannique pendant la Première Guerre mondiale

La Première Guerre mondiale est issue d’un florilège de tensions en gradation constante entre pays d’Europe. Elle opposa deux coalitions, la Triple Entente (les alliés) et la Triple Alliance (empires allemand et austro-hongrois), qui ont entraîné rapidement plusieurs pays dans ce premier conflit mondial contemporain. Deux tactiques de combat purement opposées se sont mises en place : la guerre de mouvement, et la guerre de tranchées.

Cette dernière, aussi désignée guerre de positions, avait pour but de faire durer les combats sur une zone déterminée défendue par les deux ennemis, le front. Pour cela, prêts à défendre quelques mètres de territoire, les soldats furent condamnés à creuser des réseaux de tranchées. Les hommes n’ont plus de repères, ils s’abritent dans des niches à même la terre, ce qui a fait de ces hommes des bêtes, au sens animal du terme. L’homme n’a plus qu’une hygiène sommaire, l’insalubrité favorise l’apparition de nuisibles comme les rats et les poux. Les zones les plus touchées ne peuvent être approvisionnées en nourriture et en soins médicaux.


La bataille de Verdun débuta en février 1916 après un violent assaut des allemands de l’officier Falkenhayn, déterminés à pulvériser les positions françaises par leurs 1 200 canons. C’est un lieu très stratégique pour l’armée française, c’est pourquoi les ¾ des poilus ont combattu à Verdun.
Les tranchées sont plus profondes et solides grâce à l’utilisation de béton du côté allemand. Celles des britanniques et des français sont bien plus vétustes et peu praticables en période pluvieuse.
Comment poursuivre notre réflexion sans évoquer les millions d’animaux mobilisés aux services de l’homme. Ce sont des millions de chevaux, mules, pigeons et chiens qui ont été mobilisés de force dans le but de transporter, informer et soigner.

La bataille de la Somme : l’enfer britannique

Le mémorial britannique de Thiepval
Le mémorial de Thiepval rappelle les noms de 72 244 soldats britanniques disparus

Quand on évoque la Grande Guerre, la première bataille qui nous est évoquée est celle de Verdun. Or, elle est loin d’avoir été la plus meurtrière avec 700 000 blessés, morts et disparus. Dans un contexte de stabilisation du front d’Artois et de Champagne entre 1914 et 1915, une coopération franco-britannique a vu le jour dans le but de mener une grande offensive en 1916, même si les plans seront modifiés avec l’attaque de Verdun.

C’est donc la Somme qui accueillit cette bataille d’une violence inouïe, dès le 1er juillet 1916. Cette date est le jour le plus sanglant de l’histoire de l’armée britannique. Les allemands, équipés de leurs puissantes mitrailleuses MG 08, ont rapidement blessé ou tué plus de 57 000 britanniques, dont les ordres donnés étaient d’avancer en ligne en marchant. Leur équipement était inadéquat, l’artillerie n’a que peu touché les tranchées allemandes.

La bataille de la Somme aura tué ou blessé plus d’un million d’hommes des coalitions françaises, allemandes et britanniques, faisant ainsi la bataille la plus sanglante de la der des der. Rappelons que l’empire britannique était composé de plusieurs pays, en passant par l’Australie, le Canada, l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande entre autres.

Encore aujourd’hui, la mémoire de la bataille est vive, nombreux sont les britanniques ayant un aïeul ayant combattu dans la Somme. De nombreux mémoriaux et sites du souvenir sont aujourd’hui présents sur les champs de bataille.

Qui a gagné la Première Guerre mondiale : des traités de paix prometteurs ?

La Galerie des Glaces pour la signature du traité de Versailles
La signature du traité de Versailles le 28 juin 1919 dans la Galerie des Glaces

Sur le front Est, la reddition de la Russie est actée le 3 mars 1918 avec le traité de Brest-Litovsk permettant à l’Allemagne de se concentrer sur le front Ouest.

La fin de la guerre a été marquée par un ensemble d’accords et de traités signés entre les pays. L’armistice du 11 novembre 1918 signée dans un wagon au sein de la forêt de Compiègne, mais ne met pas pour autant fin à la guerre. C’est le traité de Versailles du 28 juin 1919 signé dans la Galerie des Glaces, non pas par hasard, qui met officiellement fin à la guerre entre les Alliés et l’Allemagne. Plus tard, le 10 septembre, la paix est signée à Saint-Germain-en-Laye entre l’Autriche et les Alliés.
L’empire austro-hongrois cesse alors d’exister après l’accord passé au Grand Trianon le 4 juin 1920. Mais ces accords n’ont été que le terreau de la Seconde Guerre mondiale.

Qui a gagné la Première Guerre mondiale : l’industrie

Une industrie de la mort qui a gagné la Première Guerre mondiale

Les "munitionnettes" : le femmes à l'usine - qui a gagné la première guerre mondiale
Les femmes ont grandement contribué à l’effort de guerre pendant le conflit

Qui a réellement gagné la Première Guerre mondiale ? Le grand nombre d’hommes mobilisés au front a causé l’abandon de leurs postes en ville, dans les exploitations familiales et dans les usines. Une seule option fut trouvée pour les remplacer : les femmes. Marquées par l’insoutenable absence de leurs frères et maris bien aimés, les femmes ont occupé bon nombre de postes toujours occupés par la gente masculine. La demande croissante de munitions dans une ère militaire contemporaine a obligé plusieurs usines françaises à consacrer l’intégralité de leurs productions à l’armement, l’équipement militaire et à l’artillerie. Ces postes sont occupés par les femmes, désignées comme “munitionnettes”. Il s’agit donc d’une fabrique de la mort, dans le but constant de créer de nouvelles armes destructrices pour éradiquer l’adversaire.

Les allemands furent les premiers à utiliser des obus à gaz moutarde en juillet 1917 à Ypres. Les premiers chars, appelés tanks chez les anglais, voient également le jour pendant le conflit. La bataille de Cambrai, fin 1917, fut la première où les Britanniques utilisèrent les chars d’assaut Mark IV.
Des canons de plus en plus puissants ont été développés pendant le conflit, l’aviation a également connu une rapide évolution.

La forte présence de l’industrie pendant le conflit a contribué aux horreurs de la guerre. Anatole France dira en 1922 “on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels”.

Les conséquences multiples de la guerre

Vestiges des combats de la Première Guerre mondiale
Les obus sont encore nombreux sur les champs de bataille

Si c’est l’industrie qui a gagné la Première Guerre mondiale, les conséquences de ce long conflit sont de plusieurs ordres. D’abord, elles sont de nature politique. Les différents traités signés ont conduit à de nouvelles frontières. Ce sont plusieurs empires qui ont cessé d’exister, comme celui d’Allemagne, d’Autriche Hongrie, et l’empire Ottoman. La Russie sombre dans la guerre civile en 1917. Le conflit a généré de lourdes pertes humaines, des villes entières sont à reconstruire, et la France réquisitionne de lourds moyens pour donner un souffle nouveau à ses nombreux territoires dévastés.

Les femmes ayant pris l’habitude de travailler en usines ont rapidement défendu leur cause, elles souhaitent désormais occuper les mêmes postes que les hommes revenus du front. Des maladies psychiques telles que l’obusite affolent certains soldats.

L’épidémie de grippe espagnole a fait des ravages dans les sociétés en fin de guerre, infectant près de 500 millions d’individus sur la planète.
Il reste encore de multiples traces de la guerre plus de cent ans après, les sols des champs de bataille sont jonchés de munitions et de ce que les soldats ont laissé derrière eux. Les dépouilles des milliers de soldats disparus reposent encore dans ces zones, on estime à 3 individus disparus par mètre carré sur les terres aujourd’hui cultivées de la Somme par exemple. Les spécialistes du déminage estiment que 7 siècles seront encore nécessaires pour retirer toutes les munitions dans les sols. Aujourd’hui encore, la guerre continue de faire des victimes, avec les munitions dangereuses que certains peuvent manipuler.
Les conséquences sont donc environnementales, les nombreux métaux comme le plomb sont présents par milliers de tonnes dans nos terres d’anciens champs de bataille.

Il s’agit désormais d’effectuer un travail de mémoire afin de faire perdurer le souvenir des valeureux soldats grâce auxquels nous devons notre liberté aujourd’hui (Lest we forget disent les britanniques). Des monuments aux morts sont érigés dans chaque village, des sites mémoriels permettent de conter l’Histoire de millions de braves gens.

Sources :
– Baratay, E. Bêtes de tranchées, des vécus oubliés, 2013.
– Bourlet, M. Verdun 1916, 2023.
– Denizot, A. La bataille de la Somme Juillet-novembre 1916, 2006.
– Guéno, J.-P. Paroles de Poilus, 2023.