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La Maison carrée de Nîmes, un joyau romain figé dans le temps

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Candidate à une inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, la Maison carrée de Nîmes est une merveille de l’architecture antique. Découvrez ce monument romain vieux de 2000 ans et parmi les mieux conservés au monde.

La Maison carrée : beauté classique au nom atypique

Maison carrée exterieur
Photographie de la Maison carrée ©Nîmes tourisme

L’origine du surnom

Située dans le Languedoc Oriental, Nemausus (nom antique de Nîmes) entretient des liens profonds avec la Méditerranée. Durant le Haut-Empire, la ville connaît un essor considérable. C’est justement au tout début du Iᵉʳ siècle après Jésus-Christ qu’est achevée la construction de la Maison carrée, temple gallo-romain de forme rectangulaire.

L’adjectif “carré” attribué à l’édifice au XVIe siècle peut, à première vue, sembler saugrenu. Cependant, pour un contemporain des années 1500, le terme prend tout son sens. En effet, à l’époque moderne est qualifiée de “carrée” toute forme étant pourvue de quatre angles droits. Comme en témoigne l’inscription au niveau du fronton, le bâtiment antique est à l’origine dédié aux “Princes de la jeunesse”, c’est-à-dire, Lucius Caesar et Caius Julius Caesar, héritiers d’Auguste. Il s’agit donc d’un temple érigé en l’honneur de la famille impériale

L’architecture du sanctuaire dynastique

La Maison carrée doit sa renommée à son état de conservation remarquable qui en fait l’un des monuments romains les mieux conservés au monde. Sa composition architecturale est néanmoins tout à fait classique. Le temple repose sur un podium, ce qui a pour effet d’élever la structure et de lui apporter de la majesté, ce procédé est couramment utilisé par les architectes de l’Antiquité. Pour accéder au sanctuaire, il faut gravir quinze marches. Ce nombre impair n’est pas dû au fruit du hasard puisqu’il permet aux officiants de commencer et de terminer l’ascension de l’escalier par le pied droit (le pied gauche étant signe de mauvais augure). 

L’édifice est dit “hexastyle” puisque six colonnes d’ordre corinthien constituent la façade. Au total, trente colonnes, dont vingt imbriquées dans le mur de la cella (ou naos), entourent la structure. La blancheur marmoréenne de la Maison carrée s’explique par le choix du matériau de construction : la pierre de Lens. Le grain fin de ce calcaire rend possible la création d’ornements minutieux et variés dont les motifs végétaux décorent le plafond du pronaos (espace se situant à l’avant du temple). L’inspiration de la flore se retrouve également au niveau des chapiteaux garnis de feuilles d’acanthe.

L’inscription évoquée précédemment est originellement faite de lettres en bronze aujourd’hui disparues. Cette dernière n’est déchiffrée qu’au XVIIIe siècle par l’archéologue nîmois Jean-François Séguier grâce aux trous de fixations des lettres. Le fronton couronnant l’ensemble architectural supporte une toiture de tuiles ocre alternant entre modèle plat (tegulae) et tuiles rondes de jonction (imbrices).  

Le maître d’œuvre s’est inspiré de constructions de la capitale de l’Empire telles que les temples d’Apollon et de Mars Ultor : manifestation des liens qui unissent Nîmes à Rome s’il en est. En outre, l’érection d’un tel bâtiment nécessite une autorisation de la part du pouvoir romain. 

Histoire de la Maison carrée : de l’Antiquité au XIXe siècle 

Visite de François Ier aux monuments de Nîmes
Alexandre-Marie Colin, Visite de François Ier aux monuments de Nîmes, 1836 ©Robert Valette

La Maison carrée est initialement bâtie pour abriter le culte impérial. Ce dernier fédère la kyrielle de cités composant l’Empire romain autour d’un même élément. Le rituel prend place à l’extérieur, l’entrée dans le sanctuaire étant un privilège réservé aux prêtres. Positionné sur le forum, le temple dynastique rythme la vie des habitants de Nemausus. 

Au Moyen Âge, l’édifice est surnommé “Capitole” et il accueille la Maison consulaire nîmoise (équivalent de l’hôtel de ville contemporain). 

En 1535, de passage à Nîmes avec son épouse Éléonore de Habsbourg, François Iᵉʳ visite les monuments romains de la cité. Le roi emblématique de la Renaissance française ordonne la démolition des constructions jouxtant les vestiges antiques. L’ancien sanctuaire dédié au culte impérial devenu Maison consulaire change régulièrement de fonction. Cela entraîne des dégradations importantes, mais évite paradoxalement sa disparition. Ainsi, la Maison carrée est tour à tour transformée en écurie, en logement et en église (les Augustins en font l’acquisition en 1670).  

Après sa conversion en lieu de culte chrétien, la Maison carrée se mue en grenier à blé, avant d’être investie par l’administration du Directoire pendant la Révolution. Au tournant du XIXe siècle, le temple antique devient la première préfecture du Gard. Une restauration est amorcée entre 1816 et 1822 et dès 1824 est inauguré un musée d’objets antiques situé à l’intérieur du bâtiment (qui continue d’accueillir des expositions jusqu’en 2005). 

La Maison carrée au XXIe siècle : travaux, rénovations et mise en valeur d’un patrimoine antique

Vue du Carré d'art
Photographie de la Maison carrée ©Nîmes tourisme

Les rénovations (2006-2010)  

Les effets du gel et de la pollution entraînent le besoin de travaux de rénovation que la municipalité entreprend entre 2006 et 2010. L’opération consiste à restituer l’éclat de ce joyau de l’architecture antique nîmoise. Plus de 44,000 heures de travail sont nécessaires pour qu’il retrouve sa splendeur d’antan. 

La Maison carrée candidate au Patrimoine mondial de l’UNESCO (2023)

Classée aux Monuments historiques en 1840, la Maison carrée est choisie en 2023 par la France pour être présentée au Comité du Patrimoine mondial dans l’optique d’une inscription sur la liste des biens du Patrimoine mondial de l’UNESCO. À cet égard, la ville de Nîmes met en avant la valeur universelle exceptionnelle du temple dynastique édifié au premier siècle de notre ère dont l’état de conservation ainsi que la magnificence justifient amplement cette candidature. Celle-ci sera étudiée par la commission qui se réunira à Riyad du 10 au 25 septembre 2023.

Sources :

AMY Robert, GROS Pierre, La Maison carrée de Nîmes, Paris, 1979.
BALTY Jean Charles, Études Sur La Maison Carrée de Nîmes, Latomus, vol. 17, no. 4, 1958.
OUZOULIAS Pierre (dir.), Comment les Gaules devinrent romaines, Paris, 2010.
https://www.arenes-nimes.com/maison-carree

https://www.maisoncarree.eu