Danseuse talentueuse, artiste excentrique et séductrice, Isadora Duncan s’est fait connaître à travers le monde entier. L’artiste aux mille facettes a vu sa vie ponctuée de joie et de drame. Ayant connu le luxe comme la pauvreté, la gloire comme l’échec, sa vie s’est finalement terminée de façon brutale. Découvrez le portrait de cette illustre femme, qui a marqué le monde de la danse.
L’enfance d’Isadora Duncan
Isadora Duncan est élevée par sa mère
C’est à San Francisco dans le quartier irlandais que la future étoile dansante Isadora Duncan voit le jour, le 26 mai 1877. La chronique raconte que dès sa naissance, Isadora aurait remué les bras et les jambes dans tous les sens, telle une danseuse. Fille de Joseph Charles Duncan, banquier à la Bank of California, et de Mary Dora Duncan, pianiste et professeur de musique, Isadora Duncan est la dernière née d’une famille de 4 enfants. Isadora est très proche de sa sœur, Elizabeth, et de ses deux frères Raymond et Augustin.

Peu après sa naissance, le couple que forment Joseph Charles et Mary Dora bat de l’aile. Le père d’Isadora se voit ruiné, suite à la faillite de la Bank of California. Ils doivent se séparer de leur maison de Taylor Street en 1878. Et pour ne rien arranger, Mary Dora apprend la même année que son mari fornique avec une autre une jeune femme. S’en est trop pour la mère de famille. Elle demande le divorce et quitte le nid familial avec ses quatre enfants. La vie d’Isadora, âgée d’à peine un an, bascule. Les revenus modestes de la mère célibataire met la famille Duncan dans une situation financière délicate. Installée à son compte, Mary Dora doit gérer seule l’éducation de ses enfants et trouver des sources de revenus. Son métier de pianiste et professeur de musique ne lui offre pas les moyens suffisants pour vivre correctement. Cette situation précaire les force à déménager plus de 15 fois, faisant de leur quotidien une vie d’errance. Malgré tout, Mary Dora pousse ses enfants à développer leur passion et à s’orienter vers des carrières professionnelles qui les intéresse. C’est alors qu’Isadora Duncan se lance tout naturellement dans la danse, art qu’elle affectionne depuis son plus jeune âge.
Ses débuts en danse

Le train de vie modeste de Mary Dora ne lui permet pas d’offrir des jouets à ses enfants. Pour s’occuper, ils doivent faire appel à leur créativité. Très tôt, Isadora Duncan est habitée par la danse.
Petite fille, je n’ai connu ni jouets, ni distractions enfantines. Je m’échappais souvent seule dans les bois ou au bord de la mer, et je dansais. A cet âge-là, j’avais l’impression que mes chaussures et mes vêtements n’étaient qu’une gêne. Mes souliers me pesaient comme de fers, mes vêtements étaient ma prison. Alors je les ôtais. Et loin de tout regard, je dansais nue au bord de la mer.
Envoyée à l’école, elle participe régulièrement à des cours de musique, dispensés par sa mère. A l’écoute de la moindre mélodie, Isadora Duncan laisse libre cours à son inspiration. La jeune fille se met alors à bouger de façon dynamique et son corps dévoile des mouvements très gracieux. Il n’y a plus de doute, Isadora possède un véritable don artistique. Son talent est reconnu de tous, Isadora fait la fierté de sa famille et surtout de sa mère. Mary Dora tente alors, armée de son piano, de donner des cours de danse à sa fille. Mais très vite elle se rend compte que les conventions ne sied guère à sa petite dernière. Les pointes, ce n’est pas pour elle. Isadora Duncan aime la liberté, la pleine expression du corps par les mouvements.
La jeune Isadora fonde sa première école
Faisant preuve d’un caractère bien trempé et surtout d’une grande indépendance, Isadora Duncan s’adapte très mal au système scolaire. Elle estime que l’école est beaucoup trop contraignante pour elle, et surtout qu’elle représente un frein à sa véritable passion la danse. Très rapidement, Isadora abandonne l’établissement scolaire.
Elle décide de monter à 12 ans seulement, en compagnie de sa sœur, une école de danse. La première d’une longue série. Avec l’autorisation de leur mère, les deux sœurs se mettent alors à apprendre la danse aux jeunes filles de leur quartier. Elles y enseignent la valse et la polka. Cette activité, en plus d’être une véritable source de bonheur pour Isadora Duncan, devient une source de revenus pour le foyer. La famille peut alors vivre sur l’argent généré par cette petite école créée en toute modestie.
La civilisation grecque antique : sa source d’inspiration
Avec l’âge, Isadora Duncan développe une autre passion tout aussi dévorante : la civilisation grecque antique. Durant son adolescance, la jeune femme plonge des heures durant dans les bouquins. Elle va régulièrement à la Oakland Public Library, et fait la rencontre d’Ina Coolbrith. Cette poétesse d’exception va l’initier à la Grèce Antique, qui devient rapidement sa source d’inspiration. Isadora Duncan va y puiser quelques années plus tard sa créativité pour initier une danse moderne, unique, novatrice, qui sera sa marque de fabrique.

La tenue classique et les chaussures de danse sont misent au placard. Isadora Duncan veut de la simplicité et de la légèreté. Comme dans la Grèce Antique, elle porte des voiles et écharpes légères, de couleurs claires. C’est pieds nus qu’elle se dévoile au public pour effectuer sa danse. L’émotion et la liberté sont les maîtres mots des mouvements inventés par la talentueuse Isadora. Avec Isadora Duncan, la danse devient une expression de soi-même et de ses inspirations. Mais cette pratique de la danse d’un nouveau genre va-t-elle plaire ? Isadora Duncan va-t-elle réussir à percer dans ce milieu si fermé ?
Isadora Duncan tente sa chance aux Etats-Unis
De Chicago à New-York
Dans sa famille, le talent d’Isadora Duncan est une évidence. Sa mère fonde de nombreux espoirs en elle. Elle décide alors d’emmener toute la fratrie à Chicago. Mary Dora souhaite offrir à sa fille Isadora la chance d’une carrière sous le feu des projecteurs. Mais le succès n’est pas au rendez-vous. Chicago n’offre pas sa chance à Isadora Duncan en tant que danseuse professionnelle. Son style de danse novateur et si particulier n’attire pas les directeurs de théâtre, Isadora accumule les refus. Un Music-Hall lui offre tout de même sa chance. Elle se produit dans tout son art, en tenue grecque et pieds nus, et dévoile au public ses mouvements emplis de liberté. Les applaudissements tardent à se faire entendre. Mais une nuit, alors qu’Isadora Duncan se produit sur la scène, Augustin Daly l’observe. Producteur de Théâtre à New-York, il est fasciné par cette femme et veut embaucher Isadora dans son spectacle “Songe d’une nuit d’été”. Toute la famille Duncan se rend alors à la “Grosse Pomme”, New-York, où Isadora Duncan intègre la Compagnie du Daly’s Theatre.
Isadora Duncan intègre la Compagnie du Daly’s Theatre

Isadora, sa mère et ses 3 frères et sœurs s’installent dans un atelier très modeste près de Central Park. Leurs revenus ne permettent même pas à la famille de se fournir des matelas. Il devient alors urgent que la belle Isadora Duncan perce dans le milieu de la danse.
Après avoir joué le rôle d’une fée pour le Daly’s Theatre, Isadora connaît une succession de déceptions. Loin de comprendre son talent, le directeur new-yorkais demande à la danseuse d’interpréter des pantomimes. Elle qui aime la liberté artistique et l’expression de soi-même est condamnée aux mouvements académiques et lents.
Le rêve new-yorkais s’effondre pour Isadora Duncan. Malgré tout, elle va rester plusieurs années au service de ce théâtre. Le devoir de subvenir aux besoins de sa famille a pris le dessus sur ses rêves de devenir une danseuse reconnue. Mais en 1897, c’en est trop pour elle. Elle s’effondre en larmes dans sa loge, et démissionne.
C’est à ce moment-là que le destin va s’en mêler. Isadora Duncan va faire la rencontre d’Ethelbert Nevin, un célèbre pianiste et compositeur. Il est en admiration devant le talent de cette jeune femme, et apprécie l’audace artistique dont elle fait preuve. Il veut l’embaucher. Mais cette fois-ci, pas question pour Isadora Duncan d’intégrer une troupe et de se plier aux règles. Nevin la fait danser seule, et l’accompagne au piano.
Isadora Duncan danse dans les soirées mondaines de New-York
C’est ainsi qu’il organise ses premières représentations, avec pour public la Haute Société new-yorkaise. Les femmes les plus riches sont présentes, et admirent la sensualité et l’originalité de la danse proposée par Isadora Duncan. C’est le début du succès pour cette talentueuse américaine. Elle arbore la scène les pieds nus, en tenue grecque et les cheveux détachés. Ses mouvements sont libres et ses bras tournent, offrant aux spectateurs un show unique en son genre.
Appréciant son talent, ces dames fortunées font appel à Isadora Duncan pour animer leurs soirées mondaines. La danseuse intègre les plus belles demeures de New-York et se représente face à son nouveau public. Grâce à ce succès, Isadora Duncan peut offrir un confort financier à sa mère et le reste de la fratrie. Ils quittent leur foyer modeste pour aller vivre à l’Hôtel Windsor. Mais qui dit meilleur train de vie, nouvelles dépenses. Isadora Duncan peut certes offrir un meilleur toit à sa famille, mais elle ne fait pas d’économie. Cela aurait pu l’aider à traverser la terrible épreuve qui l’attend.
L’incident de l’Hôtel Windsor met la famille Duncan à la rue

Nous sommes le 17 mars 1899, jour de la Saint Patrick. Une partie de la population est amassée dans la rue, afin d’assister à la parade organisée pour la fête annuelle. Isadora Duncan est âgée de 22 ans. L’Hôtel Windsor, où elle réside avec sa mère, sa sœur Elizabeth et ses frères Raymond et Augustin, prend feu. En seulement 90 minutes, tout l’établissement part en fumée. Les origines de l’incident restent relativement floues. Tout porte à croire qu’une allumette a été jetée d’un étage, pour finir sa route sur l’un des rideaux de dentelle.
C’est un incident dramatique pour New-York. 90 personnes périssent dans l’incendie. La famille Duncan en sort idem, mais tout ce qu’elle possède est détruit en même temps que l’hôtel. Isadora Duncan perd tout ce qu’elle a, et se retrouve à la rue, sans un seul sous en poche. Elle va alors faire appel à ses nouvelles relations, fortunées. Ces femmes de la Haute Société vont aider Isadora, qui réussit à rassembler une petite somme. Elle décide alors de changer de vie et de tenter sa chance en Europe, dans l’une des plus belles capitales : Londres.
Isadora Duncan, l’étoile montante de la danse en Europe
Un succès immédiat à Londres
Après une traversée difficile sur un navire de transport de bétail, Isadora Duncan et sa famille arrivent à Londres. Ils s’installent alors dans une petite pension londonienne, et occupent leur temps à découvrir cette nouvelle ville. Musées, monuments, Londres n’a plus de secrets pour eux. Mais le plaisir ne dure qu’un temps. Isadora Duncan doit trouver du travail, car la somme qu’elle avait récolté ne suffit plus à loger ses proches. Très rapidement, ils se retrouvent à nouveau dans la rue. Isadora Duncan va alors tenter un coup de poker : vêtue d’une de ses superbes robes, elle entre dans un grand hôtel londonien, prétendant avoir réservé une chambre. L’audace paie, les Duncan ont de nouveau un endroit où dormir. Par chance, une de ses anciennes clientes new-yorkaise – habitant à Londres – l’embauche pour danser lors d’une soirée mondaine. Le schéma se répète pour Isadora, mais cette fois-ci le succès est immédiat. Rapidement, elle se retrouve à la New Gallery de Londres pour des récitals et commence à se faire connaître de tous. Malgré tout, la ville de Londres commence à lasser Isadora. Une nouvelle fois, elle prend ses valises et part en direction d’une autre grande capitale : Paris – toujours accompagnée de sa mère, ses deux frères et sa sœur.
Isadora Duncan brille à Paris et rencontre d’illustres artistes

C’est en mars 1900, lors de l’entrée dans le nouveau millénaire, qu’Isadora Duncan découvre Paris. Cette même année où l’Exposition Universelle chamboule la vie parisienne. Isadora Duncan découvre avec sa fratrie la Ville Lumière et les monuments qui la composent : le Louvre, l’Arc de Triomphe,… Paris accueille l’artiste avec enchantement. Son style atypique attire et éblouit. En quelques mois seulement, Isadora Duncan connaît une véritable réussite.
Dans la capitale française, la danseuse enseigne son art à des jeunes filles et donne des récitals privés, accompagnée par Maurice Ravel, grand pianiste de son temps. Toujours en toute simplicité, pieds nus et voilage transparent, Isadora Duncan impressionne. Elle organise des petits spectacles privés, accueillant un petit public. Les plus illustres personnages viennent y assister, parmi lesquels Georges Clémenceau, Anna de Noailles, Auguste Rodin,…
Tous les sacrifices sont enfin récompensés. Isadora Duncan devient une véritable étoile montante, son talent est reconnu à travers toute la France et bien au-delà. Sa gloire l’amène à travers toute l’Europe.
L’artiste au sommet de sa gloire
Monte-Carlo, Vienne, Berlin, Munich…Isadora Duncan est adulée, demandée, admirée. Elle enchaîne dorénavant les tournées à travers toute l’Europe. Lors de son passage à Budapest en Hongrie, c’est un véritable triomphe. Elle est devenue la nouvelle coqueluche des adeptes de cet art vivant.
Isadora Duncan créé son école de danse
On connaît le goût d’Isadora Duncan pour la pédagogie. Souvenez-vous, dès son plus jeune âge, l’américaine montre une véritable volonté d’enseigner la danse. Elle réalise à nouveau ce rêve en fondant en décembre 1904 sa première école de danse libre.
C’est en Allemagne, à Grunewald près de Berlin, qu’Isadora établit son établissement. Totalement gratuite, cette école accueille un nombre d’élèves limité qui seront autorisés à se produire aux côtés de leur professeur. 20 élèves seulement ont alors l’honneur d’intégrer l’école fondée par l’illustre Isadora Duncan qui devient alors une véritable chorégraphe. Sur les 20 élèves, 6 se démarquent : Anna Denzler, Maria-Theresa Kruger, Irma Erich-Grimme, Elisabeth Milker, Margot Jehl et Erica Lohmann. Ces jeunes femmes, surnommées les “Isadorables” par le poète français Fernand Divoire, vivent une expérience incroyable et font plus de 70 représentations aux côtés de celle qu’elles admirent. Elles la suivront même jusqu’à New-York pendant la Première Guerre mondiale. Son succès grandissant, Isadora Duncan ne peut malheureusement pas gérer l’école toute seule. Elle lègue donc la Direction à celle qui a toute sa confiance : sa sœur, Elizabeth.
Au vu du succès de cette première école, Isadora Duncan en crée deux autres : une à Paris en 1908, et une troisième à Moscou en 1921. C’est ainsi que la célèbre artiste forme plusieurs générations de danseuses, qui vont perpétuer le talent de la créatrice.

Un succès devenu mondial
Après un succès au niveau européen et la création de sa première école de danse, c’est le monde qui s’offre à Isadora Duncan. Le triomphe est à son comble.
En 1908, elle entame une tournée aux Etats-Unis, qui l’accueille chaleureusement et dans les applaudissements. La jeune fille de San Francisco revient au pays, en illustre artiste. Lors d’une de ses représentations, le président Roosevelt lui-même vient applaudir cette enfant du pays.
En 1916, alors que la Première Guerre Mondiale fait rage, Isadora Duncan part à la conquête de l’Amérique latine lors d’une tournée tout aussi glorieuse. Mais les acclamations ne vont pas tarder à disparaître.
Sa carrière de danseuse sur le déclin
Après la Guerre, Isadora Duncan retourne à Paris et continue les représentations habituelles sur les parquets cirés des appartements haussmanniens. Mais son idéologie et ses convictions l’attirent petit à petit vers un pays socialiste : la Russie. En juillet 1921, Isadora Duncan reçoit une invitation de Moscou, qui lui offre l’opportunité d’ouvrir une nouvelle école de danse. Malgré les mises en garde de son entourage, l’artiste se réjouit :
Je veux maintenant danser pour les masses, pour les travailleurs qui ont besoin de mon art et n’ont jamais assez d’argent pour venir me voir.
Lors d’une énième tournée dans son pays natal, sur une scène de Boston, Isadora Duncan n’hésite pas à clamer haut et fort ses convictions socialistes et son attachement au communisme. Ce qui ne fait pas bon effet dans un pays où le capitalisme règne. Suite à cet incident à Boston, le reste de sa tournée est un véritable désastre. Les salles ne se remplissent plus, et le succès de la grande Isadora Duncan décline. En plus de cela, l’âge se faisant ressentir, le corps d’Isadora prend de l’embonpoint. A presque 50 ans, celle qui pouvait créer des mouvements atypiques n’arrive plus à se mouvoir comme autrefois.
Pour tenter de redresser la barre et d’assurer une entrée de revenus, Isadora Duncan se lance en 1926 dans l’écriture. En entreprend la réalisation de ses Mémoires, une autobiographie. Resté inachevé, le manuscrit n’aura malheureusement jamais le succès escompté. Et il marque la fin de la carrière de cette illustre danseuse américaine.
La vie privée d’Isadora Duncan : époux, amants et enfants
Comme pour sa carrière de danseuse, Isadora Duncan voit sa vie personnelle faite de rebondissements. Joies, amours et drames ont ponctué sa vie de femme.
Oscar Beregi : premier amour éphémère d’Isadora

C’est à Budapest que la jeune danseuse Isadora Duncan fait la rencontre d’Oscar Beregi, un acteur d’origine hongroise. Cette relation est passionnelle, à tel point que le jeune homme prend pour acquis leur futur mariage et en évoque rapidement les conditions à sa belle : « Vous aurez une loge au théâtre, vous viendrez me voir jouer tous les soirs. Vous apprendrez à me donner la réplique et à m’aider dans mes études ». En quête de liberté, Isadora Duncan met très rapidement fin à cet amour éphémère.
Edward Gordon Craig : une relation tumultueuse

En pleine tournée triomphante en Allemagne, la talentueuse Isadora Duncan croise le chemin d’Edward Gordon Craig, un metteur en scène anglais. C’est un amour fusionnel et intense qui habite les deux amants. Mais en véritable révolutionnaire, Edward Gordon Craig va entretenir avec Isadora une relation tumultueuse.
Malgré tout, Isadora Duncan met au monde le 24 septembre 1906 son premier enfant : une fille prénommée Deirdre. Cette naissance comble de joie Isadora, même si les changements qu’elle observe sur son corps la déstabilisent quelque peu. Mais rapidement, Isadora Duncan remonte sur les planches. Et en profite pour mettre fin à sa relation avec le père de sa fille.
Paris Singer, l’amour durable d’Isadora Duncan

Isadora Duncan est aux Etats-Unis, pour une énième représentation de sa tournée américaine. Alors qu’elle est dans sa loge, un homme grand et mince se présente à elle. Cet homme, c’est Paris Singer, fils d’Isaac Merritt Singer, l’inventeur de la célèbre machine à coudre. Isadora Duncan va sur ses 32 ans. Ce millionnaire lui dévoile alors son admiration, et surtout son amour. Il pousse l’audace encore plus loin en lui proposant de l’accompagner et de partager sa vie. Isadora Duncan ne connaît en rien cet homme effronté, mais elle fait confiance en son instinct et accepte.
C’est alors le début de la plus longue histoire d’amour de l’artiste. Paris Singer offre à sa belle tout le faste et le luxe qu’il lui est permis d’offrir. Villa somptueuse sur la Côte d’Azur, Yachts, diamants,… la modeste Isadora voit sa vie chamboulée. Elle se voit offrir un Château dans le Devonshire, ainsi que l’Hôtel de Bellevue à Meudon où elle abritera sa future école Dyonision. Très rapidement, leur union donne naissance à un fils, Patrick, né le 1er mai 1910. Isadora Duncan est à nouveau une femme comblée, jusqu’à cette terrible tragédie du 19 avril 1913.
Isadora Duncan pleure ses deux enfants
Deirdre et Patrick, les enfants d’Isadora Duncan
En ce début d’année 1913, les relations du couple Duncan – Singer s’assombrissent. Paris Singer supporte de moins en moins les envies d’amour libre de sa compagne. En avril 1913, Paris Singer émet le souhait de voir son fils Patrick, ainsi que Deirdre, qu’il considère comme sa propre fille. Le 19 avril 1913, ils vont tous déjeuner dans un restaurant italien à Paris. Paris Singer reprend ensuite la route pour rentrer chez lui. Isadora, accompagnée de ses deux enfants et de la nourrice Annie Sim, retourne à sa demeure située au 68 rue Chauveau à Neuilly sur Seine. Elle a prévu de recevoir des amis plus tard dans la journée.
Ne souhaitant pas attendre la maîtresse de maison, la nourrice décide de rentrer à Versailles avec les deux enfants. Isadora Duncan peut ainsi profiter de ses amis.
Le chauffeur de la famille qui transporte Annie et les deux enfants remonte la rue Chauveau et se dirige vers la Seine. Une voiture arrivant à vive allure de Levallois-Perret le force à piler au coin du boulevard Bourbon. La voiture ayant calé, le chauffeur doit sortir pour donner un tour de manivelle et redémarrer la voiture. Mais dans un moment d’inattention, le bougre oublie de mettre le levier de vitesse au point mort. La voiture redémarre, sans chauffeur, traverse le quai et plonge tout droit dans la Seine. Les secours initiés sont vain, les deux enfants d’Isadora Duncan, âgés de trois et six ans, et leur nourrice décèdent. Les pompiers vont extirper la voiture une heure plus tard, et emmèneront les cadavres à l’Hôpital américain.

Habitant non loin du drame, les camions de pompiers transportant les corps inanimés de ses enfants passent devant la demeure d’Isadora Duncan, sans que celle-ci ne se doute un seul instant de ce qui vient de se passer. A l’annonce de cette nouvelle, Isadora est submergée par le chagrin. Pour oublier sa détresse, elle se donne corps et âme à sa passion qu’est la danse. Mais le deuil va frapper à nouveau.
16 mois après ce drame, Isadora Duncan met au monde un troisième enfant. Son nouveau-né meurt subitement quelques jours après. Isadora Duncan est à nouveau anéantie par le chagrin :
Je crois qu’à ce moment-là, j’atteignis le sommet de la douleur humaine, car avec cette mort il me semblait que mes autres enfants mourraient encore une fois”
Ces drames successifs n’ont malheureusement pas aidé le couple à s’épanouir. Isadora Duncan se sépare de Paris Singer, qu’elle remplace rapidement par de nombreux amants…et amantes. On lui prête notamment une relation avec Mercedes de Acosta, une poétesse hispano-américaine.
Le poète Sergueï Essénine : unique mari d’Isadora Duncan

Lors de son séjour à Moscou, qui sonne le déclin de sa carrière de danseuse, Isadora fait la rencontre de Sergueï Essénine, un poète russe de 18 ans son cadet. Les deux amants se marient le 2 mai 1922, avant de partir pour une tournée en Europe et aux Etats-Unis. Mais ce visage d’ange aux yeux bleus est aussi talentueux que dépressif. Miné par l’alcool lors de ses nombreux coups de blues, Sergueï enchaîne les scandales et devient violent envers Isadora. S’en est trop pour l’artiste, qui décide de quitter son mari. Esséssine tombe en dépression, sera interné dans un hôpital psychiatrique et se suicidera en 1925 à seulement 30 ans. Isadora Duncan, qui possède un véritable pouvoir d’attraction chez les hommes, enchaîne alors les relations d’un soir. Peut-être est-ce pour compenser le déclin qu’elle observe dans sa carrière ?
La mort prématurée d’Isadora Duncan
A la fin de sa carrière, alors qu’elle écrit ses mémoires, Isadora Duncan partage sa vie entre Paris et Nice. Le soir du 14 septembre 1927, elle dîne avec son amie Marie Desty au restaurant le “Henry’s Plage”, situé sur une plage privée. A la fin du dîner, le pilote automobile Benoît Falchetto invite la danseuse à venir essayer son nouveau bolide : une Amilcar GS 1924 décapotable. Voyant là une bonne occasion de passer une nuit torride, Isadora Duncan accepte.
Voyant son amie Marie s’inquiéter, Isadora la rassure en criant “Je pars vers l’amour !”. Pour se protéger du vent, la danseuse Isadora Duncan entoure son cou d’une belle écharpe rouge. Démarrant en trombe, la puissance du vent fait voler un bout de son écharpe offerte par son amie Marie, qui vient se prendre dans l’essieu de la roue arrière gauche. Le constat est sans appel : Isadora Duncan est étranglée, éjectée de la voiture et tuée sur le coup.
Cette danseuse talentueuse, venue tout droit d’Amérique, a marqué l’Histoire de nombreux pays. Son excentricité et l’audace dont elle a fait preuve toute sa vie en font une femme illustre. Son corps est inhumé au Cimetière de Père Lachaise à Paris.

Sources :
– Livre Secrets d’Histoire n°9 par Stéphane Bern
– https://www.tde.fr/