Pauline Bonaparte
Personnages historiques

Pauline Bonaparte, la sœur insoumise de Napoléon

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Pauline Bonaparte est, comme son nom l’indique, non seulement la sœur de Napoléon Bonaparte, mais aussi sa préférée. Née le 20 octobre 1780 à Ajaccio, elle est la deuxième fille de Charles-Marie Bonaparte et de Maria Letizia Ramolino. Projetée sur le devant de la scène médiatique et politique de l’époque grâce à l’ascension fulgurante de son frère, la vie de Pauline n’est malheureusement pas exempte de malheurs. Retour sur le destin de celle que Napoléon surnommait “la plus belle des femmes de son temps” et “la meilleure des créatures vivantes”.

Pauline Bonaparte, une jeunesse mystérieuse

Pauline Bonaparte jeune ©gazette drouot
Portrait de Pauline Bonaparte jeune
©gazette drouot

On ne trouve de preuves sérieuses de la vie de Paolina Buonaparte qu’à partir de 1793, lorsque sa famille fuit la Corse pour le Continent, car celle-ci est conquise par les anglais.  Sa famille, expulsée de l’île, s’installe à Marseille. Le prestige militaire qu’acquiert Napoléon favorise alors l’ascension sociale des Bonaparte et leur permet de fréquenter la haute société provençale.

Paolina a alors treize ans et un très beau visage, qui attire beaucoup de courtisans au nombre desquels on trouve Junot, un général français du Ier Empire qui deviendra aide de camp de Napoléon.

Celui qui deviendra empereur refuse de donner la main de sa soeur au fameux Junot, et envisage plus sérieusement de marier Paolina à Fréron, un journaliste français. Ces projets maritaux sont avortés lorsque Napoléon apprend que Fréron courtise également une autre femme, et pour mettre fin à tout cela, fait venir Paolina au château de Monbello, à Milan, où il est déjà proconsul. 

Une expatriation forcée en Haïti

Charles-Victoire Emmanuel Leclerc portrait
Portrait de Charles-Victoire Emmanuel Leclerc par François-Joseph Kinson

À Milan, celle que l’on appelle désormais Pauline en français rencontre Charles Leclerc, un ami de Napoléon et l’épouse le 14 juin 1797. Le couple a un enfant prénommé Louis Dermide Napoléon. C’est le futur empereur lui-même, en tant que parrain, qui choisit cet étrange prénom. Charles Leclerc est muté à Saint-Domingue, en Haïti, à la demande de Napoléon, pour mater une rébellion menée par Toussaint l’Ouverture, qui veut y rétablir l’esclavage.

Si elle est réticente à ce voyage au premier abord, une fois arrivée à Port-au-Prince, la capitale de l’île, Pauline brille par sa beauté et sa frivolité et fait tourner les têtes. Loin de son frère, elle peut avoir le comportement qui lui plait et devient le centre de la vie sociale de la colonie française.

Pourtant, Pauline ne fait pas que s’amuser : lorsque l’armée commandée par son mari est décimée par la fièvre jaune, elle transforme sa maison en hôpital et pousse ses fortunés amis à en faire de même. 

Pauline Bonaparte, une veuve rayonnante 

Pauline Borghèse en Vénus par Canova
Pauline Borghèse en Vénus par Canova

En 1802, Charles contracte la fièvre jaune lui-aussi. Lorsqu’il meurt, Pauline et son fils Dermide reviennent en France. Elle acquiert le statut de veuve, s’habille en noir mais uniquement le temps recommandé par le protocole : une fois cette période passée, elle prend plusieurs amants dont François-Joseph Talma, un acteur parisien. 

Son frère Napoléon, lassé de voir que la liste de ses amants grandit de jour en jour, décide de la remarier. À cette époque, Napoléon est déjà lancé dans la course à l’Empire. Conscient que, pour atteindre son but, lui et sa famille doivent être irréprochables, il considère la conduite de Pauline comme un obstacle à écarter.

Pauline Bonaparte devient princesse 

Portrait de Camillle Borghèse
Portrait de Camillle Borghèse

Bonaparte et son frère Joseph retiennent le prince Camille Borghèse comme prétendant. Ce jeune homme de 28 ans vit alors  à Rome ( parfait pour éloigner Pauline de Paris ), il est également doté d’une grande fortune. Cela semble suffire aux Bonaparte, car ce mariage permet également à leur sœur frivole d’acquérir le titre de principesa, une rente annuelle de 70 000 francs, des propriétés et un personnel nombreux à son service.

Un changement de pays n’empêche pourtant pas Pauline de continuer sa vie d’avant : elle accumule une fois de plus les amants, s’entoure d’une armée de courtisans et rats de palais, formant autour d’elle une espèce de cour. Son nouveau mari Camille ne dit rien et pour cause : il est impuissant, et ne peut pas consommer son mariage avec Pauline. Elle finit finalement par rentrer en France et s’installe rue du Faubourg Saint-Honoré.

Une princesse dépressive 

Pauline Bonaparte par Marie-Guillemine Benoist
Pauline Bonaparte par Marie-Guillemine Benoist ©RMN Grand-Palais

Lorsque l’on regarde le fameux tableau du sacre de Napoléon en 1804 peint par David, on peut apercevoir les trois sœurs de Napoléon, dont Pauline sur la gauche. Le tableau ne permet pas de rendre compte de la situation réelle :  la principesa vient de vivre un drame quelques mois auparavant : la mort de son fils de 6 ans, Dermide, qui la plonge dans une profonde dépression.

Elle s’amourache, pour noyer son chagrin, d’un peintre noble d’origine provençale, Auguste de Forbin. Au départ, leur relation est celle d’un mécène et de son protégé, jusqu’à ce que la princesse Borghèse s’enfuit avec lui dans l’une de ses propriétés en France. C’est là que Camille se réveille : le mari mécontent en appel à son beau-frère nouvellement empereur qui somme sa sœur d’arrêter son idylle. 

Pauline ne lui obéit pas, et rompt son mariage avec Borghèse et allonge toujours plus sa liste d’amants : un capitaine, un militaire, un chef d’orchestre.. jusqu’à ce que Napoléon lui demande de l’aide.

Sa relation privilégiée avec Napoléon

Pauline Bonaparte et Napoléon
Pauline Bonaparte et Napoléon
©parismatch

Pauline a toujours été la préférée de son frère l’empereur, malgré ses frasques. Ils ont un lien privilégié et indéfectible. Preuve en est : Pauline est jalouse, lorsque Napoléon s’unit à Marie-Louise de Savoie, une jeune et mignonne princesse de 19 ans.

Après l’occupation de Paris par ses ennemis en 1814, Napoléon est exilé sur l’île d’Elbe. Ceux qui lui doivent leur réussite, dont ses propres parents, continuent de mener leur vie. Seule Pauline lui rend visite pendant son exil. C’est aussi elle qui, pour financer la campagne de Waterloo, met une partie de ses bijoux en gage. Lors de la défaite, Pauline insiste auprès du diplomate allemand pour partager l’exil de Napoléon à Sainte-Hélène, mais n’obtient jamais l’autorisation de le faire. 

Une vie écourtée par la maladie

Lorsque Napoléon meurt en 1821, Pauline demande son aide au Pape pour l’aider à se réconcilier avec son ex-mari Camille Borghèse. C’est la fin de la frivolité et des frasques de la belle infidèle : elle meurt d’un cancer foudroyant à 44 ans, après avoir exprimé le souhait d’être enterrée à côté de son premier mari Charles Leclerc et de son fils Dermide. Camille Borghèse ne respectera pas ce souhait et décide de l’enterrer dans le panthéon familial de la basilique romaine Sainte-Marie-Majeure. C’est donc là que vous pouvez vous recueillir sur la tombe de celle que Canova appelait “la Vénus victorieuse”

Sources


https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2021/08/pauline-bonaparte-lindomptable-soeur-de-napoleon
https://histoire-image.org/etudes/pauline-borghese-princesse-muse
https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/3664-pauline-bonaparte-1780-1825-duchesse-de-guastalla.html
https://www.napoleon.org/magazine/livres/pauline-bonaparte-princesse-borghese-2/
https://www.napoleon-empire.net/personnages/pauline_bonaparte.php
https://www.sport-histoire.fr/Histoire/Les_Bonaparte.php