Personnages historiques

Charles IX, le roi de France au tragique destin

Charles IX est dans l’Histoire le roi responsable du massacre de la Saint-Barthélemy, cet événement tragique qui causa la mort de plusieurs milliers de protestants. Mais ce jeune homme, devenu roi à seulement 10 ans, n’a-t-il pas été manipulé ? Quelle est la véritable personnalité de ce roi de France ? Je vous emmène à la découverte de Charles IX, roi de France de la dynastie des Valois-Angoulême.

Charles IX, un enfant loin du pouvoir royal

Charles-Maximilien, fils du roi Henri II et Catherine de Médicis

Charles IX enfant
Portrait de Charles IX enfant par François Clouet

Cinquième des enfants de Catherine de Médicis et du roi de France Henri II, Charles IX voit le jour le 27 juin 1550 au Château de Saint-Germain-en-Laye. Baptisé Charles-Maximilien, le futur Charles IX n’est en rien destiné à gouverner le Royaume de France.

Son père Henri II, fils de François Ier, gouverne la France depuis 1547. Mais en 1559, alors que le Souverain participe à une partie de joute lors d’un tournoi, il reçoit un éclat de bois dans l’œil. En quelques jours, le père du futur Charles IX meurt dans d’atroces souffrances. Son successeur n’est autre que son fils aîné, le jeune François II. Le jeune roi, de santé fragile, gouverne la France pendant moins de deux ans. Il meurt à 16 ans seulement. C’est dans un contexte tragique, et politiquement instable que Charles IX accède au trône, à 10 ans seulement.

Les frères et soeurs de Charles IX

Catherine de Médicis enfants

Charles-Maximilien passe son enfance aux côtés de ses frères et sœurs, dans une Maison qui leur est dédiée. Ses frères et soeurs sont :

  • Elizabeth ,future reine d’Espagne
  • Claude Alexandre-Edouard, futur Henri III
  • Marguerite, future Reine Margot
  • Hercule, le Duc d’Alençon

Les enfants royaux ont à leur service plus de 500 serviteurs, qui les suivent d’une résidence royale à une autre. Catherine de Médicis, selon la coutume, ne peut pas assumer un véritable rôle de mère. Elle montre toutefois une véritable compassion et la recherche du bien-être pour chacun de ses enfants. Elle veillera à les mener au devant de la scène politique. C’est ainsi qu’à la mort de son fils François II, elle prend les rênes du royaume durant la minorité de Charles IX.

L’enfant devient roi de France

C’est en 1560 que Charles-Maximilien accède au trône de France, suite au règne éphémère de son frère François II. Le nouveau roi de France, Charles IX, n’est âgé que de 10 ans. Mais le jeune roi est encore trop jeune pour régner seul sur le royaume, sa majorité étant fixée à 14 ans.

C’est sa mère Catherine de Médicis qui est désignée pour prendre la régence de la couronne. La toscane, jusqu’à présent écartée des décisions importantes, se révèle être une personnalité politique redoutable. Pendant cette période de régence, la mère de Charles IX évince les potentiels ennemis de son fils le roi, et doit gérer les guerres de Religion qui apparaissent entre Catholiques et Protestants.

Charles est sacré Roi de France à Reims en 1561. Le 17 août 1563, un lit de justice se tient à Rouen pour déclarer la majorité de Charles IX. Cette date marque le début du règne du roi Charles IX en tant que tel.

La reine-mère Catherine de Médicis s’impose sur la scène du pouvoir royal

catherine de médicis
La reine Catherine de Médicis par François Clouet

Même s’il tient maintenant les pleins pouvoirs de la couronne de France, il ne peut se passer de sa mère, qui tient une place trop importante dans la gouvernance du royaume. Même si elle se démet de la Régence, Catherine de Médicis affirme sa pleine autorité.

Charles IX est exposé au peuple de France avec tous les attributs du monarque, mais tous savent que les décisions ne sont pas prises par lui. Le jeune roi de France évolue dans l’ombre d’une reine-mère particulièrement imposante, et au caractère bien trempé.

Politique et guerres de religion : le règne mouvementé de Charles IX

Un royaume en proie aux conflits

Depuis l’avènement au pouvoir de Charles IX, les tensions politiques s’accentuent. La cause : les conflits religieux entre catholiques et protestants. Ces révoltes sont menées par François de Guise et Condé.

Avec l’édit d’Amboise qui établit la tolérance religieuse, la mère de Charles IX espère apaiser les tensions. Mais il n’en est rien ! Charles IX prend les rênes du pouvoir dans un climat tendu, prêt à s’embraser à tout instant.

Le massacre de Wassy

Massacre de Wassy
Massacre de Wassy gravure de Franz Hogenberg, fin du XVIe siècle.

Le 1er mars 1562, un évènement vient déclencher ce brasier. A Wassy en Champagne, des huguenots rassemblés pour prêcher sont attaqués par un groupe d’hommes armés, menés par François de Guise, futur meneur des catholiques.

Cette attaque fait 200 victimes, dont 74 morts. Il faut peu de temps pour que les protestants ripostent, se révoltant à travers tout le pays. Le massacre de Wassy marque le début de la première guerre de religion.

La première guerre de religion

La paix même fragile du Royaume du roi Charles IX n’existe plus. Le jeune Souverain doit faire face à une série de révoltes. Les guerres de religion se succèdent. Même la puissante Catherine de Médicis ne trouve aucun moyen d’éteindre le feu de la guerre. En plus des guerres et des révoltes, le pays doit faire face à un grand mal qui frappe la population : la famine ! Le royaume de France est au plus mal, et Charles IX ne trouve pas en lui les capacités pour rétablir la paix.

Le 27 septembre 1567, Charles IX échappe de peu à une tentative d’enlèvement de la part du prince de Condé, le meneur du parti protestant français, qui juge l’entourage du roi trop catholique. Charles, qui n’est âgé que de 17 ans, doit fuir avec sa mère jusqu’à Paris.

Une tentative de paix qui échoue

Le pouvoir royal est lassé de toutes ces révoltes. C’est pourquoi, un accord de paix est signé à Longjumeau le 23 mars 1568. Mais cette paix reste éphémère et très illusoire. Une troisième guerre de religion débute, cette fois-ci avec des armées très bien organisées de part et d’autre.

Les huguenots parviennent même à menacer Paris, où se trouvent le roi Charles IX et sa mère. Le 8 août 1570, un nouvel accord de paix est signé, à Saint-Germain. Elle reflète une véritable lassitude de chaque côté. Grâce à cet accord, les protestants obtiennent une plus grande liberté de culte.

Le mariage de la Reine Margot et Henri de Navarre

Pour concrétiser cette coexistence, Charles IX marie sa sœur Marguerite à Henri de Navarre, le nouveau chef du parti huguenot. Cette union scelle le destin de la Reine Margot au futur Henri IV. Mais ce mariage d’une princesse catholique à un protestant, a l’effet inverse de celui souhaité.

Les catholiques n’acceptent pas qu’un homme protestant intègre la famille royale. C’est le point de rupture, et surtout le déclenchement d’un événement tragique : la Saint-Barthélémy.

La Saint Barthélémy, événement tragique du règne de Charles IX

massacre de la Saint-Barthélemy
massacre de la Saint Barthelemy par François Dubois

Quelques jours après le mariage de Marguerite à Henri de Navarre, les révoltes sont à leur apogée, menaçant grandement le royaume de France. Pour sauver le peu de paix qu’il reste dans le royaume, la reine Catherine de Médicis décide de se retourner contre les protestants.

Le 24 août 1572, elle ordonne le massacre des protestants. Dans la nuit du 24 au 25 août 1572, plus de 30 000 protestants sont massacrés par les catholiques, qui s’en donnent à cœur joie. Coligny, chef du parti, est égorgé dans son lit et exposé dans la rue. Enfants, femmes, hommes, vieillards, personne n’est épargné ! C’est un véritable bain de sang qui se déploie dans les rues du royaume de France.

Quel jour a joué Charles IX dans cet événement tragique qui marque à jamais l’Histoire de France ? Dès le lendemain, Charles IX prend l’entière responsabilité de ce massacre. Mais il apparaît évident que ce jeune roi, écrasé par l’influence de sa mère et ses hommes de pouvoir qui l’entourent, n’a tout simplement rien dit. Il a laissé faire son entourage politique, et notamment sa mère Catherine de Médicis.

Un monarque en mal de légitimité

En assumant les responsabilités de cette tragédie, Charles s’impose comme le souverain d’une partie seulement de ses sujets, et vient rompre les fondements de sa légitimité. Le roi est désigné comme étant un tyran. Sa réputation est au plus bas, même pour les catholiques.

Suite à cette série noire, le roi s’isole de plus en plus, laissant sa mère et ses conseillers prendre toutes les décisions. Certaines affirment même qu’il est pris de crise de colère et de folie. Il perd toute crédibilité auprès de ses sujets, et même de sa cour.

Malgré tout, la reine-mère Catherine de Médicis va œuvrer à renforcer l’autorité de son royal fils Charles IX : multitude de cérémonies pour montrer le roi dans toute sa splendeur, loi interdisant de publier un livre sans privilège royal, …

Tous ces actes sont accompagnés d’une restructuration de la cour par Charles IX, afin de restaurer l’ordre. Cette mesure a bien entendu été conseillée par sa mère. Malgré toutes ces mesures, le roi ne retrouvera pas sa renommée des débuts. Mais ce n’est rien comparé à ce qui l’attend.

Charles IX, un roi à la santé fragile

enluminure mort roi de france Charles IX
Funérailles de Charles IX. Enluminure du manuscrit Carmen de tristibus Galliae, 1577, Bibliothèque municipale de Lyon

Toutes ces épreuves ont affaibli le mental et le moral du roi Charles IX. Mais il y a un mal qui le ronge physiquement, de l’intérieur. Charles est atteint de la tuberculose. S’affaiblissant de jour en jour, le roi s’épuise dans les activités physiques. Il est important de rappeler qu’il n’a que 23 ans. Passionné par la chasse, Charles IX ne désire pas restreindre ses sorties. Mais le monarque de France s’épuise et devient de plus en plus faible. Il s’éteint le 30 mai 1574 au Château de Vincennes.

Marié en 1570 à l’archiduchesse d’Autriche Elisabeth, Charles IX est dépourvu d’héritier. Seule une petite fille prénommée Marie-Elisabeth est née de cette union. Un bâtard est né d’une relation interdite avec Marie Touchet, le futur Charles d’Angoulême.

C’est ainsi que Charles IX transmet un royaume totalement ravagé par les guerres de religion à son frère cadet, Henri III.