juan pujol garcia
Personnages historiques

Juan Pujol Garcia : espion mythique de la Seconde Guerre Mondiale

Auteur : Clémentine

Vous êtes fan de films à la James Bond, Mission impossible ou Jason Bourne ? Je vous propose un article aujourd’hui qui fera pâlir ces personnages de fiction ! Vous ne le connaissez pas et pourtant nous parlons ici d’un des plus grands espions de tous les temps. Sans lui le débarquement de Normandie aurait pris une toute autre tournure. Surnommé « Garbo » par les Britanniques, « Arabel » par les Nazis, cet espagnol agent double a tenu un rôle majeur dans la Seconde Guerre mondiale. Voici Juan Pujol Garcia, un homme à l’imagination débordante !

Enfance, jeunesse et mariage de Juan Pujol Garcia

Juan Pujol Garcia est né à Barcelone le 14 février 1912. Après avoir travaillé en tant qu’apprenti dans une quincaillerie, il a exercé plusieurs professions comme l’élevage de poulet ou la gestion de diverses entreprises. A la mort de son père en 1931, il termine ses études d’éleveur de volaille. Il effectue la même année son service militaire (seconde république).

juan pujol garcia 1931
Juan Pujol Garcia en 1931

Il a toujours avoué détester sa carrière militaire. En 1936, la guerre civile espagnole éclate, il combat tout d’abord du côté républicain, puis déserte et change de camp pour le côté nationaliste (franco). Selon lui, il n’aurait jamais tiré aucune balle. D’un camp comme dans l’autre il n’a pas réussi à trouver un parti dans lequel il se reconnaissait. A la suite de cette expérience, il s’est juré qu’il ferait un monde meilleur.


J’ai toujours voulu la justice, je consacrerai ma vie à la liberté

Après cette brève présentation, nous devons vous parler du pilier de sa réussite, sa femme Araceli Gonzàlez Carballo. Il serait une erreur d’attribuer le succès de l’espion sans elle. Souvent négligée par les historiens, l’importance d’Araceli a été revalorisée par la déclassification des archives du MI5 en 2016. Né à Lugo en Espagne en 1914, elle rencontre en 1938 Juan Pujol Garcia à Bugos et l’épouse à Madrid à la fin de la guerre.

Les deux jeunes mariés sont très inquiets par la montée en puissance du nazisme. A la suite de l’annonce de Franco de la non-intervention du pays lors du conflit mondial, ils décident de tout mettre en œuvre pour aider les alliés.

Araceli et Juan Pujol Garcia
Araceli et Juan Pujol Garcia

Maintenant j’ai commencé à entendre des mots comme « aryen », « race » et « être supérieur » à la radio et je les ai également vus imprimés dans les journaux et les magazines. De tels propos ne m’avaient rien fait jusqu’à présent, mais j’ai vite appris que […] les citoyens ordinaires en Allemagne étaient harcelés, les citoyens dont le seul crime était de ne pas être aryen ou les enfants dont le seul crime était de ne pas être aryen ou les enfants de la race, ou qui a refusé de croire au culte d’un être supérieur.

(traduction Opération Garbo, Nigel West et Juan Pujol Garcia)

Un engagement, la naissance d’Arabel

Cela peut vous paraitre surprenant mais tous les prochains évènements ont eu lieu en Espagne. Le pays, comme le Portugal, restés neutres, sont parfaits pour les complots et les intrigues entre l’Axe et les Alliés. En janvier 1941, Juan Pujol Garcia se rend à l’ambassade anglaise à Madrid pour offrir ses services en tant qu’espion. Araceli et Juan ont tenté par trois fois de proposer leurs services aux anglais en tant qu’espion. N’importe qui d’autres auraient pu être découragés par ces refus mais pas Juan Pujol Garcia !

C’est alors qu’Araceli a une idée de génie ; travailler pour les nazis. Elle se rend à l’ambassade allemande et arrive à les convaincre de rencontrer son mari. Le rendez-vous a lieu au Café Lyon avec l’agent Fédérico. Juan Pujol Garcia se fait passer pour un fervent franquiste et nazi qui souhaite participer à l’effort de guerre. Après plusieurs échanges (et de nombreux mensonges et de fabrication de faux papiers !) le catalan propose à l’agent de devenir correspondant espagnol à Londres pour leurs transmettre des informations. Là-bas, il créerait un système d’espionnage pour communiquer des informations aux nazis. Désormais espion, Il a été formé par les services secrets, appelé L’Abwehr, à utiliser de l’encre invisible et décoder des messages.

Quelle que soit la vérité, quelques semaines après notre première rencontre, il m’a apporté une bouteille d’encre invisible, des codes secrets et la somme de 3000 $, en s’assurant que je les ai avant mon départ pour la Grande-Bretagne.

(traduction Opération Garbo, Nigel West et Juan Pujol Garcia)


Il avait pour haute instruction de ne pas être espion lui-même, il devait recruter des Anglais pour faire la besogne. Tout était prêt sauf le nom de Code : Araceli – Bella : Arabel. Arabel était né, le travail peut commencer.

Lisbonne nous voilà !

Juillet 1941, au revoir l’Espagne, bonjour le Portugal ! Ils décident de quitter le pays pour que la couverture ne soit pas compromise. Direction Lisbonne ! Juan Pujol Garcia prétend avoir un passeport diplomatique pour voyager entre le Portugal et l’Angleterre et diriger un groupe d’espions avec un pilote qui fait des allers retours entre les deux pays. L’Abwehr possède une clé de la boîte aux lettres pour faire suivre les messages et récupérer les indications d’Arabel. En réalité, le couple espagnol n’a jamais quitté le sol portugais. Juan Pujol Garcia se contente de rédiger des rapports à partir de cartes, guides touristiques et horaires de train et dépose lui-même ses rapports dans le coffre.

Avec cet argent, j’ai acheté un guide touristique Baedeker pour l’Angleterre, l’horaire des chemins de fer de Bradshaw et une grande carte de la Grande-Bretagne. […] Puis, en octobre 1941, j’ai envoyé mon premier message aux Allemands de Cascais, même si, pour Federico, j’étais déjà en Angleterre.

(Traduction Opération Garbo, Nigel West et Juan Pujol Garcia)
passeport juan pujol garcia
Passeport de Juan Pujol Garcia

Dans sa première missive envoyée aux allemands, il explique que le pilote qui l’a conduit en Angleterre est très sympathique. Il se fait passer auprès de l’aviateur comme un catalan en exil politique. Il cherchait un moyen pour faire passer ses lettres à ses amis exilés au Portugal sans passer par la poste anglaise (susceptible d’être interceptée). Il n’avait pas d’autres choix que de créer ce subterfuge car aucune de ses lettres ne serait estampillée par la poste anglaise. Son premier personnage était né. Carvalho est un Portugais vivant à Newport. Il a été recruté par l’espion le 17 août 1941. C’est un individu plutôt classique qui travaille avec régularité sans trop de zèle. Il accumule des informations principalement dans les aérodromes et les camps militaires par ses voyages commerciaux. Ses « capacités ont évolué au fils de mois », la plupart de ses rapports sont désormais écrits en français, ce qui n’étonne pas réellement les allemands car il a beaucoup de belge et de français où il vit. Un moyen de plus pour assurer sa couverture.
Très rapidement, les jeunes époux s’interrogent si les nazis sont persuadés qu’il soit bien un espion, Araceli entre encore une fois en scène !

passeport araceli gonzalez de pujol
Passeport d’Araceli Gonzalez de Pujol

Les Allemands ne savaient pas qu’Araceli se trouvait à Lisbonne. La jeune femme retourne en Espagne à Madrid et rencontre Federico Knappe (l’espion allemand). Araceli, femme bafouée entre en scène. Elle se met à pleurer, lui dit qu’elle a peur que son mari l’ait abandonné avec son jeune fils. Fédérico, gentleman, la console en lui rassurant que son mari fait une mission de la plus haute importance à Londres et qu’elle doit être fière de lui. Confirmation faite, les nazis ne se doutent de rien !

Le début des bobards, une carrière prometteuse pour Juan Pujol Garcia

Juan Pujol Garcia a créé un vaste réseau de sous agents fictifs vivant dans tout le Royaume-Uni. Tous ces espions ont des personnalités différentes, des capacités et aptitudes diverses et variées mais ont tous juré fidélité au Führer.
N’ayant jamais visité le pays, il se trompe à plusieurs reprises notamment sur les consommations d’alcool, le système métrique ou monétaire. En effet, il imagine de nombreux déplacement en Angleterre qui lui sont remboursés mais se trompent dans les fonds. C’est avec son troisième message qu’il attire l’attention du MI5 et la confiance du IIIe Riech. Il envoie qu’un convoi de cinq navires ont quitté Liverpool pour se diriger vers Malte, même s’il n’a donné aucune date ni numéro de bâtiments. Malte est un point stratégique, un avant post dans la Méditerranée, l’ile est souvent attaquée. Arabel annonce qu’un convoi va ravitailler l’île. L’Allemagne et l’Italie dépêchent des forces maritimes pour l’intercepter. Le coût de l’opération est immense, un véritable fiasco ! L’Allemagne, au lieu de juger l’espion responsable de la débâcle, renouvelle sa confiance sans faille auprès de lui et blâme à la place l’Italie. Les Anglais de leurs côtés cherchent dans tout le pays qui est ce fameux espion.

Après cette opération, les Allemands lui demandent plus de détails de ses opérations mais l’agent manque cruellement de renseignements et de tactiques militaires. Nous ne sommes pas certains aujourd’hui de lequel des deux époux a fait la démarche, mais en février 1942, l’un d’entre eux va à l’ambassade américaine demander de l’aide. Juan Pujol Garcia part tout d’abord à Gibraltar en bateau puis rejoint l’Angleterre en avion pour poursuivre sa vie d’agent double avec le MI5. (sa femme et son fils sont rapatriés au pays peu de temps après).

Nouveau look pour une nouvelle vie, Arabel devient Garbo

Initialement nommé Brovril, le MI5 donnent pour nom de code à Juan Garbo en lien avec la grande actrice Greta Garbo et ses grands talents d’acteur ! Il travaille sous couverture comme traducteur à la BBC avec un nouveau look, lunette, barbe et calvitie.

Juan Pujol Garcia agent garbo
Portrait de Juan Pujol Garcia en Agent Garbo

Il travaille en partenariat avec Tomas Harris, un partenaire idéal aussi imaginatif l’un que l’autre ! Avec le MI5, il écrit 315 lettres avec en moyenne 2 000 mots ayant tous un style différent mais respectant l’idéologie nazi. Les lettres mélangent des informations justes et fausses. Les vingt-trois espions d’Arabel ont tellement inondé l’Abwehr que les Allemands ont demandé d’arrêter le recrutement des espions et de communiquer les rapports par radio. L’agent recrute un dernier espion, un paysan solitaire amateur de radio qui transmettra désormais toutes les informations.
Garbo sait parfaitement comment utiliser ses agents fictifs, il rejette la faute sur eux en cas d’erreur quitte à les faire mourir ! Agent Two William Maximilian Gerbers a contracté une maladie qui l’a empêché de transmettre des informations vitales sur l’invasion alliée en Afrique du Nord en novembre 1942. L’espion n’a pas pu repérer les bâtiments militaires sur les docks de Liverpool. Pour s’assurer de son histoire Agent Two décède lors d’un séjour à l’hôpital le 19 novembre et publication de son avis de décès.

« Novembre 19, après une longue maladie, âgé de 59 ans, William Maximilian. Funérailles privées. (Pas de fleurs) » Trad.
La coupure de presse envoyée à Lisbonne (puis Berlin), c’est sa veuve qui a continué le travail en tant qu’Agent Two pour lui.

Son agent le plus expérimenté est l’agent Three, un étudiant Vénézuélien. Son nom n’est pas mentionné même si sa correspondance est signée Pedro. Il a été le troisième et dernier agent recruté par Juan quand il était encore à Lisbonne. Vivant à Glasgow, il a enrôlé lui-même ses sous agents au nord de l’Angleterre y compris son frère, agent Five basé à Aberdeen. L’espion a monté les échelons jusqu’à être le bras droit d’Alaric. L’abwerb le considère comme un substitut compétent du chef de l’organisation.

the garbo network
the garbo network

Scène de ménage, le torchon brûle entre le couple !

D’anciens documents des archives nationales de Grande Bretagne ont mis au jour qu’Araceli a failli faire exploser la couverture de son mari à l’ambassade espagnole. A l’époque, la jeune épouse vit très mal l’installation à Londres. Enfermée dans une maison londonienne sous haute sécurité avec son fils, Araceli avait pour interdiction de fréquenter d’autres ressortissants espagnols de crainte de révéler le rôle central de Garbo. Par ailleurs, elle ne supporte ni le climat, ni la nourriture ! Londres bombardée et sans aucune responsabilité des missions qu’elle avait avant, elle est très isolée.

Je ne veux plus vivre cinq minutes de plus avec mon mari. Même si on me tue j’irai à l’ambassade. Trop de macaroni, trop de pommes de terre, pas assez de poisson !

Araceli
araceli épouse de Juan Pujol Garcia
Portrait d’Araceli

Araceli, à bout de nerf, menace de révéler la double couverture de son mari à l’ambassade espagnole s‘ils ne l’autorise pas de rentrer au pays voire sa famille. Thomas Harris, dans son rapport baptisé « le mal du pays aigu du madame G » raconte la solution trouvée par son mari pour guérir « ce mal ». Juan Pujol Garcia met en scène son arrestation avec Harris. Pour rendre le canular réal, une visite est organisée dans un centre d’interrogatoire des services secrets du MI5 au Camp 020 où se trouve l’agent Double. Araceli, marquée et terrifiée, présente ses excuses et signe la promesse de garder la vie de son mari secrète contre sa remise en liberté.

La plus grande tromperie de l’histoire par Juan Pujol Garcia, moteur, ça tourne !

Depuis l’entrée des Etats Unis en 1941, Hitler craint un possible débarquement sur la côte ouest européenne. L’idée était de fortifier toute la côte pour empêcher un conflit sur deux fronts. En décembre 1943, Erwin Rommel ordonne le renforcement des défenses. Même si les alliés disposaient d’une supériorité aérienne, il était stratégique de faire croire aux nazis que les alliés débarquaient à Calais (Opération Bodyguard). Cette opération incluait l’opération Fortitude, un service d’accessoire de forces aériennes gonflables. Aucun (véritable) espion allemand n’a pu prévenir Berlin, ils ont tous été arrêtés avec pour choix la mort ou le double espionnage.

C’est lors de l’opération Fortitude que Juan Pujol Garcia a joué un rôle majeur. Il a inondé les services secrets allemands de tromperie en série visant à dissimuler Overlord (nom de l’opération du débarquement, je sais il y a beaucoup de nom de code, vous nous suivez toujours ?) Il a envoyé plus de 500 messages, parfois une vingtaine par jour entre janvier 1944 et le D-Day. Il était primordial de faire croire au IIIe Riech que le débarquement aurait lieu sur les plages de Douvres au Nord Pas de Calais. Afin de maintenir sa crédibilité, Alaric a donné de réelles informations sur le débarquement mais toujours trop tard pour qu’il y ait une légère contre-attaque.

A l’approche du Jour J, Garbo a une idée folle : annoncer à l’Abwehr la date du débarquement en Normandie avant leur arrivée. C’est Eisenhower lui-même qui donne son feu vert à l’espion. Le 6 juin, le débarquement est annoncé depuis minuit par Alaric pour achever de convaincre sa crédibilité. Le plus ironique est que le message n’est pas retransmis. L’agent fou de rage a exprimé sa colère par une phrase rentrée dans les annales :

« Je ne peux pas accepter d’excuses ou de négligence. Sans mes idéaux, j’abandonnerais le travail ». Cette non-réponse a pu être étoffée par Alaric quelques heures plus tard d’autres informations capitales sur l’opération militaires mais obsolètes.

débarquement de normandie
Débarquement de Normandie

Le nouveau plus grand travail de Garbo était de faire croire, avec l’opération Fortitude, que d’autres chars et avions allaient débarquer en France d’ici peu, un autre débarquement en marche ! Un examen des archives de l’OKW (Oberkommando der Wehrmacht, ou haut commandement) s’appuyait sans aucun doute des rapports d’Alaric. Hitler, toujours persuadé qu’un prochain débarquement à Calais commandé par le général Paton se profilait à l’horizon, gardait deux divisions blindées et 19 divisions d’infanterie dans le Pas de Calais. Rommel qui doutait de la fiabilité de l’information a quitté Calais pour la Normandie mais a très vite été rappelé à l’ordre par Hitler lorsque quatre des meilleurs agents de Garbo ont fait une réunion extraordinaire pour affirmer que le débarquement était bel et bien un leurre. Les troupes de Rommel retournent à Calais.

Une fin de carrière et un dernier coup de maitre de Juan Pujol Garcia

Les espions d’Arabel inondent les Allemands d’informations pendant que les alliés avancent vers l’Allemagne. Le pays est tellement fier de son espion qu’il reçoit la croix de fer :

« Avec beaucoup de bonheur et de satisfaction je suis en mesure de vous annoncer aujourd’hui que le Führer vous a concédé la Croix de Fer pour vos mérites extraordinaires, une décoration qui, sans exception, est accordée aux combattants de première ligne. »

La réponse d’Alaric :

« Je ne peux pas en ce moment, quand l’émotion me vaincre, exprimer par des mots ma gratitude pour la décoration concédée par notre Führer, à qui j’exprime humblement et avec tout le respect ma gratitude pour la haute distinction. »

Le 25 novembre 1944, c’est au tour de Garbo de recevoir du roi George VI l’Ordre de l’empire britannique. Jusqu’à la fin, Hitler a pensé qu’Alaric était un fidèle partisan du IIIe Reich. Il est le seul à avoir reçu des décorations des deux côtés pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Après la guerre, Juan Pujol Garcia craignait pour sa vie et celle de sa famille. L’Espagne n’est plus un pays sûr. Le couple a voyagé en Amérique latine pour s’installer au Venezuela. En 1948, à la naissance de leur fille, Araceli quitte le pays et son mari pour regagner l’Espagne. Un an plus tard, elle est contactée par l’ambassade qui lui informa le décès de son ancien mari de la malaria en Angola.

Araceli épouse en 1957 Edward Kreisler, un homme d’affaires américain avec qui elle fonde Kreisler Art Gallery à Madrid en 1966. Pendant plus de 30 ans, elle n’a jamais mentionné le rôle de Juan Pujol Garcia pendant la guerre. Surprise 30 ans plus tard ! En 1984, l’argent Garbo paraît dans les journaux comme héros de guerre accueilli par le Prince Philip d’Edimbourg. En réalité, l’agent a disparu à l’aide du MI5 ! Juan Pujol Garcia a emménagé au Venezuela, il s’est remarié et a eu trois enfants. L’espion a été retrouvé par l’écrivain Nigel West et reçu avec honneur par la monarchie anglaise. Nous ne savons pas pourquoi Juan Pujol Garcia a fait ce choix, une peur des représailles nazis, une manière de divorcer (interdit en Espagne à l’époque) ou un moyen de reconstruire sa vie.

passeport venezuela
Passeport vénézuélien de Juan Pujol Garcia

Homme fantasque, culotté, fervent défenseur des libertés et grand rêveur, Juan Pujol Garcia a été décisif dans toute la stratégie de désinformation des alliés. Seul agent double volontaire, son action cruciale lors du débarquement a permis de sauver des milliers de vies. Un véritable maitre dans l’art de la supercherie et de la tromperie. En 1984, il participe à la commémoration du débarquement allié en Normandie. Agé de 72 ans il dit :

J’ai fait tout ce que je pouvais pour sauver la vie de ces soldats, mais je ne suis pas arrivée à sauver ceux qui sont ici, c’est terrible pour moi de voir ce cimetière.

juan pujol garcia 1984
Juan Pujol Garcia en 1984

Son « retour à la vie » lui a permis de renouer avec les siens en Espagne. Il décède 4 ans plus tard au Venezuela. Araceli Gonzàlez Carballo est décédée le 6 mars 1990 d’un AVC. Souvent oubliée, son rôle dans la Seconde Guerre mondiale a été revalorisée au fil des années. Sa participation a été décisive dans les opérations de contact. Ce couple d’espion a su marquer l’histoire, Mr and Ms Smith n’ont qu’à bien se tenir !

Notre Autrice invitée : Clémentine

Bonjour à tous, je m’appelle Clémentine et comme vous je suis aussi une passionnée d’histoire ! Cela n’a pas toujours été le cas, plus jeune j’y étais allergique … J’ai eu la « bosse » de l’histoire lorsque j’ai commencé à découvrir le Roi Soleil, ses amours, ses guerres et surtout Versailles ! Aujourd’hui, j’essaye de transmettre ma passion au quotidien que ce soit par mon métier en tant que responsable culturelle du Château de Thoiry ou part la recherche en tant qu’étudiante en doctorat avec une étude sur la noblesse française au XIXe siècle.

Bibliographie :
– Christian Destremau, Opération Garbo : Le dernier secret du jour J, Perrin, Paris, 2004.
– Juan Pujol Garcia, Nigel West, Operation Garbo, the personal story of the most successful spy of World War II, Biteback Publishing, London, 2001.
– Stephan Talty, Agent Garbo: The Brilliant, Eccentric Secret Agent Who Tricked Hitler and Saved D-Day, Houghton Mifflin, Boston, 2012.

Sources :
– The National Archives : Juan PUJOL GARCIA, aliases GARBO, BOVRIL, IMMORTAL: Spanish.

Articles :
– Luc Vinogradoff, La querelle de couple qui aurait pu faire rater le débarquement de Normandie, Le Monde, https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2016/09/28/la-querelle-de-couple-qui-aurait-pu-faire-rater-le-debarquement-de-normandie_5004896_4832693.html, 2016.
– Maria Kreisler (Responsable du site) Araceli Gonzàlez, una còmplice decisiva, https://www.garboespia.com/araceli-gonzalez-una-complice-decisiva/, 2021.
– Maria Kreisler (Responsable du site) Garbo, el espia que venciò a Hitler, https://www.garboespia.com/, 2021.

1 Comment

  1. Bonjour
    Historien, je réalise un ouvrage sur Les 100 clés du débarquement et de la bataille de Normandie aux éditions des Falaises. J’ai écrit une notice sur Garbo et recherche une illustration. Dans l’article ci-dessus vous publiez plusieurs photos de Garbo. Vous est-il possible de m’envoyez celle où il est représenté en militaire? Avec son crédit si possible.
    Avec mes remerciements
    Cordialement
    Yves Lecouturier

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *