La bataille de Valmy du 20 septembre 1792 correspond à la première victoire de l’armée française au cours des guerres de la Révolution française. Elle oppose ainsi les troupes françaises des généraux Kellermann et Dumouriez à celles du général prussien de Brunswick. Retour sur cette bataille essentielle à l’avenir de la Révolution française.
Les origines et les enjeux de la bataille de Valmy

Le contexte d’invasion de l’armée prussienne
Le 20 avril 1792, la guerre éclate entre les troupes coalisées du Saint Empire, du royaume de Prusse, renforcés par des milliers d’émigrés, et la France en pleine révolution. Plus de 150 000 soldats s’avancent en direction de toutes les frontières à l’est de la France, avec un objectif en tête, celui de prendre Paris et de libérer Louis XVI. Elles ne pénètrent sur le territoire français qu’à partir du 12 août. Des premières batailles se produisent, et le 2 septembre, les envahisseurs marchent sur Verdun qui vient de capituler. À Paris, il n’y a guère d’inquiétude chez les politiques dans l’Assemblée, comme Georges Danton qui prône que l’audace est nécessaire pour faire face à cet ennemi déterminé.
De l’invasion à la bataille de Valmy
Le duc de Brunswick rassemble plus de 80 000 soldats sur la place forte de Verdun, et les mène dans une course vers la capitale. Mais le général Dumouriez mène aussi une marche rapide dans l’Argonne afin de barrer la route vers Paris. Un autre général français, Kellermann, dispose aussi de milliers de soldats en manœuvre pour effectuer une jonction avec l’armée de Dumouriez le 19 septembre, alors stationnée en amont de Sainte-Menehould.
Les Prussiens s’avèrent être en position à quelques pas de là. Le terrain est constitué de prairies, où plusieurs moulins se dressent, le plus massif d’entre eux étant le moulin de Valmy. À quelques kilomètres de l’armée en stationnement de Dumouriez, se trouve le général Kellermann arrivé ici le 18 septembre. Les deux militaires entretiennent une communication afin de positionner convenablement leurs armées en fonction du terrain s’imposant à eux. Mais l’armée prussienne est tenue informée des mouvements effectués par l’armée française et se dirige vers Valmy.
Les moments décisifs de la bataille de Valmy

L’arrivée des troupes prussiennes
Le 20 septembre, avant l’aube, l’avant-garde prussienne du prince de Hohenlohe-Ingelfingen ne tarde pas à rencontrer les hommes du général Kellermann. Elle se trouve en effet au village d’Hans, au nord de Valmy. L’essentiel des forces ennemies se trouve à Somme-Tourbe, soit quelques kilomètres derrière.
La cœur de la bataille de Valmy

Au petit matin, peu après sept heures, la bataille débute par des échanges d’artillerie entre les deux camps. Ces premiers échanges ne causent pas de grandes pertes autant du côté prussien que du côté français. Le doute s’installe alors et mène le duc de Brunswick en personne à changer de stratégie. En effet, c’est en fin de matinée que la tournure des événements change. Le duc prussien met en place sa cavalerie qui prend la direction du moulin de Valmy. La tactique militaire employée par les Prussiens est celle de l’ordre oblique.
Quant à l’armée révolutionnaire, disposée en colonnes, elle reçoit l’ordre d’avancer. Le général Kellermann tombe de son cheval, sa bête est blessée par un tir de canon, il se relève en criant « Vive la nation ! ». Il génère une immense ferveur dans ses rangs, faisant doubler l’intensité des tirs de son artillerie. Les Prussiens sont repoussés, et tentent une deuxième attaque en fin d’après-midi, en vain, ils regagnent leurs positions initiales en soirée. Leurs 80 000 soldats en place à Valmy battent ainsi en retraite.
La dysenterie affaiblit l’armée prussienne
Il s’avère qu’en plus du manque de réussite, les coalisés font face à une épidémie de dysenterie dans leurs rangs, maladie d’origine infectieuse, causée par la consommation de fruits verts.
Cela affaiblit considérablement l’armée prussienne en mauvaise posture pendant la bataille de Valmy.
Le saviez-vous ? Un certain duc de Chartres, futur roi de France sous le nom de Louis-Philippe, combat sur le champ de bataille de Valmy dans les rangs de l’armée française.
La bataille de Valmy et ses répercussions

La bataille de Valmy se résume essentiellement à un échange d’artillerie. L’artillerie française, qui vient d’être réformée par l’ingénieur Gribeauval, s’est aisément démarquée sur le champ de bataille. Les combats ont intégralement détruit le moulin de Valmy.
Le bilan est « léger », on compte 300 morts dans les rangs français, et environ 200 du côté prussien. Pourtant, l’armée française n’était pas préparée et semblait très inexpérimentée face à l’envahisseur déterminé de marcher sur Paris. Même si le duc de Brunswick avait réussi son arrivée à Paris, il aurait fait face à de nombreuses contraintes, la plus grande étant d’être pris à revers par les troupes françaises lors de son retour vers l’est.
À Paris, il n’y a plus de craintes, si bien que le 21 septembre 1792, la royauté est abolie, laissant place à la République. Pour les Français, la victoire a été favorisée par l’élan de ferveur et de patriotisme qu’a généré la bataille de Valmy. L’armée d’invasion quitte le territoire français le 22 octobre.
Se souvenir de la bataille de Valmy

En 1947, sur les lieux de la bataille, un moulin est érigé en mémoire de la bataille. Des statues et un centre historique, ouvert en 2014, prennent place en ces lieux afin de mettre en lumière les événements et leurs enjeux qui s’y sont produits, il y a plus de deux siècles.
Sources :
Ancely, J.-L., Valmy, la fin de la Vieille France 1774-1792, 2020.
Bertaud, J.-P., Valmy, la démocratie en armes, 2013.
Lesage, G, De Valmy à Jemappes (1792) Premières victoires de la Révolution, 2010.
Martin J.-C, Nouvelle histoire de la Révolution française, 2019.