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Anecdotes

La grande épopée des Jeux Olympiques

Ranimés 15 siècles après la disparition des Olympiades Antiques par le baron Pierre de Coubertin, les Jeux Olympiques deviennent l’événement sportif le plus regardé autour du globe au fil du XXème siècle. Si les JO modernes laissent place à la compétition et à la performance des athlètes, ils sont aussi intrinsèquement liés à la géopolitique contemporaine. Alors que la ville de Paris s’apprête à accueillir l’édition 2024 dans un contexte international qui a rarement été aussi tendu, revivez les épisodes les plus marquants de l’Histoire des Jeux Olympiques. À vos marques, prêts…partez!

À Olympie, les premiers Jeux Olympiques 

Les Olympiades Antiques 

Les premiers Jeux Olympiques voient le jour dans la Grèce d’il y a environ 3000 ans, autour du XVIIIème ou du XVIIème siècle avant J.-C. S’agissant plutôt de concours que de jeux à proprement parler, les “Olympiades” vont durer plus de 1000 ans, et s’intégrer aux 4 types de Jeux Panhelléniques, jeux qui se disputent en l’honneur des dieux. Il faut aussi garder en tête que la Grèce n’est, à ce moment-là, pas un pays fédéré, mais plusieurs petites cités-états éparpillées autour de la Méditerranée qui, certes, se querellent, mais partagent une culture et des dieux communs.

Les Jeux Panhelléniques rassemblent alors : les jeux pythiques de Delphes en l’honneur d’Apollon, les jeux néméens à Némée dédiés à Zeus, les jeux isthmiques d’Isthme célébrant Poséidon, et les jeux olympiques à Olympie en l’honneur de Zeus Olympien. Ce cadre sacré conférait une forme de solennité aux festivités, avec en pensée que les dieux appréciaient les concours sportifs autant que les hommes.

Les jeux d’Olympie, ancêtres de nos Jeux Olympiques modernes, font partie des plus importants puisqu’ils sont perçus comme les jeux les plus anciens. Ces Olympiades se déroulent tous les 4 ans, afin de donner de la rareté à l’évènement, et dureront jusqu’en 393 après J.-C. Interdits par l’empereur Théodose Ier, les jeux étaient alors considérés comme indécents, sujets de comportements inacceptables et enclins à trop de mixité. Certes l’Empire romain a adopté beaucoup de traditions grecques dont les Jeux Olympiques, mais lorsque le pouvoir se christianise et que les dogmes judéo-chrétiens intègrent la vie politique, les Olympiades deviennent alors une fête païenne, un rituel polythéiste qui n’est plus réellement au goût du jour. 

Le programme sportif d’Olympie   

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Course de char antique. © Jeux Olympiques Paris 2024

Côté sport, on dénombre 3 grandes catégories : l’athlétisme, les gymniques, et la course de char hippique, dans lesquelles se répertorient une multitude de sports. Petite précision : la plupart des sports se pratiquait…nu

En athlétisme, il y a avait tout d’abord le saut en longueur. L’athlète s’équipait d’un poids en bronze maintenu à l’arrière pour créer un effet de balance, et qui retombait à la verticale lors de la réception du coureur. Ce poids servait donc aussi d’élément de mesure, pour savoir à quelle distance le sportif avait atterri. Cette catégorie comprenait aussi le lancer de disque, épreuve dans laquelle le sportif tournait sur lui-même avant de lancer un disque de plomb et de bronze le plus loin possible, finalement assez proche du sport que nous connaissons aujourd’hui.  Enfin, l’athlétisme engageait les joueurs dans une épreuve de course, avec 3 circuits différents : le stadion en 200m, le diaulos en 400m, et le dolichos, course de fond de 24 stades (à peu près 4,5 kilomètres).  

La seconde catégorie rassemble les sports de combat, connus comme les gymniques. Si l’origine grecque du mot renvoie à l’esprit du corps à corps, cette catégorie sportive est sans aucun doute la plus violente des Jeux Olympiques Antiques. Elle comprenait tout d’abord l’orthépale, de la lutte debout où l’objectif était de faire toucher les épaules de son adversaire au sol, ce avec les fronts qui se touchaient et les mains jointes. Ensuite, il y avait le pugilat : de la boxe avec des cestes (lanières en cuir) qui ne protégeaient pas vraiment, et de surcroît dans un sport sans catégories de poids. Le choc était assez violent et il n’y avait pas vraiment de manches : les deux athlètes se battaient jusqu’à ce que l’un d’eux abandonne ou soit K.O. Enfin, les gymniques incluaient dans leur championnat le pancrace, qui serait peut-être l’équivalent du jujitsu brésilien aujourd’hui. Dans ce sport, pas vraiment de règles non plus, si ce n’est l’interdiction de mettre son doigt dans l’œil ou la bouche de l’adversaire, et de lui tirer l’oreille ou la bourse.

Sur le papier, pas le droit de tuer ; mais face à la légèreté de l’arbitrage, certains athlètes pouvaient perdre la vie au cours de ces épreuves. 

La troisième et dernière catégorie des Jeux Olympiques Antiques, et qui s’impose comme l’une des plus populaires était celle de la course de char hippique. En atteste le film Ben-Hur, on se souvient de ce sport comme le plus apprécié des Olympiades. L’aurige était perché sur son char qui reposait sur des roues en bois avec un essieu, et faisait le tour de l’hippodrome tiré par quatre chevaux. Un box de départ construit pour l’occasion attendait les participants, et au coup de trompette les cordes se levaient. La lutte dans les virages ainsi que les collisions étaient inévitables, et les douze tours de circuit garantissaient au public un grand spectacle.  

Pour terminer la présentation de ce programme sportif antique, il reste un dernier sport des Olympiades à mentionner : le pentathlon. Cette épreuve est l’une des plus prestigieuses de la compétition, regroupant 5 disciplines, surtout athlétiques : le lancer de disque, le lancer de javelot, le saut en longueur, la course et la lutte. Il est bien utile de dire que les épreuves ont été ordonnées ainsi, car commencer par la lutte n’aurait globalement pas laissé beaucoup de chances aux joueurs de poursuivre leur course. Le pentathlon revêtait l’étiquette de discipline phare des Olympiades, dont le gagnant ressortait comme véritable étoile du tournoi. 

Après l’effort, le réconfort 

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Epiktetos, Hellanodice couronnant le vainqueur, 530-520 av. J.-C., Louvre.

Mais alors, que gagne-t-on aux Olympiades? Premièrement, il est important de rappeler que les athlètes n’étaient pas spécialisés dans un sport à l’époque, et qu’il fallait donc gagner toutes les épreuves d’une catégorie pour ressortir vainqueur. Les gagnants à Olympie se contentaient d’une couronne d’olivier et beaucoup de reconnaissance, mais la victoire se célébrait réellement lors du retour dans la cité. Accueillis sur un air de double-flûte, exemptés d’impôts et nourris pour les prochaines années, les athlètes étaient reçus dans leur village en grande pompe. 

Certes, les Olympiades se tenaient en l’honneur des Dieux, mais c’est aussi une compétition qui opposait les cités, d’un point de vue politique et économique. La rivalité était d’ores et déjà bien présente, et accentue l’intérêt d’avoir un sportif local pour faire briller la cité sur le terrain. Les athlètes étaient donc le plus souvent des aristocrates sur-entraînés pour devenir le petit poulain de Spartes ou d’Athènes, qui, propulsé aux Jeux Olympiques, amènerait la gloire sur sa ville.

Certaines cités essayaient même de s’arracher les athlètes, mais sur le principe, ce n’est pas réglementaire : le sportif devait être né et citoyen de la cité qu’il représentait. Ceci assurait déjà un tri au sein des potentiels participants olympiques, puisque ni les femmes, ni les enfants, ni les esclaves ne pouvaient concourir. Les Olympiades restaient donc réservées à une minorité de la population, et aux plus aisés de cette minorité, qui pouvaient se permettre de s’entraîner, manger, et faire du sport, sans travailler à côté. On a pu y compter quelques femmes, mais celles-ci devaient être très jeunes, non réglées, et non mariées. 

Les Jeux Olympiques Antiques étaient aussi, et avant tout, une fête culturelle. Les jeux étaient organisés pour honorer les divinités de l’Olympe et célébrer la grandeur de la Grèce. L’élément musical et cette double-flûte étaient très importants et renvoient à un temps de liesse et de célébration. Les Jeux prenaient donc une dimension politique et devenaient rapidement un rite de passage en l’honneur de la Grèce Antique, puisqu’on ne choisissait que le meilleur de la société. La nudité vient d’ailleurs probablement de là, puisque ce droit était réservé aux citoyens, privilège à prendre dans sa pratique comme un symbole de patriotisme. On mettait en valeur le corps masculin nu, illustrant en action les canons esthétiques de la Grèce Classique. 

Quoiqu’il en soit, en 393 après J-C, Théodose Ier interdit la perpétuation de ces fêtes païennes, sous couvert de la religion chrétienne, et ce n’est que 15 siècles plus tard qu’un homme va décider de ressusciter les Jeux Olympiques. 

Aux origines des Jeux Olympiques Modernes

L’inspiration de Pierre de Coubertin 

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Baron Pierre de Coubertin (1863-1937). © Jeux Olympiques Paris 2024

Les tout premiers Jeux Olympiques modernes se déroulent à Athènes en 1896, insufflés par le baron Pierre de Coubertin, qui fait partie de la vieille aristocratie française fortunée. Bien que la symbolique du lieu soit forte, il faut tout de même préciser que Coubertin souhaitait à la base organiser les Jeux à Paris, mais que, faute de budget et d’influence, la Grèce les accueille un peu par défaut. Ceci étant, le pays qui fut le berceau des Jeux 3000 ans plus tôt n’est pas mécontent de cette décision, bien au contraire, puisque se déroulaient déjà en Grèce depuis quelques années des reconstitutions d’Olympiades Antiques. 

L’idée vient à Coubertin lors d’un voyage en Angleterre. À ce moment-là, le Royaume-Uni s’impose comme première puissance économique, coloniale et maritime. Coubertin s’interroge dès lors sur la recette du succès des Anglais. Sur place, il se rend compte que le sport a intégré le système éducatif, dans le but de former des élites étudiantes qui intégreront plus tard la vie commerciale. Par le sport, l’académie vise à inculquer aux jeunes l’esprit d’initiative, la capacité d’adaptation, l’apprentissage des règles, etc. Ce projet va se développer dans les équipes sportives (notamment de rugby) rattachées aux grandes universités comme Cambridge ou encore Oxford, qui ont pour projet de former des gentlemen, via la culture du corps et de l’esprit. 

En Europe, un nouvel intérêt pour l’éducation et l’intégration du sport dans les cursus voit le jour. C’est sans doute à ce moment-là que le sport est conçu dans son caractère de gloire et de compétition. Pierre de Coubertin prend conscience que la pratique sportive permet de développer de multiples vertus chez l’aristocratie, puisque la grande élite n’a pas besoin de travailler à côté : des valeurs virilistes d’esprit du corps, de tolérance à la douleur, et d’endurance ; ainsi que des valeurs élitistes de discipline physique et d’esprit de compétition. En somme, l’intégration du sport dans l’éducation permet de forger la jeunesse dans l’optique de modeler le corps et l’esprit d’une grande élite

Le sport, la solution diplomatique ?

À la fin du XIXème siècle, en 1896, la France a perdu la guerre contre la Prusse et se rend compte qu’elle n’est plus la première puissance mondiale. Les britanniques et les allemands mènent la danse, et l’obsession des nouvelles élites aristocratiques françaises, tout comme celle de Coubertin, est de former une nouvelle élite concurrentielle. Le sport devient alors un peu la réponse magique, notamment sous la pression du spectre révolutionnaire ouvrier qui se développe en France : faire faire du sport aux hautes classes françaises devient le moyen de s’humaniser auprès du peuple.

Dans l’optique d’aplanir un peu les relations internationales, Coubertin reprend l’idée d’une trêve diplomatique qui motivait l’organisation des Olympiades antiques. Au moment où les nationalismes montent de plus en plus en Europe à la fin du XIXème siècle, et où la conférence de Berlin en 1885 a divisé l’Afrique marquant ainsi la fin de la course coloniale, les tensions atteignent bientôt leur paroxysme. Pour pallier cet inconfort politique, l’objectif de Coubertin est de négocier en gentlemen et sur un terrain. Les Jeux sont donc, à l’origine, pensés sous un angle cathartique : pour que les élites ne soient plus violentes entre elles et pour éviter l’irruption de nouvelles guerres, on organise des compétitions sportives. L’Histoire en atteste, cette promesse ne durera pas 10 ans ; mais les Jeux Olympiques sont relancés. 

Les anneaux olympiques 

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Dessin des Anneaux Olympiques par Pierre de Coubertin. © Jeux Olympiques Paris 2024

L’objectif d’unir les peuples s’illustre également par le choix de l’emblème, d’ailleurs créé par Pierre de Coubertin. Fils de peintre, il ne veut laisser personne le dessiner à sa place, et s’inspire de l’Union des Sociétés Françaises de Sport Athlétique, qu’il a lui-même présidé pendant un temps. Aux deux anneaux entrelacés, il en rajoute trois, évoquant ainsi les cinq continents unis, et reflétant les valeurs de l’olympisme. Aucune couleur n’est associée à un continent en particulier, mais plutôt à celles qui forment les drapeaux des pays participants.

Coubertin crée le symbole des Jeux Olympiques en 1913, mais celui-ci connaît quelques modifications au fil du temps. Les anneaux olympiques apparaissent pour le première fois au Jeux d’Anvers en 1920 et sont adoptés officiellement par le Comité International Olympique (CIO) en 1957, dans la version la plus proche de celle imaginée par Coubertin. En 1986, le CIO décide de créer des espaces entre les anneaux, avant de revenir en 2010 à la figure à la fois actuelle et originelle. Cette dernière est “la plus officielle”, mais il faut noter que d’autres versions ont aussi été admises par le comité.

Les Jeux Olympiques, reflets de la pensée moderne 

Un miroir de l’économie mondiale

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Stade Olympique d’Amsterdam, 1928. © Jeux Olympiques Paris 2024

Ça y est, les Jeux Olympiques sont de retour. Comme dans l’Antiquité, les nations prennent part à une compétition sportive, mais quelques changements les remettent au goût du jour : on supprime l’aspect religieux et on axe les Jeux sur la performance et la quête du record. Parmi les champions olympiques avec le plus de titres dans l’Histoire, on retrouve : Michael Phelps avec 28 médailles en 4 olympiades dont 8 médailles d’or aux Jeux Olympiques de 2008 à Pékin, la gymnaste soviétique Larissa Latinima aux 18 médailles dont 9 en or, ou encore, côté français, Martin Fourcade avec 7 médailles dont 5 en or réparties sur 3 Jeux d’hiver. 

Dans le classement des pays les plus récompensés, il est important d’apporter quelques nuances aux résultats. Les États-Unis se classent en tête avec plus de 2900 médailles, à préciser que de nombreuses disciplines olympiques sont des disciplines américaines, comme le baseball ou le basketball. En deuxième place se hisse la Russie, combinée avec l’URSS, avec près de 1700 médailles à travers l’intégralité du bloc communiste. L’Allemagne, sans la RDA, arrive en troisième position avec environ 1200 médailles, suivie du Royaume-Uni avec plus de 900 récompenses, et enfin de la France avec plus de 800. 

Il est intéressant de constater que le classement des pays les plus récompensés aux Jeux Olympiques est plutôt similaire à celui des plus gros PIB des XIXème et XXème siècles. Certes, les Jeux Olympiques sont basés sur l’amateurisme mais certains éléments tendent à nous faire comprendre que les ressources économiques d’un pays permettent aussi l’optimisation de la performance d’athlète. En effet, les États investissent dans des fédérations sportives, mettent en place des infrastructures et centres de formation dans toutes les villes, insufflant un nouvel enjeu de financement gouvernemental, pour porter les athlètes locaux sur la première marche du podium. 

L’individualisation de la performance 

Grâce ou à cause de Coubertin, le sport couvre désormais le souci des statistiques individuelles, même dans les équipes de sport collectif hors Jeux Olympiques. Déjà à son époque, il introduit la devise des Jeux “Plus vite, plus haut, plus fort”, qui s’explique aussi par le contexte historique du XIXème siècle. À ce moment-là, le positivisme régit la façon de voir le monde, et incite à une foi totale en la science. Ce qui comptait chez les Grecs, ce n’était pas le record, mais tout simplement de gagner.

Depuis la réintégration des Jeux Olympiques, l’idée du surpassement et du progrès continu de l’humanité fait loi. Néanmoins, ces questionnements donnent lieu à des théories raciales infondées, où l’on se demande si un homme noir court plus vite qu’un homme blanc, un homme plus vite qu’une femme. Au-delà de l’inculcation des valeurs du sport, il y a une volonté obsessionnelle de scientificiser la performance pour la performance, donnant finalement lieu à un intérêt très individuel pour le sport. 

En amont des premiers Jeux Olympiques modernes 

La création du Comité International Olympique (CIO)

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Création du Premier CIO, 1894. © Jeux Olympiques Paris 2024

Alors que les premiers Jeux Olympiques se tiennent à Athènes en 1896, le Comité International Olympique voit le jour deux ans plus tôt. Cette organisation internationale, toute neuve et avec ses propres règles, vient réunir toutes les classes dirigeantes de la société : aristocrates, grands entrepreneurs, généraux d’empire, hommes politiques, universitaires, militaires… 

Coubertin, doté d’un portefeuille bien rempli et d’un bon carnet d’adresse, rassemble ses contacts pour donner forme au comité. Cette institution va prendre de l’importance au fil des années, et bientôt l’emporter sur les fédérations sportives. Coubertin va d’ailleurs garder les présidents des fédérations dans ses petits papiers, afin de s’assurer la présence du plus de sports possible au CIO.

Là où 2000 ans plus tôt il fallait être citoyen pour participer aux Jeux Olympiques, Coubertin et le CIO déclarent la compétition ouverte à tout le monde : non-professionnels et amateurs sont les bienvenus, à l’instar d’un concours de talent. Le CIO prône une optique de Jeux désintéressés de l’argent, de la pratique du sport pour le plaisir et non pour en vivre. Les Jeux Olympiques ne représentent alors que très peu d’enjeux financiers à l’époque, puisque les sportifs y vont au nom de la beauté du corps et de la performance. 

Les Jeux Olympiques sur fond de lutte sociale 

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Christine « Kiki » Caron porte-drapeau de la délégation française aux Jeux Olympiques de Mexico 1968. © France Bleu

Bien entendu, il faut garder en tête que l’ouverture d’un concours sans rémunération et  récompensant des athlètes surentraînés, s’adresse déjà à une population aisée. Une mouvance plus profonde sur le sport s’anime au XIXème siècle, résultante de la lutte des classes. Le sport populaire souhaite se professionnaliser, puisque les ouvriers ont besoin d’un salaire pour s’entraîner s’ils jouent au football ou font de la gymnastique. Les grands bourgeois, quant à eux, continuent de s’adonner au sport amateur. De fait, le développement du sport des grandes élites vise à atteindre la paix sociale face à la peur de la révolte populaire. 

En réponse à la politisation des ouvriers et à la misère urbaine, le sport et l’éducation deviennent des enjeux centraux dans l’encadrement des classes populaires. Dans toutes les usines sont développés des clubs de gymnastique ou de football, pour pallier la misère sociale de l’ouvrier. Le but est de lui éviter de sombrer dans la débauche ou de se syndiquer, mais qu’à la place il fasse du sport et admire ces grandes élites étant donné que, lui, n’ira pas aux Jeux Olympiques.

À l’instar des vedettes, les athlètes deviennent des idoles du sport et permettent le partage et l’admiration commune, qui parle autant au peuple qu’à la bourgeoisie. D’ailleurs, star du sport et star des écrans ne sont parfois pas incompatibles! Le nageur Johnny Weissmuller, arrivé de Roumanie sans papiers, obtient son troisième titre consécutif aux Jeux de Paris 1924, alors qu’il utilise une technique de crawl la tête hors de l’eau, en principe réservée au water polo. Champion olympique dès lors pleinement américain, et véritable référence dans sa discipline, il quitte le bassin pour Hollywood 8 ans plus tard. Il incarnera Tarzan dans le film de W. S. van Dyke, et campera le rôle dans 12 autres volets.

Du côté de la France, la nageuse médaillée d’argent aux Jeux Olympiques de Tokyo 1964 Christine Caron, alias “Kiki Caron”, fera les couvertures des magazines du monde entier, devenant une véritable icône des sixties. Elle deviendra la première femme porte-drapeau de la délégation française aux Jeux Olympiques de Mexico 1968.        

Pour en revenir à l’intégration du sport dans le quotidien du salarié moyen, à Clermont-Ferrand par exemple, on offrait des postes dans l’entreprise Michelin aux bons rugbymen, afin qu’ils rejoignent l’équipe affiliée. Même schéma pour le club de football de Saint-Étienne, originellement rattaché au groupe Casino. Basé encore une fois sur le modèle anglais, ces clubs de sport populaires se livraient à des tournois contre les fédérations omnisports amatrices, par ailleurs créées par Coubertin avant de fonder le CIO. Le but de cette manœuvre était déjà de pouvoir contrôler et institutionnaliser le sport en France, en évitant de le rendre trop professionnel pour le prolétariat, et en maintenant sa dimension de sport bourgeois, amateur de la beauté du geste. 

Le prolétariat mobilisé en URSS

Les choses évoluent à partir de 1917, où les soviétiques vont commencer à mobiliser les ouvriers. Quelques années plus tard, l’URSS intègre le CIO et amène ainsi le sport dans ses classes populaires. L’un des présidents du CIO a d’ailleurs déclaré que l’arrivée de l’URSS au comité avait contribué à sa chute, puisque la hiérarchisation des individus en fonction de leurs capacités, ainsi que l’esprit de compétition ad personam, étaient en réalité contraires aux idéaux communistes.

L’inévitable implication politique du peuple dans les Jeux Olympiques donne également lieu à une mise en compétition des différents modèles. La question de l’encadrement des masses et des foules, chez les nazis comme chez les communistes, par les performances sportives, repose sur la capacité des athlètes à prouver l’efficacité du modèle politique et social duquel ils sont issus. 

Débusquer des sportifs dans les colonies 

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Ahmed Boughera El-Ouafi. © CASDEN Histoire Sport

Les Jeux Olympiques sont aussi apparus comme un moyen d’intégrer des minorités qui s’opposaient à leur propre État. Au temps du colonialisme, Coubertin suggéra d’intégrer des jeux africains ainsi que des athlètes noirs, mais cette décision fut refusée par la France. Dans tous les cas, des élites issues des colonies prirent part aux Jeux Olympiques et représentèrent le pays dont elles dépendent. Le sport créa alors un sentiment d’appartenance et de reconnaissance, les grandes puissances y voyant un moyen de neutraliser les débuts de revendications d’indépendance dans leurs colonies, et d’acculturer les populations locales. 

Ces mêmes pays en profitent aussi pour tenter de débusquer des athlètes dans leurs territoires, et les amener aux Jeux Olympiques. Ces “réservoirs” de sportifs facilitent la tâche aux États-Nations mais ne vont pas nécessairement apporter de reconnaissance aux pays dépendants. Par exemple, le coureur algérien Ahmed Boughera El-Ouafi s’impose au marathon des Jeux d’Amsterdam en 1928, le coq bleu blanc rouge brodé sur son maillot. Contre toute attente, il remonte l’embuscade et, à 5 kilomètres de l’arrivée, passe en tête, s’adjugeant ainsi la première place. Premier athlète maghrébin à atteindre l’or, l’ancien militaire de l’armée française et employé chez Renault se verra rentrer au pays, malgré sa victoire, en manque d’argent. Cette précarité le conduira à signer un contrat pour un spectacle sportif aux Etats-Unis, l’excluant de toute compétition olympique. Il finira sa vie dans la misère et l’Histoire le mettra finalement de côté.  

Les Jeux Olympiques s’agrandissent 

La création des Jeux Olympiques d’hiver 

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Premiers Jeux Olympiques d’hiver à Chamonix 1924. © Jeux Olympiques Paris 2024

Les Jeux d’été sont espacés de 4 ans depuis leur rétablissement en 1896, et la création des Jeux d’hiver remonte à 1924 avec les Jeux de Chamonix, reconnus a posteriori, en 1926, comme les premiers Jeux d’hiver. À partir de 1994, on espace les Jeux Olympiques d’été et d’hiver de deux ans, afin de réguler les dépenses puisque les deux saisons se déroulaient, jusque-là, la même année. L’ajout des Jeux d’hiver favorise également l’influence du CIO dans le sport international, et toutes les fédérations sportives deviennent des fédérations olympiques à ce moment-là.

Les premiers Jeux Olympiques d’hiver se déroulent donc à Chamonix en 1924 où les sportifs disputent des épreuves de ski ou encore de patinage. L’intégration de ces nouveaux sports renforce aussi la toile du CIO sur le sport international, et élargit son contrôle. Les premiers Jeux Olympiques d’été en 1896 comptaient 43 épreuves dans 10 sports différents, contre 300 épreuves dans 49 sports en 2020. Ceux d’hiver comptaient 16 épreuves dans 9 sports la première année, contre plus de 100 épreuves dans 15 sports en 2022. 

L’intégration de nouveaux sports 

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Tir au canon aux Jeux Olympiques de Paris 1900. © Dicolympique

L’intégration de nouvelles disciplines dans le programme olympique est régie par le CIO, sur la base de plusieurs critères. Les sports candidatant doivent tout d’abord être administrés et gérés par des fédérations qui respectent la charte olympique, incluant l’égalité homme/femme, la non-discrimination, l’intégration du développement durable… et s’inscire dans un programme de neutralité politique. Les sports pressentis doivent aussi être accessibles sur 3 continents minimums, avec 35 pays où la pratique est ouverte aux femmes, et 50 pays pour les hommes. Par exemple, le baseball ne fut longtemps pas éligible, puisqu’exercé en grande majorité aux États-Unis. 

Pour l’anecdote, certains sports ont disparu des Jeux Olympiques après l’instigation de ces règles. On compte entre autres le tir aux pigeons où plus de 300 oiseaux étaient sacrifiés, la nage sous l’eau où il fallait seulement faire le plus d’allers-retours possibles (l’épreuve était trop longue et perdait ses spectateurs), le jeu de paume, la pelote basque, le grimper de corde ou le polo. Ayant pour décor l’Exposition Universelle, les Jeux Olympiques de Paris 1900 présentaient leur lot d’épreuves non officielles pour le moins insolites : vol en ballon, pêche à la ligne, ou encore tir au canon. Le croquet aussi était au programme et s’est vu rayé de la liste, pourtant premier sport olympique ouvert aux femmes, sauf qu’il n’y avait qu’une seule équipe : la France…pas très fair-play. 

À l’inverse, d’autres sports ont fait leur entrée plus récemment sur la scène olympique,  avec notamment le surf aux Jeux Olympiques de Tokyo 2021, l’escalade, le skateboard, le  baseball, le karaté ou encore le breakdance (breaking) à Paris en 2024. Néanmoins, le karaté et le baseball disparaissent à nouveau pour l’édition des Jeux 2024. L’intégration de ces sports pour le moins originaux est due à la dimension de business que les Jeux Olympiques commencent à arborer dès les années 1980. Cette perspective ajoute un nouveau critère à la sélection : ce qui fait sensation dans les médias. Le CIO porte dès lors son choix sur des sports plus impressionnants, rentables, et en mesure de parler aux jeunes. 

L’ouverture des Jeux Paralympiques 

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Jeux de Stoke Mandeville, 1948. © Jeux Olympiques Paris 2024

En 1960 sont créés les Jeux Paralympiques, qui feront la renommée de grands sportifs en situation de handicap comme la nageuse française Béatrice Hess, avec plus de 20 médailles à son compteur. Le CIO maintient l’idée d’inclusivité dans le sport émise par Coubertin, et a pour projet de le rendre accessible à tous. L’idée est inspirée par le médecin juif allemand Ludwig Guttmann, qui en 1948, a fui l’Allemagne et s’est installé en Angleterre, où il a ouvert un centre dédié aux lésions de la moelle épinière. À l’hôpital de Stoke Mandeville, le 29 juillet, 16 militaires blessés participent à des olympiades et s’affrontent au tir à l’arc et au netball (dérivé du basket).

Le pape Jean XXIII surnomme dès lors Guttmann le “Pierre de Coubertin des Paralysés”, et les jeux de Stoke Mandeville se transforment en Jeux Paralympiques. La première édition se tient à Rome en 1960 et accueillent 400 sportifs. Le terme “paralympique” apparaît cependant pour la première fois lors des Jeux de Séoul en 1988.  

Si la devise des Jeux Olympiques “Plus vite, plus haut, plus fort” se voit complétée d’un “Ensemble” en 2021, cette politique d’inclusivité n’a pas été partagée par tous les pays au fil de l’Histoire. En 1980, l’URSS est chargée de l’organisation des Jeux Olympiques d’été à Moscou, Jeux qui seront d’ailleurs massivement controversés, suite à l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques l’année d’avant. Suivant la tradition, le pays d’accueil aurait également dû organiser les Jeux Paralympiques dans la foulée, mais l’URSS en a décidé autrement. Le motif ? La négation de l’existence d’handicapés sur le territoire communiste. À cette époque, les personnes en situation de handicap sont encore marginalisées dans l’Union Soviétique, et mises de côté dans des institutions spécialisées. 

Les Jeux Paralympiques de 1980 sont donc organisés ailleurs, à Haarlem, aux Pays-Bas. De nombreux pays de l’Est y participent, comme la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Tchécoslovaquie ou la Yougoslavie; s’y joignent plus tard l’Allemagne de l’Est et la Chine. L’URSS décide finalement de participer aux Jeux Paralympiques de 1984 à Innsbruck en Autriche, et à ceux d’été à Séoul l’édition suivante, juste avant son éclatement. 

Les Jeux Olympiques, apolitisme utopique 

Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale, n’est autorisée dans un lieu, site, ou emplacement olympique”. – Charte Olympique, règle 50. Ce que stipule la charte olympique, c’est que les Jeux sont présentés comme formellement apolitiques. Néanmoins, ce refus d’une propagande explicite ne décourage pas certains États à affirmer leur système et idéologie. 

Les Jeux Olympiques de 1936

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Jesse Owens sur le podium des Jeux Olympiques de Berlin 1936. © BBC

Plus tard connus sous le nom de “Jeux de la Honte”, les Jeux Olympiques de 1936 sont tenus à Berlin, sous la supervision d’Hitler et de son parti. La compétition sportive représente pour le Führer une occasion parfaite pour justifier, de manière scientifique et par la performance, la puissance de la race aryenne. Cet évènement s’inscrit également parmi les grandes manifestations du Reich dans la recherche de l’adhésion de la population à son pouvoir, non sans quelques imprévus comme la quadruple victoire de Jesse Owens sous les yeux d’Hitler. 

Ce qui va renforcer encore plus la propagande nazie, mais qui sonnera aussi une nouvelle ère dans l’Histoire des Jeux Olympiques, c’est que la compétition sera massivement filmée. Leni Riefenstahl, cinéaste officielle du parti nazi, immortalise sur pellicule les démonstrations de force du pays d’accueil, notamment lors de la cérémonie d’ouverture. Cette tradition sera d’ailleurs perpétuée, et la cérémonie d’ouverture deviendra un enjeu politique où l’on regarde sur nos écrans un régime en pleine action. La cinéaste allemande marquera d’ailleurs un tournant dans le concept du sport filmé, en inventant de nouvelles techniques comme les filons permettant les plans aériens, ou les caméras sous l’eau pour les sports aquatiques. 

Bien que les sportifs soient censés être amateurs, en amont des Jeux Olympiques de 1936, le Reich développe de nombreuses infrastructures pour faire surperformer les athlètes. On émet d’ailleurs de nombreuses suspicions de dopage, puisque les drogues étaient déjà d’usage dans les armées. Pour autant, tous les moyens mis en œuvre convergent vers la même idée : prouver la supériorité de la race aryenne et la puissance du régime nazi. 

Jesse Owens, coureur noir américain ravit 4 médailles d’or au 100m, 200m, saut en longueur et relais, un pied de nez à l’Allemagne nazie. Ce qu’il faut préciser, c’est que son pays d’origine n’a pas non plus vanté son mérite. Dans un pays où la ségrégation raciale a intégré le quotidien des Américains, lorsque Jesse Owens rentre, il n’est gratifié d’aucun appel présidentiel, ni d’aucune reconnaissance de l’État, et n’est même même invité à la Maison Blanche. 

La tentative de contre-olympiades

Le CIO a bien conscience que laisser les Jeux Olympiques se tenir à Berlin contribue à l’essor du IIIème Reich, mais décide de ne pas trop se mouiller. Les Jeux Olympiques de 1936 offrent globalement une belle vitrine pour Hitler et son parti, mais il faut tout de même noter que plusieurs pays appellent au boycott de cette édition et sont amenés à organiser des Jeux de leur côté: les Olympiades Populaires à Barcelone.

L’idée est encore une fois d’enrayer les différences de classes, et de protester contre l’organisation des Jeux Olympiques par l’Allemagne fasciste. Pas de commercialisation, pas de militarisation; les athlètes de tout niveau sont en droit de concourir, hommes comme femmes, dont la participation est d’ailleurs saluée. On y prévoit également de la peinture, de la sculpture, de la photographie, de la littérature, etc. Même si cette contre-olympiade prend des airs de kermesse, elle représente surtout l’opposition face au Führer, et à la politisation d’une compétition supposée neutre. Seul hic, la guerre d’Espagne éclate la veille de la cérémonie d’ouverture, et les Olympiades Populaires ne verront jamais le jour. 

Les Jeux Olympiques : lieu de revendication 

Des femmes aux Jeux ? 

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Alice Milliat (gauche) et Suzanne Lenglen (droite).

Dès la création des Jeux Olympiques, les femmes sont exclues de la compétition. Ça, Pierre de Coubertin n’a pas manqué de le reprendre aux Grecs, et a défini le rôle de la femme comme celui de “couronner les vainqueurs”. En réalité, Coubertin n’est pas plus misogyne que le reste de sa classe sociale pour l’époque, et dans les élites, on inculque des valeurs virilistes. Le sport devient alors un moyen de se construire comme homme puissant, guerrier, et compétitif,et ce également pour se préparer à la mondialisation. 

Au début du siècle, cantonnées à participer à seulement certaines disciplines comme l’escrime ou le croquet, les femmes revendiquent une participation à toutes les épreuves présentes aux Jeux. Leur soulèvement prend de l’ampleur dès les années 1920, avec la création par la rameuse Alice Milliat des Jeux Olympiques Féminins en 1922. C’est surtout aux Jeux Olympiques d’Amsterdam en 1928 que le progrès est visible, puisque l’on assiste à une véritable entrée des sportives dans les Jeux, avec l’arrivée de Suzanne Lenglen au tennis quelques années plus tôt, ou encore Virginie Hériot, première femme médaillée à la voile en 1928 dans un équipage masculin.

Malheureusement, leur introduction ne les préserve pas des inégalités de traitement et des humiliations. Déterminée, Alice Milliat organise des seconds Jeux Féminins à Prague en 1932. À partir de ces années-là, le mouvement féministe gagne du terrain, mais il faudra du temps pour réussir à complètement intégrer les femmes parmi les athlètes. Par ailleurs, sur les 9 présidents qu’a compté le CIO depuis sa création en 1894, il n’y a encore jamais eu de femme à sa tête. 

Cette féminisation, qui naît dans les années 1920/1930, arrive après la Première Guerre mondiale. Alors que les hommes sont au front, les femmes font tourner la machine économique, et de la même manière que les mouvements féministes comme les suffragettes se font entendre, ces décennies marquent aussi l’essor du sport féminin. Dans les années 1920 par exemple, les clubs de football féminins font fureur, et dès la première saison 1920-1921, on compte en France plus de 12 clubs !

On notera une certaine régression par la suite, mais c’est à partir de ces mouvements post Première Guerre mondiale, où les femmes ont prouvé leur place économique importante, que l’on commence à leur concéder plus de droits et de place au sein des athlètes olympiques. Aujourd’hui encore, atteindre le même pied d’égalité dans le sport n’est pas une mince affaire, et beaucoup de sportives féminines sont ramenées à leurs compagnons aussi athlètes (à l’instar de la boxeuse Estelle Mossely, compagne de Tony Yoka). 

Les Jeux Olympiques, arène des engagements politiques 

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Poing levé de Tommie Smith et John Carlos pour le Black Power aux Jeux Olympiques de Mexico 1968. © France Info

Bien que la charte olympique impose la neutralité politique, les athlètes représentant leur pays n’ont parfois pas hésité à exprimer publiquement des combats plus personnels.

Aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968, après une année explosive placée sous la naissance du Black Power aux États-Unis, Tommie Smith et John Carlos lèvent leur poing en faveur de la cause des noirs américains. 3 ans après l’assissanat de Malcolm X, et peu de temps après celui de Martin Luther King, une grosse partie de la communauté noire-américaine se radicalise et développe une forme d’auto-défense contre la ségrégation, sous le mouvement du Black Power. Ces deux vainqueurs, arrivés 1er et 3e du 200m, montent sur le podium pieds nus et revêtent un gant noir, hissant le poing en l’honneur du soulèvement. Ce geste considéré comme une grande offense au CIO, les deux athlètes se verront exclus à vie de tout sport olympique, sous prétexte qu’aux Jeux Olympiques, on ne parle pas politique. À la suite de cet événement, la charte sera modifiée et interdira toute manifestation politique, ethno-raciale ou religieuse. 

Lors des Jeux Olympiques de Münich en 1972, le commando palestinien “Septembre Noir” prend en otage des athlètes de l’équipe israëlienne. Au départ, cette opération est orchestrée dans le but de demander la libération de plus de 230 otages palestiniens maintenus en Israël. Dès lors, vient l’idée d’utiliser les Jeux Olympiques, diffusés à travers le monde, comme tribune médiatique. Cette intervention sera dénoncée comme un acte terroriste qui coûta la vie à 11 otages israéliens, exécutions qui eurent lieu notamment à cause de problèmes d’organisation au sein de la police. Le président du CIO de l’époque déclarera que les Jeux doivent tout de même continuer, 24h seulement après que les épreuves ne se soient arrêtées, et ne laissera donc pas de place au recueillement. 

Le rôle du CIO

On notera aussi le mouvement de boycott vis-à-vis de l’Afrique du Sud aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976, pays qui implémente l’apartheid sur son territoire. Globalement, le CIO réussira à les exclure, mais l’objectif reste de ne pas trop faire de vague. Si les participants se politisent, le CIO doit continuer à faire preuve de neutralité, et axer les Jeux sur le sport. 

Quelques discussions au préalable avec le CIO permettront de doter les Jeux d’activisme contemporain, avec notamment Cathy Freeman, australienne aborigène, qui aux Jeux Olympiques de Sydney 2000 sera choisie pour allumer la flamme. Héritière des “générations volées” auxquelles appartient sa grand-mère, qui a été arrachée à sa famille pour être élevée parmi les Blancs, Cathy Freeman brandira lors de son tour de victoire au 400m, le drapeau australien et le drapeau aborigène, reconnu cinq ans plus tôt seulement. 

Les Jeux Olympiques : terrain d’affrontement de la Guerre Froide

Le bassin olympique vire au rouge en 1956

Si les Jeux Olympiques ont connu leur plein essor au XXème siècle, ils se sont donc inévitablement déroulés dans le cadre de la Guerre Froide. À Melbourne en 1956, la demi-finale de water polo oppose la Hongrie et l’URSS. À ce moment-là, la Hongrie est un État satellite du bloc soviétique, mais la jeunesse commence à s’y opposer. Le 23 octobre 1956, une manifestation étudiante prend un autre tournant lorsque la police se met à tirer sur les marcheurs, et déclenche un soulèvement dans tout le pays, qui se conclut par l’établissement d’un nouveau gouvernement. Le 4 novembre 1956, l’armée soviétique envahit le pays et écrase la révolution. À ce même instant, l’équipe hongroise participe aux Jeux Olympiques, et prend le parti de dresser le drapeau de la Hongrie libre, à défaut du drapeau communiste. 

La demi-finale de water polo, qui oppose ces deux pays en conflit, laisse place à un match assez violent. La tension, déjà palpable dans le bassin, ne fait qu’augmenter et pousse le joueur soviétique Valentin Prokopov à asséner un coup de poing à l’étoile du water polo hongrois Ervin Zador. Alors que l’eau se teinte de rouge, celui-ci ressort de la piscine le visage couvert de sang, et déchaîne la foule contre l’URSS. Le match se termine sur un 4-0 pour la Hongrie, une belle revanche qui les mènera à la victoire en finale contre la Yougoslavie. 

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Ervin Zador évacué du bassin à la demi-finale de water polo aux Jeux Olympiques de Melbourne 1956. © Eurosport

Les Jeux Olympiques de Moscou de 1980

En 1980, les Jeux Olympiques sont organisés dans la capitale de l’un des blocs au cœur du conflit. Du 19 juillet au 3 août 1980, Moscou accueille la XIIIème édition des Jeux Olympiques d’hiver, à laquelle aucun athlète américain ne participe. Le stade Loujniki, à l’époque baptisé Stade Central Lénine, est prêt à couvrir les épreuves d’athlétisme, sous les yeux de 80 000 spectateurs. L’URSS raflera 195 médailles, dont 80 en or. Derrière elle se place l’Allemagne de l’Est avec 126 médailles dont 47 en or. 

Le bloc soviétique amène cette année-là, sur la scène olympique, de grands athlètes, mais étaient-ils réellement les meilleurs ? La fiabilité du palmarès s’est retrouvée quelque peu incertaine après la révélation de certains détails. Le stade Loujniki disposait d’immenses portes aux quatre coins de sa structure. Lors des épreuves de lancer de javelot, à l’issue desquelles sont arrivés à l’or et à l’argent deux athlètes soviétiques, des officiers russes ont en réalité créé des courants d’air suivant les concurrents en place. Le javelot puisant sur le vent de face, les conditions étaient optimisées en ouvrant et fermant les portes ; à l’inverse des frottements ont été créés pour décélérer les lances adverses.

Quant au saut à la perche, il y avait un système de pinces afin de remonter la barre après chaque passage, qui n’était pas débloqué au tour des soviétiques, afin que celle-ci ne tombe pas. Le français Philippe Houvion arrivera en 4ème place de cette discipline et découvrira plus tard la vérité sur cette histoire de pinces.  

La conclusion de ces manœuvres est que le rêve d’une trêve politique n’est pas vraiment atteignable, tant les intérêts et combats des pays participants tendent à prendre le dessus sur l’esprit fair-play de la compétition. Les Jeux Olympiques, devenus une extension du soft power, se transforment, à défaut d’un tournoi sportif, en un terrain d’affrontement idéologique très fort. 

Les Jeux Olympiques intègrent le néolibéralisme 

Du sport au produit marketing

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Jeux Olympiques de Los Angeles 1984. © Jeux Olympiques Paris 2024

L’Histoire nous l’a prouvé, les Jeux Olympiques sont inévitablement traversés par des questions politiques et de société, malgré leur intention de neutralité. À l’heure où la consommation se fait reine dans le quotidien, les Jeux Olympiques entrent à partir des années 1980, dans une économie mondiale et néolibérale. Ces fameux Jeux amateurs où l’important était de participer, prennent une tournure beaucoup plus commerciale et se transforment en business à part entière. 

Les sponsors, pourvoyeurs de budget, et le merchandising, intègrent le fonctionnement et la participation aux Jeux Olympiques. Les affiches publicitaires se multiplient et les Jeux Olympiques deviennent un emblème commercial très recherché: les droits de télévision se négocient, les prix de retransmission sont en hausse. Si la performance ne peut être vécue dans un stade, il faut que ses effets puissent captiver les téléspectateurs. 

Joan Antoni Samaranch, le business des Jeux Olympiques

Tout ce processus va surtout se développer avec Joan Antoni Samaranch, élu à la tête du CIO en 1980. Ce franciste convaincu était anciennement président de la fédération olympique espagnole, proche de l’ambassade d’Espagne en Russie. Businessman né, Samaranch va introduire la révolution néolibérale dans les Jeux Olympiques. Néanmoins, allant à l’encontre de plusieurs principes de la charte, il modifiera les règles de Coubertin, afin d’optimiser son nouveau projet. Il restera 21 ans à la tête du CIO, et ouvrira la porte aux grands sponsors, non sans s’être retrouvé au cœur de plusieurs scandales. On retiendra notamment les Jeux Olympiques de 1996, qui célébreront le centenaire des Jeux Modernes à Atlanta plutôt qu’à Athènes, puisque le siège de Coca-Cola, qui copilote globalement le CIO, y réside. Même chose à Séoul, siège d’Adidas, en 1988.

D’autres scandales sur l’attribution des villes soulèvent des soupçons de corruption, avec, par exemple, les Jeux olympiques de Sotchi en 2014 alors que Vladimir Poutine venait d’envahir la Crimée. 

Les Jeux Olympiques, sujets à la controverse 

Si les décisions prises par le CIO au cours des années semaient déjà la discorde au sein des organisateurs et participants, les Jeux Olympiques sont encore sujets à des controverses sur des questions démocratiques, climatiques et sociales. 

L’attribution du pays d’accueil pose encore le souci d’instrumentaliser l’évènement sportif comme vitrine nationale. Les Jeux Olympiques sont notamment devenus un enjeu géopolitique majeur pour les puissances émergentes comme la Chine (Jeux Olympiques de Pékin en 2008), la Russie (Jeux Olympiques de Sotchi en 2014) et le Brésil (Jeux Olympiques de Rio en 2016). L’objectif pour ces nations est alors de s’affirmer comme puissance sur la scène internationale, en démontrant leur pouvoir, leur modernité et leur capacité à contrôler politiquement l’évènement. 

Le souci, c’est que les Jeux Olympiques sont mis en place dans des pays qui, parfois, ne respectent pas les droits humains, alors que les Jeux sont censés célébrer la cohésion. Par exemple, l’installation des Jeux Olympiques à Rio a soulevé de nombreuses préoccupations concernant les impacts sociaux et défis humains. Des populations entières se sont vues éjectées des favelas sous pression militaire, pour y construire des stades et y accueillir des touristes. Le processus s’actionne certes à des échelles différentes, mais reste globalement le même : déloger systématiquement les populations de leur structure sociale.

Pour ce qui est des Jeux Olympiques de 2024, beaucoup d’infrastructures ont été construites en Seine-Saint-Denis, et à Saint-Ouen, par exemple, un foyer de travailleurs immigrés a été détruit pour y installer un village olympique, provoquant le transfert des habitants dans des logements provisoires et exigus. La mairie de Paris assure que ces infrastructures seront utiles au département à l’avenir, mais ces décisions ne font aujourd’hui pas l’unanimité. 

Les Jeux Olympiques artistiques   

De l’esprit de l’Art

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Affiche des Jeux Olympiques de Stockholm 1912. © Musée national du sport, Nice

Les Jeux Olympiques et leur Histoire nous ont permis de mettre en lumière l’importance qu’a pris le sport à partir de la fin du XIXème siècle. Si la culture du corps et de l’esprit par la pratique de l’activité physique a motivé Coubertin à redonner vie aux Jeux, celui-ci souhaitait ajouter aux valeurs du sport qu’il considérait comme “producteur et occasion d’Art” celles de la créativité. Encourageant l’intégration de la compétence artistique dans la compétition, l’”Ode au Sport”, un poème en prose de 9 strophes en français et en allemand remporte la médaille d’or de littérature aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912. Ce poème signé Georges Hohrod et Martin Eschbach est en réalité un écrit de Pierre de Coubertin, qui devient donc lui-même champion olympique artistique. 

En 1906, Coubertin convoque une rencontre entre les membres du CIO et des représentants d’organisations artistiques pour structurer de nouvelles compétitions. À partir de 1908, les Jeux Olympiques artistiques prennent la forme de 5 catégories, chacune divisée en plusieurs disciplines, qui formeront le “Pentathlon des Muses”. Sur le papier, les artistes doivent envoyer leurs œuvres au comité national olympique de leur pays pour une première sélection, avant que celles-ci ne soient remises au CIO. Les œuvres doivent bien entendu s’inspirer du sport, et sont réunies dans une grande exposition qui a lieu au moment des Jeux. Le jury est ensuite amené à désigner les lauréats, qui reçoivent les mêmes médailles que les athlètes. 

Le CIO entend lancer le projet dès 1908, mais tout ne se passe pas comme prévu. L’Italie  est élu pays d’accueil cette année-là, mais faute de moyens, elle ne peut assumer la tenue des Jeux Olympiques. Ceux-ci sont donc reportés en hâte à Londres et le comité manque de temps pour ajouter de nouvelles disciplines. En conséquence, Coubertin décale le lancement des Jeux Olympiques artistiques à 1912 à Stockholm, et doit encore convaincre les suédois qui restent sceptiques. Le départ est certes compliqué, mais se fait tout de même avec une trentaine d’artistes. 

En 1920 à Bruxelles, l’événement passe un peu inaperçu, et l’édition suivante à Paris accueille 193 candidats, venus de 23 pays. Certains artistes soviétiques y participent même, en candidat indépendant puisque l’URSS considérait les Jeux Olympiques comme un festival bourgeois. De 1932 à 1948, surtout dans l’austérité de l’entre-deux guerres, on compte moins de participants tant dans les épreuves artistiques que sportives. Les raisons apportées sont diverses: la mort de Coubertin en 1937, la difficulté à allier liberté artistique et compétition… Mais le principal problème, c’est que la majorité des artistes qui se présentent est déjà professionnelle. Quelques années plus tôt, en 1928 à Amsterdam, 1000 à 1150 tableaux et sculptures furent exposés, et on octroya aux artistes la permission de vendre leurs œuvres à la fin de l’exposition, créant ainsi la polémique. On proposa alors de remplacer la compétition par une exposition sans prix ni médaille. 

Au total, 146 récompenses ont été décernées pendant ce laps de temps. Tout en haut du classement se trouve l’Allemagne, mais il faut tout de même se souvenir que le jury de 1936 n’était sans doute pas le plus objectif… Derrière elle se trouve l’Italie, puis les États-Unis, et la France vient se loger en quatrième position avec 4 médailles d’or, 4 d’argent et 5 de bronze. 

Le guide des Jeux Olympiques artistiques 

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Laura Knight (médaillée d’argent aux Jeux Olympiques artistiques d’Amsterdam 1928), Boxing in Camp, 1919. © Canadian War Musuem

Ce qui fut nommé le “Pentathlon des Muses” couvre donc 5 catégories, auxquelles se mêlent diverses disciplines. La première catégorie est celle de la sculpture, où l’on retrouve de la statuaire, des médailles et des bas-reliefs. 

Vient aussi la catégorie musicale, avec la composition de musique unique, pour solistes, et pour orchestre. Cette épreuve est parfois difficile à juger, et mène à une non-attribution de médailles pour musique unique en 1924, et pour musique instrumentale en 1936. 

La troisième discipline du Pentathlon des Muses est la peinture. Les sous-épreuves ont été modifiées à chaque édition, mais on retrouve plus ou moins à chaque fois la peinture, la gravure, les arts graphiques et les arts appliqués. Lors des Jeux Olympiques de 1936, les épreuves artistiques n’échappent pas à la mainmise nazie, qui ordonne l’élimination de toutes les œuvres de l’”art dégénéré”, en conséquence de quoi l’Allemagne domine le podium de 5 disciplines artistiques sur 9 en compétition. 

Les artistes olympiques peuvent aussi prendre part à l’architecture, avec des projets architecturaux ou de l’urbanisme. Toutefois, cette catégorie n’a jamais été réellement définie, et certains travaux ont pu avoir été conçus bien avant les Jeux. C’est le cas, par exemple, du stade olympique d’Amsterdam. 

Enfin les Jeux Olympiques artistiques n’ont pas fait l’impasse sur la littérature, portant les œuvres lyriques, les œuvres dramatiques, épiques… La longueur était limitée à 20 000 mots dans n’importe quelle langue, mais les projets devaient être présentés avec une traduction et/ou un résumé en aglais et/ou en français. Aux Jeux Olympiques de Paris 1924, où la littérature est à la croisée de l’olympisme, on retrouve des grands noms français tels que Jean Giraudoux ou Paul Valéry

Dans le palmarès, on retiendra également la finlandaise Aale Tynni pour sa “Renommée de la Grèce” en 1948, seule femme médaillée d’or artistique de l’Histoire. Le Pentathlon des Muses prend fin la même année, en 1948. Dorénavant, il est inscrit dans la charte olympique que le pays hôte se doit d’inclure un programme d’événements culturels, en accord avec les valeurs des Jeux Olympiques.  

D’Olympie à Paris 2024, les Jeux Olympiques ont parfois peiné à traverser les âges, mais témoignent encore de la célébration de la performance sportive et des capacités du corps humain, honorant l’esprit originel des compétitions antiques. Si les athlètes s’efforcent d’atteindre la devise de Coubertin “Plus vite, plus haut, plus fort”, cette quête de reconnaissance s’inscrit également dans un contexte plus large, où les Jeux Olympiques sont devenus un outil de soft power, au coeur d’enjeux géopolitiques contemporains. À la fois miroir et moteur des dynamiques sociales, politiques et culturelles, les Jeux Olympiques continuent de rassembler le monde autour des valeurs du sport, tout en offrant une plateforme de revendications et d’aspirations, en plus d’être un grand spectacle célébrant l’humanité.  

Remerciements : Nathan Solda. 

Sources 

  • “Ahmed Boughera El Ouafi”, Exposition Histoire, Sport et Citoyenneté, CASDEN Histoire Sport, 2024. 
  • BLINDÉ J. “Quand l’Art concourait aux Jeux Olympiques”, Beaux Arts, 2021 
  • Charte Olympique, CIO, 2020
  • “Connaissez-vous l’Histoire des drapeaux olympiques et paralympiques?”, Ville de Paris, 2023
  • Course, site du CIO. 
  • France Culture – “Connaissez-vous l’Histoire des Jeux Paralympiques?”, 2024. 
  • France TV Arts – “Quand l’Art faisait ses Jeux Olympiques”, Culture Prime, 2022. 
  • KRAUSS A. “1896 : La Renaissance des Jeux Olympiques, Mythes Grecs ou Légendes de Coubertin ? ”, Confluences Méditerranée, n°50, 2004.   
  • Liste des médaillés olympiques dans les compétitions artistiques, Wikipédia. 
  • “Olympisme, une Histoire du monde”, Exposition au Palais de la Porte Dorée, Paris, 2024
  • Podcast Ah Ouais ? – “Éric Silvestro : aux JO de Moscou, les portes du stade Loujniki étaient antisportives”, 2024
  • Podcast Choses à Savoir – “Pourquoi les Jeux Paralympiques de 1980 sont-ils restés célèbres?”, 2016 
  • Podcast Choses à Savoir – “Quelle est l’origine des anneaux des Jeux Olympiques?”, 2024
  • Podcast Culture 2000 – “La grande Histoire des JO”, 2022 
  • Podcast Qui a inventé – “Qui a inventé les Jeux Paralympiques?”, 2021