La France héberge environ 11 000 châteaux classés ou inscrits au titre de patrimoine historique. Mais il y en a plus encore qui ne sont pas protégés ! Si les châteaux français font partie du charme de nos territoires, encore faut-il pouvoir les conserver. La sauvegarde du patrimoine bâti est en effet un défi, à différents titres. Je vais justement me pencher sur les protections actuelles et sur les enjeux qui encadrent la protection du patrimoine.
L’importance de la sauvegarde du patrimoine français
Rassurez-vous, le château de Versailles n’est pas menacé ! Quand on parle des châteaux français, on a vite en tête les célèbres exemples de Chambord, de Versailles, de Saumur ou de Chantilly.
Mais pour ces quelques joyaux du patrimoine, célèbres et célébrés, on retrouve aussi de nombreux châteaux anciens dont la restauration représente parfois un véritable défi. Je vous avais d’ailleurs à ce propos parlé du château du Duc d’Epernon.
Tout comme lui, plusieurs centaines de châteaux et de bâtiments anciens sont menacés de destruction. Voyons ensemble pourquoi…
Les difficultés de conservation du patrimoine
On compte en France plus de 30 000 châteaux de différentes époques, et plus encore de bâtiments anciens et historiques (monuments religieux, maisons de personnes célèbres, curiosités architecturales, etc.).
Ce patrimoine bâti reflète la richesse culturelle, historique et architecturale de la France… Mais sa conservation représente parfois un véritable défi !
Premier obstacle : le financement
Comme on peut facilement l’imaginer, le premier obstacle à la conservation des bâtiments patrimoniaux est le financement des travaux.
Les simples frais d’entretien liés à la conservation d’un château sont très importants, alors imaginez le budget lié à sa restauration !
Cette contrainte de financement peut peser sur les différents acteurs concernés :
Le propriétaire : en premier lieu, il faut noter que c’est le propriétaire du bien immobilier qui doit payer les travaux, en tant que maître d’ouvrage. Suite à un achat mal réfléchi, à une perte de revenus ou à un héritage, ce simple fait peut représenter un défi pour les propriéaires.
L’État : pour la protection des bâtiments historiques (les immeubles classés ou inscrits au titre de monument historique), il existe certains dispositifs d’aides financières. Mais même là, l’attribution des aides se fait en fonction des finances de l’État et de l’importance touristique et architecturale du lieu.
On notera que le rôle du maître d’ouvrage (le propriétaire des lieux) est primordial. Très souvent, c’est le fait qu’un particulier ait un projet immobilier qui permet la conservation de certains châteaux et bâtiments anciens.
Sans cette volonté, le patrimoine bâti peut rapidement se détériorer, et donc menacer de disparaître…
Second obstacle : le coût
La difficulté du financement est bien entendu liée aux coûts engendrés par la conservation du patrimoine.
Si vous avez déjà rénové une maison, vous savez que les travaux coûtent rapidement cher. Si la facture est élevée pour rénover une maison de 100 mètres carrés, imaginez donc le budget pour un château de 600 mètres carrés !
Sans oublier le fait que les travaux de restauration du patrimoine sont nettement plus coûteux que la « simple » rénovation d’une maison. On utilisera en effet des matériaux plus coûteux et des techniques plus complexes. Très souvent dans l’immobilier ancien, les frais de rénovation d’un château sont plus élevés que ses frais d’acquisition…
Dernier obstacle : les compétences
C’est un fait qu’on oublie, mais la réhabilitation d’un monument historique exige aussi des compétences spécifiques. Restaurer des décors de façade ou des moulures intérieures anciennes ne peut être réalisé par un plaquiste !
Il est indispensable de trouver une entreprise de rénovation de bâtiment historique et des spécialistes qualifiés. Or, certains savoir-faire se perdent ! Le coût entre par ailleurs à nouveau en jeu dans de tels travaux.
Sur des bâtiments non protégés, le propriétaire pourrait décider d’opter pour travaux moins coûteux, quitte à faire disparaître certains éléments anciens. C’est une réalité qu’on ne peut pas oublier, à partir du moment où c’est un particulier qui doit financer la rénovation.
Quels sont les éléments mis en place pour sauvegarder le patrimoine ?
Alors, comment est sauvegardé le patrimoine français ? Comme je l’ai évoqué, c’est avant tout le propriétaire d’un bien qui est responsable de sa conservation et de sa restauration, même s’il existe différentes aides.
Quelles aides pour protéger le patrimoine bâti ?
Concrètement, l’État a mis en place différents dispositifs pour la sauvegarde du patrimoine. Ces dispositifs sont dédiés aux bâtiments inscrits ou classés au titre de monument historique. Pour en bénéficier, le propriétaire doit donc préalablement inscrire le bâtiment comme monument historique, ce qui peut être une procédure assez longue.
Une fois cette procédure mise en place, les aides pour la sauvegarde du patrimoine sont les suivantes :
Les aides financières : l’État peut couvrir jusqu’à 50 % des travaux liés à la rénovation d’un bâtiment classé. Les collectivités territoriales peuvent également participer. Cependant, ces aides financières sont traitées au cas par cas, et ne sont en rien garanties. L’ensemble des aides attribuées ne doit jamais dépasser 80 % du montant des travaux. Il restera donc toujours un montant à régler par le maître d’ouvrage.
La défiscalisation : dispositif plus universel, le gouvernement a mis en place différentes mesures de défiscalisation. Elles concernent non seulement le propriétaire (qui peut défiscaliser les frais engendrés dans les travaux), mais aussi les mécènes (défiscalisation des dons faits par des entreprises ou associations pour financer les travaux).
Les dispositifs de défiscalisation ont l’intérêt d’attirer un public aisé dans l’acquisition et la restauration des bâtiments historiques.
À travers le dispositif des monuments historiques, le gouvernement fait aussi en sorte d’encadrer les travaux sur des bâtiments classés ou inscrits, pour éviter que les travaux réalisés ne dénaturent le lieu.
L’importance des initiatives privées
Si les dispositifs peuvent accompagner et inciter les particuliers à financer des travaux de restauration du patrimoine, on garde en tête que la conservation des monuments historiques repose pour beaucoup sur des initiatives privées (projet immobilier, mécénat, etc.).
Alors que des châteaux célèbres comme Versailles sont en mesure de générer des revenus, et donc de financer d’impressionnants travaux, cela sera forcément plus délicat pour des châteaux plus anonymes.
On ne peut alors qu’encourager les initiatives privées, qui visent à valoriser le patrimoine bâti français. La création de chambres d’hôtes historiques ou de salles de réception devient alors parfois la seule manière de financer et conserver les châteaux français.