Massacre de la Saint-Barthélémy header
Anecdotes

Le massacre de la Saint-Barthélémy, sombre chapitre de l’Histoire de France

Accueil » Anecdotes » Le massacre de la Saint-Barthélémy, sombre chapitre de l’Histoire de France

Si les guerres ont souvent jalonné l’histoire de France au fil des siècles, le massacre de la Saint-Barthélémy reste dans les mémoires françaises comme l’apothéose de l’horreur, et pour cause : il n’illustre pas l’affrontement d’un pays contre un autre, mais les conséquences d’une guerre de religion interne, entre les catholiques et les protestants, qui a mené à la mort entre 10 000 et 30 000 personnes dans la France entière. Carnet d’Histoire vous raconte le déroulement de cette tuerie.  

Le massacre de la Saint-Barthélémy : un contexte anxiogène 

Massacre de la Saint-Barthélémy 2

Le massacre de la Saint-Barthélémy est le massacre de milliers de protestants par les catholiques, à Paris puis en province, dans la nuit du 24 août 1572. Il est le résultat de plusieurs faits, aussi bien économiques que politiques. C’est également une conséquence des tensions politiques internationales, notamment entre le royaume de France et le royaume d’Espagne. Trois facteurs majeurs peuvent être identifiés :

la paix de Saint-Germain en Laye
le mariage d’Henri III de Navarre avec Marguerite de France
la tentative d’assassinat de l’amiral Coligny

La paix de Saint Germain en Laye

La paix de Saint Germain en Laye met fin à trois ans de guerres civiles entre les catholiques et les protestants, mais n’est qu’un leurre : les catholiques ne l’approuvent pas du tout et ne comprennent pas le retour à la cour de France des protestants. Catherine de Médicis, qui assure une forme de régence à l’époque,  est à ce moment-là fervente défenseuse de la paix : elle insiste auprès de son fils Charles IX pour faire revenir Gaspard de Coligny, chef des protestants au Conseil royal. 

Un mariage qui ne plaît pas à tout le monde 

Masssacre de la Saint-Barthélémy mariage Henri iv
Mariage d’Henri III de Navarre et de Marguerite de Valois

Pour continuer l’oeuvre de paix et montrer sa bonne foi aux protestants, Catherine de Médicis ne s’arrête pas là, ambitionnant de marier sa fille Marguerite de Valois avec Henri III de Navarre, le futur Henri IV,  un protestant. Le mariage doit avoir lieu en mai 1572, mais suite au décès de Jeanne d’Albret, mère d’Henri, il est décalé au mois d’août 1572. Il est vu d’un mauvais oeil par tout le monde : les protestants, les catholiques mais surtout le Pape, qui exige qu’Henri se convertisse avant l’union. Philippe II roi d’Espagne, complète la liste des opposants à ce mariage. 

Paris sous tension  

Le mariage est célébré le 18 août 1572, et sont conviés tous les nobles du royaume, protestants ou catholiques, afin de donner l’illusion d’une entente. Henri III de Navarre arrive à Paris, escorté par bon nombre de princes protestants. Problème : Paris est une ville profondément anti-protestante et est déjà sous tension du fait des mauvaises récoltes des années passées, de la hausse des prix et de l’augmentation constante de la pauvreté. Voir arriver un prince et sa cour parés d’habits luxueux, qui étale ses richesses et qui est qui plus est protestant décuple sa fureur

Pour couronner le tout, la cour de France est elle-même sujette à de grandes tensions : le Pape n’a pas approuvé l’Union des deux jeunes gens, et les membres éminents de l’Eglise catholique française hésitent donc sur la conduite à adopter. Heureusement Catherine de Medicis a plus d’un tour dans son sac : elle réussit à convaincre Charles Ier de Bourbon, archevêque de Rouen, de procéder au mariage. Malgré cela, le vase est prêt à déborder

Une tentative d’assassinat qui met le feu aux poudres 

Le massacre de la saint-barthélémy Gaspard de Coligny
Portait de Gaspard II de Coligny

C’est l’événement qui met le feu au poudre : le 22 août 1572, Gaspard de Coligny, chef de fil des protestant et membre du conseil royal, manque d’être assassiné par une arquebuse alors qu’il sort du Louvre. On attribue ce geste à un certain Maurevert, mais personne ne peut authentifier que c’est bien le tireur.

Coligny est sérieusement amoché : il a l’index de la main droit arraché et le bras gauche détruit par une balle qui y restera toute sa vie. Les soupçons s’orientent alors vers Catherine de Médicis qui aurait voulu saboter le processus de paix. Pourquoi ? Car Gaspard de Coligny aurait acquis trop d’influence sur le jeune roi de France Charles IX, ce qui aurait rendu sa mère jalouse.

Mais deux autres pistes semblent plus probables : la famille de Guise pourrait être l’instigatrice de cette tentative, pour avoir voulu venger la mort de François, duc de Guise, soi-disant ordonnée par Coligny. Deuxième piste : le duc d’Albe, gouverneur des Pays-Bas qui aurait agit au nom du roi d’Espagne Philippe II. Celui-ci n’aurait pas apprécié que Coligny veuille envoyer des troupes aux Pays-Bas pour libérer le pays de la domination espagnole. 

Le massacre de la Saint-Barthélemy : une boucherie sanguinaire 

photo 1

La tentative d’assassinat de l’Amiral de Coligny est la goutte de trop : les protestants s’élèvent en masse contre cet acte abject visant à éliminer leur chef : ils veulent une vengeance. Henri de Navarre tente d’apaiser les tensions en se rendant au chevet de Coligny et en lui promettant justice : c’est un échec et les Guise en profite pour s’éloigner de Paris, laissant Catherine de Médicis et son fils perplexes. Le soir du 23 août 1572, une réunion extraordinaire a lieu au Louvre, réunissant le duc d’Anjou, le duc de Nevers, René de Birague, le garde des Sceaux, le maréchal de Tavannes et le baron de Retz. Ensemble, ils prennent la décision d’une justice extraordinaire en éliminant les chefs protestants mais en épargnant Henri III de Navarre et le prince de Condé. 

Le massacre de la Saint-Barthélémy : un premier affrontement

assassinat Coligny
Assassinat de Gaspard II de Coligny

Suite à ce conseil, les autorités municipales de la ville de Paris sont convoquées : elles reçoivent l’ordre de fermer les portes de la ville et d’armer la classe bourgeoise. Le duc de Guise et le duc d’Aumale sont nommés chefs des opérations. Premier fait notable : Coligny est tiré de son lit, achevé et jeté par la fenêtre. Les nobles protestants qui logent au Louvre sont évacués et massacrés dans les rues. On les dénude ensuite, les traîne accrochés à des chevaux et leurs corps méconnaissables finissent par être jetés dans la Seine. Le commando mené par le duc de Guise s’attaque ensuite aux chefs qui logent sur le faubourg Saint-Germain : certains parviennent tout de même à s’enfuir avant que les portes de la ville ne soient définitivement fermées. 

Le massacre de la Saint-Barthélémy : un deuxième affrontement

Le massacre de la Saint-Barthélémy Catherine de Médicis
Catherine de Médicis contemple un charnier

Au cours de la nuit, le massacre prend une autre tournure : on assassine tout le monde, pourvu qu’il soit protestant : enfants, femmes, vieillards, jeunes hommes, nobles, pauvres ou bourgeois. Cette boucherie dure plusieurs jours, malgré quelques tentatives infructueuses du roi Charles IX, l’un des enfants de Catherine de Médicis, pour faire stopper le massacre. On fouille les moindres recoins de Paris et on assassine aussi les catholiques qui cachent chez eux des protestants. 

Dès le matin du 24 août 1572, le roi ordonne en vain l’arrêt du massacre. Il prend différentes mesures pour rétablir l’ordre et tenter vainement de protéger la vie des gens menacés. Le roi envoie notamment le duc de Guise et le duc de Nevers protéger les protestants bénéficiant d’un statut ou d’un rang particulier. Il tient enfin, le 26 août un lit de justice où il endosse la responsabilité de cette tuerie

Les villes de Province déclenchent malheureusement, en réaction en chaîne, leurs propres massacres tour à tour : Orléans, Maux, la Charité sur Loire, Bourges, Bordeaux, Troyes, Rouen, Albi… Au total, le nombre de morts est estimé à 3 000 à Paris, et de 5 000 à 10 000 dans toute la France, voire 30 000.

La réaction des cours européennes

Philippe II
Portait de Philippe II d’Espagne

Ce sont les écrits de Charles IX lui-même qui nous permettent de connaître la réaction des cours d’Europe au massacre de la Saint-Barthélémy. Il affirme aux dirigeants étrangers que cette tuerie est dûe à une vendetta entre les familles de Guise et Châtillon, puis que c’est finalement une sanction nécessaire face à un complot dirigé contre lui. C’est cette thèse qui sera acceptée par l’ensemble de l’Europe et par le Pape, qui fait dire des “ Te deum” pour saluer sa décision. Philippe II d’Espagne déclare que c’est “le plus beau jour de sa vie”. Elisabeth Ière d’Angleterre est d’abord réticente à cette explication fumeuse et décide de prendre le deuil, avant d’accepter cette théorie, par raisons politiques et diplomatiques. 

Maximilien II, archiduc d’Autriche, est le seul à déplorer cet acte de barbarie, estimant qu’il est inqualifiable de régler un conflit religieux par les armes. 

Les conséquences du massacre de la Saint-Barthélemy 

Charles IX et Catherine de Médicis entendent laisser la liberté de conscience aux protestants et leur rendre justice pour les pillages dont ils ont été victimes, mais sous la pression des catholiques et dans l’espoir de rétablir rapidement un semblant d’unité de la foi, ils font interdire l’exercice de leur culte.Le traité de Saint-Germain est déclaré caduc. 

L’accès à l’emploi devient interdit aux protestants, Henri III de Navarre renie le protestantisme le 26 septembre 1572. Les conversions sont forcées sous peine de mort, et jusqu’à la fin de l’année 1572, beaucoup de protestants décident de quitter la France. Le massacre de la Saint-Barthélemy suscite également une remise en cause radicale du pouvoir royal. Certains pensent que le pouvoir du roi doit être limité, pour éviter de nouvelles folies meurtrières. De nombreux mouvements se créent, notamment la conjuration des Malcontents en 1574. 

Le massacre de la Saint-Barthélémy n’a cependant pas eu l’effet escompté : une fois au pouvoir, Henri de Navarre, qui devient Henri IV, roi de France fait promulguer l’Edit de Nantes, qui rétablit la liberté de culte au sein du royaume de France. Cette paix religieuse tiendra jusqu’à ce que Louis XIV ne vienne y mettre un terme, le 18 octobre 1685