Diane de Poitiers la favorite des favorites
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Diane de Poitiers, la favorite des favorites

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L’histoire de Diane de Poitiers tient de la légende. Celle que l’on qualifie de “grande beauté” est dépeinte comme dotée d’une sagesse remarquable, comme une cavalière émérite, mécène, avide de pouvoir et maîtresse du roi de France Henri II pendant plus de 20 ans. En réalité, les sources qui parlent d’elle sont lacunaires et les preuves de cette existence sont minimes. Qu’en est-il réellement ? Tentons de retracer l’histoire de Diane de Poitiers, à qui la postérité a forgé le titre de “favorite des favorites”. 

Diane de Poitiers, une jeunesse sous le nom de Brézé

Une enfant bien-née

Diane de Poitiers une enfant bien née
Source : https://www.histoire-et-secrets.com/diane-de-poitiers-dame-de-coeur-dhenri-ii/

Diane est née le 31 décembre 1499 dans le château familial du Dauphiné. Fille de Jean de Poitiers, elle est prénommée ainsi en référence à Diane, la déesse de la chasse dans la mythologie antique. Sa famille appartient au cercle des intimes du pouvoir royal : son grand-père, Imbert de Batarnay est un important conseiller des rois de France (Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier). Elle est initiée à la chasse par son père, qui l’y emmène dès ses 6 ans, et possède même son propre faucon. 

Lorsque sa mère Jeanne de Batarnay meurt en 1516, Diane est envoyée à la Cour du roi Louis XII et y parfait son éducation de demoiselle de la haute noblesse : elle apprend le grec, le latin, les règles de bienséance et le dessin. Elle devient ensuite demoiselle d’honneur de la Régente Anne de Beaujeu.

Son mariage avec Louis de Brézé

Diane de Poitiers tombeau Louis de Brézé
Dessin du tombeau de Louis de Brézé dans la cathédrale de Rouen
Source : meisterdrucke.fr

Elle épouse le 16 avril 1515 à 15 ans Louis de Brézé, petit-fils de Charles VII et Agnès Sorel, Grand Sénéchal de Normandie et comte de Maulévrier, qui a plus de 40 ans de plus qu’elle. Il est, comme Diane, cavalier émérite, mais on le dit laid et bossu. De cette union naîtront deux filles, Françoise ( qui deviendra comtesse de Bouillon ) et Louise ( future duchesse d’Aumale ). 

Le couple vit au château d’Anet, propriété de Louis de Brézé. Ce domaine, à proximité des forêts de Dreux, de Roseux et de Normandie, permet au couple de pratiquer quotidiennement sa passion commune pour la chasse. Louis meurt en 1531 : elle fera ériger pour lui un somptueux monument funéraire dans la cathédrale de Rouen, près de la chapelle de la Vierge. 

C’est à partir de ce moment-là que Diane commence à développer un sens aigu des affaires. Elle obtient notamment de se faire verser les gages que son mari recevait au titre de gouverneur de Normandie et de Grand-sénéchal, prenant elle-même le titre de Sénéchal de Normandie. Elle est également autorisée à administrer les biens de ses filles et à en percevoir les revenus.

Diane de Poitiers, de maîtresse à favorite des favorites 

Diane de Poitiers favorite d'Henri II
Henri II et Diane de Poitiers
Source : curieuseshistoires.net

Diane de Poitiers n’était pas une simple maîtresse royale. Elle est qualifiée par les spécialistes de “favorite des favorites”. Elle fait partie des seules femmes à avoir su garder l’amour d’un roi pendant plus de 20 ans. Son couple atypique avec Henri II, âgé de près de deux décennies de moins qu’elle, a déchainé les passions et l’opinion publique. Sa rivalité avec Catherine de Médicis, épouse d’Henri II et reine de France, est devenue légendaire, au point qu’une série nommée « The Serpent Queen” lui est consacrée.  

Sa rencontre avec Henri II, un élève…..assidu 

Henri II est âgé d’à peine onze ans lorsqu’il rencontre Diane de Poitiers. Elle a 31 ans et devient sa préceptrice. Sa mission ? Que le garçonnet timide et maladroit apprenne à devenir un prince respecté et respectable.  Les liens entre eux ne cessent alors de croître. En 1530, lors d’un tournoi de joute équestre, Henri II incline sa lance et ses couleurs devant Diane de Poitiers, à qui il dédie son combat. 

La mort de Louis de Brézé, son mari, place Henri II au centre de sa vie. On raconte que c’est aussi Diane qui, en 1536, ôte sa vertue au roi et l’initie aux plaisirs de la chair, alors qu’il n’est âgé que de 17 ans. Certains auteurs contestent pourtant cette théorie, expliquant qu’aucune relation intime n’a jamais eu lieu entre Diane et le roi.  

Diane de Poitiers devient la favorite d’Henri II 

Diane de Poitiers Monogramme Henri II et Catherine de Médicis
Monogramme d’Henri II et Catherine de Médicis
Source: meubliz.com/

Lors de son accession au trône en 1547 à 28 ans, Henri II fait de Diane de Poitiers sa favorite et l’impose à tout son entourage. Il prend pour emblème le croissant, symbole de Diane déesse de la chasse. De nombreux commentaires ont été faits sur l’ambiguïté du monogramme du roi, composé de la double initiale de sa femme Catherine  et de son initiale le H de Henri. Les deux C entrelacés dos à dos avec le H laissent également apparaître deux D, l’initiale de Diane de Poitiers … Quoiqu’il en soit, Henri vouera à Diane une adoration sans bornes jusqu’à sa mort à 42 ans. 

Ses relations avec la reine Catherine de Médicis : entre rivalité et amitié 

Catherine de Médicis entre rivalité et amitié
Diane de Poitiers et Catherine de Médicis

Catherine de Médicis s’efforce de garder de bonnes relations avec Diane de Poitiers, car elle sait que celle-ci a l’oreille du roi : elle accepte notamment sa présence à ses côtés en tant que dame de compagnie. De son côté, Diane assiste Catherine dans tous ses accouchements, lui sert de garde-malade, lui donne des conseils de fertilité et pousse même Henri II à coucher plus souvent avec sa femme. 

Malgré tout, Catherine garde vis-à-vis d’elle une certaine rancœur : en effet, le roi écrit plus souvent à Diane lorsqu’il est en déplacement. Après la mort de celui-ci, Catherine de Médicis reprend son monogramme mais en faisant dépasser les extrémités des deux grandes barres du H, pour bien marquer qu’il s’agit de son initiale. 

Deux châteaux, parmi les plus beaux du Val de Loire, témoignent de cette rivalité : le château de Chenonceau et le château de Chaumont-sur-Loire. En effet, à partir de 1550 Catherine administre le domaine de Chaumont sur Loire tandis que Diane de Poitiers reçoit d’Henri II le château de Chenonceau en cadeau, accompagné d’une somme conséquente pour procéder à son agrandissement intérieur ainsi que les jardins de Chenonceau. La raison de ce beau présent ? La reconnaissance du roi qui souhaite récompenser Diane des “bons et loyaux services rendus à la reine Catherine”. S’en est trop pour Catherine, qui à la mort d’Henri II échangera avec Diane son château de Chaumont contre celui de Chenonceau. 

Diane de Poitiers château de Chenonceau
Châteaux de Chenonceau

Diane de Poitiers, femme d’influence à la beauté légendaire 

Confidente du roi, Diane de Poitiers jouit à la Cour d’un grand pouvoir. Son sens des affaires et les cadeaux du roi lui permettent également de soutenir de nombreux artistes comme Benvenuto Cellini. Cependant, elle sait que beaucoup convoitent sa place de favorite. Pour garder les faveurs de son amant, elle use de tous les stratagèmes pour conserver jeunesse éternelle et beauté

Les secrets de beauté de Diane pour une jeunesse éternelle

Diane de Poitiers ses secrets de beauté
Source : pariszigzag.fr

Diane de Poitiers est connue pour son hygiène de vie, qui détonne avec les mœurs de l’époque. Conseillée par le médecin de la cour, Ambroise Paré, elle se soumet tous les jours à de nombreux rituels. Le matin, Diane commence par prendre un bain glacé ( étonnant pour l’époque, quand on sait que l’eau était considérée comme vectrice de maladie et qu’on préférait se parfumer ). 

Elle part ensuite à la chasse ou nage dans une rivière pour garder un corps ferme et une taille fine. Vient ensuite le moment d’avaler un bouillon à base d’or, qui était au XVIème siècle connu comme un moyen de garder un teint de porcelaine. Tous ses rituels lui ont ainsi permis de garder une jeunesse apparente qui étonnait la Cour de l’époque. 

Une femme à la grande influence politique ? 

 une influence politique ?
Portait de Diane de Poitiers

Diane était jalousée pour son influence à la cour. La légende la dit avide de pouvoir. Son influence politique est attestée par les écrits des ambassadeurs étrangers, qui venaient en voyage officiel en France. Le roi, après chacun de ses repas, allait rendre visite à Diane. S’il entretenait des affaires politiques du pays, aucun historien ne peut en attester. Mais les écrits des ambassadeurs sont formels : le roi demandait son avis à Diane sur les affaires politiques du pays

Fervente catholique, Diane de Poitiers aurait également poussé le roi Henri II à réprimer et à sanctionner les pratiquants du rite protestant. Ceci ne peut également être prouvé par les historiens. 

Ce qu’il est tout de même possible d’affirmer, c’est que la belle Diane a réussi à placer ses plus proches amis à des postes très importants, comme André Blondel, nommé trésorier d’Epargne, son gendre nommé duc de Bouillon et son ami Jean de Bertrand, nommé garde des Sceaux par Henri II. 

Diane de Poitiers, femme de goût et amie des arts

A la tête d’une immense fortune, qu’elle doit à son défunt mari, aux largesses du roi et à son sens aiguisé des affaires, la favorite des favorites fait travailler les plus grands artistes de son temps : Benvenuto Cellini, peintre italien ou Philibert Delorme, célèbre architecte. Elle aurait également financé le poète Pierre de Ronsard, qui lui dédie une ode aux alentours de 1557, mais cette anecdote est également controversée chez les historiens. 

Diane de Poitiers : chute et fin de la presque reine 

La mort tragique d’Henri II engendre la mort sociale de Diane 

À la mort d’Henri II, tué après avoir reçu un coup de lance dans l’œil gauche à 42 ans le 30 juin 1559, Diane de Poitiers craint d’être chassée. Pourtant, il n’en est rien et il lui est seulement interdit de paraître à la cour. Elle restitue également au nouveau roi François II  les bijoux de la couronne assortis d’un inventaire. 

N’étant pas admise aux funérailles, c’est depuis la fenêtre de son hôtel qu’elle assiste au passage du convoi funéraire d’Henri II. Elle se retire ensuite à Anet, où elle meurt à 66 ans. On retrouve dans ses cheveux lors de son exhumation un taux de concentration d’or 500 fois supérieur à la moyenne, ce qui laisse à penser que ses fameux “bouillons d’or” ont causé sa perte

De la chapelle d’Anet à la fosse commune

Diane de Poitiers château d'Anet
Monument funéraire de la chapelle du château d’Anet
©Carnet d’Histoire

Louise de Brézé, deuxième fille de Diane, fait ériger pour elle un monument funéraire dans le village d’Anet, qui sera ensuite transféré dans la chapelle de son château en 1576. Comme ce fut le cas pour la Basilique Saint Denis, en 1795 son cercueil est profané par les révolutionnaires. Les commissaires de la sûreté générale de Dreux, présents ce jour-là, notent également la présence de deux corps qui seront identifiés comme ceux de ses deux petites-filles mortes en bas-âge. 

Les révolutionnaires se partagent ensuite ses mèches de cheveux et son corps est jeté dans une fosse commune. Son squelette est retrouvé en 2008 et après avoir été analysé ( ce qui a permis de déterminer qu’elle mesurait 1,56 mètre ) il retrouve sa place dans la chapelle d’Anet le 29 mai 2010

L’histoire de Diane de Poitiers, favorite des favorites, est controversée. Pourtant, celle qui n’était pas reine a su se faire une place parmi les femmes les plus connues de France, et son nom résonnera encore longtemps entre les murs des châteaux d’Anet, de  Chenonceau et de Chaumont. 

Sources Webographie

  • https://www.touraineloirevalley.com/catherine-de-medicis-et-chenonceau/
  • Catherine de Médicis, Diane de Poitiers… A Chenonceau, la grande rivalité des dames de cœur – Geo.fr
  • Louis de Brézé et sa (presque fidèle) Diane de Poitiers
  • Diane de Poitiers : biographie de la maîtresse d’Henri II
  • 10 juillet 1559 – Mort tragique du roi Henri II – Herodote.net
  • Sous le signe de la lune : Henri II et ses choix héraldiques
  • Rois de France – Liste et Chronologie
  • Henri II fou d’amour pour une femme de vingt ans son ainée…
  • Diane pour Ronsard : un mythe taciturne et toujours menacé – Persée
  • DIANE DE POITIERS (1499-1566) – Encyclopædia Universalis
  • Louis de Brézé – Histoire de l’Europe
  • Jeanne d’Arc, Catherine de Médicis, Diane de Poitiers, femmes historiques du Val de Loire , Val de Loire, une balade en France
  • Château d’Anet

Sources Bibliographie

  • LE FUR Didier, Diane de Poitiers, Editions Perrin, 2021 p.55 à 75
  • GUENIFFEY Patrice, DE MEAUX Lorraine, Les couples illustres de l’histoire de France, Editions Perrin, 2019 p. 103 à 122