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Anecdotes

La bataille de Marathon, les Grecs face aux Perses (490 av. J.-C.)

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Parmi les affrontements les plus notables de l’Histoire, certains ont pris place avant notre ère, notamment au sein de l’une des plus grandes puissances antiques d’Europe, à savoir la Grèce. C’est le cas de la bataille de Marathon qui oppose les hoplites athéniens aux soldats de l’armée perse. Il est important d’aborder cette bataille parmi les plus importantes de l’Antiquité.

La politique expansionniste de l’Empire perse

Carte du monde grec pendant les guerres médiques (500-479 av. J.-C.)
Carte du monde grec montrant les guerres médiques (500-479 av. J.-C.)

La bataille s’inscrit dans un contexte de rivalités anciennes entre les Athéniens et les Perses. Au début du Vᵉ siècle avant notre ère, l’Empire perse de Darius Iᵉʳ est très étendu, jusqu’au territoire européen, et cherche encore à s’étendre davantage. C’est le début de la Première guerre médique.

En effet, la Thrace, l’Ionie et la Macédoine sont déjà entre leurs mains, et il ne manque pas grand-chose aux Perses pour s’attaquer au monde grec. Plusieurs cités de Grèce et les îles de la mer Égée tombent facilement en leur possession. Dans sa lancée, le roi perse envoie en 491 av. J.-C. des ambassadeurs dans les deux grandes cités grecques, Athènes et Sparte, qui défendent dès lors la Grèce en s’alliant contre l’envahisseur et en assassinant ces envoyés ennemis.

Ce sont ensuite plus de 600 navires (on parle de trières) que les Perses d’Artapherne II envoient en direction des îles des Cyclades, pour se rapprocher considérablement de la Grèce continentale. La cité d’Érétrie est assiégée, Naxos est pillée et incendiée par les milliers de soldats perses.

La préparation de la bataille de Marathon

Hoplites athéniens contre perses
Hoplites athéniens contre perses

Face à l’arrivée massive et redoutée de l’armée perse, les hoplites athéniens se placent dans la plaine de Marathon, au Nord est de la plus puissante cité grecque de l’Antiquité.

La coalition grecque mobilisée

Casque de Miltiade offert au Temple de Zeus pour honorer la victoire de Marathon
Casque de Miltiade offert au Temple de Zeus pour honorer la victoire de Marathon

Les troupes grecques présentes pour la bataille de Marathon sont estimées à environ 10 000 hoplites athéniens et 1 000 citoyens de la cité de Platées. La cité de Sparte ne peut pas envoyer de soldats dès les débuts de la bataille en raison des célébrations d’une fête religieuse en l’honneur du dieu Apollon : les Karneia. La mobilisation grecque est commandée par le général athénien Miltiade Le Jeune, qui possède de précieux renseignements au sujet de l’ennemi, ayant auparavant participé à plusieurs campagnes aux côtés de Darius Ier contre les Scythes. L’armée est également placée sous l’autorité militaire du dirigeant politique d’Athènes de l’époque, on parle d’archonte, et il s’agit de Callimaque.

Les hoplites sont lourdement armés et bien protégés par un ensemble formé de casques, boucliers, jambières, de brassards et de cuirasses. Le tout est complété par une épée et une longue lance.

La stratégie militaire propre aux Athéniens est la phalange, c’est-à-dire une évolution des fantassins en rangs serrés, assez différente de la technique de combat utilisée par les Perses.

Les forces perses en présence

Archers d'infanterie perse, Suse, palais de Darius
Archers d’infanterie perse, Suse, palais de Darius

Les effectifs perses mobilisés pour la bataille sont bien plus nombreux que les Grecs qui leur font face. Cependant, ce nombre est difficile à quantifier, variable entre 100 000 et 500 000 soldats selon les auteurs contemporains de la bataille de Marathon. L’Empire est très étendu et couvre différents pays, ce qui assure des effectifs importants pour le roi Darius.

La particularité de la stratégie guerrière perse est l’utilisation conjointe d’archers et de cavaliers, avec un armement bien plus léger que celui utilisé par les Athéniens.

Le commandement des troupes terrestres perses est assuré par le neveu de Darius, Artapherne, la flotte perse de 600 trières étant entre les mains de l’amiral Datis.

La bataille de Marathon

Carte de la bataille de Marathon
Carte de la bataille de Marathon

La rencontre a lieu au début du mois de septembre 490 av. J.-C. Les soldats des forces grecques sont là en large infériorité numérique face aux Perses, prêts à en découdre avec leurs milliers d’archers en retrait d’une cavalerie chargeant les fantassins grecs. La zone est une vaste plaine, proche de la plage de Marathon, un terrain idéal pour les charges de la cavalerie perse. Une fois l’ennemi installé en territoire grec, l’armée hoplitique décide de mener la bataille en ce lieu, rapidement rejointe par les mille Platéens. Les tactiques de combat diffèrent dans les deux camps, mais il est évident que les stratégies d’attaque ont été sagement réfléchies. Ce sont deux lignes de milliers de soldats qui se tiennent à 1 500 mètres de distance l’une de l’autre, prêtes à s’affronter frontalement. Les sources antiques dont nous disposons, notamment les écrits d’Hérodote, semblent témoigner d’une offensive grecque qui déclencha l’affrontement, lancée dans une course folle pour éviter les dégâts des flèches ennemies.

Toutefois, la cavalerie perse si bénéfique pour le succès de Darius ne parait pas avoir été utilisée à Marathon. Le centre de la mêlée perse résiste, principalement composé de l’élite militaire royale perse. L’offensive a finalement raison des Perses, dépassés sur les flancs de leur mêlée, qui fuient en direction de la plage pour rejoindre leurs navires.

Bilan de la bataille et ses conséquences

La fin de la bataille de Marathon

Sous ce tumulus sont enterrés les corps d'hoplites athéniens morts pendant la bataille de Marathon
Sous ce tumulus sont enterrés les corps d’hoplites athéniens morts pendant la bataille

Les Perses rebroussant chemin vers leurs trières, ils se font rattraper par les Grecs et massacrer jusqu’à la plage. Un total de sept navires perses a été capturé par les troupes grecques.

La bataille de Marathon est sanglante, le dirigeant athénien Callimaque y perd la vie. Les Perses retournent en Asie, alors que les Athéniens prennent la direction de leur cité pour la défendre d’une éventuelle attaque. Et c’est seulement en fin de bataille que l’aide spartiate de 2 000 hommes arrive en soutien. Sur le terrain, on compte les Perses morts par milliers après la bataille, pas moins de 6 400 selon Hérodote. Du côté allié, les Athéniens perdent 192 de leurs hoplites, et les Platéens 11.

Les résultats de la bataille de Marathon

Le Trésor des Athéniens à Delphes
Le Trésor des Athéniens à Delphes

La victoire grecque est totale, la Première guerre médique prend fin. L’armée grecque est bien plus puissante lors des conflits qui l’opposent aux peuples d’Asie.

Par la suite, les Athéniens font bâtir à Delphes un temple en l’honneur des hoplites tombés à Marathon, c’est le Trésor des Athéniens. Dans leur cité, ils multiplient les hommages en pratiquant des sacrifices et autres processions rituelles. Sur l’Acropole, une colonne en l’honneur de Callimaque est érigée.
La victoire a un tel retentissement qu’elle favorise la justification de l’hégémonie athénienne sur le monde grec. En 472 avant notre ère, une puissante alliance se met en place entre les nombreuses cités dominées par Athènes, dans le but de faire face aux Perses, c’est la Ligue de Délos.

Plus tard, dans l’Histoire du continent européen, la bataille fait encore parler d’elle, si bien que les Espagnols du XIXe siècle s’assimilent aux Athéniens, donnant le rôle de Darius à Napoléon Iᵉʳ.

Les relations entre Grecs et Perses sont loin de s’atténuer après 490 av. J.-C. Une deuxième guerre médique a lieu 10 ans plus tard, par des stratégies invasives similaires.

Et le marathon ?

Arrivée de Phidippidès à Athènes, peinture de Luc-Olivier Merson, 1869
Arrivée de Phidippidès à Athènes, peinture de Luc-Olivier Merson, 1869

Comment parler de la bataille de Marathon sans évoquer la célèbre course du même nom. Le premier marathon, inventé par Michel Béal, a eu lieu en 1896 aux Jeux Olympiques d’Athènes. Le récit d’Hérodote évoque un messager nommé Phidippidès parti vers Sparte prévenir de l’invasion perse, et qui a parcouru selon la légende 240 km. Un second récit évoque un autre messager parti rejoindre Athènes depuis Marathon, ayant parcouru la brillante distance de 42 kilomètres avant de mourir d’épuisement à l’arrivée. Pour l’anecdote de fin, ce premier marathon du 10 avril 1896 est remporté par un Grec, Spyridon Louis.

Sources :

Brun, P, La bataille de Marathon, 2009.
Green, P, Les guerres médiques 499-449 av. J.-C., 2021.
Orrion, C, Schmitt-Pantel, P, Histoire grecque, PUF, 2020.