Pirate célèbre : des vies d’excès, de danger et de trésors cachés

Surnommés « les terreurs des mers », les pirates ont sévit du XVIème au XIXème siècle, principalement dans la mer des Caraïbes. Tour à tour corsaires au service d’un gouvernement puis pirate célèbre sans foi ni loi, ils étaient portés par l’appât du gain et par la gloire. Retrouvez ici les histoires d’Anne Bonny, Barbe Noire, Henry Morgan et William Kidd, les pirates les plus célèbres de tous les temps.

Anne Bonny, la femme pirate la plus célèbre

Une jeunesse aisée mais turbulente 

Anne Cormac naît entre 1697 et 1705 à Cork, en Irlande. Issue d’une liaison entre William Cormac, un procureur et sa domestique, elle est emmenée par son père en Caroline du Sud, où elle est élevée comme un garçon. Même si elle est la fille d’un riche procureur et propriétaire, elle a l’air pauvre : ses cheveux roux sont coupés court, elle a le visage crasseux et une allure débraillée. Anne a la réputation d’être une jolie fille, intelligente mais soupe-au-lait. On raconte qu’à l’âge de treize ans, elle poignarde une domestique avec un couteau et qu’elle rêve de faire partie des pirates célèbres ou mieux : la première femme pirate. 

Mariée à un pirate  

À 18 ans, elle fréquente les tavernes et s’acoquine avec des marins et flibustiers peu recommandables. En 1718 elle épouse James Bonny, un pirate qui veut lui voler son héritage : c’est peine perdue, le père d’Anne l’a déshérité.

Le couple Bonny part s’installer aux Bahamas et James devient informateur pour le gouverneur de l’île, dénonçant les marins qui s’adonnent aux activités de piraterie. Déçue, Anne quitte son mari et devient la maîtresse de Chidley Bayard, l’homme le plus riche de l’île. Elle rencontre ensuite Pierre Bousquet, un restaurateur pirate avec qui elle organise sa première expédition de piraterie. 

Ses débuts dans la piraterie 

Pierre et Anne décide de voler le Revenge, une épave qui trainait dans le port de New Providence, une ville des Bahamas. Ils le restaure et attaquent un navire marchand, en prenant soin de se recouvrir de sang de tortue et de déguiser un mannequin utilisé dans les boutiques de tailleurs pour paraître plus nombreux.

À l’époque, le gouverneur de l’île propose aux pirates de se rendre, moyennant l’abandon des poursuites contre eux. Anne et Pierre Bousquet refusent de se soumettre et sont rejoints par Jack Rackham avec qui Anne ( qui se déguise en homme et se fait appeler Adam ) entame une liaison. Ils s’enfuient alors tous les deux sur le Revenge. 

Le trouple Jack Rackham, Anne Bonny et Mary Read

Au cours d’une escale à New Providence, le couple rencontre une autre pirate célèbre : Mary Read, qui elle aussi se déguise en homme et se fait appeler Willy Read. Anne et Mary entame alors une liaison, ce qui ne plaît guère à Jack Rackham, qui menace de trancher la gorge de Mary. Les deux femmes restent inséparables et vivent comme un couple, s’habillant indifféremment en homme ou en femme.

Plus téméraires que jamais, les trois compères attaquent et capturent sans relâche les navires qui passent à portée de canon.  Un de ces navires, le Royal Queen, appartenant à Chidley Bayard, ancien amant d’Anne Bonny, est commandé par le capitaine Hudson. Anne Bonny parvient à séduire Hudson et à le convaincre de la prendre avec lui à bord de son navire. Une fois à bord, elle réussit à éviter de passer la nuit avec lui en le droguant. Elle asperge alors avec de l’eau toutes les mèches destinées aux canons et retourne avec les pirates. Le jour suivant, le Revenge engage le combat avec le Royal Queen, alors incapable de riposter. Personne ne meurt, excepté une personne : le capitaine Hudson, que Mary Read tue par jalousie. 

Une fin mystérieuse

La chance finit par tourner : le 21 octobre 1720, les troupes du capitaine Charles Barnet, qui travaille pour le Gouverneur de la Jamaïque, capturent Rackham, Anne et Mary. Les deux femmes évitent la pendaison en plaidant une soi-disant grossesse et finissent en prison, où Mary meurt. On ne sait pas, à partir de là, ce qu’il advient d’Anne Bonny : la légende raconte qu’elle serait morte en 1782. Anne Bonny reste à la postérité comme une pirate célèbre, car elle fait partie des seules femmes qui se sont adonnées à ce genre de méfaits. 

Edward Teach, barbe-noire 

Naissance d’un pirate 

Edward Teach naît en 1680 à Bristol. En 1716, ce pirate célèbre rejoint l’équipage de Benjamin Hornigold, un pirate basé à New Providence, puis, commande son propre navire, le Queen Anne’s Revenge, qui compte 40 canons et jusqu’à 350 hommes à son bord.

Teach et Hornigold rencontrent à la fin de l’année 1716 Stede Bonnet, propriétaire terrien et officier de l’armée provenant d’une famille riche, qui s’est tourné vers la piraterie plus tôt dans l’année. Son navire, le Revenge, compte environ soixante-dix hommes et Teach en prend alors le contrôle. La flottille de pirates est désormais composée de trois navires : Teach sur le Revenge, accompagné de son ancien navire et du Ranger d’Hornigold. En octobre, un autre navire est capturé et ajouté à la petite flotte. Le navire Robert de Philadelphie et le Good Intent de Dublin sont arrêtés le 22 octobre 1717 et leurs cales vidées. Hornigold se retire finalement de la piraterie, et laisse à Teach le Good Intent et le Revenge. 

Edward Teach devient Barbe-Noire, la terreur des mers 

Teach se laisse pousser une longue barbe, très fournie et très noire, ce qui lui vaut alors le surnom de Barbe-Noire. Il terrorise alors toute la mer des Caraïbes, attaquant et pillant tout sur son passage. À la fin du mois de mai 1718, la flottille de Teach réalise le blocus du port de Charleston, en Caroline du Sud. À ce moment-là, il s’est déjà auto-décerné le grade de commodore et est à l’apogée de sa puissance. Tous les navires entrant ou sortant du port sont arrêtés et pillés par ses hommes.

La fin de Barbe-Noire, un récit rocambolesque 

À l’automne 1718, Barbe Noire regagne la terre sur l’île d’Ocracoke, qu’il affectionne particulièrement. Il est à l’époque, un des pirates les plus célèbre et redouté et prévoit d’organiser sur l’île une grande fête en toute impunité. Le bruit d’une grande fête réunissant tous les pirates recherchés arrive aux oreilles d‘Alexander Spotswood, le gouverneur de Virginie. Il y voit l’occasion rêvée de faire arrêter Barbe Noire et prépare sa capture pendant des semaines. Le lieutenant Maynard, envoyé par Spotswood, attaque l’île avec ses hommes aux premières lueurs du jour. Barbe Noire n’essaye pas de fuir, il attend à la barre de son navire. Son équipage reste interdit. Finalement, les hommes de Maynard encerclent les pirates. Barbe Noire ordonne aux pirates de lever les voiles, en mettant le cap vers la plage et les officiers se retrouvent coincés dans les sables et ne peuvent les poursuivre.

Les pirates bombardent les hommes de Maynard. L’une des chaloupes est touchée, et Maynard ordonne à ses hommes de lancer par-dessus bord vivres et barils d’eau. Le bateau se dégage ainsi du sable et flotte péniblement vers le bateau pirate. Le lieutenant intime alors l’ordre de se cacher à l’arrière du bateau pirate et de se préparer au combat.

Maynard et Barbe-Noire s’engagent alors dans un combat au corps à corps qui dure de longues minutes. C’est le lieutenant qui finit par prendre le dessus et trancher la gorge de Barbe-Noire, le pirate célèbre : c’est la fin du règne de la terreur des mers. En mourant, Barbe-Noire aurait emporté le secret de son trésor, qui n’a pour l’instant jamais été retrouvé. Il est sans doute le pirate le plus célèbre de l’Histoire. 

Henry Morgan, le sans-scrupule

Naissance et arrivée dans les Caraïbes 

Henry Morgan voit le jour le 24 janvier 1635 au Pays de Galles. Il ne supporte pas les tâches que son père, laboureur aisé, lui assigne et s’enfuit à la Barbade, dans les îles Caraïbes, en se faisant engager comme mousse sur un bateau anglais. Arrivé à la Barbade, il déserte le navire et erre dans l’île, se faisant tour à tour vagabond, mendiant et brigand. Afin d’échapper à la potence, il rejoint la Jamaïque où il se joint aux flibustiers anglais. Habile au jeu, il s’enrichit rapidement et achète un modeste navire, mais conscient de son manque d’expérience, ce pirate célèbre offre alors ses services à Edward Mansfield, un vieux corsaire, qui meurt en 1668.

À la tête d’une armée internationale de pirates 

En 1668, Morgan est chargé de diriger une force multinationale de pirates dans une attaque pour rafler le trésor espagnol de Portobelo, sur la côte de l’actuel Panama ( Portobelo est alors un dépôt pour les énormes quantités d’argent recueillies dans les mines d’Amérique du Sud). Thomas Modyford, alors gouverneur de la Jamaïque, est le cerveau de l’opération, car il souhaite prévenir d’une attaque imminente de l’île par les espagnols. Morgan est censé se limiter à la capture de navires et découvrir toute information qui peut être utile, mais après la victoire, il décide lui-même de tuer et torturer les prisonniers. Ce célèbre pirate formule aussi des demandes de rançons, lui permettant d’amasser un butin considérable. Malgré le fait qu’il ne respecte pas les ordres qui lui sont donnés, le butin qu’il amasse est déclaré légal par les autorités de la Jamaïque, en remerciement de la victoire obtenue. 

Tour à tour pirate et corsaire, Henry Morgan attaque aussi Panama et Maracaibo : cette dernière manqua de lui être fatale car les flibustiers ivres tirèrent avec leurs pistolets et mirent le feu aux réserves de poudre à canon du navire. L’explosion qui s’ensuivit détruisit le navire et tua près de 200 hommes; Morgan fut l’un des dix survivants.

De pirate célèbre à gouverneur de Port-Royal

Morgan Morgan possède en outre, plusieurs grandes plantations de sucre en Jamaïque, un symbole de respectabilité qu’il acquiert en 1665 après son mariage avec sa cousine Mary Elizabeth, la fille de son oncle Sir Edward Morgan. Désireux de jouer les agents doubles, il se retourne contre les hommes qui avaient contribué à faire son nom et  sa fortune et entreprend d’éradiquer les flibustiers et les pirates des Caraïbes occidentales. Il est alors nommé Lieutenant-Gouverneur de Port Royal.

Le 25 août 1688, Morgan meurt à 53 ans ( probablement d’avoir abusé des bonnes choses ) et est enterré avec tous les honneurs militaires. Il reste dans l’Histoire comme un célèbre pirate sans foi ni loi, avide d’argent, de pouvoir, et prêt à tout pour arriver à ses fins. 

William Kidd, l’homme au trésor  

William Kidd est né le 22 janvier 1645 en Ecosse. Ce pirate célèbre décide de partir pour le Nouveau Monde et s’installe à New-York. Il commence alors une carrière de marchand, se marie et a deux filles : Elisabeth et Sarah.

De marchand à corsaire 

Lors d’un de ses voyages commerciaux en Angleterre, on lui propose de devenir corsaire, et d’attaquer pour le compte de l’Angleterre des navires français. Kidd donne son accord et part pour une première expédition, financée par des notables anglais et par lui-même. Il reçoit le commandement de l’Adventure Galley, un bateau équipé de 40 canons et avec 70 hommes à son bord. C’est un échec : la mission est finalement trop coûteuse, et Kidd se retrouve obligé d’attaquer n’importe quel navire qui n’est pas anglais. Il passe ainsi doucement mais sûrement de corsaire à pirate célèbre.

De corsaire à pirate célèbre

Le 30 janvier 1698, il capture sans le savoir un navire anglais, le Querdah Merchant. C’est seulement en montant à bord que William Kidd se rend compte qu’il s’est trompé. Il tente alors de convaincre son équipage de laisser repartir le Quedah Merchant, mais l’équipage refuse.

Le 1er avril 1698, Kidd rencontre Robert Culliford, un autre pirate à Madagascar et tente de lancer une mutinerie contre lui. Nouvel échec : les hommes de Kidd décident de le laisser tomber et rejoignent Culliford. Il ne reste plus à William que treize hommes pour le soutenir. 

Un pirate célèbre pour son trésor

Décidant de retourner à New York, il est capturé et envoyé à Londres pour y être emprisonné dans la tristement célèbre Newgate Prison. Ce pirate célèbre se vante alors de posséder de nombreux trésors, pour éviter la peine de mort. Malheureusement, il ne parvient pas ni à prouver leur existence, ni à convaincre le juge qu’il est corsaire. Il est condamné et pendu le 23 mai 1701 devant une foule considérable. Son corps est attaché à un poteau sur la rive de la Tamise et enduit de goudron. On l’encercle d’anneaux en fer et on le suspend au-dessus du fleuve en guise d’avertissement pour les futurs pirates, jusqu’à ce qu’il soit submergé trois fois par la marée.

William Kidd fait partie des pirates célèbres grâce à la découverte de son trésor, qui se compose de ce que l’on pense être plus de deux cents barres d’argent et plusieurs sacs de pièces d’or, au début du XIXème siècle, près de l’île de Gardiner (une étude menée en 2015 révèle que ce n’était pas de l’argent mais du plomb). Cette découverte a inspiré la nouvelle « Le Scarabée d’or » au romancier Edgar Allan Poe. La nouvelle liée au Capitaine Kidd a aussi inspiré au dessinateur et scénariste belge Hergé le titre d’une bande dessinée, « Le Crabe aux pinces d’or ».