La Première Guerre mondiale fut le théâtre de lourdes batailles charnières dans l’évolution du conflit. Lors des premiers mois de guerre, l’armée française met tout en œuvre à l’est pour bloquer l’invasion du pays par les Allemands, c’est ainsi que commence la bataille de la Marne, étant la première grande bataille du conflit.
Contexte de la bataille de la Marne

Les troupes françaises battent en retraite
Les troupes allemandes en ce début de guerre sont dans une bonne posture. En effet, ils ont déjà enchaîné une série de victoires sur les fronts de Lorraine, de Belgique et de l’est.
Au 23 août, les troupes françaises présentes en Belgique battent en retraite en raison du nombre trop important de soldats allemands mobilisés pour envahir le territoire. Ce sont plus de 1,2 million de soldats regroupés dans 59 divisions qui sont prêts à envahir la France par la Belgique et le Luxembourg. Ce retrait des franco-britanniques laisse l’envahisseur avancer jusqu’en région parisienne au début du mois de septembre.
La contre-attaque française
Mécontent des stratégies de retraite mises en place par des généraux peu offensifs, le maréchal Joffre prend les choses en main en ce début septembre 1914 et révoque certains de ses généraux.
Dans le but de retarder l’avancée allemande, Joffre décide la mise en place d’offensives localisées autour de Sedan et dans les Ardennes, mais aussi plus au nord, notamment à Guise et Saint-Quentin dans l’Aisne.
La retraite française s’arrête aux environs de la Somme et de l’Aisne le 25 août et début septembre, les effectifs se renforcent considérablement le long de la Seine et de l’Aube.
La préparation des combats vers l’Est

Les troupes allemandes partent à la poursuite des Français après leur victoire à la bataille des Frontières du mois d’août. Les corps d’armée ennemie reçoivent l’ordre de prendre la direction de Paris dès le 27 août, afin d’occuper les territoires de la partie septentrionale du pays. Les cinq armées placées sur l’aile droite allemande, couvrant une ligne allant de Strasbourg à Sedan, représentent un total de 900 000 hommes armés de près de 3 000 canons. Notons qu’un corps expéditionnaire britannique commandé par le maréchal French est présent pour aider l’armée française.
Le 3 septembre, la stratégie ennemie change, les troupes ne prennent plus la direction de Paris, mais du Sud-Est. C’est pourquoi une prise d’initiatives rapide s’est imposée au gouvernement militaire français. La sixième armée prend la direction de la Marne et de l’Ourcq. Ainsi, toutes les armées françaises sont préparées à faire front pour une offensive prévue le 6 septembre.
La bataille de la Marne : 5-12 septembre 1914
La bataille de la Marne est en fait un ensemble de cinq batailles réparties sur un front étalé du Nord-Est de Paris au sud de Verdun.
La bataille de l’Ourcq et les taxis de la Marne

Cette bataille a engendré quatre jours de combats, du 5 au 9 septembre, sur un secteur défini entre Meaux et Nanteuil-le-Haudouin. Elle oppose la Ière armée allemande du général von Kluck à la VIᵉ armée française du général Maunoury.
La VIᵉ armée française avait pris la direction de la Marne sur ordre du gouverneur militaire de Paris, la rencontre entre les deux acteurs se produit donc dès le 5 septembre.
Des renforts humains sont envoyés dans les deux camps, essentiellement pour les Français qui sont en difficulté. C’est la raison pour laquelle le général Gallieni à la tête de cette armée trouve une solution pour acheminer entre 5 000 et 6 000 soldats. À Paris, sont réquisitionnés 1 200 taxis sur les 10 000 dont la capitale dispose. La légende des taxis de la Marne est née, deux convois partis le soir du 7 septembre parviennent à soulager les souffrances françaises dans la Marne. Enfin, le 9, les Ière et IIᵉ armées allemandes décident de battre en retraite.
La bataille des Deux Morins

Cette bataille se déroule simultanément avec la bataille de l’Ourcq. Celle-ci prend place du 6 au 9 septembre dans la Brie champenoise et oppose l’alliance du corps expéditionnaire britannique et de la Vᵉ armée française aux Ière et IIᵉ armées allemandes. Les combats se concentrent sur le Petit Morin et le Grand Morin, et une brèche dans la ligne allemande est identifiée du côté français. La IIᵉ armée bat en retraite face à une menace d’encerclement franco-britannique le 9, et les alliés franchissent la Marne.
La bataille des Marais de Saint-Gond
La bataille des Marais de Saint-Gond se déroule du 6 au 9 septembre entre Sézanne et Mailly-le-Camp. Elle voit l’opposition de la IXᵉ armée française aux IIᵉ et IIIᵉ armées allemandes de von Bülow et de von Hausen.
Un mouvement soudain des troupes françaises le 6 septembre les oblige à rester sur la défensive après avoir été contenues par les Allemands. Les combats sont intenses du 6 au 8, et les troupes des deux camps sont renforcées pour ne pas céder. C’est le 10 septembre que face à la pression des Français que les troupes allemandes des deux armées décident de battre en retraite de peur d’être encerclées.
La bataille de Vitry

Cette bataille prend place dans les environs du village de Vitry-le-François et oppose du 6 au 10 septembre la 4ème armée française et des IIIème et IVème armées d’Allemagne. Les troupes françaises se resserrent et permettent d’envelopper la IVème armée allemande dès le 10 septembre.
La bataille de Revigny
Ce dernier affrontement de la bataille de la Marne prend place au sud de l’Argonne, et oppose les IVème et Vème armées allemandes aux 3ème et 4ème armées françaises. Les combats y sont violents, nécessitant aussi l’apport de renforts humains du côté français, mais encore une fois l’ennemi est contraint de se replier au-delà de l’Argonne.
La fin de la bataille de la Marne et son bilan

La bataille de la Marne témoigne de l’échec de la stratégie allemande représentée par le plan Schlieffen. L’ennemi est affaibli, ayant perdu 83 000 de ses hommes durant la bataille, et du fait de l’envoi d’effectifs sur un front situé plus à l’est contre la Russie. Ce qui fait les alliés vainqueurs de cette première bataille de la Marne.
Également épuisées, les forces françaises ne sont pas parvenues à repousser les Allemands en dehors du territoire français, ces derniers se sont positionnés le long de l’Aisne. De cette manière, les armées françaises et britanniques doivent faire face à une nouvelle bataille du 13 au 28 septembre, c’est la bataille de l’Aisne. Une véritable “course à la mer” se dessine jusqu’au mois de décembre où les deux camps tentent d’effectuer des mouvements de débordements réciproques sur un front stabilisé de la Suisse à la mer du Nord.
Les pertes alliées lors de la bataille de la Marne sont considérables, en effet plus de 112 000 soldats franco-britanniques sont morts ou disparus. La guerre de mouvement va bientôt cesser pour laisser place à la guerre de tranchées marquée par la bataille de Verdun en 1916.
Une deuxième bataille de la Marne interviendra à la fin de la guerre, opposant encore les deux camps et se conclura par une victoire alliée.
Sources :
Cochet, F, Les batailles de la Marne de l’Ourcq à Verdun (1914 et 1918), 2004.
Miquel, P, La bataille de la Marne, 2004.