bataille de la Somme
Anecdotes

La bataille de la Somme, la plus meurtrière de la Grande Guerre

Accueil » Anecdotes » La bataille de la Somme, la plus meurtrière de la Grande Guerre

Dans l’Histoire de la Grande Guerre, une bataille notable se distingue des autres, il ne s’agit pas de Verdun qui fut la plus tragique de l’armée française. La même année, une deuxième guerre de tranchées éclate sur les terres du département de la Somme, et un front s’installe pendant près de 140 jours. Retour sur la bataille de la Somme, la plus meurtrière de la Première Guerre mondiale.

La préparation de la bataille de la Somme

Artillerie lourde britannique
Artillerie lourde britannique

La bataille de Verdun et les autres batailles qui ont précédé ont déjà fait beaucoup de victimes. Le maréchal français Joseph Joffre a pour souhait de coopérer avec les Britanniques dans le but de mener une grande offensive au retour de la belle saison. En 1916, il faut attaquer les Empires centraux, c’est-à-dire l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, l’Empire Ottoman et la Bulgarie sur tous les fronts. Quand von Falkenhayn décide de lancer son opération Gericht sur Verdun, les Britanniques proposent leur aide à Joffre qui refuse, affirmant que les Français s’en sortiront sans leur appui.

La bataille de Verdun monopolise un nombre de poilus considérable, nombreux sont ceux hors d’état de combattre. C’est pourquoi les Britanniques sont les principaux belligérants de la Somme. Le front d’attaque est long de 40 kilomètres, réparti entre Albert et Roye. Les Français seront chargés de la partie sud du front, alors que les Britanniques seront plus au nord vers Bapaume. La date prévue pour l’offensive de la bataille de la Somme est fixée au 1er juillet.

Pourquoi mener une bataille sur la Somme ?

Le bois Delville de Longueval méconnaissable, et la tranchée allemande qui passe au centre
Le bois Delville de Longueval méconnaissable, et la tranchée allemande qui passe au centre

Le but de la bataille de la Somme est d’attaquer les troupes ennemies sur tous les fronts. Peu avant l’assaut, du côté allemand, il n’y a pas de grande crainte quant à une offensive de grande ampleur sur la Picardie. Le terrain est composé de craie, ce qui favorise les creusements de tranchées et d’abris souterrains. Cependant, les Allemands occupent principalement les hauteurs et lignes de crêtes principales. Mais la préparation se fait aussi dans les zones reculées du front principal, on construit des voies d’acheminement, des aérodromes, des écoles transformées en hôpitaux militaires à Corbie et Amiens…

L’arsenal militaire mobilisé pour la bataille de la Somme

Soldats français en mouvement pour la bataille de la Somme
Soldats français en mouvement

Les forces en présence pour la bataille de la Somme sont spectaculaires. Sont réquisitionnées pour la bataille de la Somme 14 divisions dans l’armée française commandée par Ferdinand Foch, 115 avions, 696 canons de campagne, 700 canons lourds, plus de 100 pièces d’artillerie lourde à grande puissance et plus de 1 000 mortiers de tranchée. Le tout alimenté par plus de 8 millions d’obus.

Les Britanniques de Douglas Haig sont 26 divisions de ligne appuyées par 4 divisions de cavalerie. Ils sont en possession de près de 900 canons de campagne et d’environ 500 pièces lourdes. Le tout complété par 185 avions.

L’armée britannique n’est pas composée que des troupes venues du Royaume-Uni. En effet, ce sont des milliers d’hommes partis en territoire inconnu qui sont venus de l’Australie, du Canada, la Nouvelle-Zélande, ou encore d’Afrique du Sud. La logistique de l’armement est prise en charge par le corps de travailleurs chinois, à la suite d’un traité signé entre le Royaume-Uni et la République de Chine.

Quant aux ennemis, ils disposent de 8 divisions de ligne et 13 de réserve, 454 canons de campagne et 390 canons lourds. L’aviation allemande est constituée de 129 appareils, l’ennemi est alors en infériorité en termes de matériel mobilisé lors de la bataille de la Somme.

1er juillet 1916 : le jour le plus sanglant de l’Histoire militaire britannique

Soldats britanniques sortant de leur tranchée
Soldats britanniques sortant de leur tranchée

La préparation d’artillerie de la bataille de la Somme

Ce jour où les Anglais sont partis bien confiants est devenu un massacre sans précédent dans l’Histoire du Commonwealth. La météo est alors calme, le temps est sec et l’offensive de la bataille de la Somme est prévue très tôt au matin. Les soldats anglais, appelés Tommies, sont dans leurs tranchées et attendent l’ordre d’attaquer. Le plan prévu est de bombarder intensément les lignes allemandes afin de pulvériser les tranchées, abris et barbelés ennemis, pendant que l’infanterie évoluera sur le no man’s land – cet espace vide entre les tranchées de première ligne des deux camps – pour prendre d’assaut ce qu’il restera en place. Les 2,5 millions de Tommies mobilisés depuis le début de la Grande Guerre n’ont aucune expérience remarquable. Depuis le 24 juin, l’artillerie bombarde sans cesse les lignes ennemies, laissant croire que le 1er juillet sera un jeu d’enfant.

L’assaut du jour-J

Carte de l'évolution du front de la Bataille de la Somme
Carte de l’évolution du front de la Bataille de la Somme

Dès l’aube du 1er juillet, des mines explosent à des points stratégiques du front allemand. C’est le cas de la Boisselle, où 27 tonnes d’explosifs ont laissé place à un cratère de 100 m de diamètre et de 30 m de profondeur, qu’il est aujourd’hui possible de visiter. Ensuite, à 7 h 30, une première vague de 120 000 soldats d’infanterie sort des tranchées au son du sifflet des officiers. L’ordre est donné de marcher en ligne, sans courir pour ne pas se disperser, en direction du front adverse, que l’on pensait anéanti par les bombardements.

L’échec de la stratégie britannique

Des soldats britanniques dans leur tranchée avec leur masque à gaz
Des soldats britanniques dans leur tranchée avec leur masque à gaz

Mais il s’avère qu’une partie des obus n’a pas explosé ou n’a pas fait les dégâts souhaités. Les obus à shrapnells n’ont pas déchiqueté les barbelés, et le réseau de tranchées allemand s’est montré beaucoup plus préparé, fait de béton et à une profondeur plus importante. Des casemates souterraines ont permis aux Allemands de s’abriter du feu anglais, voyant maintenant les Anglais en ligne face à eux, ils n’ont plus qu’à tirer avec leurs mitrailleuses de 500 coups par minute. Plusieurs bataillons sont décimés, comme le 1er bataillon de Terre-Neuve, qui perd 801 des 865 soldats engagés ce 1er juillet. Mais certains Tommies, en faible nombre, parviennent tout de même à atteindre les lignes ennemies, intactes, mais doivent rebrousser chemin.

Sur cette seule journée, le Commonwealth a perdu près de 60 000 hommes dont plus de 19 000 ont été tués.

Des offensives multiples

Soldats britanniques menant un assaut de la bataille de la Somme
Soldats britanniques menant un assaut

A la suite de cette boucherie du 1er juillet, les Britanniques poursuivent tout de même leurs conquêtes en menant plusieurs offensives, leur permettant de prendre des points stratégiques comme Mametz ou La Boisselle. 100 000 soldats perdent la vie sur les 10 premiers jours de combats. Du 14 juillet au 3 septembre, de violents affrontements ont lieu pour s’emparer du bois Delville de Longueval, dans une alternance d’attaques et de contre-attaques, les Allemands en seront finalement défaits.
Du côté des offensives françaises, les combats s’avèrent plus fructueux avec des gains de plusieurs kilomètres de front.


Le carnage que les Français subissent en même temps à Verdun évolue, les Allemands déplacent 13 de leurs divisions vers la Somme, soulageant considérablement les poilus en détresse dans la Meuse.
En septembre, d’autres attaques franco-britanniques ont lieu dans un contexte météorologique défavorable aux manœuvres militaires.


L’arrivée des premiers chars d’assaut Mark I britanniques le 15 septembre leur permet de prendre la possession de plusieurs secteurs, comme Courcelette ou Martinpuich. La bataille de la Somme s’enlise, laissant place à de violents affrontements entre Anglais, Français et Allemands. Les Britanniques contrôlent la vallée de l’Ancre en novembre, puis les conditions climatiques ne permettent plus de mener de nouvelles offensives. La fin de la bataille est actée le 18 décembre par le renoncement aux attaques prévues par Haig et Joffre.

Le lourd bilan de la bataille de la Somme

Au cœur d'une tranchée britannique de la bataille de la Somme
Au cœur d’une tranchée britannique

Cette bataille d’usure a permis de gagner 12 km au nord et 8 km au sud en ces 5 mois de combats. Le lourd bilan humain caractérise l’horreur vécue dans la Somme en cette année 1916. En effet, la bataille de la Somme aura coûté la vie à 170 000 allemands, 206 000 britanniques et 67 000 français. Plus de 72 000 soldats britanniques disparus reposent encore dans les terres de la Somme, aujourd’hui en partie destinées à l’agriculture, a contrario de Verdun où l’essentiel des zones de combats a été classé en zone rouge.

Le souvenir d’une bataille oubliée des Français

Le cimetière britannique de Pozières
Le cimetière britannique de Pozières rassemble les tombes de 2 756 soldats britanniques et le mémorial en honore 14 000

L’hécatombe vécue dans la Somme a vite été oubliée dans la mémoire collective française. C’est Verdun qui occupe toutes les mémoires, alors qu’elle fut moins dévastatrice que la Somme. Cependant, de l’autre côté de la Manche, le souvenir est encore bien présent. Nombreux sont les descendants de Tommies tombés lors de la bataille qui viennent commémorer leurs aïeux dans différents sites de mémoire. Un circuit du souvenir a été créé pour permettre la visite des principaux lieux commémoratifs : Beaumont-Hamel, Thiepval, La Boisselle et Pozières en font partie. Il existe également de très nombreux cimetières qui rappellent que la bataille n’a pas tué qu’une simple poignée de soldats, autant pour les Alliés que pour les ennemis.

Sur les bordures des champs, il n’est pas rare de croiser des amoncellements d’engins explosifs non explosés, laissant ainsi 7 siècles de travail aux services de déminage pour en venir à bout avec ces témoins de la bataille.

Sources :

Denizot, A, La bataille de la Somme, 2006.
– Miquel, P, Les oubliés de la Somme, 2019.