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Anecdotes

Le trésor des rois de France

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Le Régent, l’Hortensia, le Sancy, le diamant bleu de Louis XIV… Tous ces joyaux ont appartenu à la couronne de France et ont attisé toutes les convoitises. Étoffée au fil des siècles par les différents monarques du royaume de France, la collection de joyaux de la couronne s’est parfois retrouvée au cœur d’histoires rocambolesques (ils ont notamment été volés en 1792). Carnet d’Histoire revient pour vous sur les histoires et les légendes qui entourent ces merveilles que constitue le trésor des rois de France.

Le trésor des rois de France, agrémenté ou dilapidé au fil des siècles

Le trésor des rois de France : origines

trésor des rois de France
Couronne et Diadème de l’impératrice Eugénie

C’est François Ier, qui le premier, à partir de 1530 constitue ce que l’on appelle la collection des joyaux de la Couronne de France. La collection en question regroupe à l’époque 8 pierres colorées serties dans des bagues, qui ont toutes appartenu à Marguerite de Foix, la mère d’Anne de Bretagne. Leur inventaire est établi à Bordeaux, le 15 juin 1530, quelques semaines avant le mariage de François Ier avec Eléonore d’Autriche. Cet inventaire pose également une clause d’inaliénabilité : à la mort de chaque souverain du royaume de France, leurs épouses les reines doivent remettre ces bijoux au Trésor Royal.  Ne subsiste aujourd’hui de cette collection qu’un spinelle appelé “le Côte de Bretagne” car Henri III, ruiné par les guerres, s’est vu contraint de les mettre en gages.

Sous Louis XIV et Louis XV, la collection initiale s’agrandit : En 1661, Mazarin lègue à Louis XIV dix-huit diamants auxquels on donne son nom. Le plus gros est le « Sancy ». Des autres subsistent le « Mazarin 17 » et le « Mazarin 18 », l’un et l’autre sertis dans la broche-pendentif de l’impératrice Eugénie et un autre inventaire est dressé en 1791

Trésor des rois de France Grand Mazarin
Un des diamants de Mazarin

Le trésor des rois de France malmené à la Révolution 

Pendant la Révolution, tous les biens de Louis XVI lui sont confisqués, et ses joyaux ne font pas exception à la règle. La collection de bijoux est ramenée au Garde-meuble de la Couronne place Louis XV et est administrée par Thierry de Ville d’Avray.

Par les décrets des 26, 27 mai et 22 juin 1791, l’Assemblée nationale décide de faire dresser l’inventaire des diamants et pierreries de la Couronne. L’inventaire compte 9 547 diamants, 506 perles, 230 rubis et spinelles, 71 topazes, 150 émeraudes, 35 saphirs et 19 pierres. Le prix des joyaux est estimé à 23 922 197 livres. 


Le trésor des rois de France volé en 1792

Gravure du vol du Garde-meuble 1866
Gravure du vol du Garde-Meuble 1866

En septembre 1792, une bande d’escrocs dirigée par le bandit Paul Miette dérobe une partie du trésor au garde-meuble, qui est très mal gardé. Heureusement, les deux tiers des joyaux sont retrouvés, parmi lesquels le « Régent », le « Sancy », et la plupart des « Mazarins ». La collection, déposée à la Trésorerie nationale, est alors estimée à 17 millions de livres

Le trésor des rois de France dilapidé à partir de 1795

Sous la Convention, la collection s’enrichit des pierres issues de la confiscation des biens d’émigrés et des joyaux du roi de Sardaigne. Vers 1795 la collection vaut, selon les estimations, 21 millions de livres.

Mais sous le Directoire, le besoin de ressources est flagrant pour remettre la France à flot et la décision est prise de vendre certaines des pierres qui constituent le trésor des rois de France à l’étranger. De même, en 1796, Daubenton, professeur de minéralogie, choisit des pierres pour les déposer au muséum d’histoire naturelle, parmis lesquelles figurent le “Grand Saphir”. Enfin, entre 1797 et 1800, la nécessité de trouver des fonds pour approvisionner l’armée conduit à la mise en gage des diamants.

Tentative de reconstitution du trésor entre 1799 et 1870

Napoléon Bonaparte fait revenir en France les joyaux qui avaient été engagés en allant notamment chercher le « Régent » auprès du banquier Ignace-Joseph Vanlerberghe, d’autres pierres auprès du marchand berlinois Treskow mais ne réussit pas à récupérer le « Sancy« , vendu à Manuel Godoy.

Napoléon Bonaparte donne 400 000 francs de bijoux en 1802 à Joséphine. La collection est alors estimée à 13 950 000 francs-or à la fin du Consulat. Elle comprend le « Régent », le « Diamant de la Maison de Guise », le diamant rose « Hortensia », le « Grand Mazarin » et trois autres pierres de Mazarin.

La collection est de nouveau augmentée sous Napoléon, de telle sorte qu’elle comprend en 1814 plus de 65 072 pierres et perles. 

Le retour des Bourbons au pouvoir permet de ramener en France le rubis « Côte-de-Bretagne », le « Second Mazarin » et deux autres diamants. 

La reconstitution orchestrée par le musée du Louvre à partir de 1988

Une partie des pierres a été confiée à l’école des Mines de Paris en 1887. D’autres ont été rachetées par des nobles étrangers, ce qui diminuent grandement la valeur du trésor des rois de France. En 1914, lors de la déroute de la France pendant la 2ème guerre-mondiale, c’est un sous-secrétaire d’Etat qui emporte les joyaux dans une simple sacoche en cuir.

À partir de 1988, le musée du Louvre s’emploie à racheter certains joyaux pour les exposer, notamment la couronne et le diadème de perles de l’impératrice Eugénie. Il ne peut cependant reconstituer qu’une infime partie du trésor, et des pièces comme le « Grand Mazarin » sont vendues aux enchères à des propriétaires privés qui ne souhaitent pas divulguer leur identité.

Galerie Apollon Louvre
La galerie Apollon du Louvre où sont exposés une partie des joyaux de la Couronne de France

Le trésor des rois de France : les plus belles pièces

La plus belle : le Régent 

trésor des rois de France le régent

Considéré comme le plus beau et le plus pur diamant du monde, le Régent est un diamant blanc découvert en 1698 à Golconde, en Inde du Sud. Il tient son nom du régent Philippe d’Orléans, l’un de ses premiers acquéreurs. Il a notamment été arboré par Louis XIV, Marie-Antoinette ou par Napoléon Ier sur son épée de sacre. Sa valeur dépasse les 140 carats et il est aujourd’hui exposé au musée du Louvre.

Le Sancy

trésor des rois de France le Sancy

Le Sancy est le plus gros et le plus beau d’un des ministres d’Anne d’Autriche, Mazarin. D’origine indienne, c’est le premier diamant taillé avec facettes symétriques. Il est acquis en 1594 en Turquie par Nicolas de Harlay de Sancy, ambassadeur à Constantinople, qui devient plus tard surintendant des finances d’Henri IV.  Vendu à Jacques Ier d’Angleterre en 1604, il est revendu par la reine Henriette-Marie de France, épouse de Charles Ier d’Angleterre, au cardinal Mazarin en 1657. Celui-ci le lègue à son tour en 1661 à Louis XIV avec dix-sept autres diamants. Le roi-soleil le portrait sur son chapeau. Il finit par être  racheté par les musées de France en 1976. Sa valeur dépasse les 55 carats.

L’Hortensia

le trésor des rois de France l'hortensia

L’Hortensia ( appelé originellement “le diamant à 5 pans”) est un diamant de couleur pêche de 21,32 carats acquis par Louis XIV qui choisit de le porter à la troisième boutonnière. Il est taillé à cinq pans, d’où son nom originel. On ne sait pas quand il fut acheté par la Couronne. Mais il apparaît pour la première fois dans les registres en 1691. Son nom tardif, « Hortensia », est un hommage à la reine de Hollande, Hortense de Beauharnais, qui le portrait au début du XXème siècle. 

Le diamant bleu trésor perdu des rois de France

Le trésor des rois de France le diamant bleu

Le diamant bleu est un diamant ramené des Indes en 1668 par Jean-Baptiste Tavernier. Racheté par Colbert, ministre de Louis XIV pour le compte de la couronne, il pèse 69 carats et sa taille exceptionnelle renforce sa couleur bleue unique. En 1691, il est estimé à 400 000 livres. Il apparaît en 1783 dans l’inventaire des diamants de la Couronne comme remis à la garde du duc de Liancourt, alors grand maître de la Garde-robe du roi Louis XVI. Il est illégalement retaillé avant 1812 et le nom “Hope”, du nom de la famille qui l’acquiert en 1824 lui est attribué

Son unique moulage est retrouvé en 2008 au muséum national d’histoire naturelle. Ce précieux moulage, ainsi que la réplique du diamant sont exposés au muséum national d’Histoire naturelle à Paris.

Le spinelle “Côte-de-Bretagne”

cote de bretagne spinelle

Ce spinelle a appartenu à Marguerite de Foix,  à sa fille la reine Anne de Bretagne, puis à la fille de celle-ci la reine Claude. C’est aujourd’hui la seule pierre subsistante de l’inventaire établit par François Ier en 1530

C’est une pierre de 212 carats qui prend sa forme actuelle que sous Louis XV : la pierre est alors taillée par Jacques Guay en forme de dragon et montée sur une décoration de l’ordre de la Toison d’Or. Lorsque la loi d’aliénation des joyaux est votée en décembre 1886, la IIIe République décide de conserver le Côte-de-Bretagne et de l’exposer dans la galerie d’Apollon au Musée du Louvre.