Le château d'Angers un monuent à la gloire des Plantagenêt header
Idées Visites Les Chateaux Pays de la Loire

Le château d’Angers, un monument à la gloire des Plantagenêt ?

Accueil » Idées Visites » Le château d’Angers, un monument à la gloire des Plantagenêt ?

Emblème majestueux de la ville d’Angers, le château des ducs d’Anjou trône fièrement sur un promontoire naturel, surplombant le cours paisible de la Maine. Construit avec des matériaux emblématiques de la région, tels que le schiste, l’ardoise et le calcaire, il est célèbre non seulement pour avoir été la résidence des Plantagenêt et du roi René, mais aussi pour être le témoin silencieux
des âpres rivalités entre la France et l’Angleterre.

Avec un passé riche s’étirant sur des millénaires, le château d’Angers incarne aujourd’hui l’essence même de la cité. Nous exhortons tous nos lecteurs à se rendre sur ce site historique, afin de plonger dans le temps à travers les précieux artefacts archéologiques qu’il abrite.

L’Anjou, puissante région en devenir

Depuis des millénaires, l’homme a choisi ce lieu pour y établir sa demeure. Au néolithique, attirés par l’aspect stratégique du promontoire rocheux, les hommes ont pris possession de ce lieu, qui leur offrait à la fois une vue imprenable, une position dominante et un refuge sûr.

Ainsi, entre 4500 et 3000 ans avant Jésus-Christ, des vestiges de leur présence ont été retrouvés : un monument funéraire, un montjoie (aussi connu sous le nom de cairn), ainsi que des déchets de taille de silex. Ces témoignages du passé ont été mis au jour lors de fouilles menées entre 1992 et 2003 par l’Afan et l’Inrap.

Au Ve siècle, les Celtes, plus précisément le peuple Andécaves, s’installent dans la région angevine, principalement au nord de la Loire, laissant ainsi leur empreinte en baptisant les lieux de leur nom. L’époque romaine, initiée par la conquête de la Gaule par Jules César, a légué davantage de vestiges architecturaux à la région. Il est intéressant de noter que Jules César et son armée ont élu domicile à Angers pendant l’hiver de 57 av. J.-C., un épisode qu’il relate dans son œuvre La Guerre des Gaules.

Une présence humaine ancienne à Angers

La romanisation de cette région a été plus lente que dans d’autres parties plus centrales de l’empire. Cependant, elle s’est imposée avec le temps, notamment avec le changement de dénomination de la cité, rebaptisée Juliomagus – signifiant littéralement « le marché ou le champ de Julius ». Ce nouveau nom met en évidence l’importance stratégique de ce lieu pour le commerce en Gaule, facilité par sa proximité avec des cours d’eau majeurs tels que la Sarthe, la Mayenne, le Loir et, bien entendu, la Loire.

La trace des édifices antérieurs s’est estompée avec le temps, à l’image du rempart de terre renforcé de bois de l’oppidum. Ces structures ont cédé la place à un vaste espace dégagé, en partie grâce aux travaux de remblayage entrepris sous l’égide de l’administration romaine. Bien que nous ne puissions définir avec précision la nature des bâtiments qui ont façonné ce nouvel espace urbain, il est indéniable que cette zone, où se trouve aujourd’hui le château, était déjà d’une importance capitale pour la cité.

Le château d'Angers cadre géographique angers
Cadre géographique et morphologique du château d’Angers – Pierre Chevet | Inrap, UMR 6566 « émergence des cités gallo-romaines dans l’ouest de la France »

Sous le règne de Tibère, Angers amorce une transformation profonde, adoptant les caractéristiques urbanistiques romaines. L’aménagement des routes et le tracé orthogonal de la cité en sont des illustrations notables. Ainsi, là où aujourd’hui serpente la rue Saint-Aubin, se dressait autrefois le decumanus maximus. Le Forum, quant à lui, occupait l’espace de l’actuelle place de la cathédrale, et les thermes auraient pris place sur la contemporaine place de la République. Les demeures privées, elles, se concentraient majoritairement autour de la place du Ralliement, tandis que les activités de poterie étaient localisées rue Toussaint. Fidèle aux traditions de l’Empire romain, de multiples nécropoles jalonnaient les abords des voies principales.

Au faîte de son éclat, Angers s’étendait sur quelque 80 hectares et abritait environ 3 000 âmes. Curiosité notable : tout comme sa voisine Tours, la cité se distinguait par la présence d’un amphithéâtre. Ce genre d’édifice, octroyé à un nombre restreint de villes, témoignait du privilège impérial et soulignait, par là même, le rôle prépondérant d’Angers. Après tout, Angers et Tours étaient les seules cités de la région à jouir de telles infrastructures.

Les invasions barbares et le resserrement de la cité

Sous la tutelle de l’empire, une paix précaire se maintient, mais elle vacille face aux mouvements migratoires européens, plus communément désignés comme les « invasions barbares ». Ces déplacements, impulsés principalement par des peuples d’Europe de l’Est se dirigeant vers l’Ouest, s’opèrent en plusieurs vagues, d’abord au IIIe siècle, puis s’étendent du IVe au Ve siècle. C’est ainsi que des tribus germaniques franchissent les lisières de l’empire, empruntant notamment les cours du Rhin et du Danube.

Citation de Jordanès, historien du VIe siècle, dans Histoire des Goths :

« Lorsque son peuple se fut beaucoup augmenté en nombre, le roi Filimer, fils de Gadaric […] prit la décision que l’armée des Goths et leurs familles devraient quitter cette région (près de la Baltique). Dans leur recherche de lieux habitables et plaisants, ils arrivèrent en Scythie, que l’on appelait Oium dans la langue locale. Ils furent enchantés de la richesse du pays et on dit que lorsque la moitié de l’armée eut traversé la rivière, le pont s’écroula de telle sorte que personne ne pouvait plus passer d’une rive à l’autre. […] Cette partie de l’armée qui avait traversé la rivière et qui était entrée avec Filimer dans le pays de Oium prit possession de cette terre convoitée. Elle fit bientôt face à des gens de la race de Spali ; il y eut combat et l’armée de Filimer fut victorieuse. De là, les vainqueurs se hâtèrent vers les confins du pays scythe qui est près de la mer Noire »

Contrairement à la vision presque poétique qu’en donne Jordanès, cette migration ne s’est pas déroulée dans une harmonie parfaite. Plutôt, elle s’accompagne d’une cohorte de chefs belliqueux cherchant refuge à l’Ouest, poussés tant par des conditions climatiques défavorables que par la menace d’envahisseurs venus de l’Est. Ces migrations, par leur ampleur et les conséquences qu’elles engendrent, exacerbent les vulnérabilités de l’empire. En effet, dès le IIe siècle, certaines tribus germaniques à proximité des limes de Germanie avaient déjà semé le trouble aux confins de l’empire.

À l’orée de la seconde moitié du IIIe siècle, les Alamans et les Francs font irruption en Gaule. Les incursions qui s’ensuivent sont incessantes, s’enfonçant toujours plus en territoire romain, malgré les efforts répétés des empereurs pour les contenir. Dans ce tumulte, les citadins cherchent refuge derrière des remparts protecteurs. Ainsi, Angers voit son emprise territoriale se contracter drastiquement, passant de 80 hectares à une modeste superficie de 9 hectares. Cette ancienne enceinte, qui encerclait jadis la cité, demeure encore perceptible, particulièrement rue Toussaint, constituant le témoignage le plus palpable de l’époque gallo-romaine encore visible de nos jours.

Château d'Angers vestige du rempart
Angers, vestige du rempart du Bas-Empire – Als33120 | Creative Commons BY-SA 4.0

La transition de l’Antiquité au Moyen-Âge demeure une époque complexe, éclairée par seulement quelques sources éparses. On sait toutefois que le vent de la christianisation gagne en force dès le IVe siècle. Une preuve tangible en est la désignation d’un évêque à Angers en 372.

Sous l’égide de l’évêque Saint-Aubin, la ville voit l’ascension de plusieurs bourgs monastiques, conjointement à l’érection d’une forteresse féodale. Dans l’ombre du règne carolingien, les valeurs chrétiennes s’ancrent profondément, illustrées par la fondation de la première abbaye en 550. Pourtant, la région ne connaît pas une paix absolue ; elle se situe sur une frontière tumultueuse, tiraillée entre les aspirations des Normands et celles des Bretons.

Vers la naissance de l’empire Plantagenêt

Les prémices du Moyen Âge sont assombries par la conquête d’Angers par les Normands, avec en toile de fond, les assauts répétés des Vikings, parmi lesquels se distingue le chef Hasting, laissant l’Anjou dans une désolation palpable. Face à cette menace grandissante, Charles le Chauve, descendant de l’illustre Charlemagne, orchestre la bataille de Jengland. Ce conflit mène à la paix d’Angers, scellée par le traité d’Angers en 851, qui trace les contours de la Bretagne. Dans la foulée, un document évoque un pacte entre le comte et l’évêque, jetant les bases d’un château à l’endroit actuel. Charles le Chauve, sensible à la situation stratégique de la ville, consolide ses défenses, faisant d’Angers un rempart face à la Bretagne.

Citation selon les Annales de Saint-Bertin, rédaction de 741 à 882 :

« Erispoé, fils de Nominoé, venant à Charles, dans la Cité d’Angers se commanda à lui (se soumet) et reçut en don aussi bien les symboles de la royauté que les ressorts de son père, étant ajoutés le Rennais, le Nantais et le Retz. »

L’affaiblissement du pouvoir des Carolingiens vers le IXe siècle cède la place à l’ascension de principautés territoriales autonomes. C’est dans ce contexte que, au Xe siècle, émerge le premier comte d’Anjou : Foulques Ier d’Anjou, surnommé le Roux. C’est à cette époque que se dresse le palais comtal. Bien que peu fortifié, il demeure imprenable, témoignant de la domination grandissante de cette dynastie sur l’Anjou, étendant leur influence soit par la conquête ou la diplomatie, préservant Angers de toute menace. C’est sous le règne de Foulques III, connu comme Foulques Nerra, que le comté d’Anjou connaît son apogée, renforcé par le soutien du roi Hugues Capet. Ce dernier prête main forte au comte en 995, confronté à son adversaire de toujours, le comte de Blois.

Un mariage gage de puissance pour cette maison

L’union de Geoffroy V d’Anjou et Mathilde l’Emperesse, respectivement fils de Foulques V et d’Erembourge du Maine et fille d’Henri Ier Beauclerc, illustre la genèse de la prestigieuse lignée des Plantagenêt.

Miniature château Angers
Miniature de la deuxième moitié du XIVe siècle dans le Liber benefactorum de l’abbaye de St Albans – PurpleHz | Domaine public

L’idée d’un mariage avec Geoffroy, le jeune héritier d’un comté, ne réjouit guère Mathilde. En effet, elle, qui a déjà porté la dignité impériale, y voit une nette régression en matière de prestige. L’écart d’âge entre les futurs époux n’arrange rien : Geoffroy, encore dans l’adolescence, compte 13 années quand Mathilde approche de ses 26 ans. Heureusement, l’habile médiation de l’archevêque de Tours, Hildebert de Lavardin, amène Mathilde à revoir sa position.

Leur union est célébrée avec grand faste le 17 juin 1128 au Mans. La bénédiction nuptiale est donnée par l’évêque de la ville, Guy d’Étampes, assisté par l’évêque de Séez, Jean de Neuville. Quelque temps après cette union, en 1129, Foulques prend du recul vis-à-vis des affaires d’Anjou, léguant à Geoffroy les titres de comte d’Anjou et du Maine.

Grâce à cette union, la lignée des Plantagenêt trouve le chemin de la couronne, tout en se soustrayant partiellement à la suzeraineté du souverain français sur leurs domaines. Ce mariage a aussi l’avantage de mettre un point final aux hostilités entre l’Anjou et la Normandie. Toutefois, à la disparition d’Henri Ier, c’est Étienne de Blois qui s’empare du trône anglais, reléguant ainsi les Plantagenêt en marge.

Cependant, Henri II Plantagenêt, fruit de l’union entre Geoffroy et Mathilde, ne compte pas rester les bras croisés. Il revendique avec force ses droits à la couronne d’Angleterre, notamment en mettant la pression sur son oncle, Étienne de Blois. Issus de la descendance du comte d’Anjou, Foulques le Roux, les Plantagenêt, grâce à Henri II, montent sur le trône anglais en 1143, inaugurant ainsi un nouveau chapitre de l’histoire anglaise.

Angers, ville secondaire sous les Plantagenêt

Durant le XIIe siècle, Angers et son palais comtal passent sous la tutelle des Plantagenêt. Contrairement aux imposants vestiges que nous observons de nos jours, les fortifications et le château d’alors sont bien plus rudimentaires et moins majestueux.

Il est intéressant de souligner que la continuité du pouvoir civil, succédant à l’autorité impériale de la période gallo-romaine, s’ancre sur le même socle : la vaste terrasse antique. Cette dernière a été élaborée à partir des remblais du Ier siècle après J.-C.

Grands ensemble architecturaux château d'Angers
Les grands ensembles architecturaux du château d’Angers Pierre Chevet | Inrap, UMR 6566 « émergence des cités gallo-romaines dans l’ouest de la France »

Suite à un incendie qui ravage le palais comtal aux alentours de 1131 ou 1132, celui-ci subit des reconstructions et bénéficie de nombreuses améliorations. C’est le cas notamment de la vaste salle dont la superficie augmente considérablement, passant de 300m² à bien plus de 500m². Toutefois, cet élargissement pourrait être la conséquence de chantiers antérieurs. Durant ces travaux, une porte est ajoutée, et elle demeure jusqu’à nos jours. Sous l’influence des Plantagenêt, la chapelle Saint-Laud voit également le jour.

Chapelle Saint-Laud
Chapelle Saint-Laud, château d’Angers – Ibex73 | Creative Commons BY-SA 4.0

Lorsque le règne s’oriente sous Henri II puis sous Richard Cœur de Lion, Angers s’impose comme la capitale continentale des territoires des Plantagenêt. Henri II, portant plusieurs titres prestigieux tels que roi d’Angleterre, duc de Normandie, d’Aquitaine, comte de Poitiers, du Maine et d’Anjou, confère à Angers une dimension particulièrement rayonnante. Richard Cœur de Lion, poursuivant cette tradition, rehausse encore ce prestige.

Aliénor d’Aquitaine épouse d’Henri II et mère de Richard, accouche de sa fille Jeanne au château d’Angers. Bien qu’ils soient titrés rois d’Angleterre, Henri II et Richard choisissent d’être inhumés en Anjou, précisément à l’abbaye de Fontevraud. Il faut attendre le règne de Jean sans Terre – cinquième et dernier fils du roi Henri II d’Angleterre et d’Aliénor d’Aquitaine – pour que la maison Plantagenêt soit contrainte de transférer le pouvoir vers l’Angleterre, délaissant ainsi Angers. La bascule majeure intervient au début du XIIIe siècle lorsque Philippe II Auguste, le souverain français, s’empare des territoires des Plantagenêt tels que l’Anjou, la Touraine, la Normandie et le Poitou.

L’Angleterre est maintenant dirigée par des rois de la famille Plantagenêt :

  • Henri III (1216-1272) ;
  • Édouard Ier (1272-1307) ;
  • Édouard II (1307-1327) ;
  • Édouard III (1327-1377) ;
  • Richard II (1377-1399) ;

Un rayonnement sous le domaine royal

Il serait facile de penser que les racines du château d’Angers prennent source avec la prestigieuse famille Plantagenêt. Toutefois, c’est bel et bien l’intervention du roi de France, par son annexion de l’Anjou et du Maine au domaine royal, qui marque une transformation profonde d’Angers et de son emblématique château.

Édification du château actuel

Effectivement, suite au décès d’Arthur de Bretagne en 1203, qui avait endossé le titre de comte d’Anjou, l’Anjou et le Maine sont réintégrés dans le giron royal par Philippe Auguste. Mais c’est réellement durant la régence de Blanche de Castille que le château d’Angers subit une métamorphose majeure. En réponse aux ambitions de Pierre de Mauclerc, Blanche, assurant la régence pour Louis IX, érige le château en une solide forteresse destinée à être un bastion pour le royaume.

Ce grand projet d’extension entraîne le déplacement des chanoines de Saint-Laud et l’éviction d’une portion des résidents de la ville. La superficie du château s’étire désormais sur 2,5 hectares. Pour financer ces travaux colossaux, un impôt est prélevé sur les citoyens aisés d’Angers, s’ajoutant à une contribution substantielle de 5 000 livres issues du trésor royal.

S’étendant sur une période de 12 ans, de 1230 à 1242, les travaux donnent naissance à une imposante enceinte fortifiée s’étirant sur plus de 900 mètres, ponctuée de dix-sept tours de guet s’élevant à plus de 40 mètres. Le tout encercle un espace de plus de 25 000 mètres carrés. Ce remarquable ouvrage ne se contente pas d’afficher la grandeur et la puissance royale sur Angers et ses environs, il se pose également comme un rempart face à une Bretagne désireuse de préserver son indépendance.

Le château d'Angers
Le château d’Angers au XVe siècle vu par le graphiste angevin – Thomas Sauvage
https://cdn.knightlab.com/libs/juxtapose/latest/embe /index.html?uid=943e63c4-5cf1-11ec-abb7-b9a7ff2ee17c et https://www.linkedin.com/in/thomas-sauvage-339021135/

Sous l’impulsion de Louis IX, une directive est émise pour ériger une muraille encerclant intégralement la ville d’Angers, englobant les deux berges de la Maine. L’histoire d’Angers est marquée par plusieurs fortifications. Effectivement, entre le Xe et le XIe siècles, une première enceinte est construite autour du bourg d’Angers, ayant pour dessein de sauvegarder les nouveaux districts marchands en plein essor. Toutefois, c’est principalement durant la régence de Blanche de Castille, puis sous le règne de Louis IX, qu’un monumental mur de défense, s’étendant sur plus de 4 kilomètres, voit le jour. Cette imposante structure a pour vocation de clore la ville entière, et ce projet s’inscrit en simultanéité avec l’érection du château dans les années 1230.

L’Anjou apanage du domaine royal

L’Anjou se solidifie en tant que province sous l’égide capétienne, consacrée par le traité de Paris de 1258. Elle est alors octroyée en apanage à Charles Ier d’Anjou, frère de Louis IX, engendrant ainsi une seconde lignée des comtes d’Anjou. Bien que le château soit conservé durant cette période, il n’est guère prisé ; les comtes ayant une prédilection pour la Sicile et Naples, terres conquises par Charles Ier en 1264 sur sollicitation papale.

L’existence de cette seconde maison d’Anjou se termine en 1290, lorsque l’unique héritière de Charles II épouse Charles de Valois, frère de Philippe IV le Bel, alors souverain de France. Son fils accédant au trône en tant que Philippe VI, l’Anjou est annexée au domaine royal, entraînant ainsi le délaissement du château, le palais sombrant dans la décrépitude.

La résurgence du duché d’Anjou en 1360, conjuguée à l’avènement d’une nouvelle lignée Valois sous Louis Ier d’Anjou, favorise une renaissance architecturale du château. Durant son règne, les appartements du sénéchal sont restaurés, la grande salle subit des embellissements et s’enrichit notamment de fenêtres, d’une cheminée et d’une cuisine élargie, sous l’expertise de l’architecte Macé Delarue. Simultanément, la commande est passée à Nicolas Bataille pour la confection de la célèbre Tenture de l’Apocalypse entre 1373 et 1382.

Son successeur, Louis II, initie en 1410 la construction du Logis royal. Une chapelle voit le jour sous l’égide de sa consorte Yolande d’Aragon, destinée à abriter la Vraie Croix d’Anjou, insigne vénéré à travers l’Europe et ultérieurement associé à la Résistance française lors de la Seconde Guerre mondiale.

Prévoyant une éventuelle invasion anglaise, le château est consolidé. Cela s’avère judicieux lorsqu’en 1443, le duc de Somerset assiège Angers avec une troupe de 8 000 hommes, avant de se retirer précipitamment suite à un tir mortel depuis le château.

René d’Anjou, figure emblématique angevine né au château en 1409, investit énormément dans sa valorisation. Le Logis royal se dote d’une galerie, tandis qu’un châtelet et des corps de logis voient le jour dans les années 1450.

Toutefois, en 1474, après des querelles avec son neveu, le roi de France, Louis XI s’empare du château et y déploie une garnison. Le château d’Angers passe alors définitivement sous contrôle royal. Bien que les améliorations se poursuivent, elles se concentrent davantage sur les fortifications, telles que les remparts, les fossés et les espaces dédiés à l’artillerie.

Un nom puissant, mais un héritage plus récent

Nous avions débuté notre article en supposant que la famille Plantagenêt était à l’origine du château d’Angers tel que nous le connaissons aujourd’hui. Cependant, à la lumière de nos recherches, il est clair que ce n’est pas le cas. Son surnom, le château des ducs d’Anjou, fait principalement référence aux XIVe et XVe siècles et à la dernière dynastie d’Anjou.

Les Plantagenêt restent toutefois un symbole de la royauté anglaise, notamment en raison de la scission de cette famille en deux branches, la maison de Lancastre et la maison d’York, qui ont déclenché la guerre des Deux-Roses. Cet événement historique a inspiré la série littéraire Game of Thrones de George R. R. Martin.

Pour les plus curieux et observateurs, si l’aspect singulier des tours du château vous étonne, sachez qu’il est dû à un ordre d’Henri III. En effet, lors des guerres de religion, craignant que le château ne tombe entre les mains de l’un ou l’autre des camps en conflit, le roi demande au gouverneur du château, Donadieu de Puycharic, de procéder à sa démolition. Les tours perdent alors rapidement leur toit, puis leur couronnement. Toutefois, les travaux de démolition sont lents, et la fin des conflits met définitivement un terme à ces travaux.

Sources :

  • Célestin Port, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de
    l’ancienne province d’Anjou, édition révisée, Angers, H. Siraudeau et Cie, 1965
  • Jacques Mallet, Angers, le château, Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, Nantes, 1991
  • Alexis Charansonnet, La révolte des barons français en 1246-1247 : les réactions de l’opinion
    publique, les silences de l’histoire officielle, HAL, 2007
  • Pierre Chevet, Pérennité des lieux de pouvoir. Le château d’Angers, du tertre funéraire néolithique à la résidence des ducs d’Anjou, Inrap, UMR 6566 « Émergence des cités gallo-romaines dans l’ouest de la France », 2007
  • François Comte, « Le château et la ville : Angers (XIIIe-XVIe s.) », Revue archéologique du Centre de la France, 2009
  • Jacques Maillet, Les enceintes médiévales d’Angers, Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest,
    1965