bataille de Verdun
Anecdotes

Bataille de Verdun, le cauchemar qui a changé la guerre

Accueil » Anecdotes » Bataille de Verdun, le cauchemar qui a changé la guerre

Parmi les plus célèbres batailles de l’Histoire militaire contemporaine, il y en a une qui continue de faire parler d’elle dans les livres d’Histoire. La bataille de Verdun est un douloureux souvenir pour l’armée française qui s’est démarquée par la bravoure et le courage de centaines de milliers de poilus entre le 21 février et le 18 décembre 1916, mais pour quelles raisons ? Je vous en dis plus sur la bataille de Verdun, le cauchemar qui a changé la guerre.

Un contexte sous tensions

De la guerre de mouvement à la guerre de positions

La guerre de mouvement qui prenait place au début de la guerre a cessé pour donner place à une guerre de positions, ou guerre de tranchées, et ce depuis fin 1914 avec la bataille de la Marne. La guerre est dite totale puisqu’elle mobilise à l’arrière une main d’œuvre réquisitionnée parmi les civils et l’industrie. Les économies des principaux pays en guerre souffrent considérablement, c’est le cas de l’Allemagne et de la France. Les succès allemands du général von Falkenhayn sur le front russe permettent à ses troupes de se concentrer sur l’ouest et mener une guerre d’usure au même titre que les autres belligérants.

Pourquoi la bataille de Verdun ? Les origines

Carte de la bataille de Verdun
Carte de la bataille de Verdun

Les choix se précisent pour les Allemands sur le point d’achever leur ennemi français par l’usure morale et matérielle. Le maréchal Joffre quant à lui prépare une offensive visant à percer les lignes allemandes grâce à une artillerie et à une infanterie en nombre. C’est cette attaque que l’on trouvera dès juillet 1916 sur le front de la bataille de la Somme avec l’aide massive des Britanniques pour permettre un soulagement des combats de Verdun.

L’objectif de von Falkenhayn est d’anéantir la France, il disait que “les forces de la France seront saignées à mort”, pour cela, il veut mener une bataille imminente qui prendrait par surprise les troupes françaises.

Les préparatifs de la bataille

Batterie de canons allemands de la bataille de Verdun
Batterie de canons allemands

Le choix de l’espace où se déroule la bataille n’est pas fait au hasard. En effet, la zone de Verdun présente plusieurs caractéristiques stratégiques qui sont chères aux français. La proximité d’usines d’obus et d’un réseau ferroviaire est primordiale pour mener une bataille de grande envergure. De plus, les lieux présentent des conditions géographiques idéales pour engager un faible nombre d’hommes. Mais la ville de Verdun est un haut lieu de l’Histoire de France qui nous fait remonter au Moyen Âge avec un traité du neuvième siècle divisant l’empire de Charlemagne. Enfin, Verdun est défendue par 34 forts tombés en désuétude et démunis de leurs canons.

Cependant, nombreuses sont les informations remontant aux services français au sujet de grands mouvements de troupes allemandes se préparant à une grande attaque sur Verdun. Mais Joffre est trop concentré sur sa préparation des combats sur la Somme pour s’en rendre compte à temps. Notons que le secteur est très mal desservi pour le ravitaillement et le passage du matériel lourd.

Le plan de Falkenhayn est donc mis à exécution, la stratégie utilisée est celle du bombardement continu des zones de défense de Verdun. C’est ainsi que 1 200 canons de tous calibres, 2,5 millions d’obus et plus de 1,2 million de soldats sont déployés pour cette opération Gericht, qui signifie le jugement pour les Allemands, que l’on nomme chez les Français Bataille de Verdun.

Au cœur de la bataille la plus célèbre de la Grande Guerre

Les premières heures de la bataille de Verdun

Soldats allemands en action
Des soldats allemands en action dans une tranchée : casques M16, grenade à manche, caisse de munitions, mitrailleuse MG08, casque français Adrian (à droite)

Le 21 février 1916, dès 7 h 15 du matin, c’est le déluge. Un ensemble de 800 canons bombarde sans cesse les tranchées françaises jusqu’en fin d’après-midi. La bataille de Verdun commence. Au bois des Caures, c’est une pluie de 80 000 obus qui a déferlé en ce seul jour du 21 février. Ensuite, ce sont environ 60 000 soldats allemands qui passent à l’action en ce dit bois, pensant tomber sur des troupes françaises anéanties. Les 3e, 7e et 18ᵉ corps d’armée alors dans une lente progression, permettent l’installation des systèmes d’artillerie français. Tout est réduit à néant, les bois laissent place à des paysages lunaires, nous ne sommes que le 22 février et 2 millions d’obus sont déjà tombés sur les positions françaises. L’un des forts emblématiques de la bataille, Douaumont, est pris par l’ennemi le 25 février. Il n’est qu’à 5 kilomètres de Verdun, mettant les Allemands dans une position favorable.

Toutefois, ces derniers ne crient pas victoire trop vite. Des groupes de poilus résistent bravement et freinent l’avancée des occupants, créant un véritable front.

La réponse des troupes françaises

Des poilus dans leur tranchée à Verdun
Des poilus dans leur tranchée à Verdun

Le colonel Pétain et la deuxième armée qu’il commande sont envoyés par Joffre sur place le 24 février. La stratégie change, les forts retrouvent des canons et l’artillerie est renforcée. Un système de rotation est mis en place, les soldats passent 4 jours en première ligne, puis la même durée dans les autres lignes, avant d’aller à l’arrière du front dans les villages. En l’espace de cinq mois, ce sont 70 des 95 divisions de l’armée française qui participent à la bataille de Verdun.

La Voie sacrée, un pivot dans la tournure des combats

Bataille de Verdun, la Voie Sacrée en 1916
La Voie Sacrée en 1916

Après avoir réorganisé les troupes, Pétain met en place un système de ravitaillement unique, c’est la Voie sacrée. Elle est une artère vitale pour le transport de matériel et de troupes, permettant la liaison entre le front et l’arrière. En effet, ce sont 90 000 hommes et 50 000 tonnes de munitions qui l’ont empruntée chaque semaine d’été 1916. Tout est fait pour mener à bien le balai incessant des camions, de l’entretien de la voie jusqu’à sa protection menée par des chasseurs de l’aviation française.

L’avenir de la bataille de Verdun

Signalisation d'un soldat français mort, enterré à la hâte
Signalisation d’un soldat français mort, enterré à la hâte

Une fois la stratégie française en place, plusieurs “batailles dans la bataille” ont lieu, comme celle du Mort-Homme du 6 au 15 mars, où le paysage devient méconnaissable. Mais c’est grâce aux systèmes fortifiés de Souville, Thiaumont et Froideterre que les Français gardent le contrôle de la ville de Verdun. Les combats furent si violents que 6 villages sont rayés de la carte – c’est le cas de Fleury-devant-Douaumont repris à 16 fois – alors déclarés “morts pour la France ».

Les offensives allemandes qui suivent sont stoppées par les Français, par des effectifs renforcés à plus de 520 000 poilus sur place en avril. Dès le 1er mai, le général Pétain est remplacé par Nivelle qui envoie Mangin reprendre le fort de Douaumont.

La rive droite de la Meuse est sous la domination allemande, une garnison française de 600 hommes occupant le fort de Vaux est réduite à zéro après d’intenses combats et une absence de vivres au début du mois de juin.

Verdun, une victoire française ?

Des soldats français dans un vois dévasté lors de la bataille de Verdun
Des soldats français dans un vois dévasté

Dès le début du mois de juillet, plusieurs zones de combats simultanées sur la Somme, la Slovénie et le front oriental obligent les Allemands à envoyer des troupes et matériels d’artillerie hors de Verdun. L’attaque de la dernière chance allemande a lieu le 11 juillet pour prendre le fort de Souville, alors à trois kilomètres de Verdun. Mais le lendemain, les ennemis sont repoussés du fort, Falkenhayn démissionne le 26 août. Du 21 au 24 octobre, les positions allemandes sont pilonnées, permettant la reprise du fort de Douaumont et la capture de 6 000 Allemands. Le 21 décembre, les positions stratégiques occupées sont reprises par les Français. La bataille prend fin.

Après 10 mois de violents combats, on peut considérer la bataille de Verdun comme une victoire française à la Pyrrhus.

L’enfer de la bataille de Verdun, le lourd bilan

Quelles conséquences après 10 mois de bataille ?

Vue aérienne de la butte de Vauquois
Vue aérienne de la butte de Vauquois

La bataille de Verdun, non pas la plus meurtrière de la Grande Guerre, est tout de même la plus terrible pour les Français. On compte plus de 160 000 poilus tués, 216 000 blessés et 100 000 disparus. Quant aux allemands, ce sont 143 000 tués et 200 000 blessés. La bataille de Verdun est le théâtre d’environ 50 millions d’obus (soit six par mètre carré), un quart n’ayant pas explosé, et 2 millions tirés par les Allemands le seul jour du 21 février 1916.

Cette guerre de tranchées, hautement symbolique par sa violence inouïe, n’a pas permis de gagner des territoires, mais est devenue le symbole de la résistance française et de la tactique militaire.

Transmettre l’héritage de la bataille de Verdun

L'ossuaire de Douaumont
L’ossuaire de Douaumont abrite les restes de 130 000 soldats français et allemands inconnus, la nécropole nationale rassemble 16 142 tombes de poilus

Aujourd’hui, soit plus de 107 ans après la bataille de Verdun, la douleur reste vive dans la mémoire des descendants de poilus, à savoir des millions de personnes. En effet, c’est presque l’intégralité des effectifs français qui y a combattu, et les pertes sont bien plus élevées aux dires de certaines sources. Cela fait de Verdun un élément de la gloire patriotique française, mais le souvenir doit être honoré pour les deux camps qui sont tous deux sortis meurtris des combats de Verdun.

Plusieurs mémoriaux et sites du souvenir font perdurer cette mémoire sur les zones de combats. Néanmoins, le secteur rendu dangereux par les millions d’engins explosifs encore actifs, a été classé en zone rouge dès 1919 et au même titre que 120 000 hectares de champs de bataille en France. Le patrimoine de la bataille est varié, outre les sites mémoriels, évoquons la labellisation de ce champ de bataille, une “forêt d’exception” abritant une riche biodiversité ayant conquis ces lieux meurtris.