Akrotiri village actuel
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Akrotiri : une incarnation archéologique du mythe de l’Atlantide ?

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L’histoire de l’Atlantide est l’un des mythes les plus intrigants de l’Histoire de l’humanité. Selon l’ancien philosophe grec Platon, l’Atlantide était une civilisation avancée qui aurait existé il y a plus de 11 000 ans. Cette île légendaire aurait été engloutie par les eaux en une seule nuit, devenant ainsi l’un des mystères les plus durables de l’archéologie et de la mythologie. Bien que l’Atlantide n’ait jamais été trouvée, de nombreuses théories ont émergé au fil des siècles, et certaines d’entre elles pointent vers l’île de Santorin, où le site archéologique d’Akrotiri offre des indices fascinants. Voici son histoire !

L’Atlantide selon Platon

Atlantide
Illustration hypothétique de l’Atlantide, ©Ministère du mystère

Le premier récit de l’Atlantide est apparu dans « les dialogues » de Platon, un philosophe grec du IVe siècle avant J.-C. Selon Platon, l’Atlantide était une île située au-delà des Colonnes d’Hercule, généralement identifiées comme le détroit de Gibraltar par les archéologues et hellénistes. Elle aurait été plus grande que l’Asie et la Libye réunies. Ses habitants étaient décrits comme une civilisation avancée possédant une technologie et une culture exceptionnelles. Cependant, en raison de leur arrogance et de leur décadence, les dieux ont puni l’Atlantide en l’engloutissant sous les eaux.

Bien que le récit de Platon soit considéré comme une œuvre de fiction, de nombreux chercheurs et explorateurs ont tenté de localiser l’Atlantide au fil des siècles. Car comme tout récit fictif, Platon s’est forcément inspiré d’un lieu et d’une civilisation existante qu’il a ensuite transposés dans un environnement imaginaire. Parmi les théories les plus populaires, c’est l’île de Santorin, en Grèce, qui revient souvent comme potentiel candidat.

Akrotiri : un candidat plausible pour le mythe de l’Atlantide

L’île de Santorin, située dans la mer Égée, est connue pour son paysage spectaculaire, caractérisé par ses falaises escarpées et ses maisons blanchies à la chaux. Cependant, elle est également célèbre pour son histoire volcanique tumultueuse. La question de savoir si Santorin pourrait être liée à l’Atlantide repose sur des similitudes frappantes entre le mythe de l’Atlantide de Platon et les événements historiques survenus sur cette île.

Une civilisation préhistorique très avancée

Akrotiri site archéologique
Vue du site archéologique d’Akrotiri, île de Santorin, ©Wikipédia

C’est l’une des plus importantes localités préhistoriques de la mer Égée. La première habitation sur l’île de Théra, actuelle Santorin, remonte à la fin du Néolithique (au moins au IVe millénaire av. J.-C.). Au cours de l’âge du Bronze Moyen et du début de l’âge du Bronze Récent (aux alentours des XXe — XVIIe s. av. J.-C.), le site a été étendu et s’est progressivement hissé parmi les principaux centres urbains et ports de la mer Égée. Il aurait couvert environ 20 hectares.

Il est réputé pour son système de drainage élaboré, ses bâtiments sophistiqués, ses magnifiques peintures murales, ainsi que les divers objets importés qui ont été trouvés dans les habitats et qui ont permis aux archéologues de comprendre le vaste réseau qui le liait avec l’extérieur de l’île. Ce qui a valu le statut de première véritable thalassocratie aux minoens. Cette civilisation préhistorique si avancée pourrait, d’après certains spécialistes, être un premier critère pour la désigner comme l’Atlantide de Platon.

Le rôle du site d’Akrotiri dans le mythe de l’Atlantide

Le site archéologique d’Akrotiri, situé sur l’île de Théra à probablement jouer un rôle clé dans le mythe de l’Atlantide. Les deux raisons majeures à cela sont les suivantes. Premièrement, Akrotiri était une ancienne colonie minoenne datée du deuxième millénaire avant J.-C. L’éruption volcanique qui détruisit brusquement la ville d’Akrotiri — dans le dernier quart du XVIIe siècle av. J.-C. — A contraint les habitants à abandonner le site. Cette éruption fut précédée par de violents tremblements de terre. Les matériaux volcaniques ayant recouvert toute la surface de l’île et la ville, a permis d’en faire un cas d’étude quasi parfait pour les archéologues, comme Pompéi le fut avant lui pour l’étude scientifique de la civilisation romaine. En effet, malgré les problèmes de datation de l’éruption, le site constitue un environnement clos qui a très peu fait l’objet de réoccupation après l’événement volcanique de l’âge de Bronze. Il a fallu plus de 700 ans pour que la nature établisse un nouvel équilibre suffisamment viable pour attirer de nouveaux colons permanents. Ils sont arrivés sur l’île vers 800 après J.-C., sous la conduite du roi Théras 1ᵉʳ le Dorien, et ont fondé leur ville sur les hauteurs précaires de Mesa Vouno, une extension du mont Profitis Ilias.

Les circonstances extraordinaires de préservation à Akrotiri nous livrent un aperçu du comportement des habitants à l’époque minoenne lors d’un événement sismique et volcanique, depuis les premiers jours suivant le tremblement de terre jusqu’à l’évacuation finale. À en juger par la réaction des personnes face aux évènements volcaniques et sismiques au cours de l’histoire, les Théraniens ont réagi de manière efficace, signe évident qu’ils appartenaient à une communauté bien organisée et qu’ils avaient l’expérience de telles catastrophes. Tout indique qu’il s’agissait d’une réponse obéissante et collective aux ordres d’une autorité digne de confiance qui décidait et organisait la manière de réagir, ainsi que les moyens de mise en œuvre de cette fuite massive. Il est important de noter que seul un âne a été retrouvé dans les vestiges du site et que contrairement à Pompéi, aucune trace d’autres êtres vivants n’a été jusqu’à présent retrouvée pour cette catastrophe.

Le troisième élément en faveur du mythe de l’Atlantide repose sur les conséquences géomorphologiques que l’éruption du Santorin a affligé au site de Théra. Théra était constituée de deux îles correspondant à peu près aux actuelles îles de Théra et Thérasia. Entre elles se situait une troisième île plus grande correspondant à une région montagneuse avec un volcan à son sommet. Le tout formait une seule et même île avant l’éruption de 1450 Av. J.-C. Aujourd’hui, une grande baie remplie d’eau domine la partie sud du sommet du volcan. Au cours de l’âge de Bronze Ancien, la civilisation théranienne dans le sud de la mer Égée a subi une « éruption volcanique aux proportions épiques ». Les vestiges d’Akrotiri sont constitués d’un important port et d’une ville marquée par ces événements. Les scientifiques tentent depuis longtemps de rassembler les preuves de la séquence des événements qui se sont déroulés pendant cette éruption fatale, et diverses théories ont été avancées. Au cours de cette étape, le volcan situé au nord des îles actuelles de Kameni s’est effondré, entraînant avec lui tout le centre de l’île de Théra. Le tout repose aujourd’hui à plusieurs mettre sous le niveau actuel de la mer Égée. Les habitants et touristes de l’île peuvent d’ailleurs voir aujourd’hui le sommet du volcan frôler parfois la surface de la mer lors de marée exceptionnellement basse. L’événement central de l’île a également entraîné une dislocation en 3 parties du pourtour extérieur non immergé.

Ces découvertes ont alimenté la spéculation selon laquelle Akrotiri pourrait être le prototype de l’Atlantide de Platon. Les parallèles entre la description de Platon de l’Atlantide et les vestiges de la civilisation minoenne de Santorin sont indéniables. Cependant, il convient de noter que la datation de l’éruption de Santorin ne correspond pas à la période précise de 11 000 ans évoquée par Platon. Alors l’écart de date relève-t-il de la fiction créée par Platon ou bien faut-il continuer à chercher l’Atlantide ailleurs ?

Le mystère de l’Atlantide persiste encore aujourd’hui, et bien que le site archéologique d’Akrotiri à Santorin puisse fournir des indices intéressants, aucune preuve définitive n’a été trouvée pour établir un lien direct avec l’Atlantide de Platon. La fascination continue pour cette légende perdue sous les vagues de la mer Égée rappelle le pouvoir durable des mythes et des récits anciens. Le site d’Akrotiri à Santorin est néanmoins un trésor archéologique précieux qui offre un aperçu de la vie dans l’Antiquité et des conséquences dévastatrices des catastrophes naturelles. Que l’Atlantide reste un mystère éternel ou qu’elle soit finalement découverte, l’île de Santorin et son histoire volcanique demeurent une destination fascinante pour les amateurs d’archéologie et d’histoire.

Sources :

Critias et Timée de Platon.
The Destruction of Atlantis : Compelling Evidence from Ancient Sources, Frank Joseph.
Santorini: A Guide to the Island and its Archaeological Treasures, Christos Doumas.
Akrotiri : The Excavations of a Minoan Town in Santorini, Spyridon Marinatos et Colin F. MacDonald.
Architecture et séismes à l’Âge du Bronze en Egée : Analyse des destructions et reconstructions sismiques dans le
bâti minoen à partir du modèle d’Akrotiri
, Mélanie Fernandez.
Akrotiri Thera. An architecture of affluence 3,500 years old, Claire Palyvou.

Source photo principale : Expedia